Le roi du Swaziland, Mswati III, connu davantage pour ses excès et son extravagance que pour ses qualités hypothétiques de dirigeant est, par définition, allergique à la démocratie. Le monarque de 46 ans règne depuis 28 ans sur sa petite nation enclavée et proche du désastre économique : 40 pour cent des Swazis sont au chômage, le pays enregistre le taux d’infections au VIH le plus élevé par tête dans le monde, et son espérance de vie de 46 ans est parmi les plus basses au monde.
Ces statistiques sont propres à vous fendre le cœur quand l’on considère qu’avec les sommes dépensées sur les voitures de luxe du roi (des parcs de véhicules Mercedes et BMW haut de gamme, au moins une Rolls Royce et une Maybach 62 phare de Daimler Chryslerd’une valeur de 500 000 dollars) et son jet privé (17 millions de dollars) uniquement, le monarque pourrait éduquer tous les enfants de son pays et, par-dessus le marché, doter ce dernier de services de santé. À son crédit, l’enseignement primaire est gratuit au Swaziland, même si le maintenir ainsi est un véritable défi. Cependant, le roi a récemment augmenté le budget de son ménage à 61 millions de dollars, alors que 70 pour de ses sujets doivent survivre avec un revenu journalier de moins de 2 dollars.
Avec 13 palais, des richesses que le Swazi moyen ne pourrait jamais s’imaginer dans ses rêves les plus fous (le roi conteste les 200 millions de dollars fréquemment cités comme sa fortune personnelle), des courtisans et un harem fascinant, personne ne peut accuser le roi de ne pas savoir penser avant tout à sa propre personne. Qu’à cela ne tienne, penchons-nous maintenant sur son harem.
Le roi bienaimé est très connu pour son organisation des cérémonies traditionnelles annuelles des roseaux au cours desquelles il a la latitude pour choisir une nouvelle épouse. Il en a maintenant 14, et même si ces dernières n’ont pas de problème avec la polygamie à l’ère de l’égalité des sexes et peuvent faire fi de la situation, il est beaucoup plus difficile d’ignorer les coûts qu’exigent l’entretien d’un harem pareil, connaissant les miettes dont doivent se contenter le Swazi moyen.
À la différence nette des reines précédentes du Swaziland – qui étaient censées s’éloigner des affaires publiques et mener un train de vie modeste – nos dames swazies des temps modernes aiment se faire plaisir, aux dépens du trésor public. (Ça pourrait être pire, je suppose : le prédécesseur du roi avait 70 épouses.)
Qui sont ces femmes ? Allons à leur découverte.
L’épouse rituelle no1 – Inkhosikati (Reine) LaMatsebula : « la grande épouse »
La reine LaMatsebula remplissait toutes les conditions établies par les conseillers nationaux qui ont nommé la première épouse du roi. En tant que la première épouse de tout roi swazi, la « Grande épouse » est issue du clan Matsebula. Elle doit être de bonne moralité et de bonne famille. C’est elle qui remplit les fonctions spéciales lors des rituels. Cependant, son fils ne peut prétendre au trône, la tradition l’interdit.
Après avoir obtenu sa licence, la diplômée de l’UNISA a affirmé qu’elle avait étudié la psychologie parce qu’en tant qu’une reine qui devait travailler en étroite collaboration avec un grand nombre de personnes, elle devait acquérir les connaissances nécessaires pour garder l’esprit ouvert et mieux comprendre les personnes qu’elle croiserait.
L’épouse rituelle no2 – Inkhosikati LaMotsa : « la Madone »
La reine LaMotsa, mère de quatre enfants et deuxième épouse rituelle (également choisie pour le roi par le Conseil national), est la marraine de la St Annes Girls School de Malkerns, Swaziland. Elle est également une oratrice active et est ambassadrice de bonne volonté du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) depuis 1996.
L’épouse no3 – Inkhosikati LaMbikiza née Sibonelo Mngomezulu : « la chanteuse de gospel » (Naissance : 1969. Mariage : 1986)
La reine Inkhosikati LaMbikiza, la 3e épouse du roi Mswati III et la première choisie par le roi lui-même, est la fondatrice de l’organisation caritative Lusito Charity Organization basée en Afrique du Sud. Ladite organisation a pour but d’apporter de l’aide financière aux démunis. La reine est également la directrice de l’Initiative royale swazie pour la lutte contre le VIH (RICH).
Avec plusieurs réalisations sociales et professionnelles à son actif, cette éminente diplômée en droit de l’UNISA qui s’exprime très bien est une partisane du christianisme, de la santé, de la prévention et du traitement du sida, de la lutte contre la pauvreté, et de la réduction de la mortalité maternelle entre autres. Profondément religieuse, elle est la première reine swazie à enregistrer un album gospel et aussi la première à poursuivre ses études après son mariage au roi.
La reine Inkhosikati LaMbikiza est la mère de la plus ainée des filles du roi, la célèbre princesse chanteuse/rappeuse Sikhanyiso Dlamini. Vous pouvez écouter son hommage musical qui a pour titre « Hail Your Majesty » (acclamez Sa Majesté) ici.
Ladite princesse explique également le mode de vie royal dans « Without the King », un documentaire sérieux sur le contraste préoccupant entre la pauvreté et l’opulence au Swaziland.
L’épouse no4 – Inkhosikati LaNgangaza, née Carol Dlamini : « la défenseuse » (Mariage : 1987)
Diplômée en droit, la reine LaNgangaza est la marraine de Swaziland Hospice at Home(autrefois dirigée par la princesse Diana) et de Fundzis’ Umtfwana, une organisation qui promeut l’éducation comme une priorité absolue.
À travers des campagnes de sensibilisation, la reine LaNgangaza parle à son peuple de santé, de beauté, de culture, d’éducation et de la nécessité de prendre soin des autres, y compris les personnes âgées et les parias de la société.
En 2012, elle était parmi les 03 épouses mêlées dans un scandale concernant un voyage envisagé pour des vacances et des courses à Las Vegas et devant coûter plusieurs millions de rands. Le gouvernement swazi a bien évidemment tout nié.
L’épouse no5 – Inkhosikati LaHwala, née Putsoana Hwala : « la recherchée »(Naissance : 1974)
Laissant ses trois enfants derrière elle, Putsoana Hwala a fui la vie royale pour l’Afrique du Sud en 2004, utilisant son passeport sud-africain afin de tromper la vigilance des agents de sécurité. Elle est cependant toujours mariée au roi.
L’épouse no6 – Inkhosikati LaMagwaza, née Delisa Magwaza : « l’artiste » (Naissance : 1974. Mariage : 1993)
L’ancienne marraine de Safe Motherhood, l’amateur d’art a quitté le roi en 2004 au cœur d’un scandale sexuel dans lequel elle était la principale actrice.
Elle a été accusée d’avoir une liaison avec un jeune sud-africain de 23 ans, Lizo Shabangu. Delisa aurait mis fin à la relation après que ce dernier ait exprimé le désir de s’enfuir avec elle. Qu’à cela ne tienne, elle a ensuite échafaudé son propre plan d’évasion et se la coulerait douce après avoir épousé un important homme d’affaires sud-africain avec qui elle aurait un enfant.
L’épouse no7 – Inkhosikati LaMasango, née Senteni Masango : « la dropout » (Naissance : 1981. Mariage : 2000)
Après que le roi Mswati III ait choisi sa 7e épouse en secret, le journal Times of Swaziland a froissé la famille royale en qualifiant LaMasango de dropout irresponsable, notant qu’elle avait été renvoyée de deux écoles différentes pour indiscipline et absentéisme. New York Timesrapportera plus tard que Bheki Makhubu, le rédacteur-en-chef du dimanche du journal en question, avait été arrêté, accusé de diffamation et forcé à démissionner. Depuis, LaMasango a poursuivi l’intérêt qu’elle portait à la peinture, vendant ses œuvres aux enchères afin de rassembler des fonds pour des œuvres caritatives.
L’épouse no8 – Inkhosikati LaGija, née Angela Dlamini : « l’épouse fugitive »(Naissance : 1979. Mariage : 2002)
Le feuilleton swazi continue avec LaGija, la 8e épouse du roi et la troisième à abandonner la cour royale. Elle a quitté cette dernière en mai 2012.
LaGija s’est enfuie pour l’Afrique du Sud, laissant sa fille derrière elle. La Swaziland Solidarity Network (SSN) déclarera plus tard qu’elle était « partie en citant plusieurs années de violences psychologiques et physiques aux mains de son mari, lesquelles ont provoqué son départ ».
L’épouse no9 – Inkhosikati LaMagongo, née Nontsetselo Magongo : « la préférée »(Naissance : 1985. Mariage : 2002)
Prétendument l’une des préférées du roi, LaMagongo était une véritable athlète au lycée. L’on se souvient également bien d’elle pour la discipline exemplaire dont elle faisait montre et pour son implication dans la Student Christian Fellowship (SCM).
Dans une interview accordée à The Guardian en 2004, elle a reconnu que le VIH pouvait s’insinuer dans le cercle royal, mais que, dans cette éventualité, elle resterait quand même parce qu’elle avait foi en Dieu et en son mari. « Je suis jeune, il est vieux. Je ne peux soulever mes préoccupations. Si je vis dans la peur, il n’y aura plus de confiance », avait-elle déclaré.
L’épouse no10 – Inkhosikati LaMahlangu, née Zena Soraya Mahlangu : « celle qui n’a pu s’échapper » (Naissance : 1984. Mariage : 2002)
La reine Mahlangu est connue pour avoir été enlevée par des auxiliaires du roi afin d’en faire la 10e épouse du roi.
Selon un rapport d’Amnesty International (cf. page 30), la lycéenne de 18 ans, Zena Mahlangu, « a disparu de son école le 9 octobre 2002. Après avoir demandé des renseignements, sa mère affolée, Lindiwe Dlamini, a appris que sa fille avait été emmenée par deux hommes, Qethuka Sgombeni Dlamini et Tulujani Sikhondze, et était retenue au Palais royal de Ludzidzini. Le 10 octobre, la mère a porté l’affaire à l’attention de la police, mais elle n’a jamais eu de suite. Le lendemain, les deux hommes sont venus chez elle l’informer de ce que sa fille était au Palais royal et qu’on lui avait confié des “responsabilités royales” ». Pour conclure, ledit rapport affirme que, « le roi et ses agents ont violé les des droits de la femme et de la fille internationalement reconnus, dont le droit de ne pas être détenu de façon arbitraire et le droit de ne pas faire l’objet d’un mariage forcé ».
Sa mère a porté plainte contre la cour royale, mais le système judiciaire du Swaziland n’a jamais rendu justice dans cette affaire. Quelle surprise !
Dans une interview émouvante, la mère, malheureuse, décrit sa résignation : « Quand je me suis rendu compte que Zena ne retrouverait pas la liberté, j’ai compris qu’il était inutile de lui demander si elle l’aimait ou pas. Ce ne serait pas juste. Je pense que toutes ces filles, une fois que le roi a jeté son dévolu sur elles, ne savent pas quoi ressentir au départ. Elles n’ont pas de choix dans ce contexte. Si le roi vous aime, c’est fini ».
L’épouse no11 – Inkhosikati LaNtentesa, née Noliqhwa Ayanda Ntentesa : « l’arrangeuse » (Naissance : 1981. Mariage : 2005)
Fiancée en 2002, Inkhosikati LaNtentesa s’est mariée dans le cadre d’une cérémonie traditionnelle organisée dans la Résidence royale de Ludzidzini en 2005. Elle est la marraine de Cheshire Homes Swaziland, un centre de réadaptation basé à Matsapha et affilié à Leonard Cheshire International, qui détient d’autres centres pour personnes handicapées dans plus de 50 pays à travers le monde.
L’épouse no12 – Inkhosikati LaDube, née Nothando Dube : « la fourbe » (Naissance : 1987. Mariage : 2005)
La 12e épouse de Mswati III, Inkhosikati LaDube, a été assignée à domicile (à vie) dans la résidence de la mère du roi en 2010 à la suite d’une prétendue liaison avec le ministre swazi de la Justice, Ndumiso Mamba, qui a été congédié et incarcéré. « La police a fait une descente dans l’hôtel Royal Villas, situé à une dizaine de kilomètres du palais, à la périphérie de la capitale administrative swazie de Mbabane et a surpris M. Mamba caché sous le lit à deux places de la reine », avait rapporté le journal Daily Mail.
S’il s’agissait là d’une tentative de l’ancienne Miss Teen Swaziland de faire comprendre que les relations polygames ne fonctionnent que lorsque toutes les parties concernées jouissent des mêmes privilèges, elle mérite des félicitations pour son effort ! Malheureusement, il a été intimé à LaDube l’ordre de vider les lieux, de quitter la maison royale en novembre 2011.
L’épouse no13 – Inkhosikati LaNkambule, née Phindile Nkambule : « la jeune agitée »(Naissance : 1990. Mariage : 2007)
Inkhosikati LaNkambule, qui l’a remporté sur une présentatrice télé glamour et sur la Miss Swaziland dans une course impliquant 10 000 femmes cherchant à capter l’attention du roi, a été choisie lors de la cérémonie de la danse des roseaux alors qu’elle n’avait que 17 ans. Sa nomination constituait une violation des règles établies par Mswati lui-même, lesquelles interdisaient le mariage des Swazies avant l’âge de 18 ans. Comme quoi il y a une exception à la règle quand il s’agit du roi, puisque tout autre homme qui viole la règle « umchwasho » est condamné à une amende d’une tête de bétail, un bœuf par exemple, ou d’un montant d’environ 160 dollars.
L’épouse no14 : Sindiswa Dlamini, « la Liphovela » (Naissance : 1995. Mariage : 2013)
Au moment du choix de Simila comme 14e épouse de Mswati III, elle est une adolescente torse-nue, vêtue d’une étoffe traditionnelle parée de plumes rouges et d’un grand collier.
Une finaliste du concours Miss Cultural Heritage, la candidate au concours de beauté local Sindiswa Dlamini, alors âgée de 18 ans, venait tout juste (l’année précédente) d’obtenir son diplôme de l’école religieuse St. Francis High School de Mbabane. La cérémonie a été organisée au centre du Swaziland et, grâce aux festivités, le roi a sans doute réussi à détourner l’attention des observateurs électoraux dépêchés par Communauté de développement de l’Afrique australe.
En fait, la censure des médias au Swaziland quant à la couverture des activités du roi et de ses reines est telle que vous êtes maintenant certainement mieux informé qu’un sujet moyen du roi.
Ces femmes sont-elles :
- a) Des verrues sur le visage d’une Afrique en pleine évolution, où les mères et les filles sont censées servir d’exemple ?
- b) Des traditionalistes respectables qui remplissent tout simplement, avec élégance et intelligence, leur devoir dans un pays où la royauté représente le pilier de l’unité nationale ?
- c) Des maîtresses de l’art qui consiste à diriger les feux des projecteurs sur des affaires grotesques et ridicules afin de faciliter les transactions louches réalisées dans l’ombre et l’abri des regards ?
- d) Des défenseuses de l’égalité des sexes pour les femmes du Swaziland, à qui l’on a longtemps refusé l’opportunité de s’imposer comme des entrepreneuses et des citoyennes de première classe ?
- e) Des femmes ordinaires qui préféreraient vivre une vie différente, mais n’ont pas d’autre choix que d’accepter leur sort ?
- f) Des femmes heureuses en ménage qui aiment leur mari au-delà de ce que tout le monde, moi y compris, pourrait imaginer ?
Ces femmes sont-elles des plaignantes, des traditionalistes, des victimes, des modèles ou des témoins des crimes commis ? Voire les voix des sans voix ?
Partagez avec nous ce que vous pensez des femmes qui se tiennent derrière l’Homme !
Vous pourrez en savoir plus sur certaines d’entre elles à travers cette vidéo vieille de quelques années.