La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme et l’Association des Victimes de Torture au Togo suivent avec une attention particulière la situation socio politique du Togo et tiennent par la présente à faire part de leurs inquiétudes et aspirations en matière de la protection, la promotion et la défense des droits de l’homme.
En effet, le Parti National Panafricain (PNP) a tenue des manifestations pacifiques synchronisées le 19 Aout 2017 dans certaines villes du Togo et dans la diaspora qui a été dispersée au Togo sous les ordres du Ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Colonel Yark Damehane en témoigne ses propos menaçant tenus avec son collègue de l’Administration Territoriale Payadowa Boukpessi le 17 Août 2017. Au cours de cette manifestation, on enregistre des pertes en vies humaines au sein des populations, des dégâts matériels, des blessées et plusieurs arrestations jugées et condamnées à des lourdes peines d’emprisonnement.
Dans la foulée, une coalition de partis Politiques composée de CAP2015, Groupe des 6, le PNP et le CAR a organisée des manifestations les 6 et 7 septembre 2017 pour exiger la libération de toutes personnes arrêtées et détenues abusivement, l’opérationnalisation des réformes préconisées par l’APG, le retour à la constitution originelle de 1992 et le vote de la diaspora.
La manifestation a été empêchée particulièrement à Kara. Dans les autres localités telles que SOKODE, BADOU et Atakpamé, des dispositifs d’intimidation ont été mis en place dans le but de dissuader les populations. Quant aux manifestations tenues à Lomé les mêmes dates, les manifestants en présence des responsables des partis politiques ont été dispersés sur le coup des gaz lacrymogènes, des bastonnades, des balles à caoutchouc dans la soirée de la deuxième journée des manifestations. Les équipes de monitoring de nos organisations et des organisations partenaires relèvent une répression de barbarie avec des blessés graves dont les images illustres parfaitement l’ampleur de la violation, des courses poursuites jusqu’aux derniers retranchements des populations par les agents de la gendarmerie aidés par les milices proches de la mouvance. Dans le rang des victimes de la répression, on note M. ADANLETE Théophile, journaliste à la Radio Victoire Fm, molesté sur le lieu des manifestations bien que muni de gilet de presse et de carte de presse.
La LTDH et l'ASVITTO condamnent avec la dernière énergie la répression aveugle des manifestations et la violation des domiciles des populations dans les quartiers de Dékon, Bè et environs par les forces de l’ordre les 7 et 8 septembre 2017.
Les jours suivants, plusieurs journalistes de presse nationale comme internationale font l’objet des menaces et des convocations tous azimuts. Il s’agit d’autre part de la convocation pour la journée du 15/09/2017 du Directeur de Publication du Correcteur en la personne de Jérôme SOSSOU par le Service de Renseignement et d’Investigation et d’autre part du retrait par la HAAC de la carte d’accréditation de la correspondante des télévisions TV5 Monde et France24 en la personne de Mme SODJI Emmanuelle. Entre temps dans la journée du 7 septembre, la camera du journaliste reporter Sylvio COMBEY du Rendez-vous d’Afrique lui a été arrachée.
En outre, depuis quelques jours, des informations persistantes de sources concordantes font état d’un projet d’arrestation par la gendarmerie du Directeur de Publication du Bihebdomadaire l’Alternative Ferdinand Mensanh AYITE lorsqu'il reviendra de son voyage pour des raisons professionnelles effectué aux USA et dont le retour est prévu pour ce 15 septembre à 17h GMT.
La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme et et l’Association des Victimes de Torture au Togo mettent en garde le pouvoir contre ce projet d’arrestation d’un journaliste en cette période de grande tension dans le pays. Elles invitent la HAAC à garantir le libre exercice et la protection de tous les professionnels conformément à la constitution et aux engagements pris par le Togo.
Après analyse de la situation, la LTDH et l’ASVITTO estiment que la violation constante des lois et textes par l’autorité publique ainsi que le harcèlement dont font l’objet actuellement les journalistes ne sont pas de nature à favoriser un climat de paix et de cohésion nationale qui viendront d'une volonté politique pour des changements profonds.
Elles tiendront pour responsable les autorités gouvernementales et militaires pour toutes les conséquences douloureuses qui découlent des atteintes aux libertés fondamentales, au musellement de la presse et aux violations des droits de l’homme.
La Ligue Togolaise des Droits de l’Homme et l’Association des Victimes de Torture au Togo invitent le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme et l'ONG Amnesty international à user de leurs forces pour faire cesser toutes les violations des droits de l’homme, de la liberté de presse et d’expression au Togo. Tout en remerciant les prises de position clairement exprimées par certaines personnalités de l'espace CEDEAO, la LTDH et l'ASVITTO interpellent particulièrement le président français Emmanuel MACRON à la protection des populations togolaises au même titre que les intérêts français au Togo.
Enfin, la LTDH et l'ASVITTO saluent la mobilisation des associations de presse CONAPP, PPT, et l'OTM pour soutenir les journalistes interpellés au SRI ce matin et convient le peuple togolais à se mobiliser pour défendre la cause commune.
Fait à Lomé, le 15 septembre 2017
Pour ASVITTO Pour la LTDH
Le Président Le Président
ATCHOLI M. Kao Me KPANDE-ADZARE NYAMA