Le gouvernement avait pourtant interdit tout rassemblement dans la capitale burundaise ce jeudi, et les forces de l'ordre ont été déployés en grand nombre pour faire respecter cette interdiction. Mais très vite, elles ont été débordées par la population sortie par plusieurs dizaines de milliers pour accueillir celui qui est devenu en l'espace de quelques semaines un héros national, le directeur de la radio publique africaine, Bob Riburika. Jamais par le passé, Bujumbura n'a connu une telle manifestation. Cela témoigne des frustrations encaissées depuis de longues dates par la population qui est fatiguée par la gouvernance actuelle. " J'ai presque 50 ans, et je n'avais jamais vu rien de tel, même quand Ndadaye avait gagné les élections en 1993...Nous sommes sortis pour dire non à l'injustice, pour dire non au troisième mandat de Nkuriziza. Qu'il s'en aille.  Nous voulons le changement. Nous n'avons plus peur, c'est l'heure du changement. Quelque chose est en train de se passer dans ce pays. Trop c'est trop. Les choses peuvent changer à tout moment. Quelque chose a changé aujourd'hui au Burundi." A lâché un manifestant très ému et se sentant libérer du joug de la dictature. Plusieurs observateurs prédisent des lendemains difficiles pour le pouvoir de Bujumbura dans son projet de modification de la constitution dans le but de briguer un troisième mandat. "La population à travers cette mobilisation de ce jour vient de donner un avertissement au gouvernement. Il doit le prendre au sérieux sinon le pire peut venir très vite. Vous voyez que les policiers ont été débordés par la foule massée sur plusieurs kilomètres. C'est fini la peur dans ce pays" a indiqué un responsable de la société civile burundaise. 
Pierre Nkuriziza boucle cette année son deuxième mandat de cinq ans à la tête du pays, mais manoeuvre pour sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel en vue de rempiler. Projet auquel s'oppose l'opposition et la société civile. Pas plus qu'hier, il a limogé le Chef du service des renseignements et ses deux adjoints qui lui ont demandé ouvertement de se retirer du pouvoir à l'issue de son second mandat. La démonstration de ce jour constitue une bouffée d'oxygène pour l'opposition. Comme quoi le peuple seul dépositaire de tout mandat électif au Burundi est en train de prendre ses responsabilités.

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