L’étudiant de l'université de Californie à Los Angeles, Chris Jeon, vêtu d’un maillot de basket, détonne dans la photographie le montrant accompagné des combattants rebelles sur le point de renverser le régime de Kadhafi. «C’était la fin de mes vacances d’été, alors j’ai pensé que cela serait cool de joindre les rebelles», explique le jeune homme, âgé de 21 ans, au quotidien émirati anglophone The National.
Il y a une quinzaine de jours, la nouvelle recrue des rebelles, ne parlant que quelques mots d’arabe, décide de réserver un billet Los Angeles–Le Caire. Un aller simple seulement: «Au cas où je me fais capturer, je n’ai pas envie de gaspiller 800 dollars», a-t-il expliqué. S’ensuit un road trip,le trajet en train jusqu'à Alexandrie, puis ceux en bus pour rejoindre Benghazi, le fief de l’opposition libyenne, , et enfin le parcours de 400 kilomètres à travers le désert libyen. Bien qu’il n’a pu assister à la prise de Tripoli, l’étudiant est motivé, convaincu qu’il assiste à «l’une des seules révolutions réelles dans le monde»: «Je veux combattre à Syrte!», s’exclame t-il devant le reporter du National. Une couverture médiatique qui ne vient pas à point nommé: ses parents ne sont pas au courant que leur fils se trouve sur un front de guerre à plus de 11.000 kilomètres de la Californie.
Célébrité médiatique (cliquer ici pour voir la video)
A défaut d'être un héros de la révolution, Chris Jeon est devenu une petite célébrité médiatique. Sur Facebook, il a désormais sa page, qui comptabilise un peu plus de 500 fans. Les commentaires élogieux y sont nombreux, célébrant son courage, présageant un film sur son histoire, le comparant même parfois à Ernest Hemingway.
Comme le rapporte The Christian Science Monitor, les rebelles l’ont surnommé Ahmed El Maghrabi Saidi Barga et lui ont remis quelques armes qu’il apprend à manier avec une certaine maladresse. «Comment tu enclenches ce truc?», demande t-il à un rebelle qui lui tend un fusil AK-47. Pour autant, il ne se montre pas effrayé: «Je crois au destin», dit-il.
Inconscient, le jeune Chris Jeon? Un de ses amis s’est confié au Los Angeles Weekly en estimant qu’il était «un chercheur de sensations fortes». L’éditorial du National («C’est une révolution, mec»), se veut plus moraliste pour son retour à l'université cet automne:
«On peut admirer la bravoure de Chris Jeon, mais nous plaignons ses parents. [...] Il est un peu tôt pour du tourisme de guerre, mais nous espérons que M. Jeon en sortira indemne et même plus sage. Cela l'incitera peut-être à faire quelque chose qui aidera concrètement la Libye.»
Son plan est de retourner en Californie la veille de la rentrée académique à la fin de Septembre.
Comment va-t-il acheter son billet? "J'ai une carte de crédit", dit-il
Bill Emile Davolk (avec RFI & Slate)