Pendant que défilent autorités, amis et parents pour saluer la mémoire du militant sankariste, nous avons recueilli pour vous les propos de certains de ceux qui ont connu Norbert Michel Tiendrebéogo. Des amis politiques mais aussi des adversaires politiques nous disent ici ce qu’ils retiennent de l’homme.

Saran Sérémé, Présidente du PDC :

« Nous sommes atterrés par cette disparition brutale parce que le frère Norbert Tiendrebéogo est un grand combattant. Depuis ma tendre enfance je l’ai vu en tant qu’homme de conviction se battre pour ses idéaux et il n’a jamais bougé d’un iota de son idéal. Il a mené le bon combat et ce qui est rassurant et rassérénant c’est qu’il est allé jusqu’au bout de son combat. Il a pu contribuer amplement à faire partir le régime Compaoré qu’il a toujours combattu. Et aujourd’hui je peux dire que son âme repose en paix, même s’il n’a pas finalisé la suite, il sait qu’il a donné de tout son corps pour que le combat puisse aboutir. Rien ne se fait sans la volonté divine, et Dieu savait qu’il devait mener ce dernier combat avant de partir. Nous espérons qu’il sera dans ses verts pâturages avec feu Arba Diallo et tous les combattants, tous les hommes de justice épris de paix qui ont œuvré pour le bien- être au Burkina Faso et le respect du droit. Et j’espère surtout que nous la relève, Dieu nous donnera longue vie, et que nous ne trahirons par leurs idéaux. »

Simon Compaoré, Deuxième vice- président du MPP

« C’est un homme de conviction, un homme de combat, un homme de détermination. Depuis que je l’ai vu s’engager dans la révolution, et dan ce qu’il croyait être le courant qu’il fallait défendre, le sankarisme, il n’a pas démordu d’un iota. Il et resté fidèle à ses convictions. On peut l’aimer, on peut ne pas l’aimer, mais il faut reconnaître que c’est un homme de combat, un homme de conviction et un homme qui ne recule devant rien. A l’heure où nous voyons des retournements de vestes au niveau même des jeunes, je crois que l’exemple de Norbert doit inspirer beaucoup. Ce qu’il laisse à cette société- là, je crois que c’est son courage, sa combativité, sa conviction. Quand vous êtes habité par ces valeurs- là, vous finissez par réussir. C’est dommage qu’il nous quitte à ce moment- ci, moment où nous avons gagné une bataille importante, et qui devait nous amener à une autre bataille pour que nous puissions gagner ensemble la guerre. Mais le Seigneur en a décidé ainsi, qu’il en soit ainsi. Souhaitons simplement qu’il dorme du sommeil des justes et que sa famille continue d’être fière d’avoir eu un parent qui a la conviction, la détermination et qui a montré aussi que toutes ces qualités finissent par payer. Je le dis, ce n’est pas du… je ne fabrique pas, c’est mon cœur qui parle. Je ‘étais pas de son parti, de son courant, mais j’ai beaucoup aimé, j’ai beaucoup admiré ce que l’homme représentait, et finalement, son apport à la lutte que nous avons menée ensemble et qui a amené à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Qu’il repose en paix. »

Mme Sawadogo née Bancé Fatimata, Première vice- présidente du FFS

« Hier quand la terrible nouvelle est tombée, c’est comme si le ciel m’était tombé dessus. J’ai commencé à faire la politique avec lui depuis 1998, il a été un mentor pour moi, il m’a appris la politique, j’étais à l’école de la politique avec lui. C’est quelqu’un qui partageait. Nous étions des pionniers (les pionniers de la révolution, ndlr) quand Sankara est mort, mais il nous a formés. C’est une grande perte, mais vu la douleur qu’il ressentait à un certain moment, on ne peut pas se mettre à la place de Dieu ; mais le soulagement aussi c’est qu’il a vu Blaise (L’ex président Blaise Compaoré, ndlr) partir. Parce que l’un des objectifs dans sa lutte c’était de chasser l’assassin de Thomas Sankara. C’est cela la consolation pour nous. Et nous sommes tenus aujourd’hui de tenir son flambeau, de relever le défi, de ne pas donner une image d’héritiers ou d’orphelins en train de s’entre déchirer, je pense que nous allons tenir la barre haut afin que de là où il est, il soit fier de nous. Parce que nous savons que les morts ne sont pas morts, ils sont toujours avec nous. »

Edouard Nebnooma Zabré, SG du FFS

« Le FFS a perdu son père spirituel. C’est lui qui depuis 1996 quand même a essayé de bâtir un parti sankariste véritablement dans l’adversité du régime Compaoré, dans tout ce qu’il y a comme tares qui ont gangréné notre société. Aujourd’hui, notre unité s’est faite, je dirais dans son dos, chose à laquelle il a beaucoup cru, mais ce n’est que partie remise. Nous pensons pouvoir continuer la lutte pour lui rendre hommage. 
Il a toujours été un homme à poigne, il a toujours défendu ses idéaux en toute conviction. Il avait foi à l’intégrité, à la justice, et bien sûr à l’émancipation du peuple burkinabè tout entier. Il s’est battu pendant longtemps, a refusé l’injustice, il a refusé la mal gouvernance. Nous au parti, il nous a toujours inculqué cette nécessité d’aller toujours vers l’autre. La contribution de l’individu au groupe pour le bonheur de l’individu. Parce qu’il disait que quand le groupe est fort, l’individu sera toujours fort. C’a été son combat, et aujourd’hui je pense que Norbert Tiendrebéogo laisse cette image d’homme intègre, d’homme pétri de conviction qui ne reculait devant rien pour défendre ses idées. »

Samuel Somda
Lefaso.net