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Haiti.....Les émeutes de la faim, avaient avec acharnement ciblé également Préval et Alexis

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dimanche, 11 mai 2008 08:26

Haiti.....Les émeutes de la faim, avaient avec acharnement ciblé également Préval et Alexis

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 Bonsoir chers auditeurs. Vous écoutez sur les ondes de Radio FMliberte, l’émission Actualités Politiques, Grandes lignes, animée par Robert Bénodin (RB).

 

Nous avons avec nous, sur les ondes de Radio FMliberte, Pierre Robert Auguste (PRA), de l’Association des Entrepreneurs de l’Artibonite. Le sujet, commentaires et réflexions sur l’actualité politique.

 

Pierre Robert Auguste, nous vous souhaitons la bienvenue sur les ondes de Radio FMliberte.

 

RB : Les émeutes de la faim, avaient avec acharnement ciblé également Préval et Alexis. Cependant, Préval ne nous a offert qu’une solution politique à la crise, la tête d’Alexis, et des déclarations d’intention. Le calme est de fait revenu.

Est-ce une trêve ou la fin des hostilités ?  

PRA : En effet, c’est une crise politique très délicate qui demande beaucoup d’habileté. Malheureusement on ne retrouve pas sur la scène politique des hommes ayant de telle habileté pour faire face à la situation. Monsieur Préval ne jouit pas encore d’un leadership convainquant pour pouvoir entraîner le pays vers la solution définitive à la crise structurelle que connaît l’Etat haïtien depuis plus de 20 ans. Ce serait pour monsieur Préval de savoir comment dégager un consensus national et même de la Diaspora. Je n’aime pas trop ce vocable, Diaspora. Malheureusement on n’est pas à cette phase là. Cependant, Monsieur Prévale a désigné Monsieur Ericq Pierre pour remplacer Monsieur Jacques Edouard Alexis. La situation ne semble pas s’éclaircir pour autant. Car au niveau du parlement, on commence par pauser les mêmes questions qui ont valu la défection  et la défaite de Monsieur Ericq Pierre en 1997. Hier le sénateur Anacacis a posé le problème contestant même certaines irrégularités à des pièces déposées par les avocats de monsieur Ericq Pierre. Donc le pays est dans l’attente. La crise se prolonge. Le pays est fatigué. Il nous faut trouver une solution rapide, pour combler le vide de l’Etat. Donc nous attendons ce qui va sortir de la commission bicamérale chargée d’étudier les pièces déposées par Monsieur Ericq Pierre. Nous attendons les réactions des deux branches du parlement. A savoir, le Sénat dont 8 membres ne pourront plus siéger à partir du 8 mai 2008 à minuit, et la chambre des députés, qui annonce les couleurs. Il y a des blocs parlementaires qui se forment. Peut être dans la perspective de pouvoir partager, le gâteau. Je veux dire par là la formation ministérielle. Nous autres citoyens conscients, nous sommes très inquiets de la tournure que prend la crise du pays. Alors que sur le plan économique, la situation est pire. Et tend à empirer.

 

RB : Face aux cris et gémissements des masses venant de tous les coins et recoins du territoire et le constat de la précarité des conditions inhumaines qu’endurent les plus vulnérables, qu’est-ce qui expliquent l’indifférence, l’immobilisme et le laxisme du gouvernement Préval/Alexis ? 

 

PRA : Le laxisme et l’immobilisme du gouvernement Préval/Alexis pourraient se comprendre de cette manière. D’abord, Monsieur Préval est comme Monsieur Aristide, un mégalomane. C'est-à-dire il est un mégalomane introverti, alors qu’Aristide est un mégalomane extraverti. Monsieur Préval a voulu avoir le contrôle de ce gouvernement, ne laissant aucune marge de manœuvre à son premier ministre. Nous avons des informations qui confirment que ce ne serait pas son choix initial, lors de sa réélection. Il a toujours voulu porter son dévolu sur Ericq Pierre. Et que le choix de Monsieur Alexis lui avait été imposé. En ce sens que Monsieur Préval a toujours voulu avoir le contrôle du gouvernement, empêchant aux ministres de fonctionner. Il s’en est produit un cafouillage au sein du gouvernement. Les ministres vont chacun dans leurs directions. Il n’y a pas eu de coordination. Le ministre Laurence Lassegue en a parlé hier, au cours d’une conférence de presse, pour dénoncer le manque de coordination du mécanisme d’évaluation et de conciliation au sein du gouvernement. Donc pour moi c’est ça le problème. C’est ce qui explique l’immobilisme. On a un gouvernement qui n’a pas pu gouverner à cause de l’attitude du président à garder la main mise sur toutes les décisions. Contrairement à toutes les attentes, Monsieur Alexis n’a pas su faire preuve  de caractère pour imposer une ligne à son gouvernement. Il a préféré observer un profil bas, pour éviter tout conflit avec le président de la République Monsieur René Préval. D’une manière générale il manquait aussi au sein de la formation ministériel de Monsieur Alexis des hommes et des femmes vraiment d’Etat, capables de prendre certaines initiatives. Et surtout de conduire des études prospectives, tournées vers l’avenir, pour déterminer les causes des problèmes et apporter des solutions, et prévenir ce qui s’est passé au début du mois d’avril. C'est-à-dire les émeutes de la faim, téléguidées par des politiciens sans foi ni loi.  

 

RB : Comment peut-on donner la prépondérance à l’équilibre macroéconomique, dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère, quand les plus vulnérables sont réduits à manger des galettes de boue ?

 

PRA : C’est effectivement le plus grand drame de notre pays Haïti. C’est que nos hommes politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, refusent d’avoir une approche différenciée. C'est-à-dire axée sur les problèmes actuels du pays. Et autant que possible essayer de trouver des solutions dans la concertation la plus parfaite, en engageant un dialogue social, franc, profond, pour associer les citoyens à la résolution des problèmes économiques et sociaux qui se posent. Malheureusement, la solution n’étant pas différenciée, nos hommes politiques se tournent vers la solution la plus facile, celle proposée par la communauté internationale. Aujourd’hui nos devons tirer la conclusion et la leçon, que cette approche n’est pas efficace. Il nous faut avoir ce regard intérieur. C'est-à-dire, nous devons nous appliquer à regarder nos problèmes, tels qu’ils sont. Et à essayer de trouver les solutions. Car aujourd’hui, les problèmes économiques d’Haïti qui font de lui le seul PMA de la région, sont totalement différents des autres pays. Il faut ce que j’appelle, une forme d’haïtianisation des problèmes haïtiens, pour trouver des solutions appropriées, capables de permettre au pays de dégager une croissance vraiment soutenue. Que l’entrepreneurship soit libéré. Que le pays commence à produire à la satisfaction des besoins de la population.       

 

RB : Certes la cherté de la vie est un phénomène global. La faim frappe les pays les plus pauvres et particulièrement ceux où les Etats sont en faillite. Nos paysans ont été frappés par 4 intempéries au cours de l’année 2007. Ayant au plus haut sommet de l’Etat des agronomes. Les archives de Damien ayant depuis plus de 40 ans les moyens, procédures et interventions par lesquels on est intervenu avec succès dans le passé pour redémarrer la production agricole.

Pourquoi Préval et Alexis ont-ils refusé d’intervenir ? Craignaient-ils de provoquer le déséquilibre macroéconomique ?   

 

PRA : En effet, le problème qui se pose aujourd’hui remonte à plus de 30 ans. Durant les années 80, je me rappelle, le président d’alors Monsieur Jean Claude Duvalier avait prononcé ce qu’on avait appelé le « Cri de Damien », pour dénoncer les structures surannées du pays. Depuis lors il y a une crise structurelle dans le pays sur laquelle refuse de se pencher l’intelligence du pays. C’est là l’une des plus grave lacune de ce pays. On n’a pas ce qu’on appelle une intelligence nationale, qui s’attelle à étudier les problèmes, à proposer des solutions et surtout à faire des recommandations pour une articulation des différentes interventions de l’Etat.

Après la chute de Jean Claude Duvalier, le pays a été pris en charge par l’aide internationale. Etant donné qu’il y a un flux d’aide internationale, les gens refusent de voir la gravité du problème. Depuis lors, l’un des paramètres du problème est, qu’on a une surpopulation qui dépasse de loin la production du pays. Sur un nombre X d’années ça a aggravé la situation.

D’un autre coté, il y a le mouvement de mondialisation, malheureusement, l’entrepreneurship haïtien, n’a pas pu faire face. Il y a eu, à un certain moment dans le système économique, toujours un Etat bon papa. C'est-à-dire un président fort qui intervient en faveur de la classe économique pour garantir certain monopole. Mais quand il s’agit de la concurrence du marché, la classe entrepreneuriale haïtienne n’a pas pu faire face à la situation. Et on a assisté à la disparition de beaucoup d’entreprises haïtiennes de 1986 à nos jours, la SODEXOL, l’Aciérie d’Haïti etc. Le système de production du pays a été remis en cause par la concurrence.

En matière d’entrepreneurship là où il y a des difficultés, il y a aussi des opportunités. Au lieu de saisir cette opportunité, la classe entrepreneuriale haïtienne a préféré choisir la solution les plus facile. C'est-à-dire investir dans le commerce, importer beaucoup plus de la République dominicaine, au lieu de penser à produire. Dons c’est la situation qui s’est aggravée. La classe économique s’est repliée sur le même système qui a prévalu du temps de la colonie et de la spéculation. Il n’y a aucun système de crédit, aucun système de financement qui pourrait permettre à une nouvelle classe d’entrepreneurs d’émerger. De permettre au pays d’avoir un système de production centré sur les besoins, pour répondre aux besoins de la population.

Donc la situation est celle-ci, une classe d’entrepreneur qui était incapable de fonctionner sans la protection de l’Etat, sans le monopole, se trouve face à la concurrence étrangère. Il n’y a pas vraiment une politique économique nationale qui embrasse tous ces problèmes. 

 

RB : C’est un fait connu que les pressions de la désertification et de la famine sont plus prononcées dans le Département du Nord-ouest. En tant qu’homme de terrain et observateur expérimenté, qu’est-ce qui explique que ce soit aux Cayes que les émeutes de la faim aient fait irruption ?

 

PRA : Je crois que si les émeutes ont pu débuter dans une ville où la situation économique était la moins aigue, c’est en la faveur des manipulations bien avant les émeutes. Deux semaines avant, il y a eu une succession de visites de leaders lavalas connus pour leur aptitude à provoquer la violence dans le Département du Sud. Cela n’a étonné personne que les émeutes aient démarré aux Cayes au lieu d’une autre zone du pays. Ces émeutes ont été téléguidées. Mais je crois qu’il y a un prix à payer aussi, lorsqu’on veut assumer certain leadership national et que l’on provoque dans un pays un tel désastre. C'est-à-dire les conséquences économiques sont très lourdes. Je crois qu’il y a un prix à payer. Les gens conscients de ce pays doivent tirer la leçon, qu’il y a des hommes qui ne sont pas aptes à assumer la direction du pays. Et contre ces gens là il faut orchestrer toute une réaction citoyenne, pour porter les citoyens à bien choisir désormais. Pour que nous ayons un autre Etat. Un Etat qui soit moralisé. Une société qui soit humanisé. Et aussi une économie qui soit modernisée. 

 

RB : Après les Cayes, les émeutes de la faim ont presque simultanément embrasé plusieurs villes importantes et particulièrement la capitale. La spontanéité est généralement inadmissible comme explication scientifique des mouvements de masse, telles que les émeutes de la faim.

La répercussion presque simultanée des émeutes de la faim dans toutes ces villes, est-elle due à une coordination ?  

 

PRA : Ce qu’on doit dire, c’est qu’il y a une certaine intelligence de la part des manipulateurs. Ils ont saisi le bon moment pour provoquer les émeutes. Par exemple aux Gonaïves, on n’a pas vu les mains qui ont agi. On a même acheté, dit-on, un cadavre pour le jeter à l’intérieur de la ville, pour soulever la réaction et l’indignation de la population. A Petit Goâve, c’est à peu près le même scénario. Il y a eu des meneurs pour inciter les gens à sortir dans les rues. C’est ça la situation.

Je crois aussi que le gouvernement a été assez maladroit. Parce que il y a eu des signes annonciateurs, 6 mois ou 8 mois à l’avance. Au point où la situation était si critique, qu’il y avait une rareté numéraire. L’argent ne circulait pas. Les prix augmentaient. Les gens commençaient à se plaindre. Le gouvernement n’étant pas à l’écoute de la population. Donc il est tout à fait normal que les réactions se sont déclanchées de cette manière. Et ont fait boule de neige. C’est la situation qu’on aura toujours à déplorer dans ce pays. Parce que nos dirigeants refusent d’avoir ce qu’on appelle la prévisibilité, de pouvoir détecter les signes avant-coureurs d’un problème, avant que la catastrophe n’arrive à se produire. 

 

RB : Les forces de l’ordre ont affiché une totale indifférence quant à leur obligation de protéger les vies et les biens de la population. La réaction tardive des forces de l’ordre a entraîné des dégâts irréparables, aux Cayes, à Petit Goâve, à Jacmel, aux Gonaïves, et à Port-au-Prince.

Cette indifférence et cette passivité totale, viennent-elles de la manifestation d’une volonté politique d’abstention de la part du gouvernement ?     

 

PRA : Je crois que le premier signe qu’on doit percevoir à travers l’indifférence des forces de l’ordre et leur lenteur à réagir lors du déclanchement des manifestations. Cela traduit une certaine insatisfaction au sein du corps de la PNH. Je crois aussi que le gouvernement aurait intérêt à mener une enquête profonde sur cette situation, pour fixer les responsabilités. Il est vrai que si les forces de l’ordre avaient réagi dès les premiers moments, on n’aurait pas comptabilisé autant de pertes, et surtout à Port-au-Prince.

Donc on peut dire dans ce cas, cette insensibilité, cette lenteur avoisine une forme de complicité. Et l’Etat a intérêt à reconstituer la chaîne de complicité. Et prendre les mesures qui s’imposent, parce que la Police est là pour protéger et servir. Elle n’est pas là pour faciliter, ni le désordre, ni le pillage, ni la catastrophe.    

 

RB : Le gouvernement refuse catégoriquement de dédommager les victimes des émeutes de la faim ?

Pensez-vous que ce comportement encourage l’investissement ?

 

PRA : Ce comportement est loin d’encourager les investissements. Cependant il nous faut reconnaître une chose. Que la faiblesse et la précarité des moyens de l’Etat ne lui permettraient pas de dédommager les victimes. J’estime qu’il y a des mesures compensatoires qui peuvent être prises pour permettre aux entreprises victimes, par le biais de crédit dépôt de pouvoir relancer les activités, d’empêcher qu’il y ait des gens qui arrivent à souffrir du chômage et de la précarité de la situation.    

 

RB : Les attaques très agressives qui ont ciblé à la fois, des édifices publics surtout à Port-au-Prince et des bases de la Minustah, aux Cayes, à Petit Goâve et à Carrefour, sont très significatives.

L’inquiétude de Lula, président du Brésil, qui craint que la Minustah ne soit pas perçue comme une force répressive, protégeant un gouvernement totalement indifférent au bien-être de sa population, n’est-elle pas justifiée ?    

 

PRA : En effet, je crois que ça a été une réaction très intelligente de la Minustah de ne pas tomber dans le piège qui a été tendu. Car il y a aussi une lutte sourdre pour la conquête du pouvoir. Il y a beaucoup de secteurs qui pensent que la Minustah peut représenter un obstacle majeur à leur tentative d’assauter le pouvoir politique dans les prochaines élections étant assuré de disposer des moyens de pouvoir détourner, comme par le passé, les opérations électorales à leur profit.

Ils ont voulu ébranler la Minustah. Ils ont voulu faire peur. Ils ont voulu aussi lancer une mise en garde à des éventuels concurrents, ou des adversaires, pour leur faire savoir que si dans une compétition électorale, vous vous avisez de vous mettre au travers de nos intérêts. Nous avons la capacité de déclancher une machine infernale pour vous broyer la vie.

Donc voilà le message indirect et clair que les meneurs de ce mouvement, ont voulu adresser à certains secteurs, particulièrement au premier ministre à qui on prête des velléités de vouloir se présenter comme candidat à la présidence. Ce qui est son droit. D’autant qu’il y a deux sénateurs qu’on croit aussi avoir les mêmes intentions. Donc il faut aussi y voir une certaine guerre pour la présidence du pays.

 

RB : La rapidité avec laquelle les autorités internationales se sont précipitées vers Haïti, immédiatement après les émeutes de la faim, est symptomatique d’un fait qu’elles sont inquiétées par la gravité et l’urgence du moment et surtout par un certain sens de responsabilité. 

Pourquoi, le milieu international insiste-t-il à remettre seulement aux ONG et au PAM, l’aide destinée à Haïti ?

 

PRA : Pendant tous ces événements, ce qui me parait curieux, l’ambassadrice américaine est le seul personnage de la communauté internationale à ne pas réagir publiquement sur les événements douloureux qu’a vécus le pays. Quant à l’orientation de l’aide internationale, même si nous croyons savoir qu’elle est inspirée par le soupçon de corruption qu’on fait peser sur les dirigeants du pays et sur toutes les classes de la société haïtienne, que ce soit le secteur privé, que ce soit le secteur public, mais je crois qu’il revient à l’Etat de prendre certaines dispositions pour que l’orientation de l’aide internationale puisse conduire au développement national.

En ce sens le ministère de la planification, qui est chargé d’avoir un contrôle sur l’action des ONG, aurait dû avoir une politique pour que l’aide internationale soit efficace et participe à la croissance économique du pays et à l’amélioration du bien-être de la population.

Donc nous revenons toujours à notre hypothèse de départ, à savoir que le pays a besoin d’hommes d’Etat qui ont du caractère, pour pouvoir faire face à la situation qui se présente et autant que possible, imposer l’intérêt général haïtien. Il nous faut donc penser au « bonheur national brut » la notion énoncée par le professeur Tinbergen. Je crois qu’il nous revient à nous tous, que nous soyons du secteur politique, du secteur économique, nous devons penser au « bonheur national brut » du peuple haïtien et pas seulement aux intérêts de notre clan et de notre personne.        

 

RB : On espérait, qu’avec un certain sens de l’urgence du moment, Préval allait annoncer, des décisions, prendre des mesures et offrir au moins un calendrier d’exécution.

Quelle est votre opinion sur ce que Prévale a offert comme déclarations d’intention ?

 

PRA : Le plus gros problème de ce gouvernement, qu’il s’agisse de Préval ou d’Alexis, nous avons deux hommes qui sont à la tête d’un pays et qui ne savent pas communiquer. Préval dirige l’Etat avec désinvolture. Et Alexis quant à lui ne réfléchit pas à l’impacte de certaines de ses déclarations. Un homme politique ne dit pas n’importe quoi. Je crois que ces deux ont un grave problème de communication. Ils ont intérêt à s’adjoindre des conseillers en communication, pour savoir que dire, comment le dire et avec quel effet. Malheureusement nous subissons  un grave problème de la détérioration du protocole de l’Etat. N’importe qui aujourd’hui, peut aspirer à n’importe quelle charge de l’Etat sans se soucier de se donner au préalable les compétences et les moyens  pour cela.

Donc c’est une situation extrêmement grave que nos dirigeants politiques ont intérêt à corriger le plus vite que possible, pour rétablir surtout sur la scène internationale le prestige d’un Etat qu’on appelle l’Etat d’Haïti.

 

RB : Evidemment, Haïti étant le pays le plus pauvre de l’hémisphère, la cherté de la vie affecte tout le monde, mais ceux sont les plus vulnérables qui sont affectés par la faim.

Pouvez-vous nous décrire succinctement le drame que vit la zone de l’Artibonite ? 

 

PRA : Dans l’Artibonite la situation est extrêmement grave. Malgré la richesse qu’il y a dans ce Département. C’est une richesse qui n’est pas exploitée. Elle n’est pas exploitée parce qu’on n’a pas d’encadrement. Il n’y a pas de crédit. Il n’y a pas de financement. Il n’y a pas de mesure, ni de mécanisme pour encourager l’entrepreneurship. Aujourd’hui il n’y a pas une banque de crédit agricole. Les entrepreneurs agricoles sont obligés de payer très cher tout ce qui doit concourir à l’agriculture. C'est-à-dire la production agricole. D’un autre coté, la vie est extrêmement chère. L’état de la route, il n’y a pas d’électricité. Il n’y a pas de moyen de communication d’une zone à une autre. La situation est grave.

Pour boire de l’eau fraîche, une personne est obligé de dépenser au moins 3 dollars par jour pour acheter de la glace. Ce qui fait 90 dollars par mois. Pour combattre les moustique, la personne est obligée d’acheter au moins tout les 3 jours un flacon d’insecticide à raison de 35 ou 30 dollars les 225 millilitres. Ça fait 350 dollars. Pour pouvoir disposer de lumière, il faut dépenser environ 15 à 25 gourdes par jour pour le gaz propane. Sans la nourriture ça fait déjà 590 dollars par mois. Alors que le salaire moyen dans les banques est de 800 dollars le mois. Vous voyez bien que la situation est extrêmement difficile.

Cependant, je crois qu’il y a quand même des opportunités. Malheureusement ni le secteur privé, ni le secteur public ne se sont jamais associés pour voir comment bénéficier du statu de PMA d’Haïti. Et avoir aussi une politique pour sortir de cette situation. Il nous faut penser à un changement. Ce changement doit venir de l’université. Il faut impliquer la réflexion, les universités, pour trouver la résolution des problèmes sociaux et politiques de ce pays.     

 

RB : Le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et pour la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP) estime qu’en 2005 le pays a régressé dans l’échelle du développement passant de 146e en l’an 2000 à 153e rang.

Compte tenu du constat des émeutes de la faim, pensez-vous qu’Haïti de 2005 à aujourd’hui ait régressé encore plus ? Si oui, pourquoi ?

 

PRA : Il y a une régression de la situation économique. Pour ce qui a trait au Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et pour la Réduction de la Pauvreté, c’est une transposition des anciennes commissions mixtes qui ont été faites entre l’Etat haïtien et la communauté internationale. Cependant la juxtaposition de certains projets dans ce document, sans une articulation adéquate, est loin d’apporter les résultats escomptés.

Etant donné que le conseil ministériel est en train de faire la promotion de ce programme qu’on appelle Programme de Croissance et de Réduction de la Pauvreté, comme toujours le gouvernement haïtien se monte bon enfant. Il se jette dans le courant sans qu’il y ait toute la cohésion nécessaire qui permet de s’assurer d’une certaine efficacité de ce programme. Je crains que le programme de croissance et de réduction de la pauvreté ne se coince pas dans le même tunnel que les membres de la communauté internationale appellent, à  savoir l’incapacité d’absorption d’Haïti. Ce qui revient à dire. Le plus souvent on a des études de projets, mais quand il faut transformer ces projets en des programmes d’action, malheureusement la compétence ne se retrouve pas. La négligence s’en mêle. Et le pays ne bénéficie pas  de l’aide internationale. Je crois qu’il y a nécessité et urgence que pour Haïti de constituer un corps d’experts. Ce qu’on appelle l’intelligence nationale. Pour voir ce qu’il y a lieu de faire. Comment le faire. Comment faire en sorte que le fruit soit partagé par l’ensemble de la population, particulièrement par ceux-la qui sont des laissés pour compte de ce pays. Je veux parler les plus pauvres.     

 

RB : A travers le DSNCRP, conçu et rédigé par le gouvernement Préval/Alexis, on évoque la Décentralisation et la Déconcentration, comme moyen d’inclusion et d’intégration. Or le régime lavalas depuis son avènement au pouvoir en 1991, jusqu'à nos jours refuse de faire les élections indirectes. Le biais par lequel le CEP permanent, la Décentralisation et la Déconcentration doivent se matérialiser.

Peut-on croire que le dire (le DSNCRP) et le faire de ce gouvernement, qui est un hybride lavalassien, seront en harmonie ?   

 

PRA : Il y a une vérité que les Haïtiens refusent de se dire. Le pays n’a pas la capacité financière et économique d’assumer toutes ces élections périodiques requises par la Constitution. D’où l’évidence et la nécessité d’opérer des changements institutionnels au sein de l’Etat pour accommoder les exigences de la démocratisation et la capacité financière et économique du pays. Je me rappelle que monsieur Edmond Mulet avait soulevé le problème avant son départ. Les Haïtiens refusent d’écouter. Ils pensent que la communauté internationale sera obligée de financer tous les 2 ans des élections en Haïti. Qui avoisineraient les 20 millions de dollars. Ça représente un coup élevé. Je crois aussi comprendre qu’il y a une tentative qui se dessine pour amener le pays à cette évidence, qu’il nous faut changer la Constitution, pour repenser les choses et repartir à zéro.

Je suis partisan du tabula rasa, à condition qu’il y ait vraiment un consensus national qui se soit dégagé, les réformes qui doivent être opérées et l’agenda de ces réformes. Nous devrions avoir le CEP permanent. On ne l’a pas encore. On a encore un CEP provisoire. Il y a une loi électorale qui traîne encore par-devant le parlement. Faut-il à chaque CEP et à chaque élection une loi électorale ? C’est la question qu’on doit se poser.

En outre d’ici 2010, il y a aussi cette perspective d’élection et enfin en 2011. Donc s’il faut 20 millions de dollars par élection et qu’on a 3 élections en perspective, il nous faut dégager 60 millions de dollars. La situation est une situation assez aigue. Je ne crois pas qu’on puisse réaliser tout ça. Je crois qu’il faudrait mieux, contrairement à ce qui est prescrit par la Constitution, dégager un consensus national, pour voir est-ce qu’il ne serait pas mieux qu’on ait désormais dans le pays des élections générales à une période bien précise. C'est-à-dire tous les 5 ans. Et à partir de ce moment là, au lieu de dépenser pendant un mandat présidentiel environ 60 à 100 millions  de dollars pour des périodiques, on aurait peut-être à dépenser que 20 à 25 millions de dollars pour des élections générales tous les 5ans. Ce qui serait à l’avantage de l’économie nationale.       

 

RB : Certains critiques insistent sur le fait que le DSNCRP, dans ses interventions pro-pauvre, a mis l’emphase exclusivement sur les effets visibles de la pauvreté. Il ne s’est pas soucié de déterminer les racines structurelles ou culturelles de la pauvreté en Haïti. Par exemple, le mécanisme par lequel la corruption alimente la pauvreté et vice versa. On n’a pas songé à établir les liens existant entre le degré de fertilité et la pauvreté, etc.

S’il en est ainsi, ne coure-t-on pas le risque de se trouver en 2015 avec une quantité incroyable de gens plus pauvres et plus frustrés ?

 

PRA : La question de la pauvreté en Haïti est une cause psychologique. Il y a une fatalité en Haïti qui laisse croire à certaines personnes qu’ils ne peuvent rien, si non qu’accepter leur sort. Je crois qu’il faut bousculer cette mentalité, pour la changer.

Pour sortir de la pauvreté on n’a pas besoin de réinventer la roue. Il y a deux choses essentielles. D’abord améliorer la productivité. Et ensuite favoriser l’initiative, les initiatives personnelles. Autrement dit l’entrepreneurship individuel. Autant que je vois, il n’y a rien qui permette de sortir de cette situation, à savoir comment sortir de cette situation de fatalité, qu’on n’a pas d’autre destin que d’être pauvre. Comment libérer les initiatives personnelles, l’entrepreneurship individuel. Pour cela il faut repenser le système économique du pays. Comment aussi arriver à remettre sur pied de vraies banques de développement à défaut des moyens de l’Etat. Il faut encourager l’initiative privée. Ce qui est fondamental, c’est de pouvoir créer des pôles de développement régional. Prenons le cas de l’Artibonite. Je suis certain que le développement économique et social de l’Artibonite, ne peut pas se faire de la même manière que celui du Nord et du Sud-est. Voilà la responsabilité du gouvernement, c’est de libérer les initiatives de façon que dans chaque Département les gens commencent par s’occuper du « bonheur national brut ». Pour arriver à créer ce « bonheur national brut » il faut la sécurité. Il faut la paix sociale. Il faut la convivialité. Il faut aussi des encouragements des mesures légales, d’initiatives qui sont prises, pour faciliter ce qu’on a toujours appelé la Décentralisation. 

 

RB : Certains critiques questionnent la pertinence des arguments du DSNCRP, sur deux aspects :

-La validité des diagnostiques réalisées en 2004, à cause du contexte politique et les conditions de polarisation qui existaient au cours du renversement du gouvernement d’Aristide.

-La participation étant limitée seulement qu’au niveau départemental, alors qu’elle aurait dû aller jusqu’aux habitations pour atteindre les plus pauvres.

 

Pensez-vous que le DSNCRP à lumière de ces critiques, soit un document valide ?

 

PRA : Le DSNCRP est originellement et intentionnellement bien pensé dans la mesure où les deux objectifs visés peuvent servir de leitmotive pour la mobilisation des ressources tant humaines que matérielles. Cependant les informations que j’ai retrouvées à travers le pays indiquent clairement, comme vous l’avez mentionné dans votre question, que la participation n’a pas été assez profonde pour toucher toutes les couches de la population, particulièrement les couches rurales les plus éloignées. Cependant il est impératif pour notre pays de savoir et déterminer quelle stratégie doit-on mettre en œuvre pour réaliser ce qu’on appelle le « bonheur national brut » de l’Haïtien. Malheureusement, ce que j’ai personnellement concernant le DSNCRP, est qu’il ne reflète que la juxtaposition ancienne des idées et des projets de l’ancienne commission mixte entre l’Etat haïtien et la communauté internationale. Nous espérons que dans le cadre de la mise en œuvre les différents acteurs, les ministères sectoriels et les intervenants sectoriels apporteront les corrections nécessaires et envisageront tenant compte des populations ciblées, en vue d’articuler les besoins, les aspirations de ces populations avec les objectifs  des différents projets qui figurent dans le cadre du DSNCRP. Nous savons très bien que c’est un projet qui est inspiré par le Fond Monétaire International, constatant les rigueurs des politiques d’ajustement structurel et encourage les différentes étapes à adopter cette stratégie pour surtout associer l’ensemble de la population à la résolution des problèmes économiques.

 

RB : Ce que Préval avait voulu accomplir depuis le 14 janvier 2008 est arrivé 5 mois plus tard, le 8 mai 2008, la caducité du tiers du Sénat. C’est la fragilisation de l’institution parlementaire. Il est évident que Prévale veut remplacer tous les titulaires des postes électifs par ses hommes avec les prochaines élections.

Pensez-vous que Préval pourra traîner du pied jusqu'à la fin des mandats des 2e sénateurs, des députés et des autorités locales, pour promulguer la nouvelle loi électorale ? Ou prendra-t-il la chance de dissoudre les chambres ?

 

PRA : La dissolution du parlement sera quand même une opération extrêmement difficile. Pour réussir une telle opération, un leader politique  a besoin d’une cohésion nationale assez solide. Tel n’est pas le cas de Préval. Cependant beaucoup le soupçonnent de vouloir conduire le parlement à une situation où la seule solution qui restera, ce sera de constater le caractère inopérant du parlement. Mais encore, faut-il à Préval une grande capacité pour convaincre la nation qu’il va dans la bonne direction. Je crois que Préval souffre d’un déficit de confiance. On n’a pas suffisamment de confiance en Préval pour lui permettre de réaliser une opération aussi délicate et aussi risquée.

Cependant ayant le contrôle du CEP, organisant les prochaines élections face à des partis politiques de plus en plus faibles, on peut présumer que Préval pourrait avoir la latitude d’imposer des sénateurs dévolus à sa cause. Car aujourd’hui la crise qui s’est aggravée montre clairement dans la réalité que les partis politiques, ne sont pas seulement faibles, mais encore souffrent d’un problème de discipline. Car on constate qu’un parlementaire élu sous la bannière d’un parti politique, prenant parfois des positions contraires non seulement à la philosophie du parti, mais encore aux recommandations faites par la direction du parti. Nous sommes à une phase très critique des notre histoire. L’avenir est très sombre. Il ne reste qu’un sursaut national de conscience patriotique pour sortir ce pays de ce bourbier afin que nous puissions retrouver la voie de l’unité et surtout la solution des changements nécessaires qu’il faut opérer immédiatement pour réhabiliter et restaurer le prestige de l’Etat Haïtien.

Pour cela il faut un consensus national. Je crois que nous devons nous résoudre à accepter l’évidence. A savoir qu’il nous faut repartir à zéro. Repenser la Constitution. Nous demander faut-il bien avoir ce régime de parlementarisme libertaire tel qu’il est dans la Constitution. Ou faut-il nous réorienter vers un régime présidentiel, mais contrôlé par un parlement plus ou moins fort. Ce sont autant de questions que la nation a intérêt à soulever et à trouver des réponses pour qu’on puisse rebâtir un nouvel Etat, créer une nouvelle société et aménager aussi une nouvelle nation.

 

RB : Voilà la liste non-exhaustive des problèmes que Préval est en train de jongler:

 

-Le déclin rapide des conditions de vie après les émeutes de la faim,

-L’augmentation de la cherté de la vie,

-Plus de 75% de taux de chômage,

-La stagnation chronique de l’économie empirée par le pillage,

-L’échec immédiat de ses déclarations d’intention pour baisser le prix du riz,

-Le vote de censure du Sénat contre Alexis imputé à Préval,

-La fragmentation de LESPWA, comme mouvement politique au pouvoir,

-La désignation du premier ministre et les difficultés de sa confirmation,

-L’adoption du 1er programme de gouvernement depuis 2 ans, basé sur le DSNCRP,

-La caducité d’un tiers du Sénat, le 8 mai 2008,

-La difficulté d’adoption du projet de loi électoral par le parlement,

-La pression extraordinaire du milieu international (les pays tuteurs),

-Le ras-le-bol exprimé en privé à son endroit par les ambassadeurs de ces pays.

 

Pensez-vous que Préval s’en sortira ? 

 

SRB : Ce qui est certain, c’est que la méthode de gouvernement de Préval est d’une ambiguïté. C’est une méthode qui est loin d’être efficace. Il doit s’en rendre compte. Et vu la pression internationale qui veut qu’Haïti se dirige vers un changement durable, obligera Préval à réviser sa politique. A mon sens Préval n’a jamais opté pour l’existence ou la constitution d’un parti politique qui s’appelle LESPWA.

Préval a eu des réactions primesautières qui montrent qu’il est déterminé même dans ses erreurs. Il a plutôt dans son esprit, à faire surgir sur la scène politique, le parti politique « Kose Pèp ». C’est pour moi le sens significatif de la présence d’un des promoteurs de ce mouvement lors de sa dernière conférence de presse qui a succédé aux émeutes de la faim à Port-au-Prince, aux Cayes, aux Gonaïves et dans les autres villes comme Petit Goâve.

L’important pour les hommes politiques haïtiens aujourd’hui, comme pour Préval en particulier, c’est de se rendre compte qu’aujourd’hui, on doit trouver, une méthode moderne de gouvernement, tenant compte des impératifs des exigences de la communauté internationale, tenant compte des données de la géopolitique, tenant compte aussi des aspirations du pays,  des Haïtiens et des Haïtiens qui vivent à l’étranger.

Les Haïtiens ne doivent pas oublier une chose. Que la crise qui est attendue de Cuba, aura des répercutions extraordinaires sur le devenir d’Haïti, en ce qui concerne principalement le volume d’aide qui jusqu'à  pressent est charrié vers Haïti pour lui permettre de faire face à ses problèmes, les crises aigues comme les problèmes de la faim et de la famine qui menace ce pays. Pour cette raison on accepterait difficilement, surtout les tuteurs, que la politique haïtienne soit dévoyée à un point tel, que l’anarchie devienne une institution, un mode de vie et un système de gouvernement. Si les Haïtiens ne sont pas capables de bien gouverner leur Etat, on finira par leur imposer un mode de gouvernement étranger plus direct. A ce moment là ce ne sera plus l’occupation déguisée. A ce moment là l’occupation deviendra plus directe. On aura à la tête des ministères des étrangers. On aura un gouverneur, mais pas un représentant du Secrétaire Général de l’ONU. Je crois qu’on doit faire bien attention à cela. Nous devons, nous convaincre qu’il est temps de mettre fin à nos turpitudes, de continuer à faire mal les choses. De nous déterminer de manière rationnelle, de façon à recouvrir notre statut de pays membre de la communauté internationale qui désormais s’astreint à respecter les normes. C'est-à-dire la bonne gouvernance politique, la bonne gestion financière, la bonne gestion économique et surtout la solidarité sociale.            

 

RB : Le premier ministre, peu importe qui il est, aura à faire face à des problèmes énormes. Ceux qui ont emporté Alexis.

Vu les modifications qui devront être apportées au DSNCRP pour le rendre fonctionnel. Combien de mois pensez-vous qu’il faudra ?   

 

PRA : Je doute de la viabilité et de la durabilité du prochain gouvernement, s’il n’y a pas un franc consensus national autour de la façon que désormais la nation doit être gouverné. D’abord il faut remettre en question l’attitude des parlementaires qui jusqu'à présent ne s’élèvent pas à la dimension des prérogatives, de leurs privilèges et de leurs responsabilités.

D’un autre coté, il y a le fait que l’on ne doit pas ignorer qu’Haïti n’a pas suffisamment de ressource. Il est dépendant. Il doit compter beaucoup sur l’aide internationale. Il est difficile pour quelqu’un de vouloir et le beurre et l’argent du beurre.

Quant à ceux-la qui dénoncent une certaine politique néolibérale, dont on ne voit pas vraiment et très clairement les grandes lignes de cette politique néolibérale. A moins qu’on prenne pour politique néolibérale, la nécessité de mettre de l’ordre dans le budget du pays. D’exercer des éléments de contrôle sur la monnaie nationale. Cependant, il y a des problèmes structurels, des problèmes importants auxquels il faut trouver des solutions immédiates. C’est d’abord les problèmes d’inégalité économique, les problèmes de l’absence de financement, les problèmes de l’organisation du crédit. C’est le problème de la mauvaise répartition des richesses nationales. C’est aussi l’absence de pôles de développement dans les différentes régions du pays qui provoque une sorte de concentration au niveau de Port-au-Prince, au niveau de certaines villes qui sont les chefs lieu des Départements qui subissent une forte exode rurale.      

On a intérêt à poser le problème de réaménagement de l’espace de cadre de vue de façon, où qu’il soit l’Haïtien doit se sentir à l’aise, ayant à sa porté certaine facilité. Et que à ce moment là, les habitants doivent être motivés par l’exploitation des ressources de leurs potentiels. Comme je l’ai mentionné, il sera difficile de concevoir le développement du Département du Nord-ouest de la même façon  qu’on le voudrait pour le Département de l’Artibonite. Il nous faut créer ces pôles de développement en exploitant toutes les techniques disponibles pour la décentralisation. Encore que la décentralisation ne soit pas parfaite, pour qu’aujourd’hui ce que nous appelons le bien-être économique et social soit organisé dans quelque soit l’espace urbain ou rural.    

 

RB : Le début du mois de septembre, la rentrée des classes, sera le teste acide pour le premier ministre, ainsi que Prévale.

La marmite étant en train de bouillir depuis le début d’avril, s’il n’y a pas de changement substantiel dans la crise alimentaire en septembre, qu’adviendra-t-il ? 

 

PRA : Il sera difficile d’opérer un changement dans le pays dans un temps aussi court. Mais ce qui est important, pour le gouvernement est de trouver un moyen de redonner espoir. De convaincre les gens qu’il y a une nouvelle politique. Cette nouvelle politique qui prendra compte des besoins de la population. Je crois que cela peut retarder l’effet de la grande explosion qu’on prédit en Haïti. Et qui permettra sur ces entrefaites aux différents acteurs de résoudre définitivement le problème, si vraiment ils sont conscients de la gravité de la situation. Le premier ministre de ce gouvernement qui aura été mis en place bientôt et le chef de l’Etat doivent se mettre d’accord avec la nation sur les réformes institutionnelles qui deviennent comme un impératif national afin de tourner le pays vers la dynamique du changement.

Si on ne le fait pas. Si Préval n’est pas conscient aujourd’hui que le reste de son mandat doit être consacré à cette œuvre patriotique de magnanimité extraordinaire et fantastique, je crois qu’il poussera le pays  vers une aventure dont nous ne pouvons prévoir les conséquences. Si non ce sera une catastrophe pire que toutes celles que nous avons connues précédemment.   

 

RB : Avec 56% de la population vivant avec moins de $1.00 par personne par jour, en dessous de la ligne de pauvreté extrême.

Il y a-t-il quelque chose que Préval et son premier ministre pourront faire en 90 jours pour éviter les prochaines émeutes de la faim ?

 

PRA : La seule chose qui est importante, qui est nécessaire et qui est urgente, c’est de pouvoir mobiliser la solidarité nationale. Pour avoir cette solidarité nationale, il faut pouvoir susciter un certain sentiment chez les différents hommes et femmes qui se reconnaissent encore comme étant des Haïtiens. Ça demande une toute autre politique. A ce moment là, il faut se tourner pour engager un dialogue national, social très profond, particulièrement avec les Haïtiens qui vivent à l’étranger pour leur demander de répondre à des appels à des propositions où commencera le développement régional, départemental ou local.

En ce sens, il faudrait pouvoir créer le sentiment d’appartenance et surtout cette forme d’affiliation à une identité très profonde, très locale, comme les différentes sociétés haïtiennes qui vivent à l’étranger. Ce que je veux dire par là. Il faut être capable de réunir et de regrouper tout les gonaïviens dans le cadre d’un même projet, tous les portdepaisiens dans le cadre d’un même projet. Et peut-être dan le cadre départemental tous les artibonitiens, et tous les gens de Sud-est, tous les gens du Nord pour les pousser à prendre en main le développement de leurs communautés d’origine.

Je ne crois pas que l’aide internationale suffise, même si elle est importante, même si elle est nécessaire, à résoudre l’ensemble des problèmes du pays. Il y a un problème qui est plus fondamental, qu’aucune aide internationale ne saurait résoudre, c’est le problème de la cohésion nationale. Pour cela il faut qu’il y ait un déclique, un sentiment d’appartenance, une prise de conscience. Il n’y a pas d’autre moyen de réaliser que de le fonder sur une solidarité sociale aussi large que possible. Ce qui permettrait à l’Haïtien de résoudre sa crise identitaire, dont il souffre un peu partout à travers le monde y compris à travers le pays.

 

RB : Compte tenu de ce que vous venez d’avancer comme conseil, que faites-vous du sentiment xénophobe développé par les populistes qui sont aujourd’hui au pouvoir et qui voient le pays en Diaspora et gens de l’intérieur ?

 

PRA : C’est très mal penser le problème. Ce qui est important aujourd’hui, c’est de pouvoir rassembler tous les Haïtiens autour d’un grand destin. Ce grand destin doit être, la reconstruction du pays, son développement harmonieux, et aussi la récupération de l’autonomie. Pour être autonome, il ne s’agit pas de se montrer arrogant. Mais plutôt de sortir de l’inconduite, d’avoir une conduite qui soit une conduite humaine, expressive par une sorte de sensibilité sociale. Il est temps que les Haïtiens soient sensibles à leur environnement, à leur société et à cesser de nourrir une vielle mentalité tirant de gloire de la misère des autres, sachant que par là, il s’assure une certaine supériorité. Il nous faut surtout une forme de magnanimité, une sorte de grandeur d’âme, pour nous montrer que nous sommes capables de résoudre les problèmes qui concernent notre environnement, en ayant surtout le souci de la solidarité. C'est-à-dire, là où il y a l’ignorance nous apporterons la connaissance. Et à partir de ce moment là, nous allons retrouver ce sentiment de civilité qui fait en sorte qu’il n’y ait pas des Haïtiens, noirs ou mulâtres, des Haïtiens paysans ou citadins, des Haïtiens de l’intérieur ou de la Diaspora. Il y a un seul Haïtien uni à un idéal de grandeur. C'est-à-dire de solidarité, de fraternité. Et surtout de volonté de progrès économique et social. L’Haïtien est aussi éligible au progrès de la grande civilisation moderne comme n’importe quel autre peuple. C’est ce dont nous devons nous convaincre. C’est ce message qu’il nous faut disséminer à travers  la population, pour que l’Haïtien cesse de regarder vers la terre, mais plutôt vers le ciel, là où il y a la lumière, là où il y a la gloire, là aussi il y a la postérité.            

 

RB : Compte tenu de la tension politique et de la volatilité de la conjoncture, quels sont vos pronostics à court et moyen termes ?

 

PRA : Le pronostique est très très sombre. Si rien n’est fait pour recoudre le tissu social. Si rien n’est fait pour astreindre l’Haïtien à une logique de solidarité sociale. Si rien n’est fait pour refonder et consolider la cohésion nationale. Je crois que nous risquons de perdre ce pays. Et nous le perdrons à la suite d’une grave catastrophe qui engloutira des millions de vies humaines.  

 

RB : Je vous remercie pour votre brillante participation à notre émission. Nous espérons pouvoir vous inviter bientôt.

 

PRA : C’est avec plaisir. Je vous remercie surtout pour la haute qualité de vos questions. Je fais appel à tous les Haïtiens de ne pas se décourager. Au contraire de tirer une grande opportunité de ce qui se présente et de s’engager d’avantage à aider à la résolution des problèmes économiques et sociaux culturels de ce pays. Parce que Haïti restera toujours, que nous le voulions ou pas, notre seul pays, notre seul référence et notre seul gloire. A bientôt. 

 


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