l'autre aspect sur lequel le pays s'est illustré négativement est la censure d'internet. Un acte qui a eu plutôt un effet boomerang puisque les images des atrocités de la repression que le régime a voulu interdire de publication ont été partagées a gogo sur les réseaux sociaux. Mais non sans peine.

Le Togo est déjà connu en Afrique pour sa piètre qualité de la connexion  internet malgré le coût exorbitant des megabytes ce qui fait souvent grincer les dents aux internautes qui la qualifie de "connexion cinamerdique" du nom de Cina Lawson, la Ministre des Postes et de l'Économie numérique devenue triste égérie des TIC. A l'injure s'est ajoutée l'insulte avec ces coupures intempestives qui ont ramené le Togo au XXe siècle, ce pays qui était pionnière de la communication 2.0 en Afrique de l'ouest.

 Cette censure qui ciblait l’opposition et les manifestants a au finish paralysé les activités socio-économiques: communication désastreuse, transactions bancaires au ralenti, transferts d'argent  impossibles etc. Les tenants du pouvoir et leurs militants n'ont pas été non plus épargnés. "L'enfant qui ne veut pas sa maman dorme ne dort pas aussi", dit un adage de chez nous. Les jeunes accros au réseaux sociaux se sont retrouvés presque sur une autre planète, sans facebook encore moins whatsapp, les deux plate-formes d’échanges les plus populaires du pays. Loin de résigner face à cette traversée du desert, ce dur moment  d'indignation vécu comme une humiliation, cette jeunesse a eu recourt à l'installation du VPN(Virtual Private Network,  réseau privé virtuel) un système permettant de créer un lien direct entre les ordinateurs et smartphones distants. Mieux, l'utilisation des kits du Ghana et du Benin a proliféré et par ricochet les va-et-vient entre ces deux pays frontaliers. Ce que les internautes ont surnommés "e-migration".

Cependant, cette censure d'internet a  eu des conséquences inespérées: les relations amicales et familiales étaient redevenues plus cordiales, les visites et les discussions face-à-face plus plaisantes. La lecture qui tend à disparaître des habitudes modernes a également connu un nouveau souffle, quand bien même éphémère. 

Aujourd'hui beaucoup affirment qu'on est pas sorti de l'auberge considérant la determinations du peuple à poursuivre les manifestations contre le regime de Faure Gnasisngbé et bien sûr la censure qui en suivra. Pour le moment profitons de ce peu de liberté d'expression que nous autorisent les réseaux sociaux avec cette connexion haut debit de vitesse de tortue, cette connexion cinamerdique. 

Yolande Sokpoh, FM Liberté - Lomé