Les autorités universitaires ont décidé de fermer l'Université de Kara suite à la grève déclenchée depuis le 14 avril et qui a pris une tournure moins passifique le 16 avril 2008. L'information a été rendue publique au journal de 20 heures mercredi soir. Il y aurait eu 15 personnes arrêtées et non six comme annoncé dans notre livraison précédente. Au dernières nouvelles, parmi les personnes interpelées figureraient un chauffeur non étudiant et deux jeunes filles étudiantes.
Dans l'après-midi du 17 avril, les résidences universitaires (les cités) ont été vidées de leurs occupants. Certaines sources affirment d'autre part que Radio France Internationale est brouillée par intermittence.
Un étudiant nous a déclaré : « seule la FAST (faculté de sciences et technologies) fonctionne toujours. Selon son Exellence TCHAKPÉLÉ Komi Palamwé, la FAST à elle seule constitue l’université car elle n’est pas en grève. Ceux qui sont en grève ce sont des bandits.»
Un autre étudiant parlant de la FAST ironise en imitant le Président de l'université : «j’ai dressé ces enfants jusqu’à ce qu’ils fassent l’appel le matin comme dans les écoles. Le campus n’est pas en grève, je maîtrise la situation.»
Il faut préciser que la faculté des sciences et technologies se trouve dans les locaux du collège Chaminade hors du campus universitaire de Kara abrité dans les locaux de l'ancienne ENI DE Kara. Voici ce qu'un autre étudiant en 2ème année de droit déclare :
« je voudrais dire aux aujournalistes de ne pas se taire sur notre sort. Dites au monde entier que nous ne sommes pas des bandits. Consultez notre plate-forme revendicative et vous verrez que nous n'acceptons pas d'être formés au rabais, c'est tout. Nos parents (dont certains sont militaires et forces de l'ordre), tous nos parents, nos frères et soeurs doivent comprendre que nous sommes des jeunes responsables qui démandent à être bien formés. Les Tchakpélé et autres richissimes de notre pays peuvent envoyer leurs enfants étudier ailleurs. Mais nous sommes des enfants des pauvres de ce pays et nous voulons une bonne formation chez nous. Nous ne faisons pas de politique. Nous sommes tout sauf des bandits.» Il prend un peu de souffle et poursuit: «mercredi nuit, entre 19 heures jusqu'à 22 heures il y a eu ratissage en même temps avec une coupure de courant; est-ce une pure coïncidence ? Ratissage des zones proches de l'université (quartier AGNARAM) par les forces de l'ordre et interception d'éventuelles réunions estudiantines »
Le délégué général des étudiants, Monsieur Ahè Essohanam Richard nous a déclaré au téléphone : «Je ne sais pas combien de camarades sont retenus, où ils le sont et dans quelle situation. Pas de possibilité de m'informer. Nous attendons. Il y aurait deux filles parmi les étudiants arrêtés. si vous voulez mon avis, sachez que je pense que les étudiants ne forment plus un groupe depuis hier car les initiatives ne sont plus prises par un leader mais elles se prennent par le phénomène de suggestion et par celui des modes opératoires de la masse. Personne ne veut se positionner leader car les leaders ont été arrêtés et comme la masse est moins maîtrisable, les initiatives se font sur place et de bouches à oreilles.» Monsieur Ahè Essohanam Richard poursuit:
«L’intervention de la police n’a rien arrangé car elle est même le catalyseur des événements d’hier, et elle renforce la cohésion entre les étudiants car ceux qui y étaient pour suivre les cours ont peut-être été arrêtés et la rue est solidaire avec les étudiants notamment quant à la fourniture de pneus et bois pour barricader. Ceci veut dire que les gens comprennent ce que nous revendiquons. De meilleures conditions d'études, une bibliothèque fournie, un restaurant universitaire. Un petit centre informatique, ce n'est plus un luxe dans le monde d'aujourd'hui. Le Président de l'université le sait bien. Nous ne sommes pas ses ennemis»
FM Liberte est presente a Kara et suit de pres l'evolution de la crise pour toute la Diaspora Africaine...beintot les photos depuis la prison de Kara.
La Redaction