Rapidement, la victoire de M. Morsi a été saluée par une explosion de joie place Tahrir au Caire, où plusieurs milliers de ses partisans ont crié "Allah akbar" -Dieu est le plus grand- et lancé des feux d'artifice. Selon la commission électorale, le taux de participation au second tour de cette présidentielle, les 16 et 17 juin, s'est élevé à 51 %. Lors du premier tour, les 23 et 24 mai, la participation avait été de 46 %.
Le chef du pouvoir militaire a immédidatement félicité le nouveau président, selon la télévision égyptienne alors que peu avant l'annonce des résultats, les militaires au pouvoir étaient en alerte. Les deux rivaux s'étaient en effet déjà proclamés vainqueurs et avaient déposé des recours l'un à l'encontre de l'autre. Samedi, les deux candidats avaient mobilisé leurs troupes sur deux places différentes de la capitale, dans une dernière démonstration de force avant le verdict de la commission électorale.
Première réaction de la communauté internationale, un haut dirigeant du Hamas dans la bande de Gaza a salué un "moment historique". "C'est une nouvelle ère qui s'ouvre en Egypte. Il s'agit d'un revers pour le programme de normalisation et la coopération sécuritaire avec l'ennemi (israélien), a estimé M. Zahar. Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, est un allié des Frères musulmans.
RÔLE DE L'ARMÉE
Chef du Parti de la Justice et de la Liberté, vitrine politique des Frères, M. Morsi avait bénéficié lors de sa campagne du soutien de l'immense réseau militant des Frères, la plus importante et la mieux organisée des forces politiques du pays outre l'armée.
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Les Frères se dépeignent comme un mouvement moderne, prêt à travailler avec d'autres et désireux de respecter les traités signés par ses prédécesseurs. Certains de leurs partisans citent l'exemple de la Turquie, où la démocratie fait peu à peu son chemin.
Mohamed Morsi sera donc le premier dirigeant islamiste à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe. Mais sa marge de manoeuvre sera des plus limitées. A la suite de la dissolution sur décision de justice de la chambre des députés dominée par les islamistes, l'armée s'est en effet octroyée le pouvoir législatif et un droit de contrôle sur l'élaboration de la prochaine Constitution.
Elle a toutefois promis de remettre le pouvoir au nouveau président avant le 30 juin. La confrérie a vivement critiqué les dispositions constitutionnelles prises par l'armée et qui permettront aux militaires de rester un acteur central. AFP