Zoom News (388)
Ke wo lea ye wo blana !( On n’attache que ce qu’on a déjà attrapé ! )
Chacun tient un petit bout de corde dans la main, chasseur à l’affût, attendant la proie qui pourrait se présenter et qu’il attraperait, que personne ne lui disputerait ou au cas où quelqu’un voudrait la disputer, il serait bien en mesure de défendre…
Le constat généralisé que des élections ne favoriseront guère l’alternance politique au Togo est la pire des choses qui puisse arriver à un pays. Ceci rend témoignage de la dégringolade en accéléré et en désinvolture de la gouvernance de toute une nation, par un temps de modernité où plus personne ne peut ignorer sa responsabilité propre ni prétendre ne pas disposer de base comparative en gestion publique. Le Togo est abandonné dans des mains peu habiles et très peu éthiques au plan de la gouvernance d’État : un pays où seuls le mensonge, le déshonneur, l’entêtement, la brutalité, l’indécision, l’illégitimité et même l’incapacité pure font aubaine et complaisance. Le désenchantement des citoyens togolais est donc la meilleure preuve de l’échec d’un système totalitaire qui ne trompe plus personne. L’heure est grave : le Togo a besoin d’une audace innovante. Les intrigues politiques, inutiles et désuètes, ainsi que la fragilité même du pouvoir absolu, cinquantenaire, obligent une évolution courageuse et définitive vers la démocratie au Togo.
La succession des épisodes de crises et de ridicules politiques –formation du gouvernement, organisation d’une inutile cérémonie d’investiture présidentielle, état de santé de Faure Gnassingbé, déclaration farfelue et injurieuse de l’ambassadeur de l’Allemagne au Togo, la cacophonie de la célébration impromptue des martyrs (quels martyrs finalement ?) et bien d’autres situations corsées et carrément loufoques comme celle du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest au lendemain des présidentielles, un Mohammed Ibn Chambas incapable de dignité, sans oublier le fameux expert électoral Clément Aganahi, davantage plaisantin que démocrate, et son système dénommé « succès », tout cela témoigne bien de la déliquescence avancée qui prévaut dans les mœurs publiques au Togo et qui attirent autant de charognards politiques.
Véritablement, les deux mandats présidentiels de Faure Gnassingbé n’ont servi qu’à confirmer une impréparation assidue, une vaste corruption politique à ciel ouvert ainsi qu’une carence irrévérencieuse à faire évoluer le Togo, contrairement à ses propres promesses de réconciliation et de développement en plus de n’avoir jamais été l’élu de ses concitoyens.
Une fois encore et toujours maladroitement, Faure Gnassingbé expose l’impératif éthique qui s’impose désormais au Togo : il faut du caractère, de la volonté, de la ténacité et du métier pour sortir le Togo de son impasse et retourner le pays à sa vocation démocratique. Il n’y a plus de doute que le Togo est entré dans une ère de survie politique. La tergiversation ambiante et le choix peu risqué du premier ministre Edmond Sélom Klassou laissent les roues libres à Faure Gnassingbé pour faire face à ses vieux démons : son éternelle indécision ainsi que la tentation de l’impossible rapprochement avec son seul et redoutable adversaire que demeure Jean-Pierre Fabre. La situation qui prévaut au Togo atteste bien que le pays est livré en pâture à une bande difforme et tentaculaire sans aucune retenue.
Pour avoir usé constamment de la manipulation envers tous ses vis-à-vis, dont des chefs d’État étrangers et, comme son père Gnassingbé Eyadema au soir de sa vie lorsque celui-ci n’avait que la subversion comme gouvernance, l’isolement comme refuge et la solitude comme naufrage, Faure Gnassingbé reçoit à son tour le désaveu du changement tronqué, l’impermanence et même la fragilité du pouvoir absolu. La faiblesse de Faure Gnassingbé est désormais réelle autant que sa posture inconfortable est observable de partout et sous tous les angles. Une bataille perdue et volée, en plus d’être connue du monde entier est toujours difficile à concélébrer avec ses pairs et ses compatriotes. Le Togo doit être restitué à la sagesse des termes et des conditions de la réconciliation et du Grand Pardon si longtemps prônés. C’est écrit et enseigné partout dans l’espace public : « Tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots ! »
La répression constante du peuple n’est pas une solution à la démocratie
Il est clair. Pour la large majorité de ses citoyens de l’intérieur et de l’extérieur, le Togo actuel est inacceptable, totalement indigne, inconcevable et, plus que quiconque, Faure Gnassingbé en est le responsable. Mieux vaut tôt que tard. Faure Gnassingbé doit se convertir à la démocratie, accepter de quitter le pouvoir dans des conditions courageuses qui le feront porter en triomphe par les Togolais eux-mêmes et ainsi lui conférer la garantie populaire autant que le respect institutionnel comme ce fut le cas en Argentine, au Bénin et ailleurs où le totalitarisme s’est transmuté en salutaire démocratie. La capacité de répression du peuple togolais par les forces de sécurité ne peut donc constituer une autre option à la démocratie ; c’est aussi en cela que le pouvoir absolu est impermanent. La liberté ne fatigue pas les peuples ; ils poursuivent toujours leur lutte émancipatrice jusqu’à la victoire finale.
Ainsi, la bataille pour la démocratie au Togo se doit d’être livrée par tous les citoyens du Togo, le courage de Faure Gnassingbé y compris, davantage que sa peur des uns et des autres qui essaiment tout autour de lui et plombent son propre salut et celui de sa famille tout autant que le destin, la dignité et l’envol de tout le peuple togolais. L’heure est grave. Le désenchantement des citoyens togolais est le meilleur argument quant à l’échec d’un système totalitaire qui ne peut plus tromper personne à quelques niveaux que ce soient ; un système dont les courtisans seuls, internes et externes, savent vanter les avantages, les leurs, sonnants et trébuchants, insolents et impertinents.
Désormais, chacun connaît ses responsabilités quant au devoir du changement politique au Togo. Le renoncement, le déni, encore moins le dénigrement, les menteries et les propagandes n’ont réussi à convertir la réalité togolaise à autre chose que l’imposture et l’insatisfaction généralisée dont les dernières élections présidentielles d’avril 2015 constituent le parfait exemple. Et, parlant d’élections, le réveil démocratique tardif de Faure Gnassingbé ne doit aucunement compromettre la participation de l’opposition responsable à tous les rendez-vous électoraux à venir. En aucune circonstance, il n’est plus question du boycottage électoral au Togo ; que des élections soient organisées sous le sceau de la fraude, de la précipitation ou de l’irrespect des citoyens au travers des résultats connus d’avance, qu’importe. C’est la corde du ridicule que ce régime impropre fournira lui-même, que les démocrates togolais utiliseront, raisonnablement, pour venir à bout d’un système aussi livide. L’absurdité de la situation politique au Togo exige la participation à toute élection, même frauduleusement organisée, et le moindre gain ne sera que la réaffirmation du désir obstiné du devoir de changement politique au Togo.
Invariablement, l’opposition togolaise ne constitue pas le problème du Togo. Et tous ceux qui comprennent cette évidence minimale doivent savoir dans quelle direction tourner leurs inflexions. Soudain seuls avec une autre victoire électorale volée au peuple togolais, Faure Gnassingbé et ses affidés quant à eux redécouvrent la fiction de leur entêtement à creuser des sillons politiques vers le changement véritable avec de simples lames de rasoir, en acrobatie et en contorsions diverses. Ils sont seuls à tailler des arbres de la forêt politique togolaise avec de rudimentaires canifs datant de l’époque du père Gnassingbé Eyadema, cinquante ans déjà. Une tragi-comédie qui sème l’embarras chez tous les citoyens du Togo. Et pourtant. Hors la démocratie, point de salut ni de repos politique au Togo. Autant en apportent toujours tous les vents du changement duquel le Togo ne saurait trop longtemps se cacher. La démocratie est libératrice des enthousiasmes et des forces du progrès socio-économique et de la dignité humaine ; les citoyens du Togo ne renonceront donc pas à la démocratie et à l’alternance.
Pierre S. Adjété
Québec, Canada
26 juin 2015
L’échec de l’alternance au Togo par la voie des urnes
Written by Administrator
Article publié sur le site de la Fondation Jean Jaures le 18 juin 2015
Dès 1963 le Togo a été le pionnier des coups d’Etat militaire en Afrique post indépendance. Alors que cette région connaît maintenant des évolutions démocratiques positives, le maintien au pouvoir d’un régime qui fait semblant de respecter formellement les règles du jeu démocratique risque d’avoir un effet contaminant sur les pays de la sous région aux institutions politiques fragiles. En 2015 Togo innove encore. Curieusement la communauté internationale semble complaisante vis à vis du régime de ce pays sans réel poids géo stratégique et dont chacun connaît la violence potentielle, le niveau de corruption et l’extrême indigence des services publics. Cet article essaye de comprendre cette impossible alternance démocratique au Togo.
Le dimanche 3 mai 2015, la cour constitutionnelle du Togo a validé les résultats du scrutin du 25 avril 2015 annoncés par la CENI le 28 avril 2015. Après un scrutin à un tour émaillé de fraudes, de contestations, de menaces, et d’achats de conscience, ces résultats, si on accepte les chiffres proclamés par la cour constitutionnelle, donnent le candidat d’UNIR (Union pour la République, ex RPT) Faure Gnassingbé gagnant avec 58,77% des suffrages exprimés contre 35,19% pour le chef de file de l’opposition et candidat de la Coalition CAP 2015, Jean-Pierre Fabre président de l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement) dont la stratégie aura été de jouer le jeu électoral jusqu’au bout. Faure Gnassingbé entame un troisième mandat, après avoir refusé la limitation du nombre de mandats.
Faure Gnassimbé a succédé à son père Gnassimbé Eyadéma en avril 2005 à l’issue d’un scrutin qui a fait 811 morts selon la ligue togolaise des droits de l’homme[1] (LTDH). Une famille est au pouvoir depuis 48 ans dans ce petit corridor sahélien qui relie la côte avec l’hinterland sahélien et où vivent de 6 millions de Togolais dont 88% n’ont connu que la famille Gnassimbé au pouvoir[2]. Après le régime coréen, celui du Togo détient le record de longévité dynastique. Lomé est un actif port en eau profonde géré par le groupe Bolloré. Avec le phosphate, il constitue la principale richesse du pays. Dans ce vieux territoire de négoce de comptoir, licite et illicite, la drogue surtout, un régime familial avec une armée clanique, protège sa rente politique et portuaire. L’indice de développement humain y a régressé entre 2006 et 2013 alors qu’il a augmenté dans les trois pays frontaliers.
Des réformes institutionnelles et électorales impossibles
Depuis l’accord cadre de Lomé en 1999 jusqu’au cadre permanent de dialogue et de concertation de 2012 en passant par les « 22 engagements », l’Accord Politique Global (APG) de 2006 et les recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation[3] (CVJR) de 2013, les cadres de dialogue politique se sont succédés. La dernière tentative a échoué en juillet 2014. L’APG signé par tous les partis pour sortir de la crise de 2005 prévoyait le retour à la constitution de 1992 adoptée par référendum avant les modifications introduites en 2002 par le RPT qui permettaient au Général Eyadema de briguer un nouveau mandat. L’ANC a toujours défendu le strict respect de l’APG et de la constitution de 1992 qui prévoient la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux. Cette ligne de négociation qui n’a pas pu aboutir à un compromis a donné du grain à moudre à la communication du régime et aux autres partis dits d’opposition sur la ‘’radicalité’’ de Jean-Pierre Fabre, communication appropriée par plusieurs chancelleries (Allemagne, Union Européenne) et relayée par le PNUD et le HCDH au Togo.
La guerre des images auprès des chancelleries
En 2012, Jean-Pierre Fabre souffrait d’un déficit d’image auprès des chancelleries, particulièrement de l’Union Européenne, acteur clef. Présenté comme un syndicaliste plutôt qu’un politique, un nouveau Gbagbo, un radical arrogant, cette image de Jean-Pierre Fabre était soigneusement relayée en chœur par le régime, le PNUD ou le HCDH, des observateurs politiques et une partie de la presse internationale.
Un travail de communication, entrepris par l’ANC et ses alliés, auprès des politiques dans les pays qui comptent au Togo a progressivement changé la donne. Mais la stratégie de sape orchestrée par le pouvoir pour diaboliser Jean-Pierre Fabre perdure auprès de certains acteurs de la société civile togolaise et une partie de la société civile française qui s’intéresse au Togo.
Le groupe Havas, contrôlé par le groupe Bolloré, était en charge de la communication du candidat Faure qui avait ainsi les moyens de mener une communication efficace auprès des médias internationaux. Comme à son habitude avec le régime togolais l’hebdomadaire Jeune Afrique a publié un publi-reportage valorisant l’image modernisatrice du président sortant. En prenant une position à équidistance des candidats, le représentant de RFI a joué le jeu de la communication d’UNIR à destination de l’opinion publique internationale. Comme en 2010, les résultats annoncés par la CENI et relayés immédiatement sans analyse par le journal Le Monde posent la question du rôle de ces médias internationaux
Une opposition divisée ?
Le scrutin à un tour pousse au regroupement des candidatures. La division de l’opposition est l’argument principal des commentateurs pour expliquer la défaite de l’opposition. Il ne tient pas devant la réalité. Le vote du Sud n’était pas divisé. Des alliances avec des leaders du nord ont été construites. Même si le CDPA (Convention Démocratique des Peuples Africains) membre de la coalition CAP 2015 est un parti sans base électorale, il est représentatif des élites intellectuelles qui peuvent être des relais efficaces. Les résultats de l’ANC aux législatives de 2013, cela malgré un découpage particulièrement défavorable et des fraudes à grande échelle, ont positionné Jean Pierre Fabre leader de l’opposition reconnu par le Président Faure.
Le CAR (Comité d’Action pour le Renouveau), l’autre parti de l’opposition, avait appelé au boycott faute de réformes politiques. Malgré la notoriété de Maître Agboyibor son leader historique, le CAR n’a un relatif poids électoral que dans certaines zones délimitées. Il est probable qu’une des raisons du refus du CAR d’aller au scrutin est due à la peur de se compter face à Jean-Pierre Fabre et de lui reconnaître le leadership de l’opposition. L’autre argument qui voit dans l’appel au boycott une alliance objective avec le régime pour affaiblir Jean-Pierre Fabre au sud, est vraisemblable. Un buzz permanent sur les divisions de l’opposition a été alimenté par quelques leaders, des universitaires et des journalistes en mal de prébendes, relayant la stratégie de communication du régime. Des listes électorales altérées
En mettant tôt le débat sur la validité des listes électorales CAP 2015 a su faire reculer le régime. En amont de ce débat, la question de la qualité du code électoral avait vite montré que le régime s’organisait pour en utiliser toutes les failles, notamment les modalités de recours des citoyens au moment de l’affichage des listes ou la faiblesse du contrôle sur les chefs traditionnels qui valident l’état civil. L’Union Européenne en février 2014 avait mené une étude sur le code. Le ministre de l’intérieur avait tenté d’enterrer cette étude que l’ANC a finalement obtenue après avoir insisté auprès de la Délégation de l’UE à Lomé (DUE). En faisant monter les enchères autour des listes électorales, l’ANC pouvait mettre la pression sur les chancelleries et les institutions internationales, l’UE notamment, qui déployaient beaucoup d’énergie pour que les élections se déroulent paisiblement. L’aide budgétaire de l’UE au processus électoral a ainsi été subordonnée à des critères d’affichage des procès-verbaux des résultats dans chaque bureau de vote. Cette conditionnalité de l’aide budgétaire aura peu de poids politique puisqu’elle sera faite a posteriori. Il conviendra de suivre de très près la décision de décaisser ou non l’aide budgétaire de la part de la DUE. Elle sera un indicateur de la complaisance de la DUE.
Les travaux d’associations togolaises de la diaspora et d’un autre candidat sur la non fiabilité des listes ont amené le ministère de l’intérieur à composer. Le dépôt de plainte de Jean-Pierre Fabre avec l’avocat William Bourdon contre la société belge Zetes qui fournit la CENI en matériels, ajoutait à la pression comme l’a montré le report des élections de deux semaines. Pourtant ce délai ne put modifier la donne bien qu’il fut le signe que le rapport de force bougeait.
Une campagne et un scrutin calme
Les candidats ont pu faire campagne dans tout le pays. Faute d’un observatoire des médias, tel que l’UE l’avait envisagé un moment, on ne peut analyser la répartition de la couverture médiatique. Du fait de la visibilité d’une campagne dans l’opinion publique internationale, le régime a maintenu un profil bas sur la répartition des temps de parole dans les médias publics et a fait le minimum démocratique. Tous les observateurs reconnaissent le calme de la campagne et du scrutin. En organisant les états généraux de la presse en juillet 2014, il a voulu afficher à destination des chancelleries une image de liberté de la presse. La réalité est plus sombre : absence de presse écrite au nord, étranglement financier des journaux critiques, fermeture administrative de radios jugées trop radicales. En revanche les moyens financiers d’Etat ont donné à Faure un net avantage pour sa propre campagne.
Le ministère de l’intérieur a tenté de mettre en place un dispositif d’information des résultats à la sortie des urnes. Confié à un prestataire Béninois, cet outil, appelé SUCCES[4] était conçu de manière à pouvoir annoncer très vite les premières tendances et créer ainsi une situation politique favorable au régime quelques heures après la clôture du scrutin. CAP 2015 a dénoncé vigoureusement ce dispositif hors CENI. La médiation du président Ghanéen quelques jours avant le scrutin a contraint le régime à ne pas utiliser ce système. Cette médiation a également permis la mise en place d’un comité d’accompagnement de la CENI coordonné par un envoyé spécial de l’OIF.
Les opérations de dépouillement se sont bien déroulées mais ce sera le transfert des urnes, des listes d’émargement et des procès-verbaux dans les centres régionaux qui tournera à la confusion. Les témoignages concordants de bourrages d’urnes, de listes d’émargement préparées à l’avance se multiplièrent au Nord et dans le Centre les jours qui suivirent. Devant la situation, le représentant de l’OIF décida de monter lui-même en avion à Kara pour limiter les dégâts. Alors qu’elle commençait à recevoir les premiers résultats litigieux de 6 des 42 commissions électorales locale, à l’initiative de son président nommé par le parti UNIR, la CENI annonçait que le président sortant était en tête. Le discrédit de la CENI a commencé à ce moment-là.
Le taux d’abstention de 40% a été de 10% supérieur aux précédents scrutins présidentiels. Etait-il le signe d’une moindre mobilisation et de l’impact de l’appel au boycott de la part du CAR et d’associations de la société civile ? Devant la confusion dans l’organisation du scrutin (éparpillement et démultiplication des bureaux de vote jusque 48 heures avant le scrutin, désordre dans les listes électorales, condition de décompte des voix dans les bureaux) il sera difficile de faire objectivement la part entre le découragement des électeurs initialement motivés le jour du scrutin, la résignation des Togolais ou le choix politique de s’abstenir. Il est probable que c’est la grande confusion dans les listes électorales le jour du scrutin qui est le facteur du différentiel d’abstention.
Une CENI discréditée
Les représentants de CAP 2015 au sein de la CENI ont été très actifs, obligeant UNIR à changer ses représentants quelques semaines avant l’élection. En fin de course le président de la CENI a doublé ses collègues en annonçant seul des résultats partiels, spectacle caricatural devant les caméras, troublé par l’interpellation du vice-président. Cette forfaiture publique est venue couronner la réalité d’un président de la CENI travaillant pour le régime. Le représentant de l’OIF, consterné, jetant l’éponge en public a renforcé le discrédit de la CENI. Aucun analyste sérieux ne peut dire que le scrutin n’a pas été entaché de fraudes massives ouvrant la porte à la contestation des résultats de l’élection et cela quelque- soit le vainqueur que l’on ne connaîtra jamais de manière sûre. En contestant les premiers résultats partiels de la CENI avec des éléments concrets, Jean-Pierre Fabre a engagé très vite un bras de fer avec la CENI. Le ministre de l’intérieur ayant échoué à imposer son système d’information parallèle, la situation politique a failli lui échapper. Le régime a su mobiliser la CEDEAO qui a dû envoyer deux poids lourds de la sous-région pour couvrir le coup de force de la CENI.
CAP 15 n’a pas déposé de recours devant la Cour Constitutionnelle estimant que cette dernière était inféodée au régime. Ce choix tactique contradictoire avec la stratégie de « jouer le jeu », avait une vertu pédagogique vis à vis de la communauté internationale en prenant à témoin l’OIF mis en demeure de se substituer politiquement à la Cour Constitutionnelle.
La société civile instrumentalisée
Même si l’ANC a tenté de se rapprocher de la société civile au travers du Collectif Sauvons le Togo, Jean-Pierre Fabre, par tempérament et analyse politique, se méfie d’une société civile au Togo avec sa faible culture militante. Jusqu’en 2013 le collectif regroupait l’ANC, des partis d’opposition et des acteurs de la société civile dont l’image a été brouillée, notamment la LTDH. Cette stratégie de l’ANC ne lui a finalement pas apporté de réseaux associatifs pour relayer son programme. Celle du CAR de ce point de vue a été plus pertinente : il a su trouver des relais ou infiltrer des organisations de droits de l’homme pour relayer son discours. La campagne pour le boycott des élections a été portée par des collectifs proches du CAR écoutés à la délégation de l’Union Européenne. De son côté la FIDH a affaiblit la LTDH en poussant Mohamadou Yacoubou un ancien président de la ligue de 2005 à 2008 à rallier le régime. Il est maintenant ministre des droits de l’homme.
L’Eglise catholique a toujours été au centre du jeu politique au Togo. La composition de la Conférence Episcopale Togolaise (CET) est à l’image des tensions politiques et communautaires du pays. Elle a donc joué le minimum consensuel en amont des élections et n’a pas déployé d’observateurs électoraux. Elle ne publiera pas de rapport comme en 2010 où elle mettait en question la validité du scrutin. Elle s’est contentée cette fois ci d’un appel au respect des règles démocratiques et à la non-violence. Conformément au rapport de la CVJR présidée par l’évêque d’Atakpamé elle a souhaité que les réformes institutionnelles aboutissent et elle a participé à une délégation conjointe avec les églises protestantes auprès du président pour qu’il fasse les réformes. Après l’annonce des résultats, Benoît Alowonou, président de la CET et proche du pouvoir, s’est réjoui de l’absence de violence qui montrait la maturité pacifique du peuple togolais. En réalité cette maturité cache la peur de la violence du régime et la mémoire de 2005. Le jour des résultats, l’armée était visible dans les rues de Lomé. Le président de la CET a appelé les candidats à accepter les résultats et le président Faure à « laisser ses bras ouverts et travailler avec tout le monde ».
Le 29 avril la Concertation Nationale de la société civile, sur financement de l’UE, communiquait ses propres résultats s’alignant sur ceux de la CENI sans un commentaire sur le déroulement anarchique du décompte des voix. Le premier mai, Ibn Chambas le représentant de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, soutien connu et ancien du président Faure, acceptait les résultats. Le communiqué de la CNSC sera la cerise sur le gâteau permettant au reste de la communauté internationale de valider à son tour les résultats en expliquant qu’il n’y a pas eu de violences et que la société civile a donné son imprimatur démocratique. Beaucoup d’associations sont allées à la soupe du PNUD, du HCDH et de l’UE pour financer leurs activités de sensibilisation à la paix pendant la campagne. De son côté, en amont du scrutin, CAP 2015 s’est abstenu de récupérer les grèves dans les secteurs de la santé et de l’éducation autour de la Synergie des Travailleurs Togolais.
En jouant le jeu électoral, Jean-Pierre Fabre a montré l’impossibilité d’une alternance démocratique au Togo par la voie des urnes alors que celle du dialogue est bouchée. Le régime a fait flèche de tout bois pour s’assurer de la victoire. Le choix par la communauté internationale de la stabilité politique et des affaires au détriment des droits démocratiques a eu raison des aspirations des Togolais au changement. La CDEAO, l’ONU, le HCDH et le PNUD ont accompagné la fraude. On pouvait parler de complaisance des chancelleries européennes pour les élections de 2005 et 2010. En 2015, il faut y ajouter l’impuissance.
PAR CHRISTOPHE COURTIN
Consultant international Etat de droit/Société civile
[1] Selon les chiffres repris par la commission Vérité, justice et réconciliation (CVJR) d’avril 2013
[2] Lire le rapport du collectif « Tournons la page » du 4 avril 2015.
[3] La CVJR a été créée dans le cadre de l’APG de 2006. Bâtie sur le modèle sud africain elle devait faire le bilan des violences politiques au Togo de 1958 à 2005 et émettre des recommandations. La CVR a remis son rapport en avril 2013. Ses recommandations ne sont toujours pas mises en œuvre.
[4] SUCCES : Système Unifié de Centralisation et de Compilation pour les Elections et les Statistiques
Le franc CFA : la monnaie de la honte et un instrument de domination ...
Written by Administrator
Le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix apporte son soutien indéfectible au Ministre Togolais Kako NUBUKPO dans ses positions de voir débloquer une partie des réserves financières des banques centrales africaines ( BCEAO ,BEAC) déposées au Trésor Public Français pour améliorer et favoriser la croissance économique des pays membres en vue de leur émergence ; et appelle par conséquent les populations de la Zone Franc à une forte mobilisation pour dénoncer l’impact négatif et suicidaire du franc colonial sur leur développement.
En effet, il y a 70 ans (1945-2015) ,la plupart des pays francophones continuent par plomber allègrement sous le joug du franc colonial dont les intérêts et les bénéfices ne font que la force et l’existence de la France.
Imposé comme devise monétaire à ces pays par la puissance coloniale, le Franc CFA a subi au cours de son histoire de diverses mutations défavorables aux consommateurs dont la dernière remonte à sa dévaluation en 1994. Dès lors ,la conscience africaine a commencé par s’éveiller à travers les réflexions et les analyses des universitaires et des économistes de renom tels que le Sénégalais SANOU N’Baye , l’Ivoirien Mamadou Coulibaly, Martial Zè Belinga, Makhily Gassama, Demba Moussa, Sakho Bamba …. etc dont les critiques sont devenues de plus en plus acerbes et implacables contre la politique monétaire de la zone franc, ficelée et dictée depuis l’hexagone. Aussi ,révèlent –ils que la coopération monétaire entre la France et les pays de la zone Franc ,n’est qu’un partenariat de subordination et non d’égal à égal ,une sorte d’illusion et de chimère dont la primauté et l’initiative n’émanent que du plus fort.
Au rang de ces élites intellectuelles africaines, figure le très redoutable économiste Togolais Kako NUBUKPO. Ce dernier, nommé Ministre de la Prospective et de l’Evaluation des politiques publiques en octobre 2013, vient d’allonger la liste des économistes africains pourfendeurs et contestataires de la politique monétaire de la France en Afrique notamment dans les pays de la zone franc. C’est ainsi qu’en février et mars 2015 ,lors des conférences publiques ,tenues à Lomé ,sur l’économie africaine ,l’économiste Togolais a estimé que des mesures idoines soient prises pour favoriser la croissance dans les espaces de la zone franc visant ainsi le réserves de e change que déposent les deux banques centrales ( BCEAO et BEAC ) auprès du Trésor Public Français ,ceci pour assurer la parité du Franc Cfa à l’Euro. Selon la règle ,le dépôt des réserves de change doit couvrir au moins 20% de l’émission monétaire effectuée par l’ensemble des deux banques centrales . Mais, depuis des années, dans les faits, le taux de couverture avoisine 100% d’où la nécessité, selon le Ministre Togolais de puiser dans cette marge de 80%, pour accorder des crédits aux petites et moyennes entreprises. Le Ministre Togolais, a estimé que si une telle solution était adoptée, les pays de la région pourraient connaître une croissance économique annuelle supérieure à 10% .
Dans le même registre, se retrouvent plusieurs éminents acteurs de la finance africaine, à l’instar de Jean Louis EKRA, Président de la Banque Africaine d’Import –Export ( Afrieximbank) ,qui a émis le souhait qu’une partie des réserves des banques centrales africaines soit davantage mobilisée pour accompagner les économies du continent ; même son de cloche de la part de l’économiste Buissau –Guinéen ,Paulo Gomes ,Ancien Directeur de la Banque Mondiale pour l’Afrique Subsaharienne ,qui a plaidé en faveur d’un changement radical de la politique monétaire au sein de la zone Franc.
Pourtant, les positions de critique de l’économiste Togolais, sont les seules à susciter beaucoup de remous et de polémiques dans les sphères économiques des banques centrales africaines, qui l’accusent d’un acharnement sur la politique monétaire plutôt que des contributions pour l’amélioration des politiques publiques des Etats. Cette situation n’a pas laissé indifférents les médias en l’occurrence Jeune Afrique ,qui dans sa parution du 10 juin 2015 ,publia un article intitulé’’Franc CFA : Un Ministre Togolais sur la sellette et en pleine tourmente pour avoir mis en cause la conduite de la politique monétaire dans la zone CFA.
Eu égard à ce qui précède, le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix dénonce rigoureusement la politique monétaire dans les zones Franc CFA ,qui relève d’une servitude volontaire et appelle à une souveraineté monétaire dans les pays francophones d’Afrique .
Le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix appelle instamment à un débat générationnel sur cette monnaie historique imposée à nos Etats par le joug colonial français.
Le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix condamne l’acharnement cabalistique de la BCEAO contre le professeur agrégé Kako Nubukpo et demande instamment à la faitière économique et financière des Etats de l’Afrique de l’Ouest à s’inscrire résolument dans la dynamique des réformes de sa politique monétaire pour hisser l’image des pays ayant en commun l’usage de franc CFA.
Le Mouvement Martin Luther KING –la Voix des Sans Voix soutient le Ministre Kako NUBUKPO dans son combat contre l’injustice pour l’épanouissement des peuples francophones et le rassure que tôt ou tard sa cause portera des fruits durables .
Il EST TEMPS POUR LES PAYS DE LA ZONE FRANC CFA DE SORTIR DEFINITIVEMENT DU PACTE COLONIAL
Le Président
Pasteur EDOH K.KOMI
« L’intelligence a quitté le Togo », Kpogli Komla
Written by Administrator
Notre confrère Camus Ali de Lynxtogo.info a réalisé ce week-end un entretien avec M. Komla Kpogli, Secrétaire général du MOLTRA (Mouvement pour la Libération Totale et la Reconstruction de l’Afrique). Voici l’intégralité de cette interview dense et riche dans laquelle, M. Kpogli donne sa lecture sur la présidentielle d’avril dernier et les perspectives d’avenir aussi bien au Togo qu’en Afrique. Bonne lecture.
Lynx.info : Bonjour compatriote Kpogli. D’abord, une question d’ordre personnelle. La famille Gnassingbé dirige le Togo depuis quarante-huit ans. Avez-vous une idée de ceux ou celles qui dirigent quant à elle la famille Gnassingbé ?
KPOGLI Komla : Les Gnassingbé au pouvoir dans le territoire du Togo sont de cette « élite indigène qui collabore à l’exploitation de l’Afrique ». Une « élite » fabriquée de toutes pièces par les colonisateurs en vue de maintenir l’Afrique et ses peuples dans le rôle de pourvoyeurs de matières premières de toute sorte et de consommateurs des produits finis venant des Métropoles.
Si le père Gnassingbé 1er a régné par le fer, le feu et l’argent, le fils Gnassingbé 2 qui est la continuité de son géniteur utilise, précisément après le viol initial de 2005, le fer et le feu en ultima ratio. Tout est question d’héritage. Mais le successeur, aussi bien entouré que son prédécesseur, joue avec son époque. Il utilise des armes plus discrètes mais tout aussi redoutables : Aussi souvent que possible, Gnassingbé 2 renouvelle sa cour en y faisant venir des jeunes diplômés et qui savent manier le novlangue, cet art d’adopter un langage convenu et rigide dans le but de dénaturer la réalité ; il laisse les réseaux maçonniques et autres sectes prospérer et se voit remercier en retour ; il positionne des snipers qui veillent nuit et jour sur internet et les réseaux sociaux ; il utilise énormément le pouvoir de l’argent qui corrompt absolument ; il bâtit des réseaux de clients un peu partout ; il repère, recrute et fait monter des jeunes dans les quartiers, dans les villages et des villes à qui il offre des facilités de voyages et des opportunités dites d’affaires et il fait de ces jeunes qui « réussissent » et qui voyagent à Changaï, Hong Kong, Dubaï…des aimants devant attirer dans leurs escarcelles d’autres jeunes désirant eux aussi « réussir » ; il laisse une coudée assez franche à certains jeunes fidèles au sein de l’armée qui, profitant de leurs positions, disposent de sociétés de sécurité, de crédit à la consommation, de l’immobilier, de trafic de drogue, de communication… ; il a réussi à caserner des « journalistes » qui sont devenus ainsi des mercenaires de la plume et de la parole au profit de leur père nourricier, Gnassingbé 2.
Gnassingbé 2 sait adopter un langage courtois et larmoyant s’il le faut. Mais cette flexibilité tactique répond à une rigidité stratégique qui est de ne pas perdre le pouvoir tant que ne survient pas une insurrection populaire bien organisée.
Lynx.info : La durée au pouvoir d’un homme politique est la preuve de sa force sur ses adversaires selon Nicolas Machiavel. Cette loi s’applique-t-elle à Faure Gnassingbé ?
KPOGLI Komla : Dans une réflexion publiée en mai 2014, nous disions que Gnassingbé 2 dispose des moyens énormes de son pouvoir de nuisance. Nous énumérions alors certains de ces moyens. Mais ce qui fait véritablement la force de Gnassingbé 2 c’est la désorganisation collective chapeautée par une « Opposition » qui, par principe, analyse très mal la situation des africains du Togo dans un cadre africain resté colonial, étant entendu que les luttes pour l’indépendance des territoires africains furent court-circuitées par une épidémie de proclamations festives organisées par les Métropoles en faveur d’une « élite indigène » montée de toutes pièces. Et, là où les luttes armées aboutirent à l’indépendance, très tôt, des coups d’état, des rébellions et des irrédentismes ethnico-religieux montés en épingle décapitèrent la marche naturelle vers le progrès autonome. Dans cette ambiance, la force de ceux qui sont au pouvoir est essentiellement due aux maîtres à qui ils jurent loyauté à toute épreuve. La désorganisation collective cumulée à la détestation des esprits lucides et au manque de formation politique facilite le reste.
Lynx.info : Chez nos confrères de Jeune Afrique, Faure Gnassingbé dit qu’il ne veut pas s’éterniser au pouvoir. L’analyste politique que vous êtes y croit-il ?
KPOGLI Komla : Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Comme nous le disions tantôt, Gnassingbé 2 et sa cour savent parfaitement manier la langue de bois et le novlangue.
Mais, au-delà de ce constat de base, il faut dire que nous avons de gros problèmes au Togo. Puisque selon les chiffres mêmes des offices de Jean-Pierre Fabre, Gnassingbé 2 recueillerait 43,9% des suffrages exprimés contre 52,20% pour lui-même. Ce qui signifie que presque 4,5 sur 10 togolais qui s’étaient déplacés pour « voter » le 25 avril 2015 sont pour que le RPT continue à chaperonner le pays, après 50 ans de traversée du désert sous les Gnassingbé. Ceci est très grave et montre l’état de la conscience populaire face aux enjeux. Cette situation extrêmement préoccupante démontre que le travail de formation et de conscientisation n’est pas totalement fait, que ce qui était acquis est en train de se fondre sous nos yeux et que pas mal d’africains du Togo restent à convaincre sur le caractère absolument handicapant du système en place et ses alliés.
Pour aller plus loin, ces chiffres issus, précisons-le, des services de Jean-Pierre Fabre, constituent une remise en cause de certaines croyances dont les causes ont besoin d’être analysées sereinement en vue d’en formuler les remèdes. Car, là, il s’agit d’une remise en selle du RPT et de Gnassingbé 2. Quelle en est l’origine ? Qui en portent la responsabilité ? Comment ? Pourquoi ? Au-delà de l’achat de consciences, de bourrage d’urnes et fraudes en tout genre, opérés par le RPT et Gnassingbé 2, il faut absolument se poser ces questions.
Lynx.info : Selon vous, Faure Gnassingbé est-il conscient qu’on ne peut diriger un pays avec plus de la moitié des électeurs qui est restée chez elle le jour du vote ?
KPOGLI Komla : Avec votre raisonnement, peu de régimes politiques à travers le monde tiendraient. Il y a bien de pouvoirs mal élu et peu populaire qui gouvernent leur pays. Là n’est pas la question avec Gnassingbé 2.
Pour Gnassingbé 2 tout est question d’apparence, de tromperie, de ruse et de violence ouverte ou diffuse. Etant donné que son pouvoir est la négation même de la volonté populaire, à l’instar de celui de son père dont il est le continuateur, il est évident qu’il se contrefiche totalement de ce que font les togolais le jour du vote-spectacle trompeur ou pas.
Lynx.info : Le troisième mandat que les Etats-Unis et la France refusent de voir en RDC avec Kabila Joseph voire au Burundi se fait au Togo avec un silence de la France. Comment vous l’expliquez ?
KPOGLI Komla : Ce qui guide la politique internationale telle que les Occidentaux la pratiquent depuis la nuit des temps, c’est ce qu’on appelle les intérêts. Partant de ce principe, aussi bien là où les pays que vous venez de citer revendiquent bruyamment le changement, que là où ils se taisent ou plaident en faveur de « la stabilité », ils poursuivent le même objectif. L’idée directrice de l’action ou de l’omission de ces pays et des autres qu’on nomme les « puissances émergentes » est la même. Il s’agit d’une constance : conserver le système de prédation et même l’améliorer, avec ou sans l’utilisation des populations et surtout de leur désir de changement afin d’obtenir ou pas des changements de personnes dans la continuité du système.
Lynx.info : Sur votre page Facebook, le monde entier lit ceci : « Quand Bolloré va bien, les africains se portent très très bien ! Quand Bolloré est rassasié, les Africains, le ventre vide, peuvent estimer avoir très bien mangé ». Mais, au Togo Bolloré construit des écoles et dispensaires…
KPOGLI Komla : Les vrais bandits savent que le moyen le plus efficace pour faire perdurer et élargir leur entreprise criminelle se trouve dans la redistribution d’une partie des fruits de leur rapine. C’est ainsi que bandits gagnent la sympathie et même la protection du public qui en est la victime.
L’empire Bolloré, c’est un chiffre d’affaires de 10,6 milliards d’euros en 2014.
Présent en Afrique depuis 50 ans, Bolloré confisque littéralement les secteurs des transports (routiers, maritimes, ferroviaires), de l’énergie, de la communication, de la construction, de l’exploration des mines, de la distribution des produits de consommation, de la logistique en matière de santé, de la gestion des produits agricoles comme le café, cacao…Bolloré c’est aussi de gigantesques terres agricoles acquises en Afrique où les paysans sont chassés manu militari ou contre de maigres sommes d’argent dans des opérations d’achats obtenus par des manoeuvres dolosives, le tout protégé par les textes de l’OHADA que les africains considèrent naïvement comme une harmonisation africaine du droit des affaires, alors même que l’ancien ministre de la coopération Jacques Godfrain dit lui-même qu’il en est l’inventeur. Jacques Godfrain dit lui-même que l’objectif de son bébé OHADA consiste à faciliter le capital français voire occidental opérant dans les territoires africains. Malgré cela, des africains disent que ce sont eux qui l’ont inventée pour les intérêts africains. Passons !
Donc quand Bolloré prélève quelques millièmes de ce qu’il vole en Afrique pour offrir quelques bâtiments scolaires et sanitaires en Afrique, c’est qu’il s’achète les africains avec une infime somme de leur propre argent. Et ceci est tout bénéfique pour lui, car Bolloré apparaît ainsi aux yeux des africains naïfs et sans ambition comme un bon samaritain envoyé par le bon « Dieu des blancs » pour servir de l’eau à des « peuples primitifs », assoiffés dans le désert.
La générosité du voleur qui prélève une infime partie, déductible d’ailleurs des impôts qu’il paye à son pays natal, de ce qu’il ravit à ses victimes par le biais de ce qu’on appelle naïvement ou cyniquement les « dons de Bolloré » n’est rien d’autre qu’une injure à l’intelligence humaine. Mais, il se trouve plein d’africains à vénérer ces « dons ».
Il faut qu’une nouvelle génération d’africains naisse et comprenne ce que sont les enjeux et pourquoi les Occidentaux et leurs « amis » émergents disent tous que « l’Afrique est notre avenir ».
Lynx.info : Le plan B de Faure était visible avec le logiciel SUCCES, la France, la CEDEAO, Alassane Ouattara…Finalement l’échec de l’opposition à toutes les joutes électorales n’est pas aussi dû à un manque de lobby à l’international ?
KPOGLI Komla : Les africains doivent cesser de se mentir à eux-mêmes. Ceci est la condition première de leur renaissance. Cesser de se mentir à soi-même permet de faire le bon diagnostic et de se dire des vérités aussi cruelles soient-elles.
Il faut le dire et le redire : il n’y a pas d’Etat en Afrique. Tant que les africains ne vont pas s’organiser autour d’un leadership alternatif, complètement à l’opposé des critères occidentalistes qui fondent la notion de leader dans l’Afrique actuelle, pour livrer un combat méthodique de libération, dans la discipline et dans toute la gravité requise, eh bien, nous allons continuer à nous mouvoir cyclothymiquement dans le vide. C’est vous dire qu’il relève de schizophrénie collective que de prétendre organiser des élections ou aller à des élections là où l’Etat n’existe pas encore.
Ce qui est pompeusement appelé les Etats africains n’est rien d’autre que des enclos coloniaux ébauchés à la conférence de Berlin de 1884-1885 et définitivement élevés par des accords entre puissances coloniales sur le terrain africain à la suite des conquêtes militaires ayant décapitées les structures royales africaines et toute l’organisation sociale locale préalablement dynamitées surtout par des siècles précédents de razzias négrières transatlantiques.
Les oppositions africaines sont donc à venir. Elles sont devant. Les structures que vous appelez « Opposition » actuellement ne sont rien d’autre que des copies conformes du « Pouvoir en place ». La différence fondamentale entre les deux blocs résidant dans le fait que les uns sont au pouvoir colonial, alors que les autres se battent pour le capter. Encore que plusieurs couloirs d’argent, de fraternité maçonnique, d’alliances, de fréquentations et d’écoles de pensée facilitent l’imbrication des uns dans les autres.
Lorsque les oppositions authentiquement africaines naîtront, armées d’une vision stratégique et des tactiques adaptées au problème global de l’Afrique, il ne sera pas question d’un fameux « manque de lobby à international ». Il sera question plutôt d’organiser le peuple africain de quelque territoire qu’il soit afin qu’il fasse l’histoire pour ne plus avoir à la subir. Ceci implique un coût et des sacrifices.
Les peuples qui paient courageusement et dans la discipline le prix de leur liberté sont ceux qui savent mieux l’entretenir et davantage ce sont ceux qui reconquièrent de haute lutte leur espace, dont la maîtrise est perdue à un moment donné de leur histoire, pour le rebâtir sur le roc de leurs valeurs endogènes revisitées. Laissons donc où ils doivent être le bluff et le ridicule qui nous font dire que si les élections trompe-l’œil ne débouchent pas sur le changement de personnes (dans la continuité du système) c’est parce que les « oppositions » autoproclamées en Afrique n’auraient pas fait du lobbying. Les faits montrent d’ailleurs le contraire de cette idée fausse à tout point de vue, car les « Opposants » n’ont de cesse de dire qu’ils sont des soutiens extérieurs, des partenaires à l’international et qu’ils effectuent régulièrement des tournées d’explication et de « lobbying » en Occident et ailleurs en Afrique.
Disons aux africains qu’ils n’ont rien à attendre du « lobbying à l’international ». Disons-leur qu’ils ont trop regardé vers l’extérieur et que de ce côté là, il n’y a que des loups à faire entrer dans la bergerie africaine déjà remplie d’anacondas et de hyènes dont les victimes ne sont plus à dénombrer. Disons leur enfin qu’il est plus que temps de s’autocentrer et de s’organiser en interne, avec nos propres armes avant tout pour nous libérer et redonner, après un travail acharné, structuré et organisé dans l’espace et le temps, à notre Afrique la place qu’elle mérite dans l’histoire de l’humanité.
Lynx.info : Après la France, c’est l’Eglise catholique qui félicite Faure Gnassingbé pour sa réélection. Peut-on dire en résumé que ce que la France et l’Eglise catholique veulent, le Togo le veut ?
KPOGLI Komla : Il ne faut pas donner de l’importance aux choses qui n’en ont pas. Qu’untel ou unetelle ait choisi de féliciter le crime ou de l’habiller d’une soutane blanche, peu importe. Tout ceci n’est que la traduction d’une petite partie des alliances que Gnassingbé 2 noue et a noué patiemment. Dans un texte daté du 09 mai 2014 et intitulé « Comment et avec quels moyens Gnassingbé II compte-t-il franchir le cap de 2015 et aller au-delà ? », nous montrions schématiquement ces jeux d’alliances. Vos lecteurs peuvent s’en référer.
Pour le reste, ce qui compte, à l’heure actuelle, c’est de travailler à faire émerger un leadership alternatif suffisamment éclairé et courageux pour conduire avec les moyens appropriés l’action libératrice et de reconstruction dans la discipline et la rigueur.
Lynx.info : Comment expliquez-vous que Faure Gnassingbé soit subitement pour une grande partie des opposants togolais plus fréquentable que Jean-Pierre Fabre ?
KPOGLI Komla : D’abord, bon nombre de ceux que vous osez appeler « Opposants togolais » ne sont qu’une bande de jongleurs, d’aventuriers, de menteurs et d’acteurs au sens théâtral du terme. La plupart sont des pantins qui tiennent des rôles sur une scène dressée à eux. Ce sont des professionnels du ventre qui camouflent toute leur misère dans les costume-cravates à deux sous. Ils n’ont pas d’idées. Et ils n’ont même pas conscience des défis que notre peuple doit relever. Pour s’en convaincre, il suffit de les écouter parler. L’amour que beaucoup parmi ces gens ont pour les africains du Togo s’évalue en billets de banque qu’ils encaissent après chaque vomissure sur un collègue « opposant ».
Ensuite, il y a une part de lâcheté dans tout ceci. Et, tant que la lâcheté n’est pas elle-même attaquée, elle trouve toujours de grandes vertus au crime. La lâcheté qui est parente à la courtisanerie bénit le crime et livre une attaque en règle contre toutes les personnes qui, maladroitement ou pas, le combattent.
Enfin, il y a là, comportement de chien du jardinier qui, ne pouvant pas manger de la laitue, empêche cependant les autres d’en prendre. Il s’est développé depuis les années 90, pour faire court, dans le territoire du Togo et ailleurs en Afrique, une mentalité de « si ça n’est pas moi, alors, que le tyran reste ». Cette mentalité est destructrice et elle le sera davantage. Car, à force de se tirer dessus au sein du camp des « Opposants », les seuls qui vont bientôt rester debout, si ce n’est d’ailleurs déjà pas le cas, ce sont Gnassingbé 2 et sa bande.
La vérité est que l’intelligence a quitté le Togo. Les personnes qui pensent et parlent tout aussi vrai que juste sont injuriées, ridiculisées, moquées, traînées constamment dans la boue ou ostracisées. Les habiles, les manœuvriers, les courtisans, les bêtes, les méchants, les trompeurs, les prédicateurs de « fais ce que je dis et non ce que je fais », les vendeurs d’illusions, les opportunistes, les rusés, les cyniques et les moralistes du « manges et tais-toi » ou du « toi aussi prends ce qui te tombe sous la main et tais-toi », ou encore du « le pays est comme ça quand nous sommes nés et ce n’est pas toi qui y changeras quoi que ce soit » règnent en maîtres actuellement au Togo. C’est un véritable printemps de la vermine que traverse le pays.
Vous pouvez être certain que lorsque la bible, le coran, les églises, les mosquées prolifèrent dans une société, c’est que la corruption morale et matérielle a déjà atteint le sommet et n’ira qu’en montant. Ca n’est que lorsque les africains reviendront à leurs valeurs culturelles intrinsèques qu’ils feront autre chose que ce qu’ils font actuellement.
Lynx.info : Pour l’ex premier ministre Agbéyomé Kodjo, l’échec de l’opposition était prévisible. Il justifie son argument par l’absence d’une candidature unique. Une candidature unique de l’opposition aurait-elle suffi pour chasser Faure Gnassingbé du pouvoir ?
KPOGLI Komla : Cette idée relève du pur sophisme. Elle est trompeuse. Il faut s’écarter de tout ceci et insister plutôt sur la vraie nature de la lutte que les africains, y compris ceux du territoire du Togo, sont appelés à mener. Il s’agit d’une lutte de libération. Toute idée d’élection qui aurait pu être gagnée si « l’Opposition » électoraliste avait positionné un seul candidat face au tyran est une banalité à raconter aux enfants pour les faire dormir.
Il faut le redire : là où il n’y a pas d’Etat, c’est-à-dire un pouvoir organisé qui dirige une peuple de citoyens sur la base des coutumes et traditions codifiées sur un territoire, avec des sanctions prévisibles pour tous à l’appui, l’on ne peut parler d’élection. Mais, l’homme dont vous parlez étant de cette « élite indigène qui collabore à l’exploitation de l’Afrique », il est tout à fait normal qu’il considérât le territoire du Togo comme un Etat déjà constitué, fonctionnant normalement et où ceux qui sont au pouvoir n’y sont que par la volonté populaire. C’est une question de paradigme. Et c’est la raison pour laquelle nous disons aux africains de rechercher à présent un nouveau leadership qui ne soit plus celui en qui ils ont cru et continuent de croire, parce que fabriqué par l’école coloniale et l’industrie paperassière des « universités prestigieuses » occidentales d’où sortent des individus moulés, déglingués et largués en terre africaine avec une feuille de route consistant à rogner les pieds aux africains pour les faire entrer de force dans les chaussures libérales, néolibérales, socialistes, communistes, socio-démocrates transportées dans leurs valises. Les solutions pour l’Afrique ne viendront pas de la Sorbonne ou de Oxford.
Lynx.info : Vous croyez encore en la bonne volonté de Faure Gnassingbé à faire des réformes institutionnelles comme institutionnelles quand le président de la cour constitutionnelle parlait de son deuil dans une interview avant les élections ?
KPOGLI Komla : Les personnes qui récitent cette litanie de « réformes institutionnelles et constitutionnelles », « réformes institutionnelles et constitutionnelles » sous une tyrannie égarent notre peuple au Togo. Les Gnassingbé n’ont fait, ne font et ne feront aucune réforme. Si les « Opposants », « Leaders » qui chantent la litanie des réformes nécessaires ne cernent pas cette donnée première, il va de soi qu’au lieu d’être une part de la solution, ces « Opposants » soient plutôt une grande partie du problème. On ne peut suivre ou promouvoir des idées erronées et des personnes qui les portent tout en regrettant l’impasse dans laquelle elles mènent ou dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. A moins d’aimer l’automutilation, les africains du Togo ont le devoir de s’en désolidariser et travailler à faire monter au créneau un leadership alternatif qui replace la situation locale dans le contexte général d’une Afrique restée colonisée à la suite des indépendances fictives. C’est-à-dire, dans le cadre d’une lutte pour la libération à mener par les populations, avec les moyens et les structures qu’ils ont à leur disposition et portés à leur efficacité optimale par un leadership ayant une vision d’ensemble et les tactiques convenables, le tout avec un calendrier maîtrisé.
Lynx.info : Comment expliquez-vous que même les recommandations de la commission Vérité réconciliation du prélat Nicodème Barrigah soit restées lettre morte ?
KPOGLI Komla : La nature du régime en place en est une raison.
L’autre en est qu’un peuple ne peut prétendre à la justice sans avoir d’abord l’Etat qui est une conquête. Le droit à la vérité des faits, à la justice, au compte rendu par les dirigeants au peuple qu’ils gouvernent ne tombe pas du ciel. Ce sont des conquêtes avant d’être des institutions constamment améliorées et renforcées. Sans avoir livré ce combat, a priori, un peuple ne peut que s’illusionner avec les rapports, recommandations et autres discours des commissions, des groupes de travail, des comités de ceci ou de cela mis en place par le tyran et ses alliés qui le régentent. Gnassingbé 2 et sa bande, en truands expérimentés pour qui l’apparence des choses est d’abord ce qui est recherchée, savent parfaitement que la mise en place de Commissions, comme celle de Monsieur Barrigah, est largement suffisante en soi pour eux. C’est une question d’image pour le régime. Tant pis pour les esprits qui, par malentendu, croient en une autre chose.
Lynx.info : Rodrigue Kpogli Merci
KPOGLI Komla : C’est nous qui vous remercions.
Interview réalisée par Camus Ali Lynx.info, le 7 juin 2015
A quoi rime la danse du ventre qu’offrent les officiels allemands au...
Written by Bill Emile Davolk Editorial de Fenêtre sur l’Afrique du 06 juin 2015 sur radio Kanal K en Susse
Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute (Le renard, dans Le corbeau et le renard).
More...
Quelques chiffres pour comprendre le retard de l'électrification...
Written by AdministratorL’Afrique subsaharienne utilise moins d’électricité que l’Espagne.
C'est le rapport phare du Forum Économique Mondial qui se déroule actuellement au Cap, en Afrique du Sud: l’Africa Progress Panel, le think tank de l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a dévoilé vendredi 5 juin sa dernière étude intitulée: «Énergie, planète : saisir les opportunités énergétiques et climatiques de l’Afrique».
Si le rapport donne quelques unes des clefs pour le développement énergétique de l'Afrique dans les prochaines années et prochaines décennies, l'étude de l'Africa Progress Panel livre aussi des chiffres alarmants sur le développement très lent de l'électrification en Afrique, avec notamment un mal profond: les coupures de courant quotidiennes qui pénalisent l'économie des pays touchés.
- 621 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité en Afrique subsaharienne. "Mis à part l’Afrique du Sud, qui produit à elle seule la moitié de l’électricité de toute la région, l’Afrique subsaharienne utilise moins d’électricité que l’Espagne. Un Tanzanien mettrait, en moyenne, huit ans pour consommer autant d’électricité qu’un Américain en un mois", détaille l'Africa Progress Panel.
- 10 milliards de dollars sont dépensés chaque année en produits énergétiques tels que le charbon, les torches, les bougies par les ménages africains les plus pauvres - soit un revenu de moins de 2.50 dollars par jour. Sur une base unitaire, les ménages les plus pauvres d’Afrique dépensent environ 10 dollars/kWh pour l’éclairage, soit 20 fois plus que les ménages africains les plus riches. En comparaison, le coût national moyen de l’électricité est de 0,12 dollars/kWh aux États-Unis et de 0,15 dollars/kWh au Royaume-Uni.
- 600 000 Africains meurent chaque année à cause de la pollution de l’air générée par les combustibles solides utilisés pour cuisiner. La moitié d’entre eux sont des enfants de moins de 5 ans. Au rythme actuel, il faudrait attendre la seconde moitié du XXIIe siècle pour que la totalité des Africains jouissent d’un accès à des cuisinières non-polluantes.
- 21 milliards de dollars. C'est la somme que les gouvernements africains versent en subventions chaque année pour des services publics jugés inefficaces et réservés aux plus aisés. L’Africa Progress Panel incite donc les États à revoir leurs politiques de subventions pour réorienter de manière efficace ces 21 milliards de dollars.
Mais surtout, l'Africa Progress Panel alarme sur le fait que la situation risque d'empirer avec l'explosion démographique du continent. Selon les scénarios établis par l’Agence Internationale de l’Énergie, l’Afrique subsaharienne est la seule région où le nombre de personnes privé d’accès à l’électricité devrait augmenter. C’est ainsi qu’en 2030, 66,6 % des Africains pourraient bien être concernés. Le principal obstacle reste celui du financement: comment trouver près de 55 milliards de dollars par an jusqu’en pour ériger des centrales, bâtir ou renouveler le réseau de transmission et de distribution? Pour ce faire, le think tank appelle à une coopération internationale renforcée en plus de la Banque Africaine de développement et de l’Union Africaine.
Pour l'industrie du luxe, l'Afrique subsaharienne est le nou...
Written by AdministratorLes plus grandes marques du secteur comparent le marché africain à la Chine des années 1980.
"Cela va être une route cahoteuse pour en arriver là, mais dans 30 ans l'Afrique subsaharienne sera la région au monde la plus stratégique et dynamique pour la vente de produits de luxe", affirme un rapport publié par l'agence ATKearney.
En 2014, seuls trois pays africains étaient présents dans le classement des 30 pays émergents où la croissance du marché du luxe est la plus forte. Le premier d'entre-eux, le Botswana, pointe au 18e rang. "Le Botswana est un des pays d'Afrique parmi les plus stables politiquement et économiquement, avec un PIB de 16.377 dollars par habitant, soit parmi les plus hauts d'Afrique", analyse ATKearney.
Pour le site américain Quartz, le potentiel de l'Afrique subsaharienne pour l'industrie du luxe ressemble à celui de la Chine à la fin des années 1980. À l'époque, "la Chine était très loin d'être une puissance économique comme aujourd'hui, mais les réformes économiques qui aideront à faire de la Chine la première économie mondiale étaient déjà lancées. Maintenant, beaucoup de distributeurs, et particulièrement dans le secteur des marques de luxe, ont conquis la nouvelle classe moyenne chinoise. Et si il y a encore des opportunités de croissance dans le pays, les marques regardent déjà ailleurs pour trouver le prochain eldorado", souligne Quartz.
Et pour ATKearney également, ce prochain Far West se trouve en Afrique. Mike Moriarty, l'un des auteurs de l'étude, explique que l'Afrique subsaharienne présente des "opportunités excitantes qui commencent tout juste à s'ouvrir grâce à la forte hausse des revenus, l'urbanisation rapide et la rapide croissance de la classe moyenne."
L'exemple de l'Angola est citée dans le rapport. Dans la capitale du pays, Lunda, un immense centre commercial avec des enseignes de luxe telles que Zegna, Prada ou Armani vient en effet de sortir de terre. L'Angola est avec le Nigeria, l'un des marchés les plus prometteurs d'Afrique grâce aux revenus du pétrole.