« La corruption s’est installée à la justice togolaise et elle a atteint son paroxysme. Elle est même érigée en système », a regretté Aboudou Assouma, Président de l’Association Professionnelle des Magistrats du Togo (APMT). . « (...) C’est nous qui sommes prêts de la justice. Nous sommes même dans la justice. Nous savons ce qui s’y passe. La corruption est à haute dose », a-t-il lancé.

Et le magistrat d’ajouter que la sincérité et la droiture qui doivent guider le métier ont fait place à des grincements de dents de la part des citoyens.

« Le peuple se plaint que sa justice est à double vitesse. Une justice pour les pauvres qui succombent à leur triste sort, et une justice pour les riches qui achètent la conscience de certains magistrats », se désole-t-il.

Il a indiqué que ses inquiétudes sont également partagées par certains collègues du métier, avant de souligner que ce noble métier a fait place à "un commerce qui ne dit pas son nom".

« Ce n’est pas normal que ce soit le plus offrant qui gagne les procès. Les plaideurs aussi se plaignent du fait qu’ils constatent que ceux qui gagnent les procès sont souvent ceux qui ont des dossiers vides », a-t-il regretté.

M. Assouma sollicite l’aide des autorités togolaises pour que leur profession retrouve sa dignité d’antan.

« Il faut que les premiers responsables de ce pays soient plus regardants dans le fonctionnement de la magistrature. Ce qui ne veut pas dire de s’immiscer dans le cours de la justice », a-t-il affirmant tout en prévenant qu’«être plus regardant, c’est organiser cette justice; c’est mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ».

Le Président de l’APMT est optimiste qu’avec cette nouvelle vision, « la corruption, si elle ne disparaît pas va au moins diminuer ».

Toutefois, le juge Assouma craint que la lutte pour arriver à ce stade ne soit pas facile.

«Etant donné que la corruption est sonnante et trébuchante, certains magistrats préfèrent végéter à leur poste au détriment des jeunes», a encore dénoncé le juge Assouma avant d’appeler le Conseil Supérieur de la Magistrature à prendre ses responsabilités pour que le principe du respect de la hiérarchie soit de rigueur.

Depuis 2006, un programme national de modernisation de la justice est mis en place par les autorités togolaises dont l’objectif est le renforcement du système judiciaire.

(Apanews)