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Chronique de Kodjo Epou Echec de l’Occident à l’épreuve du ...
Written by Kodjo Epou
En matière d’élection, le Togo avait besoin, cette année 2015, d’une forte implication de la Communauté Internationale. Mais les grandes démocraties sont restées muettes, inactives, laissant les Togolais seuls, sans moyens de défense, face à un parti-état brutal qui a fait feu de tout bois pour imposer son champion, Faure Gnassingbé, malgré ses dix ans de pouvoir, synonyme de chaos et de cauchemars. Pour avoir beaucoup vu un genre méprisable de démocratie marchant au rythme de fanfare militaire, les Togolais ont dix mille raisons de croire que l’hémorragie va continuer à liquéfier, après le 25 Avril, une nation qui ne croit plus aux vertus des urnes.
Celui qui paie choisit la musique . S’il est un régime en Afrique que les bailleurs de fonds occidentaux peuvent légitimement tancer et rappeler à l’ordre à cause de son refus obstiné de créer les conditions d’élections crédibles, donc d’un climat apaisé propice au développement, c’est bien celui du Togo. Ce pays vit en effet de l’assistanat, de l’aide étrangère, pendant qu’une partie substancielle des ressources propres du pays, elles, prennent des destinations inconnues, pillées à la pelle. L’imposture est tellement évidente au Togo, même retentissante, qu’on se demande si les bailleurs de fonds ne sont pas de gros naïfs qui s’investissent dans un rocher de Sisyphe. Ou alors le désordre leur profite! Jusqu'à quand, si tel n’est pas le cas, vont-ils continuer cette lamentable corvée qui consiste à remplir d’eau la jarre trouée du RPT/UNIR, quand eux-memes et le reste du monde savent que dans son état actuel, le Togo est comme « le tonneau des Danaïdes ». Un tonneau au fond percé que l’on remplit sans fin alors que son contenu est vidé au fur et à mesure par des dirigeants frivoles, dépensiers et peu soucieux du poids de leurs actes sur les épaules des générations futures.
La réalité, c’est que ces amis ( ?) du Togo, la France et l’UE en tête, ont beau financer des projets visant à soulager les populations, celles-ci continueront de croupir sous la pauvreté accablante aussi longtemps qu’un changement radical dans la gouvernance du pays n’aura pas lieu, aussi longtemps que l’alternance politique si chère aux Togolais ne prendra pas place, enfin, aussi longtemps qu’il n’y aura pas des élections qui accouchent d’un régime légal, légitime et populaire, seul moyen de doper l’enthousiame des citoyens et de donner une nouvelle impulsion à la vie nationale. On nourrit çà et là, dans les chancelleries, des visées obscures inavouables, sans guère se soucier du mieux-être, voire de la prospérité qu’est en droit d’espérer le peuple togolais. Ce peuple, depuis un quart de siècle maintenant, est obligé de traiter en position de faiblesse avec ses dirigeants, soumis d’année en année, à une horde de faits accomplis qui le déshumanisent. Il appelle au secours et, loin de baisser les bras, réclame un assainissement de la vie publique par un processus électoral juste. Doit-on rappeler la véritable foire d’empoigne qui avait débouché, en 2005, sur un carnage resté jusqu’aujourd’hui impunie, malgré les multiples rapports attestant que la tragédie avait bien pris place. Alors qu’il y a tout lieu de craindre une réédition, peut-être plus féroce et scandaleuse, pourquoi traîne-t-on ainsi des pieds ? Pourquoi n’a-t-on pas cru devoir, pour prévenir le bain de sang qui mouille chaque période électorale, moduler pour une fois le langage diplomatique? Et pourtant l’Eglise Cla non-opérationnalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles recommandées depuis août 2006 par l’APG (Accord politique global qui a apaisé un Togo qui venait d’être meurtri par la violente présidentielle de 2005). atholique togolaise a averti de l’inopportunité de l’élection présidentielle de ce mois d’avril pour “la non-opérationnalisation des réformes constitutionnelles recommandées depuis août 2006 par l’APG qui avait apaisé un Togo qui venait d’être meurtri par la violente présidentielle de 2005.”la non-opérationnalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles recommandées depuis août 2006 par l’APG (Accord politique global qui a apaisé un Togo qui venait d’être meurtri par la violente présidentielle de 2005). la non-opérationnalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles recommandées depuis août 2006 par l’APG (Accord politique global qui a apaisé un Togo qui venait d’être meurtri par la violente présidentielle de 2005). la non-opérationnalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles recommandées depuis août 2006 par l’APG (Accord politique global qui a apaisé un Togo qui venait d’être meurtri par la violente présidentielle de 2005). la non-opérationnalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles recommandées depuis août 2006 par l’APG (Accord politique global qui a apaisé un Togo qui venait d’être meurtri par la violente présidentielle de 2005). la non-opérationnalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles recommandées depuis août 2006 par l’APG (Accord politique global qui a apaisé un Togo qui venait d’être meurtri par la violente présidentielle de 2005).
Ces témoins occidentaux de la tragédie togolaise n’ignorent quand même pas que la mobilisation populaire contre Faure et son parti est bien réelle. Ils savent également que l’expression de ce ras-le-bol laisse présager que toute tentative de Faure Gnassingbé d’opérer cette année 2015 un passage en force à travers un scrutin truqué, peut faire basculer le Togo dans un chaos avec l’irruption inévitable de candidats fanatisés à qui personne ne pourra alors dénier le droit de vouloir en découdre avec un régime tortionnaire, assassin et prédateur. Au lieu de s’attaquer au mal, grâce à une diplomatie pressante capable de diminuer la fièvre qui monte, l’OIF, pour ne citer parmi tant d’autres que cet exemple tout à fait incongru, s’est fondé uniquement sur la version corrigée du fichier électoral pour annoncer joyeusement, lors de son récent séjour à Lomé, que “le fichier n’est pas fiable mais il est consensual”, c’est-à-dire qu’on peut faire avec.
Pourquoi la France et l’OIF, si ces deux partenaires voulaient vraiment aider le Togo à enfin sortir la tête de l’eau, n’avaient-elles pas jugé utile d’amener le pouvoir à accepter l’idée d’une transition ? A-t-on déjà vu au monde un pays passer d’un régime de dictature militaire à un système démocratique sans une période de transition ? NON ! Le président du fameux Réseau des compétences électorales francophones, Siaka Sangaré, connaît cette vérité dont l’universalité n’a jamais été faussée nulle part. Mais ce Malien n’a pas hésité un seul instant à « mentir à bout portant » aux Togolais, leur faisant croire qu’avec le fichier mis à jour par sa mission, « toutes les conditions sont réunies pour une élection démocratique ». Cette déclaration est une distraction autant ou presque déboussolant que celle, ô combien diffuse et moqueuse dont on nous a habitués en afrique: “il y a eu des fraudes mais elles ne sont pas de nature à influencer de façon significative les resultants”. Les mêmes occidentaux n’avaient-ils pas réagi par l’usage de grands moyens en Côte d’Ivoire? Dans le cas du Togo, on n’est en plein, depuis 1990, au beau milieu d’une confusion délibérément entretenue, qui s’apparente en fin de compte à un complot international contre les intérêts d’un peuple martyrisé depuis 1963.
Ces togolais croient que plus vite ce régime-tyran s’en ira, plus vite les esprits seront désarmés et la marche du pays vers l’ineffable enrayée. Autrement dit, toute action visant à empêcher Faure Gnassingbé de voler une fois encore cette présidentielle dont la tenue est d’ailleurs largement contestée dans le public se présente comme une tache immédiate que les Togolais, avec l’aide de la Communauté Internationale, doivent impérativement accomplir. L’occident a le devoir d’intervenir pour rétablir les faits en cas de fraudes massives reconnues, s’il veut neutraliser tous les courants extrémistes créés par la lassitude due aux échecs répétés des élections au Togo. « Là où l’injustice devient loi, la résistance est un devoir »: C’est ce que stipule, en d’autres termes, l’article 150 de la constitution togolaise. C’est ce que le peuple souverain demande aux bailleurs de fonds internationaux de mieux comprendre afin de l’aider à prévenir le pire, à venir à bout des ténèbres.
Il est question, non pas que l’Occident se substitue aux Togolais dans l’écriture de leur propre histoire mais de les accompagner dans la réalisation de leurs aspirations profondes, de leurs desseins du futur. Ceux qui ont suivi avec un intérêt particulier l’intense activité des diplomaties occidentals pendant ces cinq dernières années en Afrique, ne comprendraient pas l’argument qui tenterait de faire croire qu’il n’existe pas, dans la pratique diplomatique, des moyens coercitifs, des termes dissuasifs capables de faire comprendre à Faure Gnassingbé et à ses thuriféraires que seuls ceux qui payent le bal, c'est-à-dire le peuple souverain du Togo, doivent mener la dance, et non le RPT/UNIR ? Mais au cas où vraiment ces moyens et ces termes n’existent pas, il va falloir, à notre sens, les inventer à Lomé. Maintenant. Parce que demain, il sera trop tard !
Kodjo Epou
Washington DC
USA
Togo: Le rapport de l’OIF sur le fichier électoral est-il à la foi...
Written by Bill Emile DavolkEditorial de Fenêtre sur l’Afrique du 11 Avril 2015 sur radio Kanal K en Suisse
Ca y est ! Après le rapport mitigé de l’OIF sur le fichier électoral, tout est fin prêt pour l’organisation de la présidentielle de 2015. Ainsi donc la campagne électorale au Togo a-t-elle démarré hier vendredi 10 avril à 00 heure.
« Guides aveugles, qui filtrez le moustique, mais avalez le chameau! »1
C'est Jésus qui apostrophait ainsi, bien sévèrement, scribes et pharisiens hypocrites, qui font toutes leurs œuvres pour être vus des hommes, pour être salués, loués, gratifiés de titres de maîtres par-ci, de docteurs par-là...,ceux qui«nettoient le dehors de la coupe et du plat, alors qu'au-dedans ils sont pleins de rapine et d'intempérance » ( verset 25).
Les effets d'annonce, pourvu qu'ils permettent à nos dirigeants politiques de se maintenir sur la scène publique, voilà bien ce qui nous reste. Beaucoup de leurs actes et discours n'ont pas d'autres mobiles.
En effet, quand, comme dans la crise togolaise qui dure au moins depuis 1990, ceux qui ont la prétention de guider le peuple ont déjà avalé le chameau, que leur reste-t-il à faire? Filtrer le moustique pour donner le change, pour donner l'impression qu'ils servent à quelque chose, qu'ils défendent toujours la cause du peuple togolais? Point n'est besoin de définir ici le chameau, avec ses bosses, sa graisse, ses énormités. Ce que nous savons tous est que le chameau n'est pas encore digéré, que sa chair, sa graisse, ses os, ses poils nous constipent tous, que nous étouffons de cette chose indigeste, que certains en ont la diarrhée, que, hormis ceux qui se délectent encore de sa viande, nous en avons tous le dégoût, que nous trouvons répugnant de continuer, même à y toucher. Cependant, il y en a parmi nous qui ont pris l'habitude de la consommation du chameau, à tel point qu'il leur est aujourd'hui difficile, voire impossible de cesser d'en manger et qui crient, réclament :
« La viande! La viande! La viande! » comme la foule, tout excitée et gesticulant, dans La Tortue qui chante2
Ils sont engourdis, alourdis, à force d'être constipés, parfois vomissent, mais ne renonceront, pour rien au monde à la consommation du chameau. Au contraire, ils veulent vanter ses vertus, servir ou vendre sa viande à tous comme la meilleure du monde !
J'ai écrit une série de sept articles sur le vertige, non seulement celui que j'éprouve journellement en pensant à l'état du Togo, mais aussi celui qui fait tourbillonner la tête à des millions de Togolais, les empêche de dormir. Pour ne prendre que l'exemple de la diaspora togolaise, quand je me pose la question de savoir comment des dirigeants responsables qui prétendent s'occuper du destin de tous les Togolais, unir tous les Togolais, aient pu admettre que près d'un million de citoyens que cette question taraude, qui n'ont rien fait pour mériter ce sort, soient privés de leurs droits civiques, il n'y a que deux réponses possibles :
-soit que la Constitution togolaise ne reconnaisse plus aucun droit aux citoyens résidant à l'extérieur,
-soit qu'il n'y ait rien de tel dans la Constitution togolaise, mais que les dirigeants actuels, qui n'ont en fait pas besoin de constitution pour assouvir leur soif, pour atteindre leur objectif unique de confiscation du pouvoir, se moquent bien de la diaspora.
Une telle réflexion relèverait de la logique la plus élémentaire.
Le plus curieux, c'est que ces dirigeants, je veux dire ici ceux de l'opposition, n'hésitent pas à recourir aux soutiens des Togolais de l'étranger pour prendre part aux élections!
Et, comment ne pas penser que, se moquant d'une partie si importante de la population du Togo, ils se moquent de l'ensemble des Togolais?
Si nous réfléchissons bien sur ce que ce système nous fait avaler et veut nous faire avaler encore, il n'y a ni constitution, ni institution, ni scrutin, ni concertation, ni dialogue qui aient quelque importance, quelque sens même au Togo. C'est en vain que nos politiciens se laissent entraîner dans le piège du juridisme stérile. Ce n'est pas cela qui sauvera le Togo( a-t-on déjà oublié le mouvement ou plutôt le slogan qui avait tant agité nos populations, « Sauvons le Togo?“). La seule chose qui importe pour le régime est le pouvoir et les tenants du pouvoir sont prêts, avec arrogance quand ils en ont la possibilité, avec un semblant de concertation avec les autres Togolais qui constituent la majorité réelle du peuple, à tout faire pour conserver ce pouvoir.
On a convoqué les prétendus députés à l'assemblée nationale. Pourquoi donc ? Pour filtrer le moustique! Peut-être tout l'intérêt du moustique est-il qu'il bourdonne. Et, l’entendant bourdonner, nous nous flattons de justifier notre existence.
C’est tout comme on appelle les citoyens à se rendre aux urnes. Tout comme on avait appelé hier les populations à d'autres prétendues consultations, les politiciens à d'autres semblants de tables de négociation, cadres de dialogues, supposés accords. L’objectif, personne n’en doute est le même : comment faire pour que le pouvoir reste aux mains du même clan? Ayant avalé le chameau pendant des années, des mois, que peuvent-ils faire aujourd'hui?
Que ces soi-disant guides, aveugles, nous demandent comment ils ont avalé le chameau et nous le leur dirons : crimes, meurtres, fraudes, mensonges et fourberies de toutes sortes ont pris dans notre pays un goût délicieux, enrobés de saveurs artificielles de postes de ministres, de députés, d'enrichissement et nos guides les ont avalés depuis des années et ils sont encore prêts à en avaler.
Mais, étaient-ils vraiment aveugles ou ne voulaient-ils simplement pas voir? Je pencherais plutôt pour le premier cas : aveugles, n'ayant pas une véritable vision d'avenir pour la nation, aveugles ou aveuglés par l'énorme chameau, les avantages qu'ils croyaient pouvoir tirer de la consommation de sa viande, de sa graisse, de la succion de sa moelle épinière, ils se sont jetés dessus.
A moins d'un mois de ce que dans notre pays on veut encore appeler « élection présidentielle », nos « honorables députés » sont appelés...à quoi? Le savent-ils au juste? Simplement, recommencer à donner de temps en temps un coup de torchon au dehors de la coupe et du plat remplis de rapine et de fourberies ! Que vont-ils pouvoir faire, les « honorables » que pendant des années, au moins dix ans, ils n'ont jamais eu l'occasion, le temps, le pouvoir réel, la volonté, les mains libres de réaliser? Filtrer le moustique ! Le tourbillonnement, l’errance, comme manière d’être !
Soyons sérieux! Si au moins, pour une fois, les politiciens qui se disent de l'opposition pouvaient saisir l'occasion pour dire un non unanime et catégorique, mais bien réfléchi qui serait le commencement, le déclenchement de ce que le peuple togolais attend depuis des décennies, à savoir le rejet définitif du chameau.
Allez donc, Mesdames, Messieurs les députés, encore une fois filtrer le moustique.
Sénouvo Agbota ZINSOU
1La Bible, Matthieu 23, 24
2Saz La Tortue qui chante, éd. Hatier 1987 et 2002
Chronique de Kodjo Epou: Une belle leçon de démocratie venue du Nig...
Written by Kodjo EpouLes nigérians ont voté. Des urnes, un nouveau président, Muhammadu Buhari, est sorti vainqueur. En direct à la télévision. Le président sortant, Goodluck Jonathan, décroche le téléphone et félicite son rival. Quel civisme ! Quelle grandeur d’esprit ! Le Nigéria vient d’ajouter une pierre de plus à l’édifice de sa démocratie, à la satisfaction du monde entier. Pas si loin, le Togo est à la peine, régi par un système de type monarchique aux raclures totalitaires.
La complexité même du cas togolais fait que, dans tous les rendez-vous électoraux, le qualitatif voulu se confond toujours avec le quantitatif détourné. L’intensité de ces moments fait ainsi que chaque vote en vient à exprimer et à communiquer le drame du présent, et surtout la volonté inébranlable de s’en affranchir définitivement. Comme en avril 1958, avril 2015 n’échappe pas à cette loi : la liberté n’abdique pas au Togo, particulièrement face à toutes les tentatives de détournement de la volonté populaire, du fichier électoral délibérément corrompu au mode de proclamation des résultats toujours opaque, en passant par les assauts répétés des adeptes du boycott et du retrait. Malgré tout cela, et après la déroute de toutes les promesses de réformes devant mener à la transparence acceptable à tous, plus aucune improvisation politique n’est acceptable au Togo. Vivement, l’alternance réconciliatrice!
10 JOURS POUR AMUSER LA GALERIE, MAIS AUSSI 10 JOURS POUR RÉUSSIR L...
Written by Bassirou AYÉVAUn des acteurs de première heure de la lutte pour l'éradication de la dictature du père, l'ex- Coordinateur général du M05 (Mouvement Patriotique du 5 Octobre,) Bassirou Ayéva, rompt le silence devant ce qu'il appelle "la mascarade électorale..." qui se prépare. Pour lui, le report de 10 jours a été accepté par le régime pour amuser la galerie. Mais l'opposition a maintenant le devoir d'en profiter pour réussir l'impossible...
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10 JOURS POUR AMUSER LA GALERIE, MAIS AUSSI 10 JOURS POUR RÉUSSIR L...
Written by Bassirou AYÉVAUn des acteurs de première heure de la lutte pour l'éradication de la dictature du père, l'ex- Coordinateur général du M05 (Mouvement Patriotique du 5 Octobre,) Bassirou Ayéva, rompt le silence devant ce qu'il appelle "la mascarade électorale..." qui se prépare. Pour lui, le report de 10 jours a été accepté par le régime pour amuser la galerie. Mais l'opposition a maintenant le devoir d'en profiter pour réussir l'impossible...
Chronique de Kodjo Epou : Le report de la honte
Written by Administrator
Pitoyable Togo ! Toujours avec ses mises en scène électorales saugrenues. Le léger report obtenu par la CEDEAO n’y changera rien. La réalité étant qu’il s’agit, chez nous, d’une féroce dictature de parti-état. Sous ce cruel système de filouterie, rien ne se fait sans qu’on ne manipule la norme admise dans une société, sans qu’on ne biaise, par le mensonge, les critères auxquels se réfère tout jugement. Imperturbable, l’autocratie des Gnassingbé poursuit son œuvre, avec ses éphémérides électorales de la honte, bloquant les voies d’accès à une résolution définitive de la crise togolaise.
On avait cru, quand Faure Gnassingbé avait créé son parti, UNIR, qu’il allait travailler ardemment à une décrispation politique qui pourrait faire avancer le Togo. Il n’en est rien ! Pendant dix ans, le principal responsable des hécatombes de 2005 a gouverné avec les mêmes pratiques monopolistiques de l’ancien parti unique, les mêmes lois anachroniques de tendance monarchique qui avaient rendu la démocratie togolaise particulièrement meurtrière. Face à une opposition hésitante, le jeune putschiste sans carrure ni personnalité présidentielles, aidé par un petit groupe d’officiers corrompus de l’ethnie kabyè, son ethnie, a réussi à installer un système de gouvernance opaque, fondamentalement clientéliste.
Aujourd’hui, la levée de boucliers attendue est devenue un mythe insaisissable et la révolution, un rêve impossible. Et pourtant, l’état, siphonné par les goinfreries du sommet, ronfle assez fort pour provoquer cette prise de conscience nationale libératrice. Ne dit-on pas que lorsque quelqu’un vous mord, il vous rappelle que vous avez-vous aussi des dents ? Les opposants ont passé leur temps à se quereller au lieu de parer au plus pressé et de saisir la gravité du danger que représentait le tyranneau en gestation. Les choses se sont compliquées au fil des ans, obligeant cette opposition à se contenter d’accompagner une monarchie monstrueuse par le biais de parodies électorales ruineuses qui dénient la République au Togo.
A l’avant-veille de la prochaine mascarade, le climat politique, naturellement, s’est davantage fané, les manipulations ont fleuri, rendant tout pronostic impossible, toute prévision aléatoire. La démocratie, sous la coupe de miliciens sponsorisés depuis les sommets de la hiérarchie militaire, continue de dérouler ses séquences, de prolonger l’attente des togolais qui aspirent de voir autre chose que les mêmes « bawarismes », les mêmes fripouilles à l’œuvre. L’attente sera longue, même vaine, si notre peuple, les yeux tournés vers le ciel, s’obstine à ne voir son futur qu’à travers d’hypothétiques élections, espérant que les prévisions les plus pessimistes vont d’elles-mêmes changer de trajectoire et que l’avenir, de lui-même, parviendra à s’affranchir de ses parenthèses atroces et douloureuses.
La confusion est telle que beaucoup de Togolais prennent leur vie de misère pour un bien-être, une fatalité. Il est aisé de croiser de hauts cadres de l’état, très appauvris, traînant de chétives silhouettes qui crèvent la dalle du dénuement, vous faire croire qu’ils mènent une vie normale. Aussi, les gens, chaque jour, meurent-ils à petit feu et, désespérés de la vie, vont rendre l’âme au fond de misérables lits bondés de cancrelats, dans de vétustes taudis de soin que les autorités leur font prendre pour des hôpitaux. La décennie écoulée n’a pas laissé des signes que cela change, que la prospérité renaisse de la misère ambiante.
C’est avec raison que la plupart des Togolais ont voulu voir en cette année celle du changement. Mais comme on pouvait s’y attendre dans cette république bricolée au jour le jour par une coterie de piètres individus viscéralement incompétents, 2015 a démarré sur un thriller, sur fond de violents passages en force dictés par la volonté de Faure Gnassingbé, le Kim Jong-Un togolais qui a passé ses années à talonner le mouvement réformateur avec ses relents autocratiques. Est-ce donc une fatalité ? Les tragédies sont-elles le passage obligé à toute émancipation? Est-ce forcément dans les douleurs extrêmes comme celles qu’endurent les Togolais que se dessine l’avenir des peuples, que se concrétisent les soifs de liberté et de dignité ? Interrogations cruelles, lancinantes. Le tableau ne porte aucune écriture de fierté, aucun motif d’espoir. Ce qui serait la seule bonne nouvelle pour les Togolais aujourd’hui, c’est la fin immédiate de ce régime qui a beaucoup de points communs avec le Nord Coréen qui assiège son propre peuple.
On doit se le dire franchement, ce président n’est pas à la hauteur du poste. Il n’est pas bon. En plus de son incompétence notoire, il a un cœur de pierre. Comment peut-il, avec tant de tares, conduire la nation vers des victoires. Son père, Eyadéma, bien que rude et abrupte, était mieux. Autrement, la chute de Faure Gnassingbé ne peut avoir que des répercussions bénéfiques tant pour le Togo que pour l’ensemble des pays de la CEDEAO. On comprend pourquoi l’institution régionale a dépêché à Lomé son président en exercice, le Ghanéen John Dramani Mahama, pour souffler dans les oreilles du putschiste son tort de vouloir organiser, le 15 avril, une “reélection programmée” avec un fichier électoral totalement miné. Néanmoins, la mission de la CEDEAO à Lomé a un air d’inachevée, malgré le mérite qu’elle a d’attester que le RPT/UNIR a bel et bien creusé dans le fichier électoral les trous de la fraude que les Togolais dénoncent. Le régime ayant de l’aversion pour tout ce qui est vrai et juste, tout ce qui est bon pour l’intérêt général, l’année 2015, comme les précédentes, ne va pas elle non plus poser les jalons d’un nouvel ordre politique, ou esquisser les contours d’une démocratie apaisée et porteuse d’espoirs. Le moins qu’on puisse dire c’est que le peuple togolais est de retour dans les fers. Et, bien malin est celui qui pourrait dresser avec précision le portrait de ce que sera ce pays dans le futur.
Cette élection présidentielle est une douloureuse aggravation de la torture morale à laquelle les Togolais sont soumis, torture dont les blessures, déjà bien profondes, vont sans doute mettre de nombreuses décennies à guérir. Les éternels négateurs de l’évidence conglomérés dans RPT/UNIR confondent le parti présidentiel à l’état. Trop corrompu pour comprendre que la politique doit être faite au profit des populations et non au profit d’un clan, le club n’a plus rien à offrir au peuple en dehors de ses élections bancales qui perpétue l’oppression. N’est-il pas bien bizarre cet Etat de Droit où les agendas du parti gouvernant ont toujours la primauté sur les règles fondatrices de la République ? Finalement, le Togo poursuit inexorablement sa descente aux enfers pendant que les rêves de ses citoyens s’évanouissent, sans que d’autres s’éveillent.
Le pourrissement s’élargit et quand ça va exploser, la France, les Occidentaux et tous ces pays de la CEDEAO terrés dans une naïveté déconcertante et dans une sournoiserie florentine vis-à-vis des monarchistes du RPT/UNIR se contentant de timides paroles face au sinistre tableau togolais, vont s’arracher les cheveux pour n’avoir pas compris assez tôt que trop d’attentisme et de louvoiements ne pouvaient aboutir qu’à la montée du péril.
Kodjo Epou
Washington DC
USA