Elle avait dû quitter ses fonctions car son nom et celui de son mari avaient été cités dans des affaires de corruption.
Dès son retour au Pakistan, Benazir Bhutto avait dénoncé le régime de Pervez Musharraf, celui qu'elle présentait comme un dictateur lié à certains milieux islamistes.
D'ailleurs, certains de ses partisans accusent déjà des proches de Pervez Musharraf d'être responsables de cet attentat suicide.
Madame Bhutto avait adopté des positions très dures contre les partis fondamentalistes. Des militants proche des talibans avait juré de se débarrasser de Madame Bhutto.
Son père, Zulfikar Ali Bhutto, a été pendu par le général Zia. Son frère est décédé dans un attentat. Madame Bhutto est morte à 54 ans.
L'ex-Premier ministre Nawaz Sharif, autre figure de l'opposition, a promis jeudi aux Pakistanais de « mener leur guerre » après la mort de Benazir Bhutto.
L'attentat a provoqué une vive émotion à l'étranger. La Russie « condamne fermement » l'attentat suicide qui a coûté la vie à l'ex-Premier ministre pakistanais. Les Etats-Unis et la France ont également condamné l'attentat.
Un destin exceptionnel
Benazir Bhutto avait titré son autobiographie La fille du Destin... Un destin exceptionnel pour cette femme devenue la première à diriger un pays musulman. C'était en 1988 et elle avait 35 ans. Benazir succédait alors à Zia Ul Haq, l'assassin de son père, l'ancien Premier ministre Zulfikar Ali Bhutto pendu en avril 1979.
Elle racontait que c'est lors de la dernière visite à son père, avant sa pendaison, qu'elle eut la conviction de reprendre le flambeau. Emprisonnée à plusieurs reprises ou placée en résidence surveillée, Benazir Bhutto avait réorganisé et dirigé le Parti du Peuple Pakistanais.
Deux fois Premier ministre de la République islamique du Pakistan dans les années 80 et 90, Benazir Bhutto fut deux fois chassée du pouvoir pour corruption et mauvaise gestion et à chaque fois elle prit le chemin de l'exil.
A 54 ans , elle avait fait le 18 octobre son dernier retour au pays avec le soutien des Etats-Unis, artisans d'un arrangement politique avec le président Pervez Musharraf.
Ce retour triomphal à Karachi, sa ville natale, devient une tragédie avec un énorme attentat qui fit plus d'une centaine de morts et dont elle est sortie indemne. Avec ses shalwar kamis colorés et élégants, la tenue traditionnelle des pakistanaises et ses voiles blancs, Benazir Bhutto incarnait l'image glamour et moderne d'un Pakistan tiraillé entre le pouvoir des militaires et l'extrémisme des islamistes.