Elle a été sanctionnée par une Convention internationale de lutte contre la corruption et pour la bonne gouvernance. 

En son temps, feu Gnassingbé Eyadèma avait dépéché à la conférence de Mérida une forte délégation ministérielle et de hauts fonctionnaires de la présidence de la République. Les médias d'Etat avaient été mobilisés pour porter loin l'écho de l'événement. Un magazine spécialisé fut crée, animé par le confrère David junior Follivi Assiongbon, à l'époque président de la Commission nationale de lutte anti-corruption.

Dimanche dernier, à l'occasion de la célébration de la Journée, l'Etat togolais s'est fait tout discret. Il n'ya plus eu de manifestations grandioses avec des discours sensibilisateurs de la part des officiels togolais. Seule une organisation non gouvernementale, la Ligue des Indépendants pour la Transparence [LIT] a commémoré l'événement. Elle a organisé une conférence de presse sur l'état de la corruption au Togo; elle a exhorté le gouvernement à s'attaquer réellement au fléau surtout que les secteurs les plus corrompus dépendent de lui. Selon la LIT, le plus corrompu de tous les services de l'Etat est la douane suivie par la police et l'administration publique et locale. La LIT se propose de lancer un projet de formation en journalisme d'investigation afin de combattre et d'endiguer le phénomène.

Belle initiative. Cependant, elle ne saurait pas faire oublier la discrètion du gouvernement togolais face à la corruption ces dernières années. Le fléau court pourtant les rues et les bureaux chaque jour que Dieu fait au Togo. Un petit tour à la douane du port de Lomé fait découvrir l'ampleur de ce qu'on appelle là-bas les ''faux frais''; c'est à dire ces billets de 10.000Fcfa déboursés sans aucun reçu. Aux frontières, vous présentez vos documents de voyage ou d'identité, l'agent vous demande de façon discourtoise: ''Est-ce que ce sont les papiers qu'on mange?'' Allez y comprendre qu'il vous réclame votre part de la cotisation du jour. Le policier qui vous interpelle sur les routes ne le fait pas pour contrôler l'état de votre véhicule et ses papiers pour une éventuelle contravention. Le premier objectif qu'il poursuit est de vous réclamer de l'argent. Vous refusez, il vous crée des difficultés. Sur la côtière menant de Lomé à Aného, tôt le matin, policiers et gendarmes rivalisent de ruses en immobilisant des véhicules de transport. Coutumiers qu'ils sont du stratagème, les chauffeurs descendent de leurs véhicules avec un billet de banque placé au milieu de leurs dossiers. L'agent soutire le billet de banque, puis relève le numero de la plaque d'immatriculation du véhicule du généreux donateur. Le chauffeur peut continuer sa route tout en étant assuré que rien ne lui sera repproché au cours de la journée. Il a déjà donné sa ''ration'' du jour, il peut faire de la surcharge de passagers et violer allègrement le code de la route. Une virée à la mairie ou à l'état civil pour une simple légalisation? On vous fait comprendre que si vous ne déposez pas une petite pierre sur votre document, il s'envolera. Dans la haute sphère, surfacturations et détournements de matériels ou d'argent, marchés conclus de gré à gré sans appel d'offre public contre de mirobolantes commissions se succèdent dans l'impunité totale.

Nous ne saurons décrire ici de façon exhaustive toutes les facettes que prend la corruption dans la société togolaise. Il est rapporté sur ce terrain des histoires les unes plus troublantes que les autres. Tels ces délégués de partis poliques ''achetés'' et corrompus dans le bureau de vote le jour des élections. Telles également ces cargaisons de marchandises importées dont les frais de dédouanement ''arrangés'' entre amis ne vont jamais dans les caisses de l'Etat. En sensibilisant sur la nature du mal et ses conséquences, un pas est fait en direction de son éradication. ''Le mal se nourrit du silence'', dit-on. Le manque à gagner laissé par la corruption dans les caisses de l'Etat est énorme. Là où elle enrichit les uns, elle démoralise les autres et les démobilise de leurs devoirs de citoyens. C'est un facteur de destabilisation ,de sabotage et de démobilisation de l'honnête citoyen face aux efforts de l'Etat dans sa quête du développement et de la concorde nationale. Il revient donc à l'Etat togolais de prendre le taureau par les cornes et de montrer le chemin vers l'éradication du fléau. Les célébrations d'anniversaires constituent certes de grands moments pour faire prendre conscience aux populations de l'ampleur du mal. Mieux que celles-ci, des actions vigoureuses de l'Etat contre les corrupteurs et les corrompus serviront à décourager plus d'uns qui voudront s'offrir à ce vilain jeu.

En cela,la discrètion observée par l'Etat togolais le 9 décembre 2007 est regrettable. Mais elle peut s'expliquer par la conjoncture politique nationale marquée par les lendemains d'élections législatives et les tractations relatives à la formation d'une nouvelle équipe gouvernementale. Plaise à Dieu que la lutte contre la corruption figure en bonne place dans le programme d'action du nouveau gouvernement.