Le mandat a été demandé par le procureur de la CPI le 7 février et émis le 29 février, mais tenu secret jusqu'à ce jeudi.
"La chambre préliminaire I de la CPI a levé les scellés sur un mandat d'arrêt émis à l'encontre de Simone Gbagbo pour quatre chefs de crimes contre l'humanité", a déclaré la CPI dans un communiqué.
Selon ce document dont Reuters a eu connaissance, Simone Gbagbo, actuellement en détention en Côte d'Ivoire, est soupçonnée d'être "pénalement responsable pour des faits de meurtre, de viol, d'autres formes de violence sexuelle, d'autres actes inhumains et de persécution".
Son époux Laurent Gbagbo est incarcéré à La Haye dans l'attente de son procès pour des faits similaires.
Les violences de 2011, provoquées par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire à l'élection présidentielle de son rival Alassane Ouattara, ont fait plus de 3.000 morts jusqu'à l'arrestation de Gbagbo le 11 avril 2011.
"Simone Gbagbo était idéologiquement et professionnellement très proche de son mari", peut-on lire dans le texte du mandat d'arrêt. "Bien que non élue, elle s'est comportée comme l'alter ego de son mari, exerçant le pouvoir et prenant des décisions d'Etat."
Le gouvernement ivoirien a déclaré qu'aucune décision quant à une possible extradition de Simone Gbagbo, qui doit répondre d'accusations de génocide devant la justice ivoirienne, n'avait encore été prise.
"Nous venons d'être informés. Nous allons à présent examiner la situation et prendre une décision", a déclaré à Reuters le porte-parole du gouvernement ivoirien, Bruno Koné.
La Côte d'Ivoire n'est pas partie prenante du statut de Rome, le traité qui a fondé la CPI, mais a accordé à la Cour pénale compétence pour les crimes commis lors des violences post-électorales.
L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a salué le mandat d'arrêt contre Simone Gbagbo mais a estimé que des actions devaient aussi être entreprises contre les partisans d'Ouattara soupçonnés d'exactions.
"Cette justice à sens unique qui se poursuit tant en Côte d'Ivoire qu'à la CPI laisse de côté de nombreuses victimes du conflit et menace d'accroître les divisions du pays", a déclaré Matt Wells, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest pour HRW.
Une centaine de partisans et d'alliés politiques de Laurent Gbagbo ont été arrêtés l'an dernier. Aucun partisan d'Alassane Ouattara n'a en revanche été inquiété alors que des groupes de défense des droits de l'homme disent avoir réuni des éléments prouvant que des exactions ont été commises des deux côtés. AFP