Matinée du mercredi 06 septembre. Il est 11 heures. Malgré l’heure avancée de la journée, le temps n’est pas ensoleillé. Le soleil a laissé place à un ciel gris. Et comme on pouvait s’y attendre, ce climat frais qui semble annoncer la pluie n’a pas freiné l’ardeur des Togolais résidant au Ghana qui se sont donné rendez-vous dans un terrain de football, au quartier Nima.
Les autorités ghanéennes ont mobilisé une armada de policiers et de soldats pour, nous explique-t-on, assurer leur sécurité. « Où allez-vous ? D’où venez-vous ? », nous questionnèrent l’un d’entre eux posté à l’entrée du terrain. Il n’y avait dans son visage aucune expression de sourire et une fois passé les formalités, nous laissa passer.
Sur le terrain, la colère, la frustration et la désolation perlaient sur le front des membres de la diaspora togolaise venus réclamer le départ du président Faure Gnassingbé et le retour à la constitution de 1992. La tension était palpable. « Faure Must Go », scandaient-ils en chœur. Ils étaient près de deux-cents manifestants et avaient tous la mine sévère. L’atmosphère parmi eux était relativement celle d’un combat de coqs, présageant que tout peut dégénérer à tout moment.
La plupart d’eux arboraient des tee-shirts rouges et avaient noué un ruban rouge soit autour de la tête soit autour du cou. En plus de cette couleur, le noir était dominant dans ces tee-shirts derrière lesquels il était écrit : « Togo Viwo Fon » accompagné d’un hashtag. Cette expression écrite en éwé, une langue locale du Togo, signifie en Français « Les Togolais sont debout ». Cette phrase dissimule une autre interprétation, notamment « Les Togolais se sont réveillés ».
Une interprétation corroborée par les déclarations de Mas kodjo, le président par intérim de la diaspora togolaise au Ghana. « Changement », c’est le terme qu’il évoque pour justifier la sortie de ce jour. « Nous voulons le changement au Togo. Nous sommes sortis pour lancer un appel pressant au Chef de l’État togolais ainsi qu’à ses collaborateurs pour pouvoir revoir la constitution de 1992 et puis organiser une élection démocratique. C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui pour démontrer au monde entier que nous sommes fatigués », martèle-t-il.
Parmi les manifestants, un jeune homme, Carlos, la vingtaine dépassée et ayant requis l’anonymat, bouillonne de colère. Ses gestes et mouvements ne passent pas inaperçus. « Je ne suis pas heureux », crie-t-il dans un anglais approximatif. « C’est la première fois en dix ans que je participe à une telle manifestation. Cette fois-ci l’heure est grave, Faure doit partir, j’en ai marre », vocifère-t-il. Un autre de renchérir : « Nous représentons le peuple togolais, ne sommes pas un parti politique ».
Selon le président par intérim de la diaspora togolaise au Ghana, la marche devrait aboutir au niveau de l’ambassade du Togo, mais « l’autorisation ne nous a pas été donnée », fait-il savoir. Et de poursuivre : « nous avons des contacts avec des autorités ghanéennes, nous avons des pétitions pour le parlement ghanéen ainsi que la CEDEAO et l’union africaine. Nous sommes des démocrates ». Il promet de nouvelles manifestations si la situation reste inchangée au Togo.