Le pont est rompu. A l’allure où vont les choses, plus rien ne pourra plus unir le Président Boni Yayi et certains de ses députés. C’est en tout cas la lecture qu’il convient désormais de faire lorsqu’on analyse les débats qui se mènent à l’Assemblée Nationale. Aujourd’hui, la situation est telle que plus aucun député (mis à part quelques «hypocrites») ne veut prendre le risque de défendre le Chef de l’Etat et son gouvernement dans certains dossiers. Les débats qui ont été menés, le jeudi 5 décembre dernier, à l’Assemblée nationale autour du retard qu’accuse la mise en service de la Centrale électrique de Maria-Gléta ont apporté la preuve qu’il y a vraiment une rupture de pont entre le Chef de l’Etat et ses députés.

Au cours des débats, l’honorable Nicaise Fagnon par exemple n’a pas fait dans la dentelle. Il a craché du fiel sur le ministre Kassa et le gouvernement du Dr Boni Yayi. Idem pour l’honorable Thomas Ahinnou qui a relevé les incongruités qu’il y a dans la conception de ce projet pour lequel 45 milliards de F Cfa ont été engloutis sans espoir de résultats probants. L’estocade est venue de l’honorable Zéphirin Kindjanhoundé qui a confondu le ministre Barthélémy Kassa puis, à travers lui, le Président Boni Yayi et son gouvernement. Et à en croire certaines indiscrétions, il en sera ainsi désormais au Palais des gouverneurs. Les opposants traditionnels Houndété, Sèhouéto, Fikara, Vlavonou, Idji, Gbènamèto, Akotègnon, Azannaï…) au régime du changement ne seront donc plus seuls. Ils auront à leurs côtés les «députés délivrés» de la mouvance parlementaire.

Et à ces prises de position tranchées s’ajouteront des défections. Cela a d’ailleurs commencé avec le départ du député Ahouanougan (suppléant de Théophile Soussia) du groupe parlementaire acquis à la cause de Boni Yayi auquel il appartenait pour rejoindre celui de l’honorable Candide Azannaï. Parlant de Candide Azannaï, il y a longtemps qu’il a rompu les amarres avec Boni Yayi. Il est farouchement opposé non seulement au projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990 introduit à l’Assemblée Nationale  par le Président Boni Yayi le 6 juin 2013, mais aussi et surtout à d’autres options prises par le gouvernement et qui constituent, selon lui, des menaces pour la jeune démocratie béninoise. Il partage cette position avec un autre député de la majorité parlementaire, à savoir Bani Samari qui jouit d’une parfaite indépendance d’idée au sein de cette majorité, surtout qu’il n’a pas été élu sur la liste Fcbe.

La liste n’est pas exhaustive puisque des indiscrétions annoncent qu’il pourrait y avoir d’autres surprises désagréables pour Yayi à l’image de ce qu’on a enregistré il y a quelques semaines où il a invité sans succès ses députés à le soutenir dans le braquage des usines de la Sodéco.

Affissou Anonrin