Certes, les législatives du 14 octobre dernier se sont déroulées dans une atmosphère bon enfant, dans la paix et le raz- de-marée prévisible des héritiers des nationalistes indépendantistes, jadis partisans de la liberté togolaise contre toute forme de servitude, s’est encore une fois exprimé au vu et au su de tout le monde.

Comme un peu partout dans les pays africains où des élections générales, présidentielles ou législatives, furent organisées depuis mars 2007 notamment au Sénégal, en Mauritanie, au Mali, au Congo/Brazzaville, au Nigeria, au Cameroun, au Maroc et à l’exception notable de la Sierra Leone, les résultats proclamés ne pouvaient être autres.

Avec de pareils résultats, trop beaux pour être difficilement croyables et, comme la pluie qui tombe drue et sans retenue sur le pays depuis le mois d’avril, le ciel est tombé sur le Togo qui se retrouve politiquement à la case départ sous la botte du RPT, l’ancien parti unique, au glaive constamment brandi.

Des résultats qui doivent néanmoins sonner l’ère de la détente, prélude à la paix, à laquelle le peuple togolais tout entier aspire et déboucher sur une véritable décrispation de la vie politique nationale.

A la condition impérative que les dirigeants du RPT se convertissent réellement au changement démocratique baissant le glaive et en se débarrassant du tribalo-ethnisme et du régionalisme et choisir franchement de s’associer sans arrière-pensées ni pensées-arrière aux nationalistes togolais les plus clairvoyants en vue de lancer le Togo sur le double et vaste chantier de la démocratisation et de la modernisation industrielle.

Il s’agit de corriger des résultats trop tribalisés et régionalisés au regard de tout observateur averti des réalités politiques togolaises pour ne pas donner la fausse image d’un Togo coupé en deux, alors qu’il est en réalité uni du nord au sud et de l’est à l’ouest, dans le rejet du despotisme à l’ombre du glaive toujours suspendu sur la tête des ses habitants épris de développement et de prospérité dans la liberté et la justice.

On eût espéré des résultats moins inégaux sans majorité parlementaire pour l’un des deux camps, afin de créer, comme ce fut le cas après les tripatouillages électoraux plutôt judicieux de 1994, les conditions politiques pour la constitution d’un véritable gouvernement d’union nationale, fondé sur un programme commun basé sur un authentique projet de modernisation industrielle de la société togolaise, la seule et unique voie pour le développement du pays.

Adieu une véritable Assemblée Nationale pluraliste togolaise, organe principal dans un Etat qui se veut démocratique, dans la mesure où, comme siège du pouvoir législatif et surtout grand ordonnateur en matière de gestion des finances publiques, elle a pour mission d’oeuvrer efficacement à leur assainissement pour le bien de tous les citoyens !

Adieu une représentation collective de la nation togolaise en réalité une et indivisible qui soit le lieu de sérieux et profonds débats en vue de réaliser les réformes constitutionnelles, institutionnelles, financières et administratives nécessaires et indispensables pour l’exécution d’un véritable projet de modernisation industrielle de la société togolaise.

Il faut espérer des vainqueurs des élections législatives du 14 octobre 2007 qu’ils aient le triomphe modeste et ne soient pas grisés par leur impossible victoire pour comprendre qu’il leur revient désormais d’assumer une lourde mission doublée d’une haute responsabilité : combattre résolument le tribalo-ethnisme et le régionalisme, la corruption et la concussion, le népotisme, le clientélisme et le favoritisme, et promouvoir la détente, l’entente et la coopération entre toutes les forces vives du peuple togolais pour ne pas étouffer le vaste rêve pour la refondation d’un Etat togolais fort et à orientation démocratique avérée qui soit l’expression des ambitions collectives au développement et à la prospérité du peuple togolais dont l’amour de la liberté, la soif de la justice et l’ardeur au travail sont universellement connus.