Le Général Gilbert Diendéré, ancien chef d’Etat-major de Blaise Compaoré avait pris la tête du Conseil national pour la transition ( CND), un organe mis en place par les putschistes. Quelques jours plus tard, le Général Diendéré se rendit aux autorités de la Transition.
83 personnes sont détenues dans cette affaire qualifiée de coup d’Etat le plus bête au monde et dont les figures de proue que sont les généraux Djibril Bassolé et Gilbert Diendéré. Ils sont accusés d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, dégradation volontaire des biens appartenant à autrui, trahison, incitation a commettre des actes contraire au règlement et à la discipline militaire, violences et voie de fait sur autrui.
Le 21 mars dernier, le procès s’est ouvert devant la justice militaire à Ouagadougou, sous haute surveillance. Une brochette d’avocats du Faso et d’ailleurs font partie du conseil des principaux accusés, notamment Djibril Bassolé et Gilbert Diendéré. Une quinzaine de morts et 114 blessés, c’est le bilan de cette tentative de renversement des institutions de la Transition combattue par les populations qui sont massivement descendues dans les rues de Ouagadougou et Bobo Dioulasso.
Le Togo et la Côte d’ivoire étaient accusées d’avoir fourni à l’époque des moyens aux putschistes. On en sait un peu plus sur le rôle du régime de Faure Gnassingbé dans ces évènements. Et c’est à la faveur de la déposition du Général Gilbert Diendéré dont la rédaction s’est procurée une copie. La tentative de coup d’Etat déclenchée le 15 septembre était exclusivement pilotée par le RSP. Les autres corps de l’armée du Faso et surtout les forces de maintien d’ordre ont refusé de se joindre à cette aventure suicidaire.
Face à la mobilisation populaire suivie d’émeutes, le RSP s’était vu débordé et manifestait un besoin urgent de matériel en maintien d’ordre. Il fallait trouver les moyens pour maitriser au plus vite une population de plus en plus surexcitée et prêtes à défendre les acquis de la révolution. Le Général Gilbert Diendéré, propulsé à la tête du CND, s’est tourné vers le régime d’Alassane Ouattara et vers le Togo. Et c’est le Colonel Alex Yotroféi Massina, certainement après avis de ses supérieurs, notamment Faure Gnassingbé, qui a donné l’ordre de livrer du matériel aux putschistes de Ouagadougou.
Les extraits concernant le Togo dans la déposition du Général Gilbert Diendéré renseignent sur les détails de cette opération. Il apparait clairement que le régime de Lomé, habitué à déstabiliser d’autres pays dans la région, a pris une part importante dans le coup d’Etat manqué au Burkina Faso en 2015. Décidément, la dictature cinquantenaire de Lomé est une menace pour l’ensemble de la sous-région.
A Ouagadougou, des voix s’élèvent déjà pour demander à la justice de lancer un mandat d’arrêt international contre le Directeur de la Gendarmerie togolaise d’une part, et d’autre il est demandé au président Marc Christian Roch Kaboré de demander des explications au régime de Faure Gnassingbé. Voici en intégralité une première partie de l’extrait concernant le Togo de la déposition de Gilbert Diendéré devant le parquet militaire.
Diendéré: J’ai fait venir ce matériel de la Côte d’Ivoire par un hélicoptère qui est allé de Ouagadougou récupérer à la frontière, et du Togo, en véhicule à la frontière.
Il ne s’agit pas d’une commande publique, mais de l’aide que j’ai demandée à ces deux pays. En Côte d’Ivoire, je me suis adressé au Chef d’Etat- major Particulier, Monsieur le Général DIOMANDE Vagondo. Au Togo, je me suis adressé au Chef d’Etat-major de la Gendarmerie, le Colonel MASSENA...» (Ndlr, Massina)
Déposition du Lieutenant Boureima Zagré, chef de la mission qui est allé récupérer le matériel à la frontière togolaise:
17 septembre 2015 dans l’après-midi, le chef de corps adjoint, le Commandant KOROGO nous a informés que la Gendarmerie et la Police ont exprimé un besoin en matériel de maintien d’ordre à leur niveau. Le même soir, j’ai reçu un ordre de mission signé par le Commandant KOROGO Aziz m’instruisant de me rendre à Dapaong en territoire togolais, pour récupèrer du matériel de maintien d’ordre. C’est finalement à Cinkansé, côté togolais, que le matériel a été récupéré. Je tiens à préciser que mon ordre de mission a été visé par la Brigade Territoriale de Gendarmerie côté Burkinabé. Je suis rentré à Ouagadougou le 18 septembre 2015 dans la soirée. La Gendarmerie et la Police sont passées chercher ledit matériel. Au niveau de la Gendarmerie, c’était l’adjudant DAKYO de l’Escadron de Sécurité d’Intervention (ESI) qui est venu avec une banquette. Au niveau de la Police, c’étaient les éléments de l’Unité d’Intervention Polyvalente (UIP) à bord d’un minibus. Chacun d’eux a signé une décharge en deux exemplaires avant de prendre le matériel. Un exemplaire est resté au secrétariat et ils sont partis avec le second. J’ai fait la photocopie des décharges pour les garder par-devers moi.
J’ai démarré le 17 septembre 2015 avec deux véhicules. Une TOYOTA LAND CRUSER mono cabine et un véhicule militaire type ACMAT. Nous étions dix militaires en tenue de combat du RSP. Nous sommes arrivés à Cinkansé aux environs de 02 heures du matin. Un numéro togolais qui m’avait précédemment absenté m’a rappelé. Mon interlocuteur a demandé ma position. Je lui ai dit que j’étais au niveau de la Brigade territoriale de Gendarmerie de Cinkansé. Il a déclaré que dès que je franchis la frontière, de lui faire signe. Aux environs de 06 heures et quart, le conducteur de la mono
cabine et moi, après avoir vêtu des tenues civiles, avons franchi la frontière à bord de son véhicule. Le contact togolais nous attendait. Nous l’avons suivi sur à peu près quatre kilomètres. Il nous a conduits dans une villa qui faisait apparemment office d’une Brigade de Gendarmerie. C’est en ce lieu que le matériel a été chargé dans notre véhicule par des personnes en tenues civiles, probablement des gendarmes.. De retour à la Brigade de Gendarmerie de Cinkansé, nous
avons revêtu la tenue treillis et avons repris la route pour Ouagadougou.
Question : Qui était le contact togolais?
Réponse : Je ne le connaissais pas. Mais c’était un Capitaine de la Gendarmerie togolaise du nom de PIASSO. Je l’ai ainsi identifié parce qu’il était en tenue militaire et avait une bande patronymique au niveau de sa poitrine.
Source: l’Alternative numéro 693