Avant le 19 août, plus personne ne prenait d'assaut les rues du Togo pour exiger le départ du père de l'assassinat des Togolais qui contestaient son usurpation du pouvoir dans le sang en 2005. En tout cas il n'y avait qu'une minorité qui était des inconditionnels du CAP2015. Et c'était plus du folklore que de réelles contestations de l'absurdité qui règne sur le Togo.
Si nous sommes dans cet enlisement, la faute lui incombe en partie. Car connaissant la nocivité du pouvoir togolais, il devrait se préparer, être prêt avant "d'aller abattre l'arbre pour faire sortir la souris" et se cacher après pour ne pas la tuer. On dit chez moi que quand on tue le serpent, il faut s'assurer de lui couper la tête sinon ce sera du travail inutile.
Ni Adjamagbo-Johnson, ni Fabre, ni Apévon et tous les autres ne peuvent réclamer la paternité de la lutte populaire depuis août 2017. Tikpi a généré la contestation pour la confier à la coalition des 14 partis dont les ambitions et les visions pour l'alternance sont si disparates et dont certaines de ses composantes se détestent cordialement mais font semblant au nom de l'unicité d'actions de se mettre ensemble.
De mémoire de Togolais, jamais la détestation de l'usurpateur Faure Gnassingbé n'a été autant médiatisée, franchie toutes les frontières pour faire connaître le régime hideux qui s'inscruste au pouvoir illégitimement.
Tikpi devrait avoir les moyens de sa politique car connaissant le pouvoir pour avoir été un de ses fonctionnaires à la préfecture de Tchaoudjo en tant que Secrétaire général puis représentant du PDR de Zarifou Ayéva à la CENI.
Lorsqu'on s'engage dans une lutte et qu'on disparaît de la scène, cela signifie simplement qu'on a abdiqué. Il n'a pas engagé ses compatriotes avec lui dans les rues pour confier leurs destinées à des inconnus politiquement ou à ceux qui en profitent pour se refaire une santé politique.
Nombreux sont les Togolais qui clament partout que si ce n'était pas Atchadam, ils ne seront pas dans les rues. Pas parce qu'ils aiment le personnage ou son parti. Mais parce qu'il a réussi à tenir tête à l'hydre au pouvoir et à mobiliser au-delà de son bastion chez les Tem. Il a permis à chaque citoyen de prendre conscience de son destin et fait voir de près la fébrilité du système Gnassingbé. Bref il a redonné de l'espoir aux meurtris après la félonie de Gilchrist Olympio et de tous ces acteurs politiques depuis 1990 qui ont rejoint le RPT/UNIR ou qui franchement jouent au double jeu.
En fuyant clandestinement au Ghana, il a saboté les espoirs de la lutte et les conséquences sont aujourd'hui dramatiques avec le dialogue et la démobilisation qui s'en est suivie. On rétorquera volontiers qu'un leader mort ne sert plus la lutte. Certes mais un leader qui abandonne ses camarades de lutte sur un terrain où ils ont payé un lourd tribut n'est pas responsable.
Cette lutte a commencé avec Tikpi Atchadam. Il doit rentrer pour l'achever car ayant seul l'agenda de la révolte et son chronogramme. Nul ne peut dire qu'avec ce qui se passe au Togo, que son départ en exil favoriserait l'alternance politique. Bien au contraire. Faure Gnassingbé et son système se sont accomodés avec ceux qui bombent le torse mais rechignent à oser affronter les interdits.
Nul ne peut l'ignorer. Si Tikpi refuse de prendre son courage à deux mains pour rentrer et assumer le leadership de la lutte qu'il a organisée, c'est qu'il a soit exposé inutilement ses compatriotes aux loups qui ne se satisfont jamais de les dévorer, soit parce qu'il a un exil doré dans lequel il se complaît.
La balle est dans ton camp Tikpi Atchadam et tu sais ce qui te reste à faire.
Anani Sossou