La bataille d’une bonne Lépi (Liste électorale permanente informatisée) préoccupe actuellement plus que tout. C’est de bonne guerre. Mais sous d’autres cieux, on devrait déjà être à la sélection des deux meilleurs prétendants qui devraient s’affronter dans le sprint final pour la présidentielle de 2016. En d’autres termes, l’ensemble de la classe politique serait en train d’évoquer les chances de victoire des uns et des autres. Paradoxalement, et aussi triste que cela puisse paraître, l’incertitude règne en maître. Elle s’est érigée en un vaste boulevard aux issues aussi insondables que mystérieuses. Ce qui ne laisse rien augurer de bon. Pire, ceux qui voudraient y aller se taisent. Ou pour être plus juste, ils s’annoncent timidement, au moyen de réseaux sociaux.

Prêtant ainsi le flanc à toutes les critiques du camp d’en face. On comprend que personne ne veut aujourd’hui assumer le bilan de Yayi Boni, ni d’ailleurs son héritage politique. Personne ne veut non plus faire les frais, en s’avançant très tôt. Du côté de l’opposition, ou de ce qu’il en reste, les gens semblent paralysés par l’enjeu. L’échec de 2011 étant toujours dans les esprits. Or, une sérieuse évocation des circonstances du K.O inexpliqué aurait pu constituer une véritable catharsis pour les leaders de l’opposition. Les torts seraient situés une fois pour toutes, et les responsabilités partagées. Ce qui éviterait à l’opposition d’évoluer en rangs dispersés pendant les échéances électorales prochaines. Surtout que ce travail, sinon ce devoir de mémoire, est essentiel pour passer l’éponge, afin que les intelligences s’agrègent autour d’une personnalité rassembleur.

Mettre fin au mystère

En vérité, plus le candidat de l’opposition serait rassembleur, mieux il aiderait à transcender les clivages et divergences actuels. Car le danger serait de persister dans le flou et la confusion ; ce qui ne manquerait pas d’éveiller soupçons et appétits. La politique n’est pas une affaire de novices. C’est un jeu sérieux. Et comme tel, il doit être réservé aux professionnels. Pour diriger, il faut donc avoir gravi les échelons, et faire les preuves de ses compétences devant tous. Au cas où personne parmi les professionnels de la politique n’aurait cette envergure, il va falloir trouver une personnalité dotée d’un charisme hors pair, et qui transcende. Plus tôt l’unanimité ou une raison serait faite autour d’une bonne candidature, plus grandes seront les chances de l’opposition de remporter la mise. La stratégie gagnante serait donc de mettre fin au mystère qui devient de plus en plus insoutenable. Cela est d’autant plus vrai que le camp d’en face ne semble pas vouloir faciliter les choses.

Le pouvoir ne va pas faciliter les choses

Et au fond, rien ne l’oblige. Son bilan laisse peu à désirer, et l’échec désormais chose acceptée de tous. C’est pourquoi le pouvoir cherche à tout court-circuiter et à jouer les prolongations. Créer les conditions d’une grande confusion, et d’un nouveau K.o arrangerait tout le monde. C’est un jeu d’équilibriste à la fois délicat, pervers et suicidaire. Mais, le monde politique n’étant pas un lieu d’enfants de chœur, il n’en saurait être autrement. Aussi, le pouvoir a-t-il besoin de gagner du temps, pour rendre l’alternance plus difficile, et peut-être moins crédible. Une diversion d’autant plus plausible qu’elle permettrait à ceux qui l’entretiennent de placer un cheval gagnant.