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GABON : Circus Politicus au pays des Bongo Ondimba

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mercredi, 01 février 2017 15:13

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« Il faut bien que les dictateurs gagnent les élections sinon ils n’en feront plus ». Jacques Chirac.

Fin des années 1980, les fondations de la françafrique craquent et vacillent partout en Afrique. 
Sous la pression conjuguée des populations africaines qui aspiraient au pain et à la liberté et  surtout du fait de l’effondrement du Mur de Berlin, la France s’adapte. C’est dans ce contexte que l’Elysée via sa fameuse cellule africaine élabore un scénario pour le moins inattendu : « Tout changer pour que rien ne change !». Cette nouvelle doctrine qui portera le nom de « démocratie apaisée », s’attèlera uniquement à remettre en selle des régimes africains honnis et vomis par les populations. Au nom de de la continuité du pacte colonial. Et la présidentielle d’aout 2016 au Gabon marquée par la victoire frauduleuse d’Ali Bongo aura démontré la prégnance de cette « démocratie apaisée » qui continue de confisquer la destinée des Gabonais reclus à vivre dans une misère abjecte…

Scrutin de pacotille, terreur et pillages : Ali Bongo sur les traces de « Papa Omar »
Depuis 1990, année qui marque le retour au multipartisme, interrompu un peu avant 1968 par Omar Bongo (qui accède au pouvoir en 1967), la dynastie Bongo n’a jamais gagné dans les urnes une seule élection ! Elle s’est toujours maintenue à la tête de l’Etat par la terreur policière. En cela, le père Bongo s’est révélé meilleur élève de ses parrains français qui avaient coutume de lui répéter : « Il faut cogner ! ». (Verschave, 2001, 196). Les élections de 1993, 1998, 2005, 2009 et celle de 2016 ont toutes, été volées par le Parti Démocratique Gabonais (PDG) au pouvoir. De vrais scrutins de pacotille en somme. Voter au Gabon a souvent donné lieu à une corruption morale, politique de tout le  processus électoral (Mboula, 77 ; 2015). 
Outre le caractère répressif et frauduleux du système PDG en place depuis 50 ans, la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba spécifiquement est axée sur la gouvernance par les mondanités de toutes sortes : New York Forum Africa, courses nautiques, coupes de football, marathons, soirées et autres journées récréatives. La dernière mondanité reste la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football, édition 2017, que le Gabon abrite une seconde fois après celle de 2012. Le cru 2017 de la CAN a coûté au trésor gabonais plus de 643 milliards de Fcfa soit près de 980 millions d’euros ! Une folie dépensière injustifiable dans un contexte social marquée par une extrême pauvreté avec des femmes qui accouchent par terre et les écoles qui manquent de tout. On a le sentiment que tout est fait pour que des Gabonais saoulés des « jeux et du cirque », qui agissent comme des tranquillisants, en arrivent à normaliser la dictature des Bongo.

Jean Ping ou la tragédie politique d’un « président élu » !
« Nous avons le sentiment d’avoir été roulé dans la farine ! ». Ainsi s’exprimait Jean Ping durant son escale bruxelloise le lundi 07 novembre 2016 devant les Gabonais venus en masse l’écouter. Il faut dire que depuis la fin de la présidentielle d’aout 2016, Ping l’a amer contre la communauté internationale, coupable de l’avoir lâché au moment où les mercenaires du président sortant assassinaient ses partisans qui exigeaient la vérité des urnes. Au sujet de l’absence de soutien politique de la France de Hollande, Ping n’hésitera pas à parler de trahison au point de déclarer dans une interview datée du 09 novembre 2016 dans le Monde Afrique : « Les Gabonais sont très, très, très déçus par la France ». Des propos irresponsables qui traduisent une profonde méconnaissance des relations franco-africaines à défaut d’une grande naïveté politique.  
Historiquement, Paris a toujours pris le parti des élites illégitimes et discréditée, cooptées par ses soins pour diriger les pays africains afin de maintenir ses rentes coloniales (FCFA, bases militaires, multinationales…). 
Enfin, la tragédie du « Président Ping », sorte de général sans divisions !, reste sans conteste la faiblesse de son réseau diplomatique régional et continental. Les pays du voisinage immédiat (Congo, Guinée Equatoriale, Cameroun) comme ceux des lointains rivages africains, ont pris fait et cause pour Ali Bongo Ondimba. Jean Ping étant plutôt perçu comme un politicien falot à la solde de l’Occident !

Paris à la manœuvre, Bruxelles exécute
Peu après son ascension au pouvoir en 1981, François Mitterrand a tenté d’opérer une rupture du centre de gravité de la diplomatie française vers le tiers-mondisme et les questions de droits de l’homme. Cette percée se soldera par l’échec en 1982, des « idéalistes » contre les « réalistes » emmenés par l’éphémère ministre de la Coopération Jean Pierre Cot. Cette victoire des réseaux mafieux de la Françafrique sonnera définitivement le glas d’une politique de « gauche » en Afrique. Trois décennies plus tard, cette vision « réaliste » continue d’avoir droit de cité même avec le « président normal » François Hollande qui avait juré de prendre ses distances avec la Françafrique. 
Par ailleurs, le scrutin présidentiel gabonais a révélé à la face du monde  que l’« abdication idéologique » de la gauche (Bayart, 108 ; 1984) au profit d’une conception de droite très conservatrice, demeure la constance de la politique africaine des socialistes. Duplicité, mensonges, cynisme, et imposture sont les marqueurs de la France en Afrique. Gauche comme droite ! 
Lors du contentieux politico-électoral au Gabon, la France de Hollande est allé jusqu’à faire pression sur les observateurs européens afin d’édulcorer le rapport jugé trop corrosif contre Ali Bongo. 
Un acte de corruption inacceptable mais qui témoigne que l’Elysée avec Hollande manœuvre, verrouille et Bruxelles exécute. Une distribution parfaite des rôles qui fait que sur les questions africaines notamment dans son pré carré, Bruxelles s’en remet souvent à l’arbitrage de Paris !
L’objectif de la France de Hollande est de ménager les autorités gabonaises en crise ouverte avec les multinationales françaises notamment Rougier (bois) et Total (pétrole). Le groupe Total a même fait l’objet d’un redressement fiscal de plus de 500 millions d’euros (Jeune Afrique, 21 février 2014), lequel s’est soldé par un arrangement secret à l’amiable entre Ali Bongo, Total et les gouvernants français. Les populations gabonaises quant à elles qui n’y ont vu que du feu, attendront très longtemps avant de voir les retombées de ces « réformes » dans leurs assiettes !

En définitive, la crise électorale gabonaise n’occupe plus à présent l’agenda international. Circulez, Ali Bongo a gagné ! A présent, place aux affaires et au…dialogue ! Et comme toujours c’est la France via son ancien Premier Ministre Manuel Valls, qui donna le tempo en déclarant sur RFI/France 24 le 30 octobre 2016 : « La France prend acte…Il faut aller au dialogue ! » Exit les dizaines de morts, les fraudes et le déni de droit, vive la « démocratie apaisée ». Et dans la foulée, le gouvernement fantoche gabonais, jamais avare d’une tromperie, renouvelle son offre de dialogue politique après celle faite le 27 septembre 2016 lors de la prestation de serment par Ali Bongo Ondimba. 
Une rencontre secrète eut lieu à Dakar au début d’année entre des émissaires du président gabonais et Franck Ping, le fils du leader de l’opposition, (Dakaractu, 04-01-2017). Cette cinquième offre de dialogue politique, comme celles qui l’ont précédée en 1993, 1998, 2005, 2009 et jamais suivis d’effets positifs pour l’Etat de droit démocratique et le bien-être social des Gabonais, risque de mourir de sa belle mort.
 


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