Il faut agir avec promptitude afin que les mesures sensées remettre le patient d’aplomb, ne le poussent dans un coma profond au point de succomber après cet état végétatif.
L’intervention du ministre d’Etat, Pascal Bodjona après le vote de défiance, laisse entrevoir que les pouvoirs publics vont prendre leurs responsabilités et l’on ne sera pas du tout surpris d’apprendre des mesures édictées très prochainement par le gouvernement. Les discussions très détendues que le ministre Bodjona a eues avec certains congressistes (dont Tata Avlessi) à la sortie de la salle du congrès et l’insistance de ceux-ci en appelant l’Etat à l’action diligente, sont symptomatiques de la volonté du public à tourner définitivement la page sombre et honteuse de la sempiternelle crise du football togolais.
Il ressort de la plupart des interventions lors de ce congrès que la majorité veut la mise sur pied d’un comité de gestion pour assurer la transition à la place de ce bureau de la FTF, « déchiré », comme l’a affirmé, Gabriel Ameyi, premier vice président de ce bureau contesté de la FTF. Pour les tenants de cette ligne, même si les statuts permettent aux membres du bureau actuel de rester aux affaires jusqu’aux prochaines élections, il y a fort à parier que leurs comportements vont charrier d’autres intrigues qui ne feront que retarder l’évolution du football national, et par ricochet, grever les préparatifs et la participation des Eperviers à la CAN en Angola. C’est à ce niveau justement que certaines propositions des congressistes qui demandent la mise sur pied d’un comité ad hoc pour gérer la participation du Togo, s’avère pertinentes et opportunes.
Le chef de l’Etat qui avait tancé les membres du bureau exécutif de la FTF lors du passage à Lomé du trophée de la coupe du monde pour leur égoïsme et leur manque de patriotisme en mettant devant leurs egos protubérants et intérêts personnels, les avaient exhortés à mettre ces états d’âme dans les vestiaires. Mais, les événements qui ont jalonné les préparatifs du match contre le Gabon, ont illustré à suffisance que les lézardes sont très marquées et mettre encore ensemble ces clans, est une vue de l’esprit et une pure perte de temps à la jeunesse togolaise.
Trêve de caresse et de diplomatie ! Le Togo sportif va mal et est en danger. Il faut des décisions hardies pour juguler pour de bon les maux. C’est pour cela que le gouvernement en bonne intelligence avec la FIFA, doit être encouragé à matérialiser les prières de la majorité silencieuse : confier la gestion du football jusqu’à la prochaine élection à un comité formé de personnes compétentes et à la probité morale avérée.
L’association des journalistes sportifs du Togo soutient cette démarche qui a fait partie des résolutions issues de sa dernière journée de réflexion tenue le 30 octobre dernier. Le gouvernement qui possède tous les moyens pour prendre le pouls du public, devrait aussi consulter les organisations de la société civile impliquées dans le football national (Association des journalistes sportifs du Togo, Association des entraîneurs, Association des agents de joueurs, association des anciens joueurs…, vu que leurs points de vue sont moins partisans.
En tout état de cause, si ce bureau devrait avoir un sursis jusqu’au prochain congrès prévu statutairement dans trois mois, il reviendra au gouvernement (tout en évitant des immixtions intempestives) d’être très regardant, car, la FTF « gère le football par délégation de pouvoir de l’Etat ». Les médias dont le rôle est prépondérant dans toute société sérieuse, doit user de ses prérogatives de dénonciation et de son rôle de chien de garde pour mettre en lumière toute déviance nocive à l’essor du football togolais, sans hyperbole. Le public qui est le censeur souverain, doit exiger des comptes par le biais de ses représentants (les dirigeants de clubs et de ligues) dont beaucoup ont une moralité bassement matérialiste au point de faire passer les intérêts de la nation par perte et profits. Outre les gamineries des membres de la FTF, la vraie équation que devra résoudre le football togolais demeure le corps électoral dont le goût démesuré du lucre est connu de tous. « Il y a urgence ! », comme le stipulait le thème de la journée de réflexion de la presse sportive togolaise. Le gouvernement doit comprendre que le football national traverse une situation anormale. « Aux situations exceptionnelles, des solutions exceptionnelles ! » Le gouvernement se doit de prendre donc ses responsabilités au risque d’être complice à son corps défendant de cette tragi-comédie, qui comme des métastases d’un cancer, risquent de ronger tout le landernau sportif national.
Hans Masro