Zoom News (388)
#TogoDebout: Soutien au peuple qui se bat pour sa liberation
Written by Bill Emile DavolkChronique de Kodjo Epou: Indignez-vous, soldats togolais!
Written by Kodjo Epou
On attendait des forces de l’ordre togolaises qu’elles cessent de tirer sur les civiles et déposent leurs armes pour se ranger du côté du peuple qui crie, mais, paradoxe, ce sont des armes de terroristes imaginaires saisies à Sokodé qu’elles vont brandir à la télévision nationale, la chaîne de l’infamie. Quelle sornette! Quelle baliverne! Cette peau de chagrin qu’est devenu le Togo est toujours à ces choses-là, à ces manipulations extraordinairement fumantes? On dirait que ce régime aime jouer à se faire peur, à cultiver ses propres angoisses. La mise en scène à la TVT, une dénégation flagrante du réel, montre combien le pouvoir agonisant de Faure va “droit au mur dans un fracas énorme”, rétentissant.
Des misérables, ils le sont, nos soldats. Leurs salaires sont vraiment des misères. Seraient ils aussi des monstres à visage humain? Non! Des hommes bien constitués. Leur problème, c’est l’ignorance, l’inculture. Ils ne savent pas que de l’enfer qu’ils vivent avec leurs familles est fait le paradis de ceux qu’ils appellent chefs; que lorsqu’une loi est injuste personne n’est tenu de la respecter; et qu’à côté de l’autorité promotrice des lois iniques et perverses, il y a la Foi, c’est-à-dire leur conscience. Ils pêchent quand elles ne partagent pas la douleur, l'indignation et la colère des familles; quand elles ne sont pas capables de comprendre que l’honneur de leur métier, ce n’est pas seulement LA LOI ou le respect scrupuleux de l’ordre reçu, mais aussi LA FOI c’est-a-dire leur conscience qui leur demande un peu de jugeote.
Un soldat qui défonce les portes des domiciles privés, y rentre pour tabasser les résidents, un policier ou gendarme qui balance des grenades dans les salons de paisibles citoyens ne sont pas dignes des armoiries qu’ils arborent. Ils ne sauraient, vis-à-vis du peuple, mériter le respect et le statut de forces de l’ordre mais, au contraire, des bêtes immondes méprisables. A l’analyse, c’est surtout l’insuffisance de culture qui pousse nos corps habillés à croire que tuer est une activité ordinaire. Au reste, le comportement violent des soldats dans notre pays révèle des survivances du péché originel fondateur du régime datant du 13 janvier 1963. Qui une fois a tué tuera. Le RPT a perpétué la tradition des assassinats politiques dans le but d’assouvir ses sombres desseins. Ce sera une tache prioritaire, après le changement de régime au Togo, d’affranchir nos soldats de cette mentalité moyennageuse qui veut que l’ordre et l’autorité reposent essentiellement sur la peur, qui dispose que “tant que le citoyen a peur, l’ordre est sauf”.
Le vrai problème, c’est qu’il existe au sein du RPT/UNIR de sombres individus aux desseins sataniques qui peuvent, sous les auspices d’officiers supérieurs véreux, instrumentaliser à leur convenance les professionnels de l’ordre. Là où le bât blesse, c’est quand Faure Gnassingbé qui est supposé mettre de l’ordre, malgré toutes les frustrations que son père a fait subir aux Togolais pendant des décennes, choisisse de gouverner avec une police politique appuyée d’une milice, d’asseoir son pouvoir sur la bâyonnette? Regardez les atrocités qu’ont connu Dapaong, Sokodé, Mango, Bafilo où les militaires sont sortis de leur camp pour prendre en chasse et tabasser. Le pays n’est pas envahi. Il n’est pas en guerre. Et puis, ces contrées lointaines ne sont d’aucune menace pour le pouvoir de Lomé.Toute cette bestialité juste pour faire taire, installer la peur, au nom d’un parti qui a passé cinquante ans à la tête du pays à ne rien faire sauf enrichir ses pontes? Dans un état respectueux de la vie humaine, même si les forces de l’ordre ont des griefs à l’encontre d’un citoyen, d’une catégorie ou un groupe de citoyens, elles y mettent la forme pour que « force reste à la loi ». Malheureusement, chez nous, les autorités, parce qu’elles veulent à tout prix rester là où il y a de l'argent à se faire et du pouvoir à exercer, ne sont pas suffisamment hautes pour concevoir la sacralité de la vie humaine. Alors, c’est la porte ouverte à la sauvagerie militaire. Maintenant, il appartient à ces soldats aux ordres de l’autorité véreuse d’apprendre à se rebeller, de faire comprendre à leur chef, suprême soit-il, qu’ils n’ont pas vocation à embastiller la République, à supprimer des vies humaines a l’intérieur des frontières nationales.
Une LOI n’est pas sans s’accompagner d’une FOI qui la rend humaine. Autrement dit, une loi sans conscience de l’exécutant est comme une hache entre les mains d’un psychopathe. C’est ce à quoi nous assistons. C’est le moment pour les forces de l’ordre de trouver en leur sein un digne représentant, un leader hardi, intrépide, qui monte au créneau, avec honneur et bravoure, pour avouer les torts, s’en excuser et prendre le contre-pied de l’autorité partout contestée par le peuple. Les Togolais acceperont la répentance. C’est le moment pour nos soldats de changer de fusil d’épaule, de se mettre à l’abri, du côté du peuple et de l’histoire car, en exécutant les ordres iniques comme ils le font, ils ruinent les chances de la réconciliation nationale. Ne dit-on pas qu’un gendarme sans foi n’est que ruine du vivre ensemble?
Kodjo Epou
Lomé, 09/22/17
Crise au Togo : Quelle Stratégie Derrière le refus de la mention : ...
Written by Dr. Jean Yaovi DEGLI
Dans le cadre du débat actuel sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles et plus particulièrement de la modification de l’article 59 de la Constitution, un combat s’est engagé entre le régime et l’opposition sur la nécessité de l’inscription ou non dans ledit article de la mention « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats ».
Quelle est l’interprétation qui est faite de ce refus du côté de l’opposition et pourquoi ? Quelle est l’idée et la stratégie réelles du pouvoir en refusant que cette mention qui se trouve dans la constitution originelle de 1992 soit reproduite dans le texte de loi proposé par le pouvoir ?
D’entrée, il faut préciser que le la mention en question se trouve également dans d’autres constitutions et que ce n’est pas une invention togolaise. En effet, lorsque l’on consulte la constitution béninoise, on note clairement la même mention dans l’article 42 qui dispose ceci : «le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois.
En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ». Cela ne tue ni le président ni les hommes et femmes politiques, ni les partis politiques béninois. Pourquoi ? Parce que les gens sont en démocratie et personne ne cherche à flouer les autres ou le peuple pour se pérenniser au pouvoir par quelque moyen que ce soit.
Pour quelles raisons alors le pouvoir togolais s’obstine à ne pas sentir la présence de ce bout de phrase dans la constitution de notre pays ?
I- L’Interprétation Erronée du Refus du Pouvoir et ses Raisons
Lorsque l’on suit un peu les discussions et polémiques relatives au bout de phrases dont s’agit, on entend aussi bien du côté du pouvoir que de l’opposition que ce bout de phrase est celui qui empêcherait l’actuel occupant du fauteuil présidentiel de briguer un nouveau mandat si jamais il était inscrit dans la loi fondamentale. En clair, si ce bout de phrase est inscrit dans l’article 59 de la Constitution qui limite les mandats présidentiels à deux (2), l’actuel président de la République qui est à son troisième mandat ne pourra plus briguer un autre mandat.
Et le pouvoir fait tout pour conforter cette façon de voir les choses et de donner l’impression à l’opposition et au peuple que s’il a peur de ce bout de phrase et en refuse bec et ongle l’inscription dans la Constitution, c’est parce que cette phrase va empêcher l’actuel chef de l’Etat de briguer un autre mandat après l’adoption des réformes. Dans la réalité, cette interprétation a été même initiée par le pouvoir qui a fait de la non-inscription de ce bout de phrase dans la loi fondamentale un cheval de bataille en insistant sur le fait que c’est lui qui mettrait un terme à toute ambition du président de la République actuel de lorgner un autre mandat.
Cette attitude de la part du pouvoir aurait dû normalement étonner plus d’un. En effet, le régime a d’ores et déjà clamé et continue de claironner lui-même que la modification constitutionnelle ne sera ni appliquée rétroactivement au chef de l’Etat actuel ni appliquée immédiatement à son mandat actuel, ce qui signifie que quelles que soient les circonstances le président Faure Gnassingbé pourra se présenter aux prochaines élections malgré les trois (3) mandats qu’il est en train de boucler. Mieux, ses partisans affirment même qu’il pourra encore briguer deux (2) mandats à partir de la révision constitutionnelle et donc à partir de 2020. Par ailleurs, tout Togolais bien avisé et tout bon observateur sait qu’au regard de la configuration actuelle de nos institutions, si jamais le problème de la présentation aux élections de Faure Gnassingbé devrait se poser lors des prochaines consultations présidentielles et après les réformes constitutionnelles, la Cour constitutionnelle n’interpréterait jamais ce bout de phrase comme empêchant l’actuel président de la République de briguer un nouveau mandat.
Plus encore, il nous est parvenu que pour assurer la possibilité de deux (2) mandats futurs à l’actuel chef de l’Etat, le pouvoir a clairement indiqué dans l’article 158 nouveau que les mandats actuels et passés de l’actuel occupant du fauteuil présidentiel ne sont pas concernés par la révision constitutionnelle en cours ou à venir. Ce n’est donc plus trois (3) mais quatre (4) articles qui sont contenus dans le projet de révision constitutionnelle adoptée par l’Assemblée Nationale à soumettre à référendum. Dans ces conditions tous les verrous sont posés pour que l’article 59 ne puisse pas du tout être appliqué aux mandats déjà exercés ou en cours d’exercice par Faure Gnassingbé.
Pourquoi donc le régime qui refuse toute idée de rétroactivité peut affirmer craindre que ce bout de phrase pourra l’empêcher de se pérenniser au pouvoir ? Si l’article 59 qui limite le mandat présidentiel n’est pas d’application rétroactive, comment un bout de phrase qui y est inscrit peut-il l’être ? Le bout de phrase en question a-t-il une force spéciale pour pouvoir recevoir une application rétroactive et empêcher le président Faure de briguer un autre mandat lorsque l’on sait que le régime dénie cette possibilité à l’article 59 lui-même ? Pour quelle raison, alors qu’il dispose d’un verrou au niveau de la Cour constitutionnelle et qu’il claironne que la réforme ne pourra avoir à son égard ni un effet « rétroactif » ni un effet immédiat en ce sens que les compteurs seront mis à zéro pour autoriser le chef de l’Etat actuel à se présenter aux deux prochaines élections présidentielles de 2020 et 2025, le régime fait tout pour éviter le bout de phrase « en aucun cas, nul peut exercer plus de deux mandats » ?
L’explication avancée aujourd’hui par le régime est stratégique. Elle à l’avantage de détourner du réel objectif visé par le régime l’attention de l’opposition, de la majorité des Togolais qui reste arcboutée sur la nécessité de ne pas laisser l’actuel chef de l’Etat briguer un nouveau mandat. Elle éloigne également les regards de , ainsi que de la communauté internationale qui peut être tentée de ne considérer que cette écume des choses brandie par le régime si elle décidait d’aider les Togolais à régler le contentieux sur les réformes. Dans la réalité, cette position du régime est un paravent savamment utilisé par le pouvoir, une sorte d’arbre qui cache la forêt. Cette explication cache en fait autre chose qui est la véritable raison pour laquelle ce bout de phrase est si âprement combattu par le pouvoir en place. Sur ce plan, le régime utilise ses stratégies habituelles qui consistent à amener l’opposition sur un autre terrain pour faire diversion tout en gardant bien caché son véritable jeu qu’il ne dévoilera que plus tard. Ainsi, quand l’opposition et les partisans d’une limitation claire et sincère des mandats présidentiels se réveilleront, cCe sera alors trop tard.
II- La Vraie Raison du Refus du Bout de Phrase par le Pouvoir
La vraie et la plus importante raison derrière la volonté du régime de tout faire pour éviter l’inscription de cette mention dans l’article 59 est ailleurs. Le pouvoir en place sait qu’il tient fortement l’argument de la non-rétroactivité de la loi et donc qu’il pourra s’y accrocher pour éviter que la limitation des mandats empêche Faure Gnassingbé de briguer un autre mandat. A cet effet, il dispose d’un argument et d’un outil de taille : la Cour constitutionnelle. En effet, au cas où par extraordinaire et après les réformes actuelles celle-ci viendrait à être saisie d’une interprétation de la disposition sur la limitation des mandats, le pouvoir sait qu’un boulevard lui est ouvert. La Cour dans sa consistance actuelle n’interprètera jamais aucun texte en faveur de la non-candidature du président de la République actuel. Sur ce point, aussi bien sur le plan théorique que sur le plan pratique, le régime n’a donc aucune inquiétude à se faire puisque justement les institutions qui sont toutes verrouillées par les tenants du pouvoir lui sont toutes acquises.
Au contraire, si le régime combat de façon aussi véhémente ce bout de phrase, c’est beaucoup plus parce qu’il voudrait s’assurer que les actuels tenants du pouvoir ne le quittent jamais. Entendez par actuels tenants du pouvoir à la fois Faure Gnassingbé et tous les membres du régime qui pourront demain accéder à la magistrature suprême. Dans cet ordre d’idées, ce que le régime veut assurer est une sorte de rotation au pouvoir. Faire fonctionner la constitution togolaise exactement comme en Russie où après deux (2) mandats, Vladimir Poutine cède le pouvoir à Dmitri Medvedev à qui il octroie un mandat sous sa surveillance étroite pour lui succéder ensuite pour deux (2) nouveaux mandats. Cette rotation au pouvoir qui va assurer au régime en place une présidentielle éternelle est ce que lorgne fortement les tenants du pouvoir pour s’assurer qu’ils puissent ne jamais quitter le pouvoir sinon l’avoir à vie ou autrement, y mourir. En réussissant ce tour de passe-passe, le régime est certain que chacun de ses membres qui accèdera au pouvoir pourra le conserver jusqu’à sa mort puisque sur le plan des élections, tout a été mis en place pour que le régime ne perde jamais. Il suffira donc pour celui qui est au pouvoir de s’entendre avec celui qui jouera le rôle d’intermédiaire pour lui permettre après deux (2) mandats consécutifs, de faire la pause d’un mandat pour revenir après pour deux (2) nouveaux mandats consécutifs. A son décès, celui qui tient le rôle d’intermédiaire pourra prendre la place ou alors un autre membre du régime pourra entrer en jeu pour le même scénario.
Cette stratégie qui est soigneusement cachée par le pouvoir est en réalité la raison fondamentale pour laquelle le régime refuse catégoriquement que l’on inscrive dans la constitution le bout de phrase qui veut qu’en aucun cas, nul ne puisse exercer plus de deux mandats.
En utilisant cette stratégie, tout va fonctionner pour le régime actuel comme si la constitution interdisait uniquement de faire plus deux mandats consécutifs. Dans cette logique, la non-limitation de mandats redeviendrait la règle ou mieux, la limitation de mandat ne serait plus d’application. En clair, la Constitution togolaise dans sa version voulue par le régime en place ne sanctionnera demain l’accumulation de plus de deux (2) mandats présidentiels que si lesdits mandats sont successifs.
Ce faisant, le régime gagne sur deux tableaux en s’assurant du beurre, de l’argent du beurre et du sourire de la boulangère. En réussissant cette nouvelle supercherie, l’actuel président de la République pourra se représenter encore deux (2) fois aux élections présidentielles en utilisant l’argument d’après lequel la limitation des mandats ne pourra pas lui être appliquée rétroactivement (même si cette approche est controversée et discuestable). Il va en plus s’assurer qu’au cas où il serait encore capable après les deux prochains mandats (cela lui fera 5 mandats au total et 25 ans au pouvoir) de gouverner comme « l’est » Robert Mugabe, il puisse se faire remplacer par un godillot qui viendra faire l’intermède pendant cinq (5) ans, le temps d’un mandat, et lui cèdera ensuite la place après ce mandat. Il suffira donc pour le président Faure Gnassingbé de trouver un Medvedev togolais qui lui serve de relais et il deviendra facilement le Poutine togolais, surtout si l’on sait que le régime a aujourd’hui tous les moyens pour gagner toutes les élections tant qu’il est en place.
L’autre avantage de la non inscription de ce bout de phrase dans la constitution est de s’assurer qu’au cas où, par extraordinaire, Faure Gnassingbé viendrait à se voir interdire une nouvelle candidature dans l’immédiat, il mette en place le système à la Poutine et trouve un candidat postiche à qui il pourra revenir succéder après un mandat de cinq (5) ans. Dans les deux cas, le tour sera bien joué si jamais ce bout de phrase est sorti de l’article 59.
Le régime en place pousse donc à l’adoption d’un texte qui lui permettra de rouler une fois encore le Peuple togolais dans la farine. Les partisans de la limitation de mandats auront l’impression d’avoir gagné quelque chose une fois le texte adopté. Hélas non. Dès que la période actuelle passera et que Faure Gnassingbé arrivera à la fin d’un deuxième mandat si cela lui est permis après les réformes ou alors qu’un autre membre du régime effectuera deux mandats (2), le Peuple se rendra rapidement compte que sa lutte n’a été en fait qu’un mythe se Sisyphe et que tous ses efforts pour une limitation claire et sincère des mandats présidentiels à deux ont été vains.
Comme d’habitude, le pouvoir togolais voit toujours très loin et très clair. Il a déjà prévu ce qu’il servira au Peuple togolais dans dix (10) ans et lorsque seront totalement tombées cette fièvre etaprès cette vague actuelles de protestations et de demande de réformes constitutionnelles et institutionnelles.
En conclusion, disons que le bout de phrase qui fait conflit entre le pouvoir et l’opposition n’est pas du tout ce qui empêche Faure Gnassingbé de prétendre à un autre mandat après les réformes constitutionnelles actuelles. Il empêche au contraire un individu de pouvoir prétendre revenir au pouvoir ou briguer un autre mandat après en avoir accompli deux (2). Il empêche qui que ce soit de pouvoir rempiler après avoir pris une pause de cinq (5) ans ou de pouvoir jouer à la Vladimir Poutine.
En 1992, c’est pour éviter qu’un ancien président de la République qui a fait deux (2) mandats puisse revenir encore au pouvoir que ce bout de phrase a été introduit dans le texte de l’article 59. C’est dans cette intention qu’il faut se battre pour que ce bout de phrase soit maintenu dans la Constitution.
Voilà en réalité les véritables enjeux de la lutte du régime pour éviter que la rédaction de l’article 59 de la Constitution version 92 soit reconduite ou alors que soit inscrite dans ce texte la mention « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats ».
Dans un pays normal, où tout fonctionne comme il se doit, un pays où les forces armées et de l’ordre sont républicaines et non la chose d’un homme ou d’un pouvoir ; dans un pays où les hommes en armes ne sont pas l’épine dorsale du régime en place, personne ne peut penser que quand la constitution dit clairement que le mandat présidentiel est de « cinq ans renouvelable une seule fois », il y ait une autre interprétation que celle qui consiste à interdire à quelque politique que ce soit de vouloir briguer plus de deux mandats aussi bien de façon consécutive que de façon alternée. C’est le cas de beaucoup de pays de la sous-région qui ont simplement inscrit dans leur constitution soit que le mandat présidentiel de cinq (5) ans est renouvelable une seule fois, soit encore plus simplement que ledit mandat est renouvelable une fois et qui respectent strictement la limitation à deux (2) des mandats présidentiels. Hélas, notre pays est malheureusement aujourd’hui à l’antipode de tout ce qui est normal. Le Togo semble marcher sur la tête. Toutes les interprétations y compris les plus aberrantes de nos textes sont possibles parce que certains ont le monopole de la force armée et de la violence. C’était justement pour éviter ce genre d’interprétation qui permettrait à une personne de vouloir briguer par quelque moyen que ce soit plus de deux (2) mandats que nous avions fait inscrire dans cette Constitution en 1992 le bout de phrase rejeté aujourd’hui avec véhémence par le pouvoir actuel. Hier nous étions les rédacteurs de cette constitution et plus particulièrement de cet article 59. C’est à nous donc que revenait le rôle de l’interprétation exégétique. Et pourtant, le régime en place avait dénaturé certaines des dispositions de notre Constitution. Il en a été ainsi dans le cadre de la désignation du premier ministre en 1994. Eyadèma avait décidé qu’il n’est pas obligé de désigner comme premier ministre le chef du parti d’opposition majoritaire ou celui que la majorité parlementaire d’opposition lui impose mais qu’il était libre de choisir lui-même celui qu’il veut au sein de la majorité parlementaire qui n’est pas son parti mais de l’opposition. Cette approche estn totalement contraire à tout ce qu’il y a comme règle et pratique dans le régime semi présidentiel à la française que nous avons adopté à la Conférence Nationale et traduit dans la Constitution de 1992. De même, une fois Edem Kodjo nommé premier ministre, Eyadèma a tenté de le dépouiller des différentes prérogatives de chef de gouvernement que lui reconnaissait la Constitution originelle de 1992. Le pouvoir togolais a sinsi imposé son interprétation à une constitution qu’il n’a pas rédigée. Aujourd’hui, c’est le régime qui est auteur du texte de la révision constitutionnelle. Les membres du régime nous diront demain qu’ils sont exégètes et que l’interprétation qu’ils donnent à l’article 59 sans le bout de phrase indispensable est que seuls les mandats consécutifs supérieurs à deux (2) sont interdits et que dès lors qu’il ne s’agit pas de mandats consécutifs la limitation des mandats présidentiels à deux (2) n’est pas applicable.
Il convient donc de tenir compte de cela et de maintenir dans la Constitution qu’en aucun cas, nul ne pourra exercer plus de deux mandats. A défaut, tout le combat actuel peut se révéler inutile dans dix (10) ans.
« Prêts pour la Démocratie, la lutte continue »
Jean Yaovi Dégli
Président de « Bâtir le Togo »
Politique en Guinée : Le Chef de fil de l’opposition guinéenne s...
Written by Saidou DIALLO - FMLiberte Conakry, Freetown, MonroviaPolitique en Guinée : Le Chef de fil de l’opposition guinéenne s’est réjoui de la marche de ce mercredi 20 Septembre à Conakry.
L’opposition Guinéenne a marché ce mercredi à Conakry pour dénoncer la mauvaise gouvernance et le non-respect des accords politiques signés en 2016.
Devant une marée humaine, les opposants du régime d’Alpha Condé ont dénoncé les maux dont souffres les guinéens. Pour Cellou Dalein Diallo le chef de fil de l’opposition les militants sont sortis pour exprimer leur sentiment face à la gouvernance actuelle, en marchant 30 à 50 km. « Moi je me réjouis de cette manifestation, parce que, non seulement les militants sont sorti massivement en respectant les consignes données, mais aussi les forces de l’ordre ont été républicaine aujourd’hui, en refusant d’obéir aux ordres des gens qui ont l’habitude de tuer nos militants, nous avons 80 morts depuis l’arrivée de ce président au pouvoir en 2010 », a expliqué Cellou dalein Diallo.
Il y a eu quelques jets des pierres entre jeunes manifestants et forces de l’ordre à la fin de la marche à Hamdalaye, un quartier considéré comme l’un des fiefs de l’opposition, le chef de fil de l’opposition a promis de faire la lumière pour situer les responsabilités « S’il y a eu des dérapages coté des jeunes manifestants nous mènerons des enquêtes et s’il y a des preuves de désobéissance nous allons les verbaliser et s’il faut les déférer, parce que notre objectif n’était pas de s’attaquer ni aux forces de l’ordre ni aux édifices publiques mais dans l’ensemble on peut se satisfaire de la discipline qui a été observé durant la marche », a indiqué le chef de fil de l’opposition guinéenne Cellou dalein Diallo.
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Written by ERIC K. ALOVORYao Kouma : « La marche d’hier organisée par l’opposition togolaise a été, pour moi, une satisfaction. Je sais que certains togolais hésitent encore à rejoindre la lutte parce qu’ils ont peur des militaires armés jusqu’aux dents qui sont postés dans tous les coins où se déroulent les manifestations. Mais nous, ces genres de manœuvre d’intimidation ne nous font plus frémir. Hier les gens sont sortis, mais je crois qu’il serait mieux que la mobilisation soit encore plus forte. Je suis même heureux que l’opposition nous appelle à marcher la semaine prochaine. C’est d’ailleurs une fierté pour moi de lutter aux côté de mes compatriotes pour libérer ce pays des griffes du clan Gnassingbé. Si je ne marche pas, qui va marcher à ma place. Je suis prêt à marcher chaque jour jusqu’à la victoire. Et j’appelle, par la même occasion, tous les Togolais à rejoindre la lutte»,
Amouzouvi Mawunéfomi : « Le combat que nous menons aujourd’hui ne date pas d’aujourd’hui. Les 6 et 7 septembre derniers, nous avons marché ici à Gakpoto. La mobilisation a été forte. Et le monde entier a su qu’il se passe quelque chose au Togo. Nous voulons une nouvelle indépendance. C’est notre obligation de lutter pour l’avenir de nos descendances. Par la grâce de Dieu, ce pays pris en otage depuis cinquante ans recouvrira sa liberté. Il y a certains Togolais, je ne sais pas s’ils sont hypnotisés par le régime, qui disent que cette lutte pour l’alternance politique au Togo ne leur intéresse pas. Au moment où nous nous sommes ici, eux vaquent tristement à leurs occupations. Après, c’est pour dire que ça ne va pas, les affaires ne marchent plus et c’est la mévente totale. Donc, je profite de l’occasion pour lancer un appel à tous les Togolais à prendre part à ces manifestations de l’opposition. Personne ne viendra de nulle part pour nous libérer. Cette lutte c’est pour nous. Même si les leaders ne nous appellent pas, c’est notre devoir de manifester pour un meilleur avenir de nos enfants. Au nom de Jésus, dans peu de temps, Faure, lui-même, va rendre son tablier. La lutte populaire invincible. Sortons tous ensemble pour faire partir Faure Gnassingbé et sa clique»
Tata Sévérine : « La manifestation d’hier a été satisfaisante. La mobilisation est considérable. Si à chaque manifestationla mobilisation est toujours forte comme celle d’hier, je suis sûre que Faure va fléchir et satisfaire les revendications du peuple. Il y a encore des gens qui sont à la maison, ils ont peur de s’afficher. Et pourtant, ils sont dans la même situation que nous. Nous ne voulons que le changement. Je suis prête à marcher jusqu’à ce que ce régime déguerpisse. Je marcherai jusqu’à ma mort si ce que je n’ai pas la satisfaction de mes revendications. D’ailleurs je ne marche pas pour l’opposition. Je marche pour moi-même, pour mes enfants et pour le peuple.
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Togo: Changeons de tactique. Montons la gamme. Sinon on aura rien capi...
Written by Anani SossouDAPAONG: Des barricades ont été dressés et des pneus mis en feu sur les principaux artères de la ville. Les jeunes sont encore nombreux dehors. Les habitants redoutent la nuit.
MANGO: Situation toujours préoccupante. Des jeunes ont fui la ville pour se retrouver dans des villages environnants. De nombreux véhicules de barons ou de membres du parti pourri RPT/UNIR ont été brûlés et leurs maisons cassées et saccagées. Les bérets rouges sont en masse et fouillent encore les maisons.
BAFILO: Le ratissage des maisons se poursuit cette nuit. Un jeu de cache cache est toujours en cours entre manifestants et bérets rouges déversés en masse dans la ville et autour des domiciles de barons UNIR. Les jeunes ne comptent pas laisser la ville aux mains des militaires. Des barricades sont visibles à certains points de la ville, ce que les militaires dégagent.
SOKODÉ: Calme précaire dans la ville. On s'organise pour la nouvelle journée de manifestation de demain... aucun incident majeur signalé
ATAKPAMÉ: Bien que nous n'ayons pas encore reçu les images, une foule nombreuse a pris d'assaut les artères de la ville. L'ambiance était bon enfant. Le calme règne ce soir.
KPALIMÉ: Aucun incident n'est à déplorer. La ville est calme ce soir.
LOMÉ: Les manifestants sont rentrés chez eux dans le calme. Au bas fond du Collège Saint Joseph, beaucoup ont été déçu de se retrouver à écouter des discours. Jean-Pierre Fabre a été vivement critiqué et pris à partie par des manifestants qui voulaient aller au-delà de la marche et du meeting. Beaucoup rejoignaient d'ailleurs Agoè ou promettaient de s'y rendre demain au lieu du centre ville pour écouter le nouveau leader.
AGOÈ: Au niveau de l'État-major des FAT, un dispositif militaire a coupé le passage aux manifestants arrivant du Nord de la ville évitant ainsi la jonction avec ceux du Sud. Des milliers de partisans de l'opposition se sont retrouvés face au leader Tikpi Atchadam au niveau de l'échangeur d'Agoè...
CONCLUSION: Alors Fabre et les autres, c'est quoi la suite? Attention à la démobilisation et à l'usure. On ne fait pas une révolution les bras ballants et les marches seules ne suffiront guère à arracher l'alternance des mains de ces sanguinaires au pouvoir depuis 50 ans.
Changeons de tactique. Montons la gamme. Sinon on aura rien capitalisé de cette mobilisation historique dans le pays.
LA SITUATION CE SOIR DANS LE PAYS.
J.P FABRE TU AS VU CE SOIR CE QUE LES MANIFESTANTS T'ONT FAIT EN QUITTANT POUR SE RENDRE À AGOÈ LORSQUE TU PRENAIS LA PAROLE?
Anani Sossou
"Mes reproches s'adressaient en particulier à Jean-Pierre F...
Written by Kofi YamgnaneIl n'a pas pu se présenter aux présidentielles du Togo en 2005 ni 2010, en 2015 il a fait place au candidat choisi par l'opposition Jean-Pierre Fabre. Un temps empêtré dans les méandres de la justice togolaise, et mis en examen en France pour "trafic d'influence dans une des affaires impliquant "l'escroc des stars" - l'ancien secrétaire d'État socialiste assure avoir pris volontairement du recul afin d'affûter sa nouvelle stratégie.
Critiqué, jugé pas assez ancré dans le paysage politique togolais, pourtant l'homme connaît très bien le marigot de la Françafrique, dont le Togo semble être l'un des alliés les plus tenaces. Alors que la tension monte autour de la révision de la Constitution, qui sera désormais votée par referendum après une première consultation parlementaire boycottée le 19 septembre par l'opposition, Koffi Yamgnane décroche son téléphone. En plus, il bouillonne d'envie, l'envie d'en "être" certainement, sentant un possible vent de changement arriver sur son pays. Il s'est confié au Point Afrique sur ses intentions en direction de son pays d'origine.
Le Point Afrique : On ne vous a presque pas entendu depuis les événements du mois d'août au Togo.
Kofi Yamgnane : En réalité j'ai réagi vigoureusement à ces événements au cours desquels 11 morts ont été relevés ; des blessés par dizaines ; des emprisonnements jusqu'à 5 ans de durée... pour rien ; des réfugiés par centaines. J'ai réagi sur le site « icilome » ainsi que sur un site béninois. Ce que j'observe (des manifestations du 19 août et des 6 et 7 septembre, ndlr) ne me surprend pas. C'était attendu après onze ans sans qu'aucune réforme n'ait vu le jour pour ancrer la démocratie. Il était temps de réagir.
Mais bien sûr, c'est tout ce que je pouvais faire de là où je suis... : écrire pour attirer l'attention sur ce qui se passe dans mon pays, sensibiliser les élus politiques en France et en Europe... et je l'ai fait.
Évidemment, les démêlés que j'ai eu avec la justice de mon pays ainsi que le nombre de mésaventures que j'ai pu vivre alors que je voulais être utile au Togo m'ont forcé à me mettre en retrait. Évidemment, ça m'a bloqué sur le plan politique au Togo. Évidemment, ce qui m'est arrivé à la suite des accusations du pouvoir en place appuyées par des connivences françaises n'a pas été supportable. Voilà pourquoi j'ai gardé le silence. Mais pendant ce temps-là, j'ai peaufiné ma stratégie et je vais la mettre en œuvre très prochainement.
Avez-vous déjà oublié votre pays ?
Non je n'ai pas oublié mon pays et je ne peux pas oublier le pays où est enterré mon placenta : ce qui me lie à lui est éternel. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je suis en contact permanent avec les responsables des manifestations monstres qui ont lieu simultanément à Lomé, à Anié, à Sokodé, à Bafilo, à Kara, à Mango, à Dapaong, à Bassar, etc. Tous les jours, nous échangeons par voie téléphonique sur l'actualité des violences, sur les projets à venir, sur les mots d'ordre à lancer...
Et du coup, votre réaction par rapport à l'échec du projet de loi proposé à l'Assemblée nationale et au référendum, qu'en pensez-vous ?
Le projet de loi parvenu à l'Assemblée nationale togolaise est un leurre : en l'écrivant et en le présentant, Faure avait le souci de montrer sa « bonne volonté » supposée à ses financeurs, ceux qui tiennent le Togo en perfusion financière. Mais sa vraie nature est aussitôt revenue : il a intimé l'ordre à ses députés godillots de s'y opposer. En même temps, il a refusé à l'opposition tout amendement à son projet... En voilà une démocratie ! C'est toujours ce qu'il a fait depuis 2006, année de la signature de l'Accord politique global, négocié à Ouaga : j'y étais. Or, les manifestants ont d'abord clairement demandé le retour à la Constitution de 1992. Après cette fuite en avant du pouvoir, ce qui devait arriver est arrivé : comme vous pouvez le constater, le peuple togolais n'en est plus là ; il demande désormais le départ pur et simple de Faure ! Et Faure n'a plus d'autre alternative que de négocier son départ, tous les opposants y sont prêts.
Le nouveau slogan dans les manifestations des 20 et 21 septembre est clair et sans ambiguïté : Faure dégage !
Vous annoncez votre retour pour très prochainement, mais est-ce que vous allez rester, cette fois-ci ?
C'est évident, je ne rentre pas pour revenir, mais pour rester. Ça, c'est la première étape, parce qu'il faut que les Togolais sachent que je suis là, que je suis revenu pour de bon. La deuxième étape, c'est d'officialiser ce grand mouvement que j'ai appelé Sursaut. Pourquoi j'ai créé Sursaut ? C'était le 6 février 2005, au lendemain de la mort du général Eyadéma, quand les militaires ont décidé de mettre son fils au pouvoir. Je me suis dit : "Mais ce n'est pas possible, les Togolais vont avoir un sursaut de dignité, un sursaut d'honneur et pourquoi pas un sursaut d'orgueil ! Ils ne peuvent pas accepter ça, le père est resté 38 ans ça suffit !"
Vous savez, le Togo a connu deux faits historiques « remarquables » au cours du XXe siècle : première colonie française à arracher son indépendance en 1960 et premier pays africain à subir un coup d'État militaire dès 1963, ourdi par la France et réalisé par un ancien sergent de la coloniale, Étienne Eyadéma. Depuis ce 13 janvier 1963, une nuit profonde s'est abattue sur le peuple togolais.
D'où le nom de mon mouvement.
Ce n'est pas un parti politique mais un grand mouvement de tous ceux qui veulent le changement. J'irai l'officialiser en rentrant car je ne peux pas non plus rester complètement inactif alors qu'on tue mes frères et sœurs. C'est normal aussi avec mon expérience que je prenne du recul et que j'essaie d'aider l'opposition dans son combat. Je ne le fais pas en sous-main mais en totale transparence. Je rencontre les gens que je dois rencontrer, je leur parle ouvertement du Togo.
Est-ce qu'on vous verra dans la rue ?
Ah oui, je serai sur le terrain dans la rue. J'ai compris qu'en fait le gouvernement togolais est inapte au dialogue. Ça ne sert à rien de se cacher derrière ces gens-là. S'ils doivent partir, c'est par la force qu'ils partiront. C'est par la volonté du peuple togolais, c'est par la contestation, c'est par les manifestations ; parce que figurez-vous que moi j'ai participé aux négociations de Ouagadougou en 2006 avec Blaise Compaoré. L'Accord politique global (APG), j'y ai participé, je l'ai écrit avec les autres leaders parce que je pensais qu'on pouvait y arriver. Eh bien depuis 2006, il n'y a pas une seule mesure qui a été portée. Je ne peux plus croire à ce dialogue avec ce gouvernement, ce n'est pas possible, donc il ne reste que la pression de la rue à Lomé et je serai dans la rue.
Aux côtés de qui ? Jean-Pierre Fabre ou Tikpi Atchadam ?
Aux côtés des deux. Car je serai d'abord aux côtés du peuple togolais qui réclame aujourd'hui le départ de Faure Gnassingbé. Les opposants demandent le retour de la C-92, mais le peuple a dépassé ça, le peuple demande le départ de Faure. S'il avait dû revenir à la Constitution de 92, il l'aurait fait depuis longtemps. Depuis au moins 2006 ; il ne l'a pas fait, il ne le fera pas, donc il faut qu'il parte. Ça fait maintenant 12-13 ans qu'il est arrivé au pouvoir, ça suffit, il n'a rien fait de bon.
Vous avez été assez dur avec l'opposition togolaise, il y a quelque temps, en lui disant que la politique se fait à l'Assemblée nationale et non dans la rue. Aujourd'hui, la politique semble se faire dans la rue, non ? Ou, du moins, la rue pousse les leaders de l'opposition à agir. Qu'en dites-vous ?
je ne voyais plus comment il pouvait continuer à se battre en acceptant cette fonction. J'ai été surpris de le voir plus combatif.
Il semblerait que vous menez sans en faire état des actions de diplomatie en faveur de l'opposition togolaise. Est-ce vrai ? Si oui, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Je vais voir ceux qui ont la possibilité d'influer sur le Togo ou du moins dans les instances internationales ceux qui sont susceptibles d'être sensibles aux discours de l'opposition. Et qui s'interroge sur le fait qu'au sein de la Francophonie, il y a un pays qui ressemble à la Corée du Nord ! Il y a une Corée du Nord en Afrique de l'Ouest dans l'espace francophone et ça ne peut plus durer. Et je le dis à tous ceux qui ont une voix un peu plus forte que la mienne. Je pense aux ministres des Affaires étrangères européens, même les chefs de gouvernement que j'ai l'occasion de rencontrer. J'ai obtenu un certain nombre de rendez-vous ; et je ne m'en cache pas.
Quelle est la part de votre mouvement Sursaut dans cette lutte pour la démocratie au Togo ?
Le mouvement Sursaut a pris le temps de réfléchir. L'avantage que nous avons sur les opposants nationaux sur place, c'est qu'eux ont le nez sur le guidon. Ils ne voient plus les choses. ils ne peuvent se projeter dans l'avenir. Nous, on regarde ça d'un peu plus loin, mais ce pouvoir, on ne peut l'arrêter que comme ça. J'ai compris que les négociations, ce n'est pas possible, c'est à la force qu'il faut y aller. C'est-à-dire qu'il ne faut pas que nous ayons peur de mourir. L'armée ne pourra pas tuer un million de personnes, il y a des exemples historiques de ça. Prenez l'Inde et le mouvement mené par Gandhi. Le gouvernement a été obligé de s'arrêter devant les corps humains, parce qu'un gouvernement ne peut pas tuer tout son peuple sinon sur qui va-t-il gouverner ?
Il faut aussi qu'on parle aux militaires. Il faut qu'on les amène à réfléchir, qu'ils comprennent que ceux qui donnent les ordres seront partis, donc notre message aux militaires togolais est simple : ne tirez plus sur vos mères, ne tirez plus sur vos sœurs. Le combat que nous menons vous concerne aussi. Il concerne tout le monde justement.
Les anciens chefs d'État du Ghana et du Nigeria ont apporté leur soutien à l'opposition togolaise. Est-ce une bonne chose ?
Vous voyez bien tous ces médiateurs qui défilent au Togo, ce n'est pas nouveau. Ça ne date pas d'hier mais des années 1990. Moi j'ai été de tous les combats avec ces gens-là, aucun d'eux n'a fait aboutir nos revendications. Le Togo a pris 22 engagements vis-à-vis de l'Europe, il n'en a tenu aucun. Quand ils ont tué en 2005 un millier de personnes, l'ONU a envoyé son rapport au gouvernement et demandé des comptes, ils n'ont pas répondu. C'est un gouvernement de voyous ! Et, ironie de la situation actuelle : le président de cette institution, désigné par les chefs d'État, n'est autre que... Son Excellence M. Faure Essozimna Gnassingbé ! Quel paradoxe !
Aujourd'hui, seuls les anciens chefs d'État du Ghana (Jerry Rawlings) et du Nigeria (Obasandjo) ont ouvertement pris position pour soutenir le peuple togolais dans sa lutte pour la liberté.
Dans une organisation démocratique, le chef de l'État togolais, qui, de surcroît, est le seul à avoir refusé la décision de la Cedeao d'engager tous les dirigeants membres à respecter l'obligation des deux mandats présidentiels successifs, ne pourrait en aucun cas être éligible à la tête de l'organisation régionale. Il devrait d'office avoir été disqualifié...
Comment voyez-vous l'après ? Quelle transition se dessine ? Et quelle société togolaise se dessine actuellement ?
Du point de vue formel, il faut bien sûr qu'il y ait une transition pour passer de ce pouvoir dictatorial à une transition et des élections pacifiques. Des fonctions que je suis moi-même prêt à exercer, mais le pouvoir au Togo ne m'intéresse pas en tant que tel. Mais animer la transition et passer le témoin à d'autres, oui. Les Togolais n'ont pas besoin de moi, mais il faut que j'accompagne ce mouvement de changement.
Ma vision de la société tient en six points réfléchis autour des besoins des Togolais. Vous savez que l'accès à la nourriture pour tout le monde n'est pas une réalité au Togo. La santé pour tous les Togolais, l'éducation, et je rêve d'une société où le système économique, politique et militaire ne repose pas uniquement sur l'ethnisation. Parce qu'avec ce régime, ce n'est pas le nord du Togo qui est atteint, c'est l'ethnie kabyé qui a commis tous ces crimes. Eyadéma avait donné des instructions claires sur le fait que les autres populations ne devaient jamais aller au pouvoir. Le pouvoir doit rester concentré entre les mains d'une seule ethnie et famille.