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Si le Grand Maître et mes compatriotes le décident, j’aurai un destin national

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lundi, 07 janvier 2008 22:31

Si le Grand Maître et mes compatriotes le décident, j’aurai un destin national

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 C’est en ces termes que Madame Mirlande Manigat, la nouvelle Secrétaire Générale du RDNP a répondu à un journaliste de Radio Caraïbes, qui lui demandait si elle avait un avenir sénatorial, au cours de la très célèbre émission « Ramase » du samedi 5 janvier 2008.


L’entrevue a duré 3 heures d’horloge et elle était conduite par MM Peggy Jean et Israël Jacky Cantave et elle a été menée totalement en créole. Signe évident du prestige et même de la sympathie dont jouit Madame Mirlande Manigat auprès des responsables de la station, contrairement aux habitudes de celle-ci qui reçoit généralement 2 à 3 invités, ce qui n’empêche pas des auditeurs de rappliquer pour se joindre au groupe initial, en créant parfois une certaine confusion, Madame Manigat était seule face aux deux journalistes qui n’ont même pas accepté de laisser des auditeurs poser par téléphone des questions à leur invitée.

 

Cette émission « Ramase » est le rendez-vous obligé du samedi matin, de 8h à 10h, de tous ceux qui, en Haïti et dans la diaspora, sont friands de nouvelles, de commentaires et d’analyses. Elle est relayée par une dizaine de stations en Haïti et à l’étranger et surtout, il est possible de la capter grâce au réseau Internet et il a été établi que ce samedi 5 janvier, elle a été suivie par un compatriote jusqu’en Irak ! C’est dire que l’audience qui a été offerte à la Secrétaire Générale du RDNP couvrait un rayon exceptionnel. Et les auditeurs, toutes classes sociales confondues, selon des témoignages concordants, sont restés rivés à leur poste ou à leur appareil.

 

La personnalité de l’invitée explique cet engouement alors que son identité n’a été révélée qu’après que les deux journalistes eurent fait un tour d’horizon de l’actualité de la semaine. Madame Mirlande Manigat est une femme connue et appréciée du monde intellectuel et politique du pays. En dehors de ses fonctions politiques, elle est Vice Rectrice de l’Université Quisqueya, chargée de la Recherche, de l’Extension Institutionnelle et de la Coopération Internationale, dernière étape  d’une carrière académique qui l’a conduite, après des études en Sciences Sociales à l’Ecole Normale Supérieure d’Haïti, en France où elle a successivement décroché une Licence d’Histoire à la Sorbonne, un diplôme en Relations Internationales à Sciences Po et un Doctorat en Science Politique soutenu à la Sorbonne, sur un sujet lié aux groupes politiques aux Nations Unies. Après avoir travaillé au Centre d’Etude des Relations Internationales, Laboratoire rattaché au Centre National de la Recherche Scientifique - CNRS, à Paris, elle a enseigné pendant 4 ans à l’Institute of International Relations de la University of the West Indies, campus de Trinidad que dirigeait son époux le Professeur Leslie Manigat, puis au Curso Post grado de Ciencia Politica de la Universidad Simon Bolivar à Caracas, Venezuela, pendant 8 ans. De retour en Haïti en 1986, elle a poursuivi enseignement et recherche, à l’INAGHEI, à l’Académie Militaire, à l’Académie Diplomatique et Consulaire et depuis 8 ans à l’Université Quisqueya où elle est entrée comme Professeur, puis promue Doyenne de la Faculté de Droit et enfin Vice Rectrice.

 

Parallèlement, elle n’a cessé de publier des ouvrages et des articles sur des sujets divers liés aux relations internationales. Mais, comme l’a elle-même indiqué au cours de l’interview, depuis son retour en Haiti, elle s’est concentrée sur les questions constitutionnelles. Contrairement à ce que l’on croit généralement, elle n’a pas été membre de l’Assemblée Constituante qui a fabriqué la dernière en date de nos Chartes, mais pour son parti, elle avait suivi les travaux qui s’y déroulaient. Le RDNP, en effet, était attentif à la production constitutionnelle, n’hésitant pas à adresser des suggestions à l’Assemblée : c’est ainsi qu’on lui doit le Préambule de la Constitution accepté totalement  par les constituants qui ont simplement ajouté la double référence à l’Acte d’Indépendance de 1804 (pour la première fois mentionné dans une de nos Chartes) et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948.

 

Elle a publié 4 ouvrages sur les questions constitutionnelles :

 

Plaidoyer pour une nouvelle Constitution. 1995. Dans ce livre, elle optait résolument pour une refonte de la Charte qui présentait des faiblesses, des incohérences et de graves risques d’inapplicabilité. Au cours de l’interview, Madame Mirlande Manigat a rappelé qu’il s’agissait d’une initiative osée à l’époque, « iconoclaste » même comme elle l’a précisé. Elle n’a pas changé d’opinion, ajoutant toutefois qu’elle n’avait rien contre le recours à l’amendement, applicable à 2 ou à 50 Articles, à condition que l’on respecte la procédure, particulièrement rigide, prescrite par la Charte elle-même. Elle a toutefois estimé que les conditions n’étaient pas actuellelent réunies pour la convocation d’une Assemblée Constituante indépendante et crédible, encore moins pour le recours à l’Assemblée Nationale Constituante (le Parlement) et qu’elle avait déjà publié, le 15 octobre dernier, la position du parti à ce sujet, dans laquelle ce dernier s’était montré favorable au recours à l’amendement qui ne pourrait être déclenché qu’au cours de la dernière session de la Législature en cours, c’est-à-dire entre le deuxième lundi de juin et le deuxième lundi de septembre de l’année 2009. Toute autre procédure serait tout simplement anti-constitutionnelle et, de ce fait, entâcherait l’initiative du sceau de l’illégalité.

Considérations sur la réforme de l’Etat. 1996. Cahiers du CHUDAC, dans lequel elle évoque cette question épineuse, d’autant que l’on confond souvent « Etat » et « Gouvernement » et les rapports entre l’Etat et les Collectivités Territoriales.

 

Traité de Droit Constitutionnel Haïtien. 2000. Deux gros volumes de plus de 800 pages. Madame Manigat a expliqué qu’elle avait été interpellée par une espèce de consensus facile selon lequel la Constitution de 1987 était la meilleure que nous ayons eue, ce qui l’avait incitée à étudier les 21 précédentes qui avaient jalonné notre histoire, leur contexte d’élaboration, leur survie, opération qui l’avait portée à admettre que, du strict point de vue du Droit, tel n’était pas le cas. Dans cette étude, elle a abordé diverses questions qui fondent le Droit, produit des conjonctures historiques successives : la notion de Constitution et les mécanismes de leur fabrication et de leur révision, l’Etat et la nation, la citoyenneté (y compris la double nationalité), les Pouvoirs indépendants, les Collectivités Territoriales.

 

Etre femme en Haïti hier et aujourd’hui. Le regard des Constitutions, des lois et de la société. 2002. Ouvrage dans lequel elle avait abordé les divers aspects de la question féminine. Au cours de l’entretien, elle avait eu à préciser qu’elle n’était pas féministe au sens militant agressif du terme, mais qu’elle était engagée, dans le cadre du RDNP comme à travers la collaboration avec les différents mouvements, à promouvoir les droits des femmes. Elle n’a pas manqué de rappeler que le Président Leslie Manigat qvait été le premier à créer, au sein du Ministère des Affaires Sociales une Secrétairerie d’Etat à la condition féminine, afin de bien marquer que les problèmes des femmes étaient de nature sociale et que, de ce fait, devaient intéresser tous les citoyens, mais qu’ils réclamaient un traitement spécifique.

Manuel de Droit Constitutionnel. 2004. Une présentation synthétique et didactique à l’usage de ses étudiants.

 

Entre les normes et les réalités. Le Parlement haïtien 1806-2007. C’est la dernière en date de ses publications consacrée au Parlement, une rétrospective juridique, historique, sociologique qui anime ce Pouvoir traditionnel de notre vie politique, fait revivre les parlementaires par la publication de plus de 3.000 noms de députés et de sénateurs qui ont animé la vie des deux corps depuis 200 ans, dont l’action positive et les revers ont marqué les différentes étapes de l’histoire politique du pays.

 

Cette constante dans les préoccupations constitutionnelles explique que la première question posée à l’invitée fût en relation avec l’actualité, plus précisément l’incertitude entourant le sort des 10 sénateurs qui avaient été élus avec un mandant de deux ans. Comme elle l’avait déjà indiqué, Madame Mirlande Manigat a souligné que la situation actuelle était liée au fait que le pays ne fonctionnait pas selon les principes juridiques, une dérive voulue largement par le pouvoir en place qui n’a pas organisé les élections dans les temps requis, « traînant les pieds » jusqu’à aboutir à l’impasse actuelle ; par ailleurs, souligna-t-elle, il ne revenait pas au Président de vouloir régler lui-même le problème, réunissant au Palais certains sénateurs, comme il l’avait fait avec des responsables politiques, avec une irrégularité et dans une « discrétion » qui laissaient libres et justifiables toutes sortes d’interprétations douteuses. Et, une fois de plus, ce problème sera réglé, craint-elle, en faisant appel au consensus politique et à la raison d’Etat qui est le contraire de l’état de droit.

 

Mais  l’interview fut marquée d’abord par sa  déclaration : le RDNP est un parti d’opposition et, sans être subversif, il entend jouer ce rôle en s’inspirant, non comme un modèle mais comme un souhait, des effets du Système de Westminster en application en Grande Bretagne et transmis aux anciennes colonies britanniques actuellement membres du Commonwealth (ensemble de 53 pays indépendants). Favorisé par la tradition du bipartisme et par la régularité du régime parlementaire, il place a la tête du Gouvernement, le leader du parti vainqueur aux élections législatives, tandis que celui du parti vaincu devient automatiquement Leader de l’Opposition, une position et une fonction qui l’habilitent à suivre, critiquer l’action gouvernementale, à travers son Cabinet bis (une traduction libre du « shadow Cabinet » anglais) tout en se préparant à assumer le pouvoir lors de prochaines élections.

 

De ce fait, et bien que le pays ne connaisse pas le régime parlementaire (l’histoire a plutôt enregistré diverses formes du régime présidentiel) ce qu’elle appelle une pédagogie politique appliquée au sein du RDNP porte ses dirigeants à ne pas seulement critiquer, mais toujours à répondre à ces questions :

 

« Qu’aurions-nous fait si nous étions au pouvoir ? Comment aurions-nous abordé les problèmes dont certains sont, bien entendu, le produit de la mal gouvernance actuelle, d’autres relevant plutôt de la conjoncture ? »

 

Et c’est là que Madame Mirlande Manigat a démontré avec brio qu’elle n’était pas seulement une experte reconnue dans le domaine du Droit Constitutionnel, mais qu’elle maîtrisait aussi les dossiers les plus importants de la vie nationale, qu’il s’agisse de la politique agricole (qu’elle considère comme englobant la politique agraire, elle-même résultat d’une évolution de deux siècles), l’écologie, le problème des canaux de commercialisation, la modernisation des techniques de production, l’équilibre à trouver entre des mécanismes ancestraux qui ont fait leur preuve en leur temps et la nécessaire modernisation, la prise en compte des nouvelles habitudes alimentaires de la population etc, autant de questions liées entre elles dans une problématique générale). Ou encore les Relations Internationales, l’impact des élections américaines dont l’issue est encore mal défini sur notre devenir, la flambée des prix du pétrole franchissant la barre des 100 dollars, alors que des pressions s’exercent sur le marché, contrôlé en partie par l’OPEP mais bouleversé par les besoins d’un pays comme la Chine qui achète 7,5 millions de barils par jour.

 

Le point culminant de son intervention fut lié à la question de la vie chère dont elle reconnaît qu’elle est l’essentiel des préoccupations du moment, tel que  révélé à travers les témoignages récoltés dans les « micro-trottoirs ». C’est dans ce domaine qu’elle a fait la démonstration de sa conception de la politique qui consiste à poser les problèmes en termes scientifiques, mais surtout à prévoir, planifier et choisir. Se basant sur des enquêtes menées par des membres du parti, tant à Port-au-Prince que dans les villes de province (marchés, boutiques, supermarchés), elle a fait un étalage de la cherté de la vie dans une grille comparative des prix d’il y a 2, 5 ans par rapport à ceux d’aujourd’hui. C’est ainsi qu’elle a pu montrer qu’elle était sensible aux conditions de vie de la population dans  son vécu quotidien, particulièrement les couches les plus démunies, à partir du prix de la marmite de riz, de la gloss d’huile, des bananes… A partir des données récoltées, elle a pu faire descendre l’analyse économique des sommets inaccessibles mais utiles que sont le PIB, le taux d’inflation « qui n’envoie pas au marché », comme elle l’a dit, les variations de la gourde par rapport au dollar, pour aboutir à l’humble assiette de la population, le prix de la soupe de giraumon le 1er janvier dernier, celui du petit déjeuner pour une famille de 5 personnes, à ce qu’il en coûte pour avoir dans la rue un « chin jambé », un « arlequin » avec ou sans viande, un «paté kodé ».

 

Avec aisance dans la démonstration et un sérieux qui renforce la crédibilité du propos et le professionnalisme des engagements, elle a précisé quelles sont les mesures que le RDNP au pouvoir aurait prises pour stopper la montée des prix puis assurer la sécurité alimentaire : à court terme, le contrôle des prix, l’intervention de l’Etat par la constitution de stocks stratégiques de riz ou de gazoline afin de freiner les effets de la variation des prix sur le marché international que notre pays ne contrôle pas. Mais l’objectif à long terme est l’augmentation de la production nationale selon une planification qui tienne  compte, selon les produits considérés, des possibilités matérielles, des besoins de la population en croissance naturelle.

 

Le hasard a voulu qu’au cours de l’émission, Radio Caraïbes a reçu le communiqué du Ministère de l’Agriculture interdisant l’importation des produits d’origine animale (œufs, poulets, animaux vivants) à cause de l’épidémie de « grippe aviaire » découverte en République Dominicaine. Cette décision a donné à Madame Mirlande Manigat l’occasion d’aborder la question de la dépendance alimentaire du pays de la République Dominicaine qui nous exporte aussi bien des bananes, des citrons et aussi des œufs (20 millions par mois) sans aucun contrôle de la part des responsables haïtiens et au détriment d’une production nationale que l’on a laissé se dégrader dans tous les domaines. Et elle s’est demandé si le Gouvernement, avant de décréter une telle mesure, en avait bien mesuré la portée et s’il avait pris les mesures adéquates pour faire face à une rupture annoncée de stocks de poulets et d’œufs.

 

L’exemple du riz à propos duquel elle a réuni une substantielle documentation aussi complète qu’impressionnante, lui a fourni l’occasion d’illustrer la double approche du court et du long terme. La consommation actuelle est de l’ordre de 450.000 tonnes par an dont le tiers seulement est asssuré par la production nationale, particulièrement dans l’Artibonite (62%). Le recours au riz importé a commencé en 1983-84  pour pallier aux insuffisances dues à la sécheresse, ce qui a entrainé une modification des pratiques alimentaires, car le riz était devenu accessible : avant, seule minorité de la population en mangeait tous les jours, la majorité seulement le dimanche et à l’occasion de certaines fêtes. Or, ce qui devait être une mesure d’exception s’est installé comme alternative qui a, en outre, progressivement grignoté la part du riz national au profit du « riz Miami ». Mais les besoins sont réels et irréversibles et un Etat responsable doit en tenir compte. Aussi l’importation de riz doit être planifiée à travers une collaboration entre les importateurs et l’Etat obligé de se renseigner sur la situation du marché international (le siège des cotations se trouvant à Chicago), sur les risques de manque (la production mondiale de riz blanchi est de 424 Millions de tonnes dont seulement 7% sont destinés à l’exportation). En effet, des pays asiatiques tels que le Vietnam, le Pakistan, l’Inde ont réduit leurs exportations pour satisfaire leurs demandes locales et, en conséquence, se présente la nécessité de rechercher des sources alternatives afin de ne pas compromettre l’approvisionnement régulier.

 

En même temps, il s’agira de relancer la production nationale sur des bases nouvelles, en intégrant des éléments de modernisation : taille des espaces de production à élargir par le remembrement fictif dans le cadre de coopératives, adaptation de semences et de techniques capables d’augmenter le rendement au carreau. Pour chaque besoin alimentaire, il s’agira de ne pas laisser le pays à la merci des forces du marché : le RDNP parti d’inspiration démocrate-chrétienne  retient du capitalisme ses méthodes techniques qu’il associe aux principes de l’économie sociale de marché qui met l’accent sur l’homme et ses besoins.

 

Le second point fort de l’émission fut  l’affirmation de Madame Mirlande Manigat que son parti préparait l’après Préval quelque soit le moment où le changement interviendrait. Elle a souligné avec force qu’elle était une légaliste, respectueuse des normes et aussi du calendrier constitutionnellement établi. Mais qu’elle se préparait à assumer le pouvoir, non pas seule mais avec son parti et avec d’autres citoyens insatisfaits de la situation actuelle et qui souhaitent le changement. C’est à ce moment où à l’interpellation de Jacky Cantave sur le fait si elle estimait avoir encore un « destin sénatorial » elle a prononcé la phrase-clef :

 

« Si le Grand Maître et mes compatriotes le décident, j’aurai un destin national ».

 

Un journaliste lui a demandé si elle se sentait capable de faire mieux que l’équipe actuelle et si elle croyait que le pays était prêt à accepter une femme au sommet de l’Etat. Elle a répondu que, très certainement, elle serait plus performante et que le momentum féminin qui se manifeste à travers le monde préparait différentes sociétés à l’éventualité d’un leadership féminin, qu’il dépendait d’elle, de sa capacité de convaincre, de la crédibilité dont jouit son parti que cette acceptation se manifeste. Il ne s’agit pas seulement de choisir une femme parce que femme, mais une femme compétente.

 

Elle a insisté sur le fait que son parti se préparait à participer à toutes les élections, y compris la présidentielle, et qu’il comptait, bien sûr, sur la compilation des dossiers à adapter aux conjonctures. Elle a fait un appel pathétique à toutes les compétences citoyennes, indiquant que le pays en avait, que la multitude de colloques, symposiums, conférences a accumulé des dossiers et des propositions, sans compter l’activité de recherche dans le cadre des Universités (et elle a cité les travaux du Laboratoire sur l’eau, le LAQUE, dans le cadre de l’Université Quisqueya).

 

Elle avait autre chose à dire, sur l’Education, les Relations Internationales, l’Environnement, mais le temps ne le permettait pas et nul doute que Radio Caraïbes invitera de nouveau Madame Mirlande Manigat pour d’autres entrevues.

 

Les journalistes n’ont pas manqué de lui poser deux questions qu’ils ont jugé délicates mais auxquelles elle a répondu avec simplicité et sincérité.

 

La première concerne les raisons pour lesquelles elle s’était retirée de la course pour les élections sénatoriales de 2006. Elle a indiqué que quel que soit le sujet qu’elle aborde depuis deux ans, immanquablement un participant aborde cette question à laquelle elle a répondu peut-être déjà plus d’une centaine de fois, mais qu’elle était toujours disposée à y revenir.

 

 Elle estime que c’est un privilège pour elle que cette décision soit encore d’actualité et que, comme l’avait souligné un journaliste à l’époque (on s’est renseigné : il s’agit d’un article de Lyonel Trouillot publié dans le quotidien Le Matin) « elle a fait l’histoire ». Ses raisons ? Le refus d’accepter que, après 1995, 2000, une troisième fois, on a voulu lui voler les élections. Une première comptabilité lui accordait quelques 340.000 voix, mais les résultats définitifs indiquaient 280.000 (Où sont passées les 50.000 voix ? se demande-t-elle encore). L’injustice dont a été victime le Professeur Leslie Manigat à qui on a délbérément refusé le bénéfice du deuxième tour, en utilisant cet artifice ahurissant du partage des votes blancs, ce qui est une forfaiture et une aberration constitutionnelle que la légaliste ne saurait accepter. Elle a rappelé que, quelques mois plus tard, au Brésil, ce pays qui avait proposé cette « solution » afin de donner une prime aux manifestations de rue et placer Preval à la Présidence dès le premier tour, avait connu une situation identique : le Président da Silva avait obtenu 48,5% des voix au premier tour et les votes blancs totalisaient 3%, mais on ne les avait pas utilisés et le Président Lula s’était présenté naturellement au deuxième tour.

 

C’était pour elle une question de principe et, renoncer à un poste plein de prestige, pour lequel elle estimait être compétente n’était pas chose facile, mais cette décision était conforme à la morale en politique. On a beaucoup dit à l’époque que son mari l’y avait poussé. Elle a été formelle : il a été le premier à qui elle avait fait part de cette décision et sa réaction dont elle se souvient encore avait été catégorique car il lui avait dit : « Domi sou li : on ne te comprendra pas, on ne te pardonnera pas ».

 

La seconde question concerne la déformation des paroles tenues par le Professeur Leslie Manigat lors de sa conférence de presse du 16 février 2006. On lui a fait dire qu’il traitait le peuple de « chien », un propos qui l’avait profondément blessé, lui l’homme cultivé, humaniste, intelligent ! C’est en plus un intellectuel chrétien qui aime citer la Bible qu’il considère comme un livre de sagesse et il avait produit les références  aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament qui mettent en garde contre le retour aux erreurs du passé. Le texte est là, disponible pour n’importe quelle personne de bonne foi. On a voulu enfoncer malhonnêtement Monsieur Manigat et ce mensonge éhonté, « méchant » elle s’est engagée, tout comme les membres du parti, à le réfuter chaque fois que cela s’avère nécessaire afin de ne pas laisser s’appliquer le mot de Voltaire « Mentez, mentez, mentez, il en restera toujours quelquechose ». Et de citer Lénine : « Seule la vérité est révolutionnaire ! ».

 

Cette émission fleuve est un acte de courage, de sincérité et aussi d’espérance. En terminant, Madame Mirlande Manigat  s’est volontairement faite émotionnelle, revendiquant sa qualité de femme, de mère, de grand-mère, pour s’adresser à ses compatriotes à qui elle a souhaité une année meilleure à celle qui vient de s’achever. Le sentiment d’une femme n’exclut ni le courage, ni l’intelligence, a-t-elle martelé. Et  c’est ainsi qu’elle se présente. Elle a refusé d’adresser des vœux pour le pays, car dit-elle ce n’est pas de souhaits dont celui-ci a  besoin : il lui faut des réalisations, des engagements.

 

« Nous ne sommes pas encore en position de fournir des réalisations, mais nous proposons des engagements. Nous pensons ce que nous disons et nous réaliserons ce que nous promettons ».

 

Telles sont les dernières paroles prononcées par Madame Mirlande Manigat à la fin de cette remarquable émission du 5 janvier 2008


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