Le bilan des années Blair
Le Premier ministre britannique Tony Blair quitte le pouvoir ce mercredi. Il le fait avant terme et dans des conditions psychologiquement difficiles: fâché avec la majorité de son opinion publique, à la tête d’un parti quasi condamné à perdre les prochaines élections. Pourtant, il serait injuste de dire qu’il n’ait pas de bonnes raisons de défendre son bilan.

Le bilan de Tony Blair est surtout terni par la participation des troupes britanniques à la guerre en Irak, portée à son discrédit par cinquante cinq pour cent de ses concitoyens. Ce rejet massif a fait oublier plusieurs guerres considérées comme «justes» par l’opinion publique – comme les interventions au Kosovo ou en Afghanistan, sans oublier la première guerre du Golfe… Du coup, Blair suscite moins d’admiration qu’il ne le mérite pour quelques succès incontestables, comme le retour de la paix en Irlande du Nord, la régionalisation en Ecosse et au Pays de Galles, ou la modernisation de l’éducation et de la santé. Plus pragmatique qu’idéologue, Tony Blair est devenu l’incarnation d’une «troisième voie», cherchant à conjuguer libéralisme économique et meilleurs services publiques. Il a réussi à transformer les travaillistes - un parti de gauche, appuyé sur les syndicats - en une formation moderne, centriste et un peu moins hostile à l’Europe. Le seul problème, c’est que – à en croire les sondages – il laisse son parti largement devancé par les conservateurs, avec peu de chances de gagner les prochaines législatives.