Mme Rice, qui  est venue dans la capitale éthiopienne pour une série d'entretiens au plus haut niveau consacrés aux crises qui minent la stabilité du continent africain, n'a fourni aucun détail sur cet accord.

Il y a gros à parier que ce « renforcement rapide des institutions de sécurité » est une circonlocution pour désigner une mise en conditions urgente des forces combattantes régulières engagées par le gouvernement de Kinshasa dans les opérations militaires en cours en vue de mettre hors d’état de nuire, au Nord et au Sud-Kivu de toutes les forces négatives, selon l’Accord ad hoc signé le 12 novembre 2007 à Naïrobi par les pays concernés en présence des représentants du gouvernement américain, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine et du Secrétaire général des Nations Unies.

La réunion d'Addis Abeba a également été l'occasion pour les pays de la région de réaffirmer leur engagement concernant l'accord conclu le 12 novembre entre Kinshasa et Kigali et qui vise au désarmement des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FLDR).

Les FDLR sont basés dans l'Est de la RDC. Ils ont, pour certains d’entre eux, participé au génocide rwandais de 1994 qui a fait, selon l'ONU, au moins 800.000 morts, aussi bien dans la minorité tutsie qu’au sein des Hutus modérés.

Selon un observateur militaire occidental s'exprimant sous couvert d'anonymat à Addis Abeba, l'armée congolaise ne dispose pas de suffisamment de troupes pour mener des opérations à la fois contre les forces de Laurent Nkunda et les rebelles des FDLR.
Des diplomates américains ont déjà appelé le général déchu à se rendre et à s'exiler pour éviter une nouvelle effusion de sang dans l'Est de la RDC où, selon M. Kalume, "un million de personnes" sont menacées.

Dans l'avion l'amenant en Ethiopie, Mme Rice avait fait part à des journalistes de son "inquiétude grandissante sur plusieurs crises africaines", en particulier dans les régions des Grands lacs et de la Corne de l'Afrique, ainsi qu'au Soudan…

Comme dans la Région des Grands Lacs, déchirée par des violences sans fin depuis bientôt 20 ans, la stabilité de la Corne de l'Afrique est minée depuis le début des années 90 par la guerre civile somalienne, à laquelle s'ajoutent les tensions permanentes entre l'Ethiopie et l'Erythrée depuis leur guerre frontalière de 1998-2000.

Mme Rice devait évoquer le dossier de la Corne avec le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi - principal allié de Washington dans la région - et le Premier ministre du gouvernement somalien de transition, Nur Hassan Hussein.

L'Ethiopie a engagé son armée en Somalie fin 2006 aux côtés du gouvernement de transition pour défaire les islamistes qui avaient pris le contrôle pendant quelques mois de Mogadiscio et de la majeure partie du centre et du sud du pays.

La capitale somalienne est le théâtre d'attaques meurtrières constantes depuis la débâcle des islamistes, sans perspective de solution politique.

Mme Rice doit quitter Addis-Abeba jeudi matin pour Bruxelles, où elle rencontrera ses homologues européens et participera à une réunion ministérielle de l'Alliance atlantique.