Le 8 avril 1997, Mobutu décrète l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire zaïrois. C’était au lendemain de la prise de la ville diamantifère de Mbuji-Mayi par les forces de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila. Mobutu prît deux mesures:
(a) Il décréta l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire Zaïrois. Il s’agissait, en fait, des mesures exceptionnelles qui avaient été mises en places, justifiées par ‘’le cas de péril imminent du Zaïre’’ et qui consistaient en des restrictions de certaines libertés fondamentales, notamment la liberté de circulation ou encore la liberté de la presse;
(b) Il nomma un nouveau Premier ministre, le général Likulia Bolongo (en remplacement d’Etienne Tshisekedi, qui avait lui-même remplacé Kengo wa Dondo 7 jours auparavant) ainsi que 5 gouverneurs militaires des régions encore sous son contrôle : le Bandundu, le Bas-Zaïre, l’Equateur, le Kasaï occidental et Kinshasa.
Trois jours après, le général Likulia Bolongo mit en place un nouveau gouvernement, dit de salut national, dans lequel Kin-Kiey Mulumba était ministre de l’Information. C’est à ce moment-là que le ministre Kin Kiey Mulumba fit sa déclaration fracassante, reprise par les médias locaux et étrangers, dans laquelle il annonçait que Kengo wa Dondo avait fui le pays. La même déclaration mettait gravement en cause d’autres membres du gouvernement précédent accusés d’avoir collaboré avec l’ennemi et bradé l’armée.
Jusque là, les pontes du régime convaincus, convaincus que leur Léopard Mobutu était invincible, continuaient à rassurer les populations qu’ils sont entrain d’écraser la rébellion. Mais le 26 avril, l’armée de Mobutu est mise en déroute. Le 29 avril 1997, entouré seulement de sa famille et quelques proches, Mobutu reçoit chez lui l’ambassadeur auprès des Nations Unies Bill Richardson et d’autres diplomates qui lui remettent une lettre de Bill Clinton lui demande de démissionner . L’ambassadeur lui dit face-à-face:《si vous ne partez pas votre cadavre sera traîné dans les rues et nous n’y ferons rien》. Mais Mobutu résiste et refuse les conseils de Mandela de partir dans la dignité au lieu d’être chassé par Laurent Desiré Kabila. Mais le 16 mai, abandonné par sa garde prétorienne dont le chef Étienne Nzimbi avait déjà fui pour se réfugier à Brazzaville, Mobutu est obligé de détaler comme un lapin vers l’aéroport avec des mallettes d’argent volé. Et c’est là où ses propres soldats l’attrapent en disant: 《Mon maréchal, vous ne partirez pas. Vous nous abandonné sans argent. Qu’allons- ous devenir?》. Pris en otage, Mobutu demande à son épouse de leur offrir une mallette. Malgré tout, engouffré dans sa Mercedes , ses soldats lui tire dessus. Il entre par l’arrière de l’avion cargo en s’écriant:《 même les miens me tirent dessus. Je n’ai plus rien à faire dans ce pays. Ce n’est plus mon Zaïre 》. Même le sac contenant son passeport et ceux de sa famille fut volé par son propre garde du corps. Sa résidence a été complètement pillée. La tombe de sa mère qu’il présentait au-dessus de la vierge Marie fut profanée.
Mobutu, tout-puissant, qui remplissait les stades pour se faire applaudir, remportait les élections presqu’avec 100%, se retrouvait au Togo avec à peine 100 personnes de sa famille. Tous ses ministres, militants de son parti qui venaient de jouer les vuvuzélas avaient disparu. Les chefs d’États africains qui étaient ses amis ne le prenaient plus au téléphone. Il était devenu un paria. Ainsi s’achève toujours le règne des dictateurs africains qui font de leur propriété privée en s’entourant d’un régime prédateur. Comme le disait Nelson Mandela: 《 tous ceux que Mobutu avait aidés pendant trente ans ne voulurent plus le connaître pendant ses derniers jours sur terre》.