Le point culminant de la crise due à la sécheresse de 2009 semble également passé au Niger, mais le spectre de la famine continue à planer sur l'ensemble de la région, qui s'étend au sud du Sahara.
"Le pire a été évité et, avec la perspective d'une bonne récolte, nous pensons que nous seront bientôt sortis de la situation d'urgence", s'est félicité Jean-Luc Siblot, responsable de l'antenne tchadienne du Programme alimentaire mondial (PAM), joint par téléphone.
Dix millions de Sahéliens étaient menacés de malnutrition avant les récoltes, qui doivent avoir lieu dans quelques semaines, et les organisations humanitaires ont dû lancer des appels au dons pour faire face aux pénuries.
Le PAM, qui évaluait les besoins à 100.000 tonnes de nourriture, n'a pu en collecter que 70.000, faute de dons.
La raréfaction de la nourriture a contraint les éleveurs à puiser dans leurs réserves de céréales et une récolte ne sera pas suffisante pour les reconstituer, nuance Jean-François Caremel, responsable d'Action contre la faim au Tchad.
Les cultivateurs les plus modestes, poursuit-il, se sont lourdement endettés pour survivre et la récolte, qui s'annonce abondante, va faire baisser le prix des céréales. Ils devront donc vendre davantage pour combler leurs dettes.
"En fin de compte, ils seront encore à court de nourriture, même si la récolte est bonne", conclut-il.
Au Niger, la crise alimentaire est jugée plus grave cette année qu'en 2005, mais les Nations unies estiment que le pays est mieux préparé pour y faire face, en partie grâce à la coopération plus active du gouvernement.
Il y a cinq ans, le président Mamadou Tandja a minimisé les pénuries, qui ont fait plusieurs milliers de morts, jusqu'à ce que les médias en révèlent l'étendue. La junte qui l'a renversé en février en a rapidement pris la mesure.(Reuters)