« Le Premier Ministre Gilbert Foussoun Houngbo a présenté sa démission ainsi que celle de son gouvernement. Le Président de la République l’a acceptée. Et à cette occasion, il lui a demandé d’expédier les affaires courantes ». C’est par ce communiqué laconique lu hier sur la TVT par l’homme des grands événements, nous avons nommé Kouessan Yovodévi, Directeur de la « chaîne-mère », que tous les Togolais ont appris hier la nouvelle de la démission de l’ex-fonctionnaire onusien parachuté au Togo en 2008, avec pour mission de relancer l’économie togolaise trop exsangue.
Se présentant lui-même comme le messie du Togo, il s’était accordé un délai de six mois pour réussir sa mission et impacter positivement le quotidien de ses compatriotes. Mais même en quatre ans, il n’a pu relever ce défi. Derniers actes à retenir de lui, sa participation active à la campagne électorale de Faure Gnassingbé pour la présidentielle du 4 mars 2010 et son adhésion très médiatisée à l’UNIR (Union pour la République). « Pour la République, j’adhère », avait-il déclamé. Par cet acte, il troquait son manteau de technocrate contre celui du militant n°1 de Faure Gnassingbé. Mais visiblement, pas pour très longtemps.
Selon des sources concordantes, étant sous la pression constante de la rue et du Quai d’Orsay, Gilbert Houngbo aurait donné l’assurance à l’Ambassadeur de France au Togo qu’il allait relancer le dialogue avec l’opposition et ordonner pour ce faire, la libération des cinquante-trois (53) manifestants interpellés lors des manifestations des 12 et 13 juin derniers. C’était l’un des préalables posés par le CST avant toute discussion avec le pouvoir. Mardi donc, Gilbert Fossoun Houngbo joignait l’acte à la parole, ou du moins tentait de le faire, avant d’être stoppé net par Faure Gnassingbé. Il avait en effet ordonné la libération des 53 manifestants. Certains détenus confient les avoir vus sortir de leur lieu de détention, avant de rebrousser chemin et de retrouver leur cachot.
Entre-temps, l’ordre était venu de Faure Gnassingbé ordonnant le maintien de ces jeunes en détention. Gilbert Fossoun Houngbo a reçu ce coup comme la pire humiliation de sa vie et, ne voulant pas être le dindon de la farce, a jugé plus digne de rendre le tablier. Signe d’un autre point de vue, qu’il n’en pouvait plus de supporter l’aile dure du régime qui ne jure que par les répressions systématiques des opposants radicaux, leur extermination au besoin, ainsi que l’assassinat des journalistes qui jouissent d’une franche liberté de ton vis-à-vis du pouvoir et sont étiquetés comme les empêcheurs de tourner en rond ou les dérangeurs, c’est selon. Un camp qui curieusement, bénéficie d’une meilleure écoute de la part du jeune monarque.
Au final, Gilbert Fossoun Houngbo a été une grande déception pour ceux de ses compatriotes qui plaçaient en lui. Il s’en va donc sans les honneurs du peuple togolais. Mais avec un peu de chance, il pourrait retrouver un poste au Système des Nations Unies, qu’il n’aurait jamais dû quitter. Pour rappel, il était avant sa nomination, Directeur Afrique du PNUD. Le plus regrettable, c’est qu’il avait pourtant été prévenu.
Magnanus FREEMAN