électoral,chantages,menaces,vol massif d’urnes,bain de sang…On s’y perd.Les blocages délibérés que perpètre le pouvoir dans le fonctionnement de l’Accord Politique Global de Ouaga (APG),puis du Cadre Permanent de Dialogue et de Concertation (CPDC) reflètent la réticence du RPT à se soumettre au verdict des urnes.Comme cela est de coutume sous le ciel togolais,les manipulations électorales sont,par-dessus tout,la voie royale du maintien et de la pérennisation du statut quo.La tactique pourrait laisser indifferent si elle ne se soldait pas,à chaque fois,par des morts qui se comptent par paquets de cent.Les événenments douloureux de 2005 sont encore trop frais dans les mémoires bien faites pour qu’on ne craigne pas leur réédition.

Les togolais n’ont pas fini d’enterrer leurs morts – beaucoup de familles cherchent toujours les leurs – que les bourreaux ont déjà mis en branle leur machine qui est à l’origine des désastres électoraux successifs.Si tant il est vrai que le RPT jouit d’une popularité incontestable, pourquoi ses dirigeants doivent-ils faire cette mine où se lit la peur de la transparence?On évoque,comme pour se blanchir,les législatives d’octobre 2007 qualifiées,tambour battant,de réussite démocratique.Faux,rétorque d’ailleurs l’ancien Ministre socialiste français Kofi Yamgnane.Le breton avait démonté pièce par pièce et avec forte conviction cette tromperie,affirmant avoir été mis au courant que les résultats dudit scrutin donnant la majorité au RPT avait été une pré-fabrication sortie des officines du Quai d’Orsay à Paris.Le doute n’est pas exclu,mais les agitations actuelles du pouvoir togolais confirment dans une large mesure ces révélations de Monsieur Yamgnane.Il n’y a pas,en dehors d’une volonté avérée d’obstruction,une autre explication plausible à la lenteur qu’on constate dans les réformes institutionnelles promises devant aboutir à un processus électoral exempt de tout soupçon.Le fait même que le candidat potentiel du RPT à l’élection de 2010,Faure Gnassingné se retrouve dans le rôle de “président” du CPDC est d’une absurdité insupportable.

Le pouvoir a simplement une odieuse obsession des victoires frauduleuses.Et,à vouloir trop en faire et n’en faire qu’à sa tête,il a installé ce petit beau pays d’Afrique de l’Ouest dans un trou profond.Le RPT a ses mains derrière toutes les tragédies ayant endeuillé le pays ( les morts de la lagune de Bè,ceux de Bodzé dans le Kloto,de Fréau Jardin à Lomé;l’ancien parti unique n’est pas étranger aux massacres d’Atakpamé,de Lomé et d’Aného en 2005…et bien d’autres endroits.Combien sont-ils,ces martyrs,célèbres comme anonymes?Combien en faudra-t-il de plus avant que ne prenne fin la transition monarchique qui a cours?Mille,deux mille,trois…cinq…dix mille?On ne le saura peut-être jamais.Parce que sous le régime d’exception de Lomé,la tradition interdit de compter les morts,de les pleurer trop fort et même de dire en public comment et de quoi ils ont trépassé.Posez-en la question au Président du Parti-Etat. Faure Gnassingbé ne saura non plus dire avec précision le nombre de cranes humains qui servent pourtant de socle à son fauteuil présidentiel.Nécessité de voiler les dessous de son pouvoir tribalisé oblige, la question pour lui n’est pas à l’ordre du jour.Au Togo,les élections tuent.Les présidentielles surtout.Et si demain ce pays doit sombrer dans le chaos,on ne pourra en trouver les causes que dans ce que le RPT aura été pour les togolais : un enfer sur terre qui nous situe à cent mille lieues de la démocratie.

Kodjo EPOU

Québec,

22 mars 2009