il avait été dépêché en Kamikaze pour barrer la voie au jeune Obama, déclarait impromptu que s’il (Obama) était noir, il n’était pas pour autant ce genre de noir comme lui. Ces origines mixtes (son père étant Kenyan et sa mère blanche du Kansas) ne lui permettait pas de représenter la vaste majorité des Africains Américains qui, eux ont vécu la discrimination, les préjugés néfastes des autres communautés et l’esclavage dont ils sont les héritiers. Nous avions pensé en ce moment que c’était les propos d’un politicien illuminé et d’un mauvais perdant pas très fair play.

        Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’année.

Il semble que le nom que porte le Sénateur Obama était prémonitoire de sa fulgurante ascension académique et professionnelle ; puisque Barack signifie en langue arabe la bénédiction, et quel africain dans son for intérieur ne croirait pas à la bénédiction de ses parents et de sa famille pour affronter les vicissitudes de la vie ?

        Premier Noir à être responsable du journal de la célèbre Université de Harvard, activiste communautaire dans le sud de Chicago aux services de ses ‘frères noirs’ du  ghetto, Obama n’a jamais rejeté ses origines blanches et africaines. Sénateur d’état (state senator) avant d’être Sénateur fédéral (U.S. senator) il y a une grande différence entre les deux, il est d’un charisme époustouflant et d’une amabilité évidente. Barack représente un espoir pas seulement pour les noirs et autres minorités mais aussi et surtout pour les blancs.

        Il n’est plus un secret pour personne que les huit années du cow-boy du Texas Georges Bush ont été un désastre pour l’image, le crédit et le poids des Etats-Unis dans le monde. Il faudra un électrochoc dans la conscience populaire américaine et mondiale pour pouvoir restaurer un début de crédibilité à ce pays

Il devient impératif que l’Amérique questionne au plus profond d’elle-même les fondements de sa démocratie, faire l’état des lieux ou les états généraux de sa société.
A revisiter les débâcles successifs de l’actuel locataire de la Maison Blanche (les multiples mensonges et reniements sur la guerre de l’Irak, les fabrications sur l’arsenal nucléaire de l’Iran, les revirements sur les accords de Kyoto pour l’environnement, son implication dans l’affaire ENRON, le mismanagement de la crise sur New Orléans et l’état actuel de l’économie pour ne s’arrêter que là car la liste est incommensurable) nous pouvons affirmer qu’il est permis à tout américain de rêver diriger ce pays aussi mieux que Bush.
                                                                                                                                                                  Ce dernier à démontrer qu’être blanc ne suffit plus pour être un bon président, que les blancs aussi peuvent être incompétents et dictateurs. Il a mis à nu les insuffisances de cette majorité qui s’était accaparer le monopole de l’exécutif américain.

        Si des minorités comme Bill Richardson gouverneur de New Mexico (Nouvelle Mexique) un latino d’origine, Patrick Devall gouverneur du Massachusetts un autre Africain Américain comme Barack Obama et cet autre congressman de Minnesota qui est de surcroît le seul musulman dans la courante législature peuvent être acceptés par une vaste majorité de blanc et soulever des foules, c’est que l’Amérique se réveil peu à peu.

        Les noirs ne représentant qu’a peine 13% de la population, il est évident qu’ils ne pèseront pas très lourd dans la décision d’élire qui que se soit. Quant aux latinos, à peine 15% de la population eux aussi ne pourront faire la pluie et le beau temps.

        Le succès de Obama réside surtout dans le support de cette nouvelle génération de jeunes blancs et blanches d’une certaine éducation et d’une certaine ouverture d’esprit que n’avaient pas leurs parents.

        Nous n’affirmeront pas ici que le racisme a disparu de la vie américaine, car il y a au jour d’aujourd’hui des personnes qui ont clairement annoncées préférer voter n’importe qui mais un noir, ce que nous pouvons affirmer cependant, c’est de dire que la nature du racisme n’est plus la même. Si hier le noir n’était pas un être ‘humain’ donc incapable d’intelligence et de savoir, ces préjugés ne sont plus de mise aujourd’hui puisque c’est connu, ce n’étaient que des préjugés racistes et franchement ignorantes. On a beau occulter la contribution des noirs dans l’essor du monde qu’elle rejaillie quelque part d’autre, mais ça, c’est un autre débat pour demain.

        Barack représente la lisière de l’acceptable pour les camps en présence.
Contrairement aux Jesse Jackson et autres Al Sharpton qui tiennent un discours effrayant pour beaucoup de blancs qui voient en ces leaders de conscience noirs des revanchards invétérés et prêt à leur rendre la monnaie du passé, Obama se veut ce noir qui dit à sa communauté de se tourner résolument vers l’avenir en s’éduquant, en contribuant pour le moins qu’on puisse le faire à l’émancipation des blacks sur la scène politique, professionnelle et économique.

        L’atout majeur du premier candidat noir à atteindre ce summum dans la course à la présidentielle américaine est l’espoir qu’il crée pour les générations de couples mixtes et à ces générations d’enfants d’immigrés qui représente une frange importante qui jusque là ne pouvaient se permettre de rêver.

        Pour notre part, nous ne supportons pas Obama parcequ’il est noir, non, loin de là. Nous n’avions pas encore oublié ce juge noir de la Cour Suprême des U.S.A., Clarence Thomas qui est devenu la honte et le cauchemar de tout les noirs qui l’ont supportés en 1991 lors de sa tumultueuse nomination, et franchement nous n’attendions pas tomber dans ce carcan rétrograde qui est de supporter quelqu’un parcequ’il est de la même couleur, de la même religion ou de la même culture, non, nous supportons le candidat qui représente l’avenir, l’espoir, celui qui défendra les intérêts de nos enfants, celui qui fera de ce pays l’Amérique de tous sans discrimination aucune.

        A notre humble avis, ce candidat est Barack Obama. Candidat de la rupture avec le statut quo, candidat du changement de cette nouvelle Amérique qui va bouleverser beaucoup d’idées reçues et influer sur un bon nombre de pays d’Europe, d’Afrique et d’ailleurs.

Que vous ne votiez pas Obama pour ces idées que vous soyez noir, blanc ou hispanique quoi de plus normal après tout c’est cela la démocratie, mais que vous ne le votiez pas parcequ’il est jeune, inexpérimenté, noir ou que sais-je encore, alors soit vous manquez de lisibilité dans les signes du moment ou alors vous manquez de courage.
Il y a des excuses à ne pas pouvoir lire dans les signes du temps, après tout il n’est pas demandé à tous d’être devin ; et si c’est un manque de courage, souvenez vous qu’aucune valeur ne vaut le courage car sans lui, aucune autre n’est possible.

Haidara Chérif  , FM Liberte
Chicago, U.S.A.