Toutefois, il s'est dit « disposé à accueillir un comité d'évaluation sur la crise post-électorale ».Ce comité aurait pour mission « d'analyser objectivement les faits et le processus électoral pour un règlement pacifique de la crise ».
Laurent Gbagbo entend laisser la porte ouverte pour des discussions, mais à une seule condition : que son adversaire, Alassane Ouattara, reconnaisse qu’il a perdu la présidentielle et qu’il respecte les lois ivoiriennes.
Même si par le passé, le locataire du palais présidentiel a accepté de modifier la loi fondamentale pour permettre à Alassane Ouattara de concourir à l’élection suprême, aujourd’hui Laurent Gbagbo ne semble en aucun cas prêt à faire la moindre concession sur une légalité institutionnelle qui vient de lui offrir un deuxième mandat à la tête de l’Etat.
Même s’il déclare que la communauté internationale a déclaré la guerre aux ivoiriens et que cela ne peut être accepté, Laurent Gbagbo est tout de même conscient de son niveau d’isolement à l’extérieur des frontières. Pour sortir de cette situation, il se dit prêt à accueillir un comité international d’évaluation de la crise post électorale dirigé par l’Union africaine.
Une idée qui fait au mieux sourire dans l’entourage d’Alassane Ouattara. Hier soir mardi 21 décembre, un très proche de Guillaume Soro estimait que les propositions de dialogue de Laurent Gbagbo n’ont pour seul but que de « gagner du temps » et que ses manœuvres de diversion pour tenter de diviser la communauté internationale n’ont aucune chance d’aboutir.
Le camp Ouattara accuse le président sortant d'organiser, via ses services, des représailles contre les opposants et rejette fermement son offre de dialogue. Comme geste d'apaisement, le camp Gbagbo annonce la levée du couvre feu nocturne.Mais pour Anne Ouloto, porte parole d'Alassane Ouattara, il n'y a pas de dialogue possible.
Avant ce discours, le gouvernement Ouattara dirigé par Guillaume Soro avait montré sa détermination à ne pas céder, en appelant les Ivoiriens à la désobéissance face au gouvernement Gbagbo. Mais aux yeux de Patrick Affi N'Guessan, président du FPI, le parti de Laurent Gbagbo, « il faut sortir de la logique de la rébellion et rentrer dans la République ».
Sanctions américaines
C'est hier mardi 21 décembre 2010 également que Washington a annoncé avoir pris des sanctions contre Laurent Gbagbo et un certain nombre de ses proches, sa famille et des membres de son gouvernement. Une trentaine de personnes sont concernées pour l'instant par ces sanctions qui leur interdisent l'entrée sur le sol américain. La décision américaine fait suite à celle de l'Union européenne qui a décrété une interdiction de visa pour Laurent Gbagbo et dix-huit de ses proches.
Les Etats-Unis ont mis en garde contre une nouvelle batterie de sanctions, pécuniaires celles-là. Des sanctions pourraient être prises également par les Etats membres de la communauté des Etats d'Afrique de l'ouest. La Cédéao va en tous cas tenir un sommet d'urgence vendredi à Abuja pour discuter de la crise ivoirienne. Lors d'une précédente réunion, la Cédéao a déjà suspendu la Côte d'Ivoire de son organisation et appelé Laurent Gbagbo a quitter le pouvoir.
De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU avait reconduit lundi pour six mois le mandat de l'ONUCI, tandis que le procureur de la Cour Pénale internationale a prévenu qu'il engagerait des poursuites en cas d'attaques contre les casques bleus. Pour Alain Le Roy, secrétaire général adjoint des opérations de maintien de la paix de l'ONU, « le harcèlement contre les personnels de l'Onuci est une attaque contre la communauté internationale ».