C’est ici l’occasion de rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui ont pris part au combat pour de meilleures conditions de travail, de vie et de libertés publiques des femmes dans le monde. En cette année exceptionnelle 2012 pour le Togo, Femmes Solidaires dédie spécialement cette journée à la militante noire américaine des droits humains Angela DAVIS pour son brave combat contre l’oppression des noirs aux Etats Unis, et invite par conséquent toutes les femmes togolaises à en faire un modèle de lutte pour la Libération définitive de la Terre de nos Aïeux des mains des forces obscures et prédatrices.

« Autonomisation des femmes rurales, éradiquer la faim et la pauvreté », tel est le thème retenu cette année 2012 par les Nations Unies pour la célébration de la journée internationale de la femme.
Ce thème plus actuel que jamais, nous renvoie à l’incessante lutte que mènent les femmes dans leur majorité écrasante sur la planète pour la jouissance effective de leurs droits afin que l’ensemble du corpus juridique consacré à leur libération et leur épanouissement ne soit un vœu pieux dans notre société contemporaine engluée dans les effets dévastateurs d’une mondialisation non bridée.
Partout les manifestations des femmes pour le respect de leurs droits se heurtent au paradigme du capitalisme triomphant avec sa logique de toujours gagner plus, le tout dans un courtermisme abject et révoltant,  avec à la clef ses fausses solutions de sortie de crises pendant les périodes de tourmente financière. L’exemple de nos Etats africains, et plus récemment de la Grèce en est une illustration éloquente !

A cela il faut rajouter une des tares de la société humaine fondée sur une idéologie patriarcale conservatrice, sans oublier le manque de volonté politique et de vision stratégique de ceux qui ont la responsabilité de conduire des politiques publiques.
Chômage, mobbing, exploitation de la femme dans des métiers de grande pénibilité sans les salaires conséquents, difficulté d’accès aux postes de grande responsabilité à compétence égale avec les hommes, problème de succession, violences conjugales et maltraitance, précarité et abus sexuels variés sont quelques réalités qui structurent malheureusement l’existence des femmes dans nombre de pays, et particulièrement au Togo.

La situation de la femme rurale dans nos pays est structurée par le rythme des saisons et les aléas de  la nature, ce qui rend aléatoire toute possibilité de prévision réaliste d’espérance de revenus tirés de ses activités champêtres. Abandonnée à son triste sort sans un accompagnement des services publics pour atténuer ses problèmes, l’accès au micro crédit s’il lui est possible est assorti des taux d’intérêts rédhibitoires qui paralysent toute initiative hardie. Le comble, c’est les difficultés d’accès aux services de soins de santé primaires, d’où l’exposition à toutes sortes de pathologie, réduisant ainsi son espérance de vie.

Nul doute qu’un tel environnement de pénurie, ne peut être que propice à l’expansion de la faim et de la misère sous nos cieux. Les conséquences de cette situation sont fort fâcheuses pour notre société, et l’avenir de la nation : déscolarisation précoce,  impossibilité d’accès aux soins de santé  primaires devenus un luxe pour la grande majorité de la population, prostitution, viol  et débauche sexuelle banalisés, traite des êtres humains avec effritement des valeurs, expression par excellence du désarroi d’une société qui a perdu ses repères et s’interroge.

Les femmes qui portent nos familles, sont hélas les premières victimes des mesures d’austérité souvent prises pour juguler les crises dont elles ne sont pourtant pas les causes. Alors que sans leur engagement résolu et leur sens de responsabilité, des pans entiers de l’économie seraient à l’abandon, tandis que l’unité et la cohésion de nos familles seraient soumises à rude épreuve.
Au Togo, le traitement discriminatoire dont les femmes sont victimes est patent, et le mépris dont elles sont l’objet est une réalité qu’au moins l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) ne saurait nier.

Au regard de ce qui précède, nous Femmes Solidaires réunies ce 08 mars 2012 en séminaire de formation sur le rôle de la femme dans la politique de décentralisation au Togo, après analyse croisée de la situation des droits humains particulièrement de la femme et de la situation sociopolitique de notre pays, demandons solennellement au Président de la République de mettre en œuvre les mesures d’urgence suivantes :

1.    Rendre effective la gratuité de la Césarienne pour toutes les femmes dans les milieux urbains et ruraux
2.    Réévaluer les allocations familiales
3.    Réévaluer les salaires, les bourses d’étude et les pensions
4.    Rendre la parité effective dans l’attribution des postes de responsabilité dans les institutions de la République
5.    Rendre les soins de santé primaires gratuits pour tous  au Togo.
6.    Prendre des mesures législatives pour combattre les discriminations à l’embauche.
7.    Prendre des mesures pour protéger la jeune fille des proxénètes, des trafiquants d’êtres humains, et de l’exploitation honteuse dont elle est souvent l’objet dans certains milieux.
8.    Introduire une réforme législative afin de pénaliser à l’instar des pratiques coutumières préjudiciables comme les mutilations génitales, toutes les formes de violence à l’égard des femmes du seul fait de leur appartenance au sexe féminin sans omettre les mariages forcés et les crimes d’honneur.
9.    Prendre en charge les salaires des enseignants volontaires sur toute l’étendue du territoire national
10.    Prioriser le recrutement du personnel enseignant, à tous les degrés de l’Education et de la Formation Professionnelle
11.    Revaloriser les pensions et les retraites à hauteur du SMIG actuellement à 35.000 CFA
12.    Diligenter une enquête indépendante confiée aux Organisations de défense des droits humains pour faire la lumière sur les rites sexuels pratiqués sur les jeunes filles assassinées dans la périphérie urbaine de  Lomé
13.    Engager une poursuite judiciaire pour les auteurs présumés des actes de pédophilie dont les médias ont fait l’écho
14.    Relever de leur fonction et soumettre à la rigueur de la loi le tous les officiers et soldats  de rang convaincus d’acte de torture, de traitements inhumains et dégradants, sur les présumés auteurs du complot contre la sureté de l’Etat.
15.    Faire la lumière sur les auteurs et les commanditaires de la falsification  du rapport de la CNDH et les soumettre à la rigueur de la loi.
16.    Libérer immédiatement et sans conditions toutes les personnes  civiles  et militaires arbitrairement détenues dans le faux complot contre la sureté de l’Etat et les  réhabiliter dans leurs droits
17.    Engager rapidement les reformes constitutionnelles et institutionnelles, et prendre les dispositions idoines pour garantir la transparence électorale et la vérité des urnes lors des prochaines consultations électorales
18.    Restituer aux femmes du Grand marché de Lomé les fonds confisqués illégalement par l’ANR, et ordonner le paiement des retenus illégaux prélevés à la source par les services judiciaires sur les dépôts des épargnants de Re-Démarre, Karuis, Christitex, et autres victimes des actes de prédation des services publics
19.    Engager une lutte vigoureuse contre la corruption, le détournement des deniers publics et l’enrichissement illicite.
20.    Engager une politique  d’aménagement des espaces verts  dans toutes les agglomérations du Togo

Il y a un an de cela, que du haut de cette même tribune nous avions fait un véritable plaidoyer pour l’amélioration de la condition de la femme togolaise. Force est de constater qu’aucune réponse conséquente n’a vu le jour jusqu’à présent dans le sens de cette amélioration. Nous espérons que dans la tourmente politique actuelle de la CNDHGATE, Faure GNASSINGBE saura porter une attention particulière à notre cri de cœur.
Le cas échéant, à l’instar d’Angela Davis, nous braverons tout ce qui fait obstacle au respect des droits humains et à la justice sociale pour que plus jamais au Togo, ne soit versée quelque larme désespérée ou goutte de sang innocent sur la Terre de nos Aïeux !
Pour Femmes Solidaires, le respect des droits humains de même qu’une amélioration conséquente de la condition des femmes et leur implication effective dans les pôles décisionnels, constituent indéniablement les conditions préalables à l’édification de la paix et de la sécurité dans le monde. Ce n’est qu’à cette condition que la solidarité et la prospérité partagée pour tous deviendront grâce à l’Amour, des réalités quotidiennes au cœur de notre monde plus que jamais en quête accrue de sens, de valeurs, de liberté et de mieux être.
Bonne fête à toutes les femmes du monde, et puisse se mettre en marche à l’unisson toutes les femmes togolaises pour que rompent les chaînes de l’oppression de la Terre de nos Aïeux !

Fait à Lomé le 8 Mars 2012
LES FEMMES SOLIDAIRES