Depuis le 3 décembre 2007, M. Mally est nommé premier ministre avec pour mission de former d'abord un gouvernement, le soumettre ensuite à l'approbation du chef de l'Etat qui, comme le veut la constitution, nommera ces heureux impétrants. Le passage devant l'Assemblée nationale à laquelle sera soumis le programme du nouveau gouvernement couronnera cette première phase. Puis viendront l'action gouvernementale et les grandes manoeuvres du quotidien.

Les enjeux auxquels sera confronté le nouveau gouvernement sont énormes. Le Togo s'est réellement appauvri au cours de ces deux dernières décennies. Les Togolais en souffrent qui tirent le diable par la queue avec des fins de mois difficiles et leurs cortèges de maux tels la misère, la sous alimentation, la maladie et le chômage. Cérise sur le gâteau, l'insécurité est ambiante sur tout le territoire national. Les infrastructures socio-économiques en état de délabrement avancé méritent une attention particulière.

Voilà une situation qui appelle à la formation d'un gouvernement de combat contre la misère , voire de salut national. Avec des hommes compétents pleins d'initiatives et véritablement motivés. Et ce n'est pas ce genre d'acteurs talentueux qui manqueraient au RPT, un parti vieux quand même de près de quatre décennies.

Les enjeux sont énormes, disons-nous. Cependant, entre le 14 octobre et le 3 décembre 2007, l'on a organisé des tractations et négotiations quasi inappropriées pour dénicher à la fin, juste à côté, l'oiseau rare. Les jeux étaient pourtant clairs et limpides comme l'eau de roche.En démocratie, la majorité parlementaire gouverne. L'opposition, même ultra-minoritaire au parlement, y joue son rôle. Elle est plus crédible et écoutée lorsqu'elle jouit d'une onction parlementaire, comme c'est le cas actuellement au Togo. Il est vrai qu'au décompte des voix du scrutin du 14 octobre dernier, UFC et CAR réunis dépassent largement le RPT. Ce paramètre seul suffit-il pour les associer à un gouvernement même dit d'ouverture? Non. Il eût fallu prendre acte de ce flagrant déséquilibre et chercher à le corriger avant les prochaines joutes électorales. C'est d'ailleurs l'un des enjeux auquel doivent faire face le nouveau législateur et le prochain gouvernement. Avec le concours des autres partis. Bien qu'ils, ne soient malheureusement pas représentés à l'assemblée nationale, ils peuvent dans leur mission d'éducation et de conscientisation des populations leur porter le message. L'aide de la communauté internationale ne fera pas défaut dans ce dossier. Déjà, l'Union Européenne [UE] a annoncé les couleurs en ébauchant en quelque sorte une feuille de route aux gouvernants et opposants togolais à travers la lettre de notification de la reprise de sa coopération avec le Togo.

Chercher à faire une ouverture vers l'opposition parlementaire en l'associant à un gouvernement serait, à coup sûr, un pas vers de nouvelles difficultés et des blocages. Ce qui donnerait raison à l'autre qui, dernièrement, au détour d'une conversation sur la situation politique du Togo me disait: petit pays, grands problèmes. Par sa superficie, le Togo est reconnu certes comme un petit pays. Mais les grands problèmes? Pour une fois, soyons suffisamment lucides et mâtures pour nous en priver.