Les Gambiens ont voté jeudi pour désigner leur nouveau président, dans une élection qui pour la première fois depuis longtemps n’apparaissait pas jouée d’avance pour Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans, et ils attendent désormais les résultats, qui pourraient tomber aux premières heures du jour vendredi.
Sur ce scrutin à fort enjeu pesait l’interruption soudaine mercredi soir du réseau internet et des communications téléphoniques internationales, une pratique observée dans d’autres récentes élections africaines (Gabon, Congo, Tchad …) et justifiée par le gouvernement par la volonté d’empêcher la diffusion de résultats non officiels.
Quelque 890.000 électeurs, sur près de 2 millions d’habitants de cette ex-colonie britannique enclavée dans le territoire sénégalais, hormis sur sa façade l’Atlantique, devaient départager Yahya Jammeh, Adama Barrow, candidat d’une large coalition d’opposition, et Mama Kandeh, ancien député du parti au pouvoir et candidat d’une nouvelle formation, tous âgés de 51 ans.
Dès la fermeture à 17h00 (locales et GMT) des bureaux de vote, qui ont connu une grande affluence, les responsables électoraux ont commencé à compter les billes déposées dans les trois bidons de couleurs différentes -vert pour Jammeh, gris pour Barrow et violet pour Kandeh-, un système de vote unique au monde.
Les premiers résultats de ce scrutin à un tour sont attendus dans la nuit de jeudi à vendredi.
« Par la grâce de Dieu Tout-Puissant, ce sera le plus grand raz-de-marée de l’histoire de mes élections dans ce pays », a lancé Yahya Jammeh après avoir voté au siège de la Fédération de cricket de Banjul. Comme à son habitude, il portait un boubou blanc et des lunettes noires, tenant un Coran et un sceptre.
Yahya Jammeh, porté au pouvoir par un coup d’Etat en 1994, a été élu pour la première fois en 1996 puis réélu trois fois.
L’opposant Adama Barrow a affiché la même assurance. « S’il (Jammeh) perd, il faut qu’il reconnaisse sa défaite. Et nous savons qu’il va perdre », a-t-il déclaré.
– Crainte de troubles –
Homme d’affaires, Sulayman Jallow s’est dit impatient d’une alternance, après 22 ans. « Cela fait trop longtemps », a-t-il affirmé: « Nous avons été marginalisés, persécutés et torturés ».
« Notre président est un type travailleur, un homme bien, il aime tout le monde », a au contraire estimé Modou Job, 36 ans, peintre en bâtiment.
Résumant la crainte de violences au sein de la population, Kaddy Kanu, une femme de 30 ans, a affirmé que « l’important, c’est que ce soit une élection pacifique ».
Yahya Jammeh a reconnu sa défaite et a félicité son adversaire
La Gambie va connaitre sa première alternance démocratique. Yahya Abdul Aziz Junkung Jammeh vient de reconnaître sa défaite, lors de l’élection présidentielle. Il vient de faire une déclaration sur les ondes de la télévision nationale et a félicité son adversaire, Adama Barrow.
Contrairement au registre sur lequel on l’attendait, le président gambien, Yahya Jammeh, a surpris plus d’un observateur. Alors qu’on l’attendait sur le terrain de la contestation et de la répression, «le dictateur du développement» a décidé de sortir par la grande porte. Il vient de féliciter son challenger et vainqueur à la présidentielle.
Adama Barrow, le nouvel homme élu aura à charge de renouer les relations avec le monde entier, tant l’image de la Gambie a été dégradée par 22 ans de règne d’un leader atypique en la personne de Yaya Jammeh.