Zoom News (388)
Nous, nous ne cachons pas nos idées qui sont universelles, républicaines et démocratiques, garantissant la sécurité et la justice pour chaque citoyen.
Je parie que les galvaudeux colporteux sont bien de mèches avec le monstre, le petit léopard qui a la queue tachetée comme ses parents.
Ils sont de retour avec des textes galvaudés, des expressions, comparant le fasciste tropical togolais à la démocratie, ou même à la démocratie la plus ancienne du monde de la grande Bretagne, l’incomparable raz de marée du parti conservateur anglais à un hold-up public, à la TVT togolais.
Ceux qui nous parlent de démocratie, d’élection prochaine alors que le cadavre du hold-up est encore très chaud par terre, nous convie déjà au festin du bal d’un hold-up en 2020, sans appeler le peuple togolais à sortir comme au Burkina-faso, au RD Congo.
Hier, ils venaient à nos côtés pour nous dire il faut sécuriser les bureaux de vote, les bureaux de vote sont sécurisés, ils n’ont plus d’argument, ils sont finis par le refus de la signature à Accra du Togo, et de la Gambie du mémorandum de la limitation du mandat présidentiel dans la CEDEAO.
Faure Gnassingbé, veut éclaircir le débat politique en les demandant de venir le soutenir directement, ouvertement, pour montrer au monde qu’il y a du monde avec lui à part Gilchrist Olympio, qui dans sa traitrise a eu le courage de le faire ouvertement.
D’ailleurs, ils sont les amis de nuit de Gilchrist Olympio, à Paris avec un groupe dirigé par une certaine « nanangan » appuyée dans sa diatribe sournoise contre le peuple sur les antennes des médias, en distribuant la note de non clairvoyant un coup aux courageux et la note de lumière aux diablotins collabos, alors qu’elle-même est dans l’obscurité, en prônant l’obscurantisme, en freinant de tout côté les imitatives des combattants de la liberté, avec des négociations nocturnes avec le rpt-unir pendant 5 ans pour les réformes sans aucun résultat malgré le tapis rouge déroulé où trônent les cadres de nos citoyens, les désespoirs de nos mamans, de nos sœurs des marchés brulés.
Togolaise, Togolais, la confiance fait de nous des cocus, avec l’étendard de l’africain l’imbécile du continent, du simple rire à l’applaudimètre de moqueries, nous sommes devenus des êtres méprisables qui ne réfléchissent pas à cause des gargantuas de cupidité, de crimes de sang, de torture, de règlement de compte obscur pour leurs égos démesurés, déformés, malades.
Chers compatriotes togolais, la définition du terme démocratie ( du grec ancien δημοκρατία / dēmokratía, aujourd’hui souvent interprété comme « souveraineté du peuple », combinaison de δῆμος / dêmos, « peuple » et κράτος / krátos, « pouvoir », ou encore kratein, « commander »), est le régime politique dans lequel le peuple a le pouvoir (avec la distinction à faire entre la notion de « peuple » et celle plus restrictive de « citoyens » : en effet la citoyenneté n’est pas forcément accordée à l’ensemble de la population). La première démocratie connue est la démocratie athénienne avec comme bases primordiales l’assemblée générale des citoyens et le tirage au sort en politique.
Selon la célèbre formule d’Abraham Lincoln (16e président des États-Unis de 1860 à 1865) prononcée lors du discours de Gettysburg, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». C’est l’une des définitions canoniques couramment reprises.
Chers compatriotes, il n’est marqué nulle part que la démocratie est le hold-up qui est un crime imprescriptible, un coup d’état d’une minorité au détriment de la majorité.
Le masque est tombé,
A*LE LONG CHEMIN DE LA NON CONFIANCE DU PEUPLE TOGOLAIS AU RPT-UNIR
Des peurs répétés ont crée chez le togolais une inadaptation profonde, un état de malaise profond, générateur de crise de l’angoisse, une attente douloureuse de la trahison du rpt-unir, de ses collabos, de manque de confiance qui se manifeste par l’anxiété, une sensation discrète de peur à l’appréhension de l’avenir.
Ce manque de confiance chez les tenants du bâton et des coups de cross sur le sujet togolais est le pressentiment de l’insolite négatif et l’attente de l’insécurité, vestige du néant et l’inespérance d’une plénitude.
Elle est la crainte placée au cœur des réflexions populaires au Togo et dans la diaspora.
La confiance qui manque au clan des Gnassingbé est le symbole du destin du peuple togolais, l’expression de son inquiétude métaphysique, la contrepartie de sa liberté.
Les mandatés du gouvernement de fait du Togo, sont tous illégitimes, pour ne pas eu l’onction légitime du peuple togolais.
Comment peut-on venir parler à des togolais cadres, qui vivent dans une démocratie, le même langage de bois qu’ils servent aux militants du rpt-unir.
Le propre du rpt-unir, c’est la conjugaison de la violence, de la manipulation et de l’arbitraire, donc je suis très étonné de voir certains membres de la diaspora se prêter aux jeux dangereux de ce parti qui dénonce ses concitoyens, fuyant la misère, l’insécurité, une vie normale, pour faire valoir ses discours dans les instances internationales, dans les associations, dans les ONG.
Au Togo des Gnassingbé et de leur clan, l’expression « maladies de civilisations » le manque de crédit, le mensonge, la tromperie, l’abus de confiance est devenue familière au togolais.
Les togolais ont une accumulation d’agressions, de peurs, de stress émotionnels par la gestion macroéconomique de ce régime, qui viole la parole d’un officier, d’un président, les accords de colmar à la conclusion de la « Vérité, justice et réconciliation » « à la confiance de l’innocent un atout maître menteur, d’un mythomane. »
Mes chers compatriotes la confiance est une sorte de foi, de crédit, d’espérance, de sécurité, alors que le régime militaire des Gnassingbé et son clan ne nous accordent ni l’espérance, ni la foi.
Ce régime nous a servi la pauvreté, l’exil, le gourdin, la torture, la prison, le licenciement et l’harcèlement policier depuis bientôt 50 ans.
Membres de la diaspora la confiance est un phénomène naturel à l’homme, à une institution, moteur de son évolution, elle est positive parce que c’est un pari dans l’autre, elle prévoit les menaces et stimule la mobilisation de l’homme.
Il est impossible de conserver son équilibre interne en affrontant une angoisse flottante, infinie et indéfinissable si la peur est tout temps permanente pour diminuer vos compétences, vos réflexions, vos reflexes, pour se donner aux missions, aux projets de développement.
Pour conclure,
Peuples Togolais dans toute sa composante, Diaspora Togolaise
"N’ayons plus froid aux yeux" Fonçons sans redouter les coups, sans crainte du danger dans la solidarité en écartant les collabos comme au Burkina-Faso.
Vive la résistance, vive la révolution, vive la liberté, soyons tous des téméraires pour étonner nos ennemis.
Jacob ATA-AYI
L'histoire des chercheurs de trésor à la recherche du magot de ...
Written by AdministratorLe dictateur libyen aurait planqué plus de 100 milliards de dollars avant sa mort en 2011.
L'ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi a planqué une fortune incroyable avant sa mort en 2011. Selon certaines estimations, ce pactole fait d'or, de liasses de dollars ou encore de diamants s'élève à près de 150 milliards de dollars. Mais personne n'a mis la main dessus depuis la révolution, explique le site américainThe Daily Beast qui a publié une longue enquête sur le sujet.
En 2014, un Américain du nom d'Erik Iskander Goaied a créé une entreprise pour localiser ce trésor de guerre. Goaied affirme avoir signé un contrat avec le gouvernement libyen pour toucher 10% de ce qu'il trouverait éventuellement de cette fortune cachée de Kadhafi. La Libye, elle, a déjà rapatrié des milliards de dollars qui étaient stockés sur des comptes bancaires ouverts par l'ex-dictateur libyen aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Allemagne. Selon le Command Global Services, une compagnie missionnée par le département américain du Trésor et concurrente de celle de Goaied, environ 60 milliards de dollars ont ainsi déjà été localisés.
Goaied affirme de son côté que 12,5 milliars de dollars en cash ont déjà été trouvés dans un hangar de l'aéroport de Johannesburg, en Afrique du Sud, il y a quelques années. Et selon lui, ce n'est qu'un avant goût de ce qu'il reste encore à dénicher.

La Libye est un Etat en faillite, sans gouvernement central - deux gouvernements rivaux sont établis à Tobruk et Tripoli, et à la recherche d'argent pour rebâtir une économie et des infrastructures détruites par la guerre civile. Dans ce contexte, Goaied pourrait être considéré comme un nouveau héros s'il mettait à jour la totalite ou même une partie du trésor de Kadhafi. Et la reconnaissance des Libyens, c'est ce que recherche Goaied qui a réussi à faire enregistrer sa compagnie comme un agent du ministère de la Justice libyen.
Mais selon les Etats-Unis, il n'y aurait en réalité que 9 à 10 milliards de dollars de la fortune de Khadafi qui se seraient envolés dans la nature. Et Goaied aurait gonflé cette somme pour obtenir le support du gouvernement américain selon plusieurs sources citées dans l'enquête du site The Daily Beast. Pour se défendre, Goaied a expliqué aux journalistes du site américain qu'il est en possession d'un document qui prouve l'existence de la somme de 12,5 milliards de dollars découverte en Afrique du Sud. Mais lors de son entretien avec The Daily Beast, "il ne nous l'a jamais montré", explique les journalistes du site.
Chronique de Kodjo Epou : Quand c’est Faure, il faut toujours attend...
Written by AdministratorParmi les chefs d’états réunis la semaine dernière à Accra pour le sommet de la CEDEAO, aucun d’eux, excepté celui du Togo, n’a accédé au pouvoir par le carnage. Paradoxalement, il s’est trouvé que le président sur la conscience duquel pèse le tas le plus élevé de cadavres et qui devrait par conséquent se faire plus discret, est plutôt celui qui fait échouer un protocole d’accord pour la limitation des mandats présidentiels dans l’espace ouest-africain. Le putschiste bon teint a définitivement confirmé qu’il veut s’accrocher à vie au pouvoir et n’a nulle intention d’abandonner de sitôt. Ni en 2020 ni en 2025. Or, dans les colonnes de “l’hebdomadaire des palais présidentiels” communément appelé “Jeune Afrique”, le même président affirmait, il y a seulement quelques semaines, qu’il ne cherche pas à s’éterniser au pouvoir. Quel respect mérite Faure Gnassingbé? Qui pourra parler d’insulte ou d’ « atteinte à la réputation du président de la république» si un Togolais déclare ne voir en Faure Gnassingbé qu’un vulgaire menteur digne de mépris ou un inceste fabulateur digne d’être pendu haut et court ?
Togo: Le petit colonel Damehane Yark vient de frapper encore
Written by Bill Emile DavolkNicolas Boileau dans la cour du roi : « Coupez nous la langue, oui coupez la nous si vous ne voulez plus que l’on parle. Alors et seulement vous aurez la tranquillité dans vos sommeils ».
Cet homme fait vraiment des progrès et il faut l’en féliciter. En refusant de signer le protocole des chefs d’État portant limitation du nombre des mandats présidentiels à deux, protocole qui a cependant recueilli l’accord de 8 chefs d’État sur 10, Gnassingbé n’a rien révélé de neuf, ni de sa personnalité, ni de ses intentions que nous, je veux dire un certain nombre de Togolais, ignorerions. Je dis bravo ! Non seulement par ironie, mais aussi parce qu’il aurait pu user d’hypocrisie et de la fourberie qu’on lui connaît et signer le protocole, pour n’en jamais tenir compte, comme tant d’autres fois. Cette „franchise“ que nous tenons à reconnaître comme un fait rare venant d’un homme tel que Gnassingbé, ne contredit en rien sa qualification, son grade de menteur, puisqu’un peu avant les prétendues élections du 25 avril, pour les besoins des circonstances, il affirmait qu’il n’avait pas l’intention de s’éterniser au pouvoir comme son père. Il demeure donc, tout compte fait, fidèle à l’image que nous nous sommes fait de lui, faut-il le rappeler, celle de menteur. Mais par-delà cette réalité à laquelle les Togolais doivent s’habituer, il y a un autre enseignement, se référant à son père : lorsqu’il disait : « Lui c’est lui, moi c’est moi... », ceux qui avaient déjà analysé le comportement du personnage, le comparant à Eyadema en caractère, tactiques, méthodes et en avaient conclu que Gnassingbé fils n’est pas différent de Gnassingbé père (sans m’en vanter, je l’avais fait) ont vu juste. Pire si on n’y prend pas garde, Gnassingbé fils serait capable, à moyen ou à long terme, de faire comme le jeune roi de la Bible, Roboam, à qui le peuple était venu demander d’alléger le joug que lui avait imposé son père ; influencé par de mauvais conseillers, il avait répondu à ce peuple : « Mon petit doigt sera à coup sûr plus épais que les hanches de mon père. Mon père vous a chargés d’un joug pesant, mais moi, j’ajouterai encore à votre joug... Je rendrai votre joug encore plus pesant. Mon père vous a châtiés avec des fouets, mais moi, ce sera avec des lanières ».[1]
La conséquence de cet entêtement de Roboam, c’est qu’il conduira le pays à la division et à la ruine. La peur de perdre le pouvoir ou simplement d’être critiqué qui caractérisait, cancérisait déjà le régime Eyadema et le poussait à la tyrannie pourrait devenir plus grande, plus obsédante sous son fils et l’amener à des folies meurtrières et liberticides plus grossières d’ici 2030, puisque tel est son objectif, et encore plus au-delà, si rien ne l’arrête à temps. L’enlèvement du journaliste Bonéro Lawson Betum rappelle terriblement celui de Doh Bruce sous Eyadema, ainsi que l’assassinat d’Atsutsé Agbobli sous Gnassingbé. Cela doit être pour nous un signe alarmant de ce qui attend les adversaires et les critiques du régime. La jungle, qui ne s’est, en fait, pas vraiment éloignée de nous, pourrait totalement reprendre ses droits au Togo. Un régime qui se sait vomi par le peuple, mais qui tient coûte que coûte à s’imposer à lui, à durer, usera de corruption, mais aussi de terreur pour se maintenir. Aux mauvais conseillers de Gnassingbé qui, peut-être, croient que ce dernier est capable de bons sentiments, je souhaite simplement qu’ils n’aient pas tôt ou tard à regretter de l’avoir soutenu.
De tout ceci, il doit apparaître, non seulement aux Togolais, mais aussi au monde entier que le système Gnassingbé n’a pas varié et ne variera pas d’un seul iota, en tout cas, pas de son propre gré : élections, organismes internationaux, ainsi que nos considérations sur la constitution, la loi et autres bavardages soi-disant juridiques se révèlent donc comme relevant de la plus haute inutilité. Nous avons affaire à un hors-la-loi patenté qui n’hésite pas à se montrer comme tel, soit sur le plan interne soit sur le plan externe, chaque fois qu’il le peut, surtout quand il est question, d’une manière ou d’une autre, de limiter son pouvoir. Est-il alors encore besoin de rappeler que, continuer, dans ces conditions à crier réformes ! réformes ! réformes ! relève beaucoup plus de nos réflexes pavloviens, du folklore, de notre facilité à lancer des slogans, que d’une analyse lucide et de la décision qui doit être la conséquence de cette analyse ? Dès lors, comme je l’ai souvent dit, tout dépend de chaque Togolais, selon l’angle de vue sous lequel il se place.
Que ceux que le système arrange, tel qu’il se présente, soit parce qu’ils pensent que le Togo n’a pas besoin de démocratie, soit simplement parce qu’ils en profitent et ont peur de perdre les avantages qu’ils en tirent, ne viennent plus nous parler de réformes, car ils ne croient pas aux réformes dans leur for intérieur et ce ne sont pas les réformes superficielles qui vont changer quoi que ce soit au Togo, tel qu’ils le conçoivent. Que ces compatriotes à qui je reconnais le droit de penser ce qu’ils veulent, là où ils se trouvent, bien que ne partageant rien avec eux, aient le courage d’aider Gnassingbé à aller un peu plus loin dans la démarche vers la vérité, leur vérité : le Togo, selon eux, n’a besoin ni de réformes, ni même de démocratie. La hantise des élections frauduleuses et entachées de violences s’éloignera de l’esprit des Togolais et l’argent gaspillé à les organiser pourra être employé à des choses plus utiles. Même nos soi-disant institutions budgétivores pourront être supprimées sans aucune incidence sur la vie des Togolais.
D’un autre côté, que ceux qui souhaitent réellement l’avènement de la démocratie au Togo, cessent de crier simplement réformes ! réformes ! réformes alors que le même système qui ne veut absolument pas de réformes qui remettent en cause son existence même est toujours en place.
Il y a quelques jours, le professeur Emanuel Gu-Konu que je respecte beaucoup, nous a invités à la réflexion. Dans la même foulé, je posais une interrogation sur le thème, que certains ne semblent pas avoir bien saisie. Je n’ai jamais dit qu’il ne faille pas réfléchir. J’ai simplement posé la question de savoir quelle réflexion. S’il s’agit d’une de ces réflexions qui ne nous conduisent pas plus loin qu’à nos déclarations, communiqués, lettres ouvertes, pire, à nos slogans, ou qui recourent, comme à des sauveurs, aux organismes internationaux tels que la CEDEAO, l’OIF, l’UE... pour résoudre le problème togolais à notre place, quelle en est, en fin de compte, l’utilité véritable ? Nous en avons connu d’autres depuis des décennies. Soyons un peu plus édifiés par ce qui vient de se passer à Accra et révisons en conséquence notre manière de penser. N’en avons-nous pas assez aussi, de ces réflexions...qui restent dans le cadre du système, s’en remettent aux institutions mises en place par le système et même à des institutions religieuses que le régime cherche plus à utiliser à ses propres fins qu’à écouter, des réflexions qui n’appellent pas le peuple togolais à mettre fin au système ( ce qu’il souhaite profondément), des réflexions dont l’objectif n’est souvent qu’un simple effet d’annonce, alors, encore du folklore, à quoi bon ?
Sénouvo Agbota ZINSOU
Pierre S. Adjété : Les inutiles détours démocratiques africains
Written by AdministratorC’était écrit presque « mot-à-maux », depuis le 27 avril 1856, un bail : « Les âmes des Africains sont diverses. Mais leurs cœurs se touchent; les uns le disent et les autres le sentent. Il y a désormais entre les Africains et avec eux les amis de l’Afrique, une sorte de fraternité haute et douce contre les troisièmes mandats présidentiels et tous les désordres politiques qu’ils provoquent sur le continent ». Ainsi, la religiosité nouvelle des troisièmes mandats fait renaître « le danger du génie » tardif des chefs d’État africains se pensant et se plébiscitant, pour certains, plus démocrates que leur peuple en refusant les alternances pacifiques par toutes sortes de subterfuges et d’excès de victoire à chaque élection. Et pourtant, le vent de l’alternance démocratique souffle énormément sur toute l’Afrique.
C’est bien connu : « On résiste à l'invasion des armées, on ne résiste pas à l'invasion des idées». C’est d’ailleurs pourquoi le peuple burundais a repris du service en refusant le coup d’état, malgré la répression et les représailles au quotidien sur des citoyens pacifiques ne voulant que la fin de l’imposture généralisée des mandats à répétition dans cette Afrique des nouveaux potentats. Les détours démocratiques ne font que renforcer la détermination des citoyens à reconquérir la puissance de leur destin : « Une rivière sans conseiller, perd son temps en serpentant les forêts d’illusions et de difficultés, au lieu d’emprunter le plus court chemin vers sa destination pourtant proche », disait le comédien gabonais Dékombel. Plus aucun peuple africain n’est disposé à perdre de son précieux temps démocratique; tous ces bruits de craquement que l’on entend du continent sont donc ceux des chefs d’État déchus de leur superbe piédestal par une jeunesse désarmée en furie.
En démocratie, c’est de bon goût d’avoir des restrictions et c’est même convenable qu’il existe une Opposition politique, libre de ses positions, et aux mains de laquelle le pouvoir de gouvernance peut échoir, raisonnablement et légitimement, après des jouxtes électorales crédibles. Voilà que dans la famille des chefs d’État francophones d’Afrique, non contents d’occuper des fonctions qui souvent les dépassent, les chefs d’État africains se trouvent en droit de protéger leur pays de leur Opposition. Naturellement, aucune voix discordante dans les rangs des partis politiques présidentiels : aucune dissidence n’est permise. Mais surtout, pas une seule critique de l’Opposition ne leur est supportable dans leurs palais présidentiels africains. Rien que de la regrettable indulgence urbi et orbi.
Le président guinéen Alpha Condé nous apprend ainsi qu’il partage le point de vue de son collègue béninois Yayi Boni, un autre recalé de la démocratie : « Le président béninois Boni Yayi m’a dit un jour : '' Tu es président, mais tu te comportes toujours comme un opposant''. Dans un sens, il n’a pas tort : je ne cesserai jamais de m’opposer à ceux qui veulent du mal à la Guinée ». Ainsi, être de l’Opposition et s’opposer aux gouvernants devient vouloir du mal à son pays, dans une Afrique dont les États, des Républiques, sont pourtant dirigés par des hauts gradés universitaires : professeur par ci, docteur par-là, MBA à tout casser, etc.
Il y a toujours une conséquence minimale à la démocratie que ces chefs d’État africains doivent bien savoir : accepter de se faire critiquer, même de manière très partisane, par leurs adversaires politiques adeptes d’une autre option de gouvernance et d’un autre projet de société. Les chefs d’État africains au palmarès aussi peu élogieux, souvent, n’ont donc d’autres choses à faire que vouloir donner des leçons à leur Opposition. Critiquer toutes les insuffisances apparentes devient ainsi crime de lèse-majesté en Afrique francophone où presque toujours les dirigeants ont véritablement contracté une méfiance viscérale envers tout ce qui pouvait donner aux populations la tentation de l’alternance démocratique; la France d’abord et l’Organisation internationale de la Francophonie ensuite ajoutant, densément, à la fiction démocratique entretenue par les chefs d’État africains eux-mêmes.
Les Africains sentent avec un certain embarras combien c’est très peu songé, profondément ténébreux pour ces chefs d’État, de nier leur propre imperfection, très visible, dans leur désir effréné de confiscation du pouvoir tout en trompant les apparences. C’est donc au-delà de la simple critique, et au cœur même du devoir citoyen que se situe le détournement de la volonté populaire qui se théâtralise en Afrique. C’est bien pourquoi, plus personne ne peut se permettre d’applaudir de confiance les nombreux présidents africains dont certains deviennent les parfaits prototypes de la démocrature nouvelle en renforcement complaisant dans la Francophonie.
Et voilà que le ridicule ne tue toujours pas! Pierre Nkurunziza devient combattant du terrorisme international et non plus gardien de la démocratie dans son pays, comme il se devait. Le chef de l’État burundais, sorti encore plus affaibli d’une tentative de coup de force prévisible, déclare abruptement que son pays serait sous la menace du groupe terroriste Al-Shabab. Une livraison curieuse et aussi étonnante pour qu’une rectification soit donnée à l’agence Reuters par un porte-parole du fameux groupe terroriste, Al-Shabab, se sentant victime de la fausse représentation du chef de l’État burundais : «Nous pensons que c'est une tentative pour apaiser ses concitoyens qui manifestent dans la rue contre sa politique dictatoriale, ou une façon de détourner l'attention du monde de lui-même pendant qu'il prépare une répression de masse contre ses opposants». Dorénavant, les groupes terroristes s’offusquent des entourloupettes orchestrées par les chefs d’État africains. On aura tout vu et entendu.
Le Togo est le résumé des arrogances politiques et des désolations humaines
Au Congo, tout est fait pour la récidive de la forfaiture du troisième mandat : une plongée dans une consultation populaire dont l’issue, connue d’avance, est jetée en éclaboussures comme autant de possibilités pour réhabiliter la désinvolture et la royauté politiques à Kinshasa, innocenter la paresse et la nonchalance démocratiques à Brazzaville. Mais c’est surtout au Togo que l’obscénité politique tient le haut du pavé. Refusant les « Réformes constitutionnelles et institutionnelles » avant les dernières élections présidentielles du 25 avril 2015, le pouvoir présidentiel togolais va maintenant les réaliser, notamment introduire la limitation du mandat présidentiel à deux termes après s’être offert, gratuitement et frauduleusement, les trois premiers mandats de 2005 à 2020. C’est le cynisme à son paroxysme, le résumé de toutes les arrogances politiques qui prospèrent dans les chancelleries dictatoriales africaines qui sont ainsi concentrées au Togo.
Honnête président un peu tard, puisque parvenu au trône sous les excès répressifs, meurtriers et profanatoires des populations togolaises ainsi qu’avec les bénédictions conjuguées et complaisantes de certains autres chefs d’État dont Olusegun Obasanjo, Omar Bongo Ondimba, Blaise Compaoré et Amadou Toumani Touré, la seule présence de Faure Gnassingbé à la tête du Togo vient du fait qu’il soit le fils de son père, le général Gnassingbé Eyadema. Rien de plus, rien de moins. Et, cette présumée dévolution de compétence dès la naissance aurait eu le bénéfice et la délicatesse populaires si chacune des élections présidentielles consécutives en 2005, 2010 et 2015 n’étaient autant de brigandages à ciel ouvert, allant des urnes volées par des militaires aux résultats électoraux forgés d’avance, proclamés de force et relayés par des journalistes internationaux corrompus officiant dans des médias versatiles.
Mieux encore. Faure Gnassingbé prétend également manifester de la compassion pour les citoyens du Togo en leur promettant que l’imposture du troisième mandat ne lui permettra guère de s’éterniser au pouvoir. Autre trouvaille : les cinq mandats consécutifs programmés ne peuvent d’ailleurs être que la faute de l’opposition togolaise à laquelle une corde démagogique serait ainsi offerte pour sa propre pendaison en stériles querelles, débats et autres états généraux aussi inutiles, hâtifs qu’inappropriés. Le problème du Togo n’était nullement l’Opposition mais cette incapacité du pouvoir présidentiel à consentir organiser une seule élection crédible. Même si la fleur sait sortir sa tête du fumier, les vices incorrigibles de Faure Gnassingbé ne sont guère acceptables pour le commun des citoyens togolais, avide d’une alternance maintenant, et non dans quinze autres années d’un pouvoir déjà quinquagénaire, de père en fils et en petits enfants bientôt. Totalement inacceptable!
Le Togo vit une situation tellement dramatique que ses citoyens émargent au dernier rang des pays aux gens heureux, selon le tout dernier classement mondial en la matière, dévoilé à New York le 23 avril 2015, par le « Réseau pour des solutions de développement durable », le SDSN (Sustainable Development Solutions Network). Sur 158 pays, le Togo tient la triste vedette en fermant le classement mondial à la 158e place et même en arrière des pays en guerre sur la surface de la terre. Comment pouvait-il en être autrement? Comment une telle population, la première des nations malheureuses aux individus accablés du mal de vivre, en Afrique et à l’échelle du monde entier, pouvait-elle ne pas le savoir et continuer à préférer le régime qui l’empêche d’exister autrement que dans la désolation et le désespoir? L’Opposition togolaise n’a même plus à faire la démonstration de sa victoire au Togo; il faudra laisser le soin au pouvoir présidentiel de prouver au monde entier comment il a pu être le choix électoral légitime de ce peuple par lui asservi et desservi.
La situation au Togo vaut bien une large comparaison
Avec autant d’empreintes et d’incohérences laissées à travers les élections présidentielles du 25 avril 2015, c’est la démonstration d’un aveu d’échec qui est aussi clairement établi par un régime en place depuis cinquante ans, et qui ne sait plus à quel subterfuge se vouer pour assujettir chacun des désirs d’alternance du peuple togolais. La démocratie est ainsi déjouée au profit d’une démocrature, sachant bien que l’Opposition togolaise, souvent gagnante des élections, ne possède aucun moyen conséquent pour percer l’épaisse muraille répressive, unique en Afrique, et dressée contre la population, les acteurs politiques et les journalistes.
En réalité, trop longtemps privée de sa victoire, l’Opposition togolaise est parvenue, cette fois-ci, à étouffer l’arsenal des fraudes électorales, réussissant à nettoyer les résultats électoraux en excluant les procès-verbaux litigieux et outrageusement scandaleux. Comme l’on pouvait s’y attendre, Faure Gnassingbé le président sortant mais jamais partant, se retrouve démuni et battu à 44% contre 52% pour le candidat de l’Opposition, Jean-Pierre Fabre, soutenu par la coalition de partis regroupés sous CAP 2015; la différence de 4% allant aux trois autres prétendants.
En s’en tenant seulement aux délits électoraux et à leur constance, les intentions qu’ils dévoilent ne sont plus d’ordre politique ou économique et ne relèvent même plus d’une quelconque division ethnique entre les deux solitudes togolaises, le Nord et le Sud, mais seulement du refus de l’existence même d’un peuple, d’une nation, la négation même d’un idéal de justice, de paix, de fierté et de dignité aux millions d’êtres humains dont le seul crime est d’être des Togolaises et des Togolais. Aucune élection en Allemagne, en France, aux États-Unis, au Nigeria, au Ghana, au Sénégal, au Bénin, aucune élection dans une simple école secondaire ne bénéficierait d’une once de crédibilité et d’acceptabilité dans les conditions récurrentes et injurieuses développées au Togo, et au grand découragement des électeurs. Légitimement, et pour paraphraser le prix Nobel en Économie 2001, Joseph E. Stiglitz, une autre gouvernance doit être essayée au Togo : le résultat du refus de démocratie, prélude à la réconciliation, est tellement minable que dans d'autres circonstances, on le qualifierait de lamentable. Un autre Togo devient réellement urgent.
Désormais, il faut reconnaître aux populations africaines le droit sacré de se défendre contre l’effroi des troisièmes mandats présidentiels; reconnaître aux peuples le droit au bonheur, le devoir de se séparer de ce qui les menace en souillant constamment leur dignité ainsi que leur droit à une République franche, irréprochable, pleine, entière et respectueuse de leur soif de changement politique. Le courage d’une Afrique démocratique parle encore la langue de la raison, de la modernité et de l’intégrité des institutions; et cette langue est celle des peuples à travers tous les âges et sur tous les continents. Les rêveries inutiles que l’Afrique n’est pas prête pour la démocratie ne sont donc que les cauchemars d’une classe dirigeante avare et utopiste, assoiffée de sang et de guerre, et vivant en dehors de toute éthique républicaine.
Stabilité? Pas pour les cinq prochaines années (Stability? Not for the next five years). Le titre du célèbre “Globe and Mail” parlant des lendemains de la majorité parlementaire acquise par les Conservateurs britanniques se prête bien à la situation togolaise également. Aucune stabilité politique n’est attendue au Togo durant les prochaines années. Si la victoire régulièrement acquise, de haute lutte et malgré la division des voix, n’est pas un gage de stabilité, qu’en serait-il de la victoire volée, une fois de plus, à tout un peuple déjà dans le désarroi total et la désolation mondialement reconnue? Instabilité.
Faure Gnassingbé ne l’aura donc pas facile, particulièrement face à une Opposition épurée des plaisantins circonstanciels et conduite par un personnage à la détermination éprouvée et inébranlable. C’est un euphémisme, et c’est tant mieux. Le Togo a droit à son alternance, à la vérité des urnes et au respect des aspirations de la majorité de ses citoyens. Que cesse enfin l’indignité constante! Heureusement que les peuples savent arracher cette liberté qui ne les fatigue jamais, envers et contre les dirigeants illégitimes. Le combat pour l’alternance politique pacifique se poursuit, au Togo et ailleurs dans cette Afrique avide d’une démocratie sans détours. Vivement!
- 21 mai 2015●
Les inutiles détours démocratiques africains
Pierre S. Adjété
Québec, Canada
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Le réveil démocratique de l'Afrique est aussi le résultat de l...
Written by AdministratorLa crise burundaise est le dernier exemple de populations africaines qui n'acceptent plus l'autoritarisme politique de leurs dirigeants
Les pays d'Afrique subsaharienne en général, et plus particulièrement les pays francophones, se situent à un carrefour. Un grand nombre de dirigeants africains en place depuis de longues années, dont la plupart sont arrivés au pouvoir après des coups d'Etat, affrontent aujourd'hui ue pression plus forte que jamais. L'avènement des nouvelles technologies et en parallèle celui des réseaux sociaux ont apporté un souffle nouveau aux mouvements citoyens pro-démocratie.
Togo, présidentielle 2015 : Fraudes massives et coups de pouce de mé...
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Togo, présidentielle 2015 : Fraudes massives et coups de pouce de médias français, les dessous de cartes
Max Savi Carmel et Edem Assignon, Paris, 19 mai 2015
Aux vues et aux sues du monde entier, Faure Gnassingbé a réussi son énième tripatouillage électoral. Cette fois-ci avec le soutien, à peine voilé de médias français. Comment et par qui a été organisée la fraude? De France 24 au Monde, de Jeune Afrique à l’AFP, quels rôles ont joué les médias de l’hexagone ? Deux semaines après les résultats définitifs, Afrikaexpress a mené son enquête.
Afrikaexpress a déployé lors de cette présidentielle, plusieurs équipes de journalistes dans tout le pays. Cette enquête est le fruit de leur travail mais aussi celui d’une série de témoignages vérifiés par nos services. Dans plusieurs cas, nos journalistes ont été eux-mêmes témoins de la fraude et de ses méthodes. Quant aux privilèges financiers accordés par le régime à la presse française, ils font objet, depuis 2008, de longues enquêtes de la part de la rédaction de Tribune d’Afrique puis d’Afrikaexpress. Les informations obtenues sont résultants d’indiscrétions de personnes près du dossier ou de témoins qui, à visages découvert se sont confiés à notre rédaction.
Décor. Ceni (Commission électorale nationale indépendante), organe en charge de l’organisation de la présidentielle au Togo. Sur ses 17 membres, au moins 10 sont acquis au pouvoir, et à ce groupe 2 autres se sont ralliés rapidement. Seulement 5 sont proches de l’opposition avec leur tête,Francis Pédro Amuzun, plus excité qu’équilibré. La Cour constitutionnelle, l’institution chargée de valider les résultats annoncés par la Ceni : ses 9 membres sont nommés par Faure Gnassingbé et les députés à l’Assemblée nationale où il est majoritaire. Unir (Union pour la République), nouvelle dénomination du Rpt (Rassemblement du peuple togolais) qui a dirigé le Togo depuis sa création en 1969 jusqu’à sa dissolution en 2011. Cap (Combat pour l’alternance politique) en 2015, alliance de plusieurs partis et mouvements soutenant la candidature du principal opposant, Jean-Pierre Fabre. Il regroupe l’essentiel de l’opposition, à l’exception du CAR (Comité d’action pour le renouveau) de Me Yawovi Agboyibo, connu pour sa promiscuité avec le pouvoir, et du mouvement Tchoboe qui réfute tout scrutin sans réformes, appelant au boycott.
Faure Gnassingbé. Au pouvoir depuis 2005 à la suite d’une présidentielle qu’il a lui-même qualifiée « d’épouvantable » lors de laquelle, des milices proches de son parti ont massacré des centaines de civils dans tout le pays, notamment à Lomé et dans la région des Plateaux selon un rapport de l’Onu (rapportDoudou Ndiène). Après deux mandats tous contestés, il s’est engagé pour un troisième qu’il a décroché sans difficultés, avec une immense fraude orchestrée avec le soutien d’hommes d’affaires, d’anciens barons du Rpt et de l’armée.
Jean Pierre Fabre. Chef de file de l’opposition, il combat la dynastieGnassingbé depuis 30 ans. A défaut d’être candidat unique, cet ancien professeur de statistiques qui a réussi à éloigner de lui plusieurs leaders de l’opposition dont Agbéyomé Kodjo(ancien Premier ministre, passé entre temps dans l’opposition mais aujourd’hui attiré par le faurisme), est désigné candidat de Cap 2015.
Général Siaka Sangaré. Officier malien et expert des élections en Afrique. Il préside le comité de suivi pour le compte de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif). Son arrivée a fait suite à une contestation du fichier électoral par l’opposition togolaise. Il éliminera 100.000 votants en doublon contre plus de 300.000 à 500.000 suspectés. Les experts de l’Oif reconnaitront eux-même que le fichier n’est pas « fiable mais consensuel ». Du jamais entendu dans une démocratie !
Gerry Komandéga Tama (ancien militaire), Aimé Gogué Tchaboré(professeur) et Mohamed Traoré Tchassona (notaire) sont les trois autres candidats à la dernière présidentielle. Les résultats officiels les ont crédités de 6% des suffrages exprimés. Dans ce contexte, le scrutin n’opposait que deux grands candidats : Jean-Pierre Fabre etFaure Gnassingbé. Le dernier est proclamé vainqueur par des institutions à sa botte avec 58% des voix alors que son challenger réclame comme à l’accoutumée une courte victoire. Décryptage et perspectives !
Fraudes massives, irrégularités abondantes, désorganisation avérée !
Derrière l’extraordinaire calme et sérénité qui a prévalu lors de la présidentielle du 25 avril dernier, se cache une toute autre réalité. Plusieurs formes de fraudes ont été constatées dans tout le pays. A l’exception de Lomé, la capitale, où la participation a été à peine passable, dans toutes les autres préfectures ou presque, il y a eu des irrégularités, des pressions directes et surtout, des bourrages d’urnes. C’est le cas dans la Binah (nord-est du Togo), très favorable au pouvoir depuis un quart de siècle (le défunt dictateur Eyadéma Gnassingbé obtenait 100% des voix et son fils Faure n’échappe point à des scores soviétiques). Un reporter d’Afrikaexpress a constaté de visu, dans le canton de Kémérida-Kétao, des distributions de billets de banque, notamment derrière la gare de Kétao, vers la mi-journée. Des recoupements révéleront plus tard que ce sont des étrangers venus voter qui se partagent leur cagnotte. Une cagnotte offerte parMassina Yotrofeï, décrié pour son présumé passé de bourreau à l’Agence nationale des renseignements (Anr) et qui dirige depuis quelques mois la gendarmerie nationale.
Trois témoins attestent que la langue parlée par ces votants mystérieux est proche du dendi, populaire au nord du Bénin et du fon, principal dialecte dans le pays voisin. Une certitude : plusieurs centaines de votants qui ont reçu leurs liasses de billets ne parlent pas le kabyè, dialecte du terroir. Pire, des voitures les ont convoyés vers Kara juste après. Contactée, la préfecture de la principale ville du nord du Togo, dit n’avoir « rien entendu de pareil ».
Mais, une conséquence de cette fraude révélera le subterfuge. Un dépassement de « 1120 voix » a été constaté par la Céni dans cette localité. Après le bourrage d’urnes et le vote des étrangers, des représentants de l’opposition ont été chassés de plusieurs bureaux de vote situés autour de la préfecture de Pagouda. « Beaucoup d’entre eux ont été remplacés par des militants du parti au pouvoir », selon des témoins crédibles. « Généralement, nous votons en paix ici et pour le parti au pouvoir, cette fois-ci, je ne comprends rien, les fraudeurs sont venus nous envahir« , avoue avec amertume à Afrikaexpress, un gendarme de la Fosep. Ce qui est certain, le cas de la Binah a provoqué un houleux débat. La Ceni favorable au pouvoir, demande que la Cour constitutionnelle s’en charge. « Jamais ! », ont rétorqué des représentants de l’opposition qui demandent que le vote de cette préfecture soit annulé. Finalement, il ne le sera pas.
Mais la Binah ne détient pas le monopole de la fraude. Un communiqué de Cap 2015 fait cas de dysfonctionnements avérés dans une vingtaine de préfectures. Et pour une fois, l’opposition togolaise a fait preuve de précisions étonnantes. Dans le courrier de Jean-Pierre Fabre à la Céni, le candidat identifie des formes de fraudes et localise leurs zones d’effraction. Par exemple, dans le Dankpen, des bulletins estampillés « SPECIMEN » ayant servi à la campagne ont été retrouvés dans les urnes. Preuve sans doute que dans la précipitation de bourrage d’urnes, il y a eu recours à des bulletins d’essai. Le courrier évoque 17 bulletins. « Il pourrait y en avoir quelques centaines, à Dankpen et à Guérin Kouka », selon un observateur de la Cédéao qui a échangé au téléphone avec Afrikaexpress. Le Cap 2015 constatera même que dans au moins une préfecture, le nombre d’urnes était supérieur à ce qui était déployé. Une autre démonstration de fraudes à l’aide d’urnes fictives.
Autres localités, autres méthodes : le Yoto, le Zio et le Bas Mono. Distribution massive de cartes d’électeur et achat de conscience notamment dans les hameaux reculés. « Avez-vous déjà voté ? Sinon j’ai des cartes », s’est adressé un jeune homme à deux reporters d’Afrikaexpress, ahuris, à Tokpli. Sans aucune gêne, il a réussi à faire voter au moins une dizaine de personnes. Un électeur a même accompli son ‘’devoir civique’’ avec une carte de femme avec la bénédiction du président du bureau de vote. Les journalistes ont vainement tenté de solliciter l’intervention du gendarme de la Fosep : « je suis seul et je ne peux rien », répondra l’agent. Désarmant !
L’armée à la manœuvre
Pour plusieurs observateurs, la nouveauté dans ce scrutin réside dans la préparation, en amont des fraudes. A part la bourde de la Binah, la fraude n’est pas le fruit d’une précipitation et de l’improvisation. Elle a été planifiée de fond en comble. Depuis que Pascal Bodjona, ancien puissantissime ministre et cerveau des fraudes a été jeté en prison par Faure Gnassingbé dans une rivalité politicienne, c’est au sein de l’armée que se trouve la nouvelle machine. Des sources concordantes ont révélé qu’au moins 1800 militaires de divers grades étaient représentants du parti au pouvoir dans les bureaux de vote au nord du pays. Certains parmi eux ont été bien formés à la fraude. Malgré leur fermeture officielle, ils ont réussi par exemple, à faire entrer par plusieurs postes-frontières du pays, des étrangers le jour du scrutin. A Kétao, au moins 16 camions remplis de votants béninois ont traversé la frontière, à Cinkasé, limitrophe du Burkina Faso, les étrangers sont arrivés au Togo deux jours avant et ont été soigneusement logés. Selon des témoins, plusieurs cadres de Unir (pouvoir) les ont logés et le coût de leur séjour a été pris en charge par Noupokou Damipi, sulfureux ministre des Mines qui a multiplié des scandales de corruption sans jamais être inquiété. Il est redevable à Faure Gnassingbé.
Tout au long de la frontière ouest avec le Ghana, l’opération a été minutieusement organisée. Que ce soit du côté de Kidjaboum, Katchamba, Guérin Kouka ou Bassar, les populations sont presque identiques des deux côtés de la frontière. Les acheminer par milliers n’a posé aucun problème. Venus par Tindjassé et Yégué, ces ‘’votants d’un jour’’ ont été convoyés par camions et logés par la préfecture de Wawa. « Tout a été planifié par l’armée », ricane une source proche de la Grande muette, sous couvert de l’anonymat. Les regards se tournent vers le Camp Landja de Kara et celui de Témédja dont quelques centaines de pensionnaires se sont retrouvés en mission « non mentionnée » pendant toute la période électorale.
Dans la région des Plateaux, des cas de bourrage d’urnes ont été répertoriés notamment dans des zones rurales où dominent les populations allogènes, tous favorables au parti au pouvoir. Dans la ville d’Atakpamé, essentiellement acquise à l’opposition, des quartiers entiers ont été vidés de leurs populations. « Vers le Ghana notamment et quelques-uns vers le Bénin« , selon un constat de Afrikaexpress, ce qui a justifié que malgré une mobilisation importante dans les milieux ruraux (mobilisation attribuée à tort ou à raison aux bourrages d’urnes), le centre-ville ait battu tous les records d’abstention. Plus de la moitié des votants ne se sont pas déplacés. Et pour cause, les violences de 2005 ont rattrapé les mémoires. Cette année-là, cette ville avait connu un massacre soigneusement orchestré par des milices proches du parti au pouvoir. Alors qu’à quelques jours de la présidentielle, des cas de violences ont été signalés à Djerehouyè (où s’est rendue une équipe de Afrikaexpress) et à Gléï puis vers Nangbéto, la panique a saisi la ville qui s’est vidée de ses habitants. Une situation volontairement provoquée par le régime pour vider les poches de l’opposition de leurs votants potentiels. Opération réussie !
Dans les casseroles togolaises des médias français
Les relations, souvent incestueuses, parfois scandaleuses ont toujours existé entre les dictatures africaines et les médias français. Notamment le Togo, une dictature exceptionnelle, avec quelques traits de démocratie, des semblants d’institutions, une forme de liberté d’association et d’information. Le tout dissipant les dessous moins catholiques. Mais pour cette élection, le rôle et l’implication des médias hexagonaux ont été soigneusement préparés par deux barons du régime. Gilbert Bawara, ministre de l’Administration territoriale qui a de bonnes relations avec Le Mondeet Jeune Afrique et Cléo Essodeina Petchezi, secrétaire général adjoint de la présidence, chargé de la communication qui peut compter sur sa filière France 24(avec Emmanuelle Sodji notamment) etRfi. Entre les deux, la directrice de cabinet, Victoire Tomégah Dogbé qui gère les gros budgets de communication, plutôt avec des sociétés américaines qui ont réussi, à insérer à prix d’or, quelques pages sur le Togo dans de petits journaux américains. Elle tient aussi la phase Europe, notamment pour la France où elle a pu obtenir aussi bien dans l’Express que le Point des insertions maladroites (celle du Point portait moult erreurs et une chaine de coquilles). A cela s’ajoute la sulfureuse filière Jeune Afrique.
Connu pour sa légèreté et ses acrobaties avec l’argent des dictatures, le magazine panafricain sait surfer sur les périodes électorales. Avec Danielle Ben Béchir, l’épouse du fondateur qui téléguide tout depuis Paris. Les grandes interviews sont confiées soit à son fils Marwane ou àFrançois Soudan, le fidèle des fidèles. Pour les articles habillement publicitaire, Georges Dougueli est le coursier idéal. LA machine fonctionne bien avec les nouvelles recrues qui ont compris le code : le commercial d’abord, le journalisme ensuite. Et souvent, le journalisme, le vrai, n’arrive jamais. Mme Dogbé peut, pour ces coups, puiser allègrement dans les 2 millions de dollars disponibles grâce au budget et à la traditionnelle caisse noire mais aussi les raquettes auprès de sociétés d’Etat. Il suffit d’appeler le directeur d’une société d’Etat et de lui demander un coup de main pour « la com présidentielle » que c’est fait aussitôt. Et pour le scrutin du 25 avril dernier, ça a marché !
Les médias internationaux ont tôt fait d’annoncer la victoire de Faure Gnassingbé. Internationaux ? Disons plutôt France24 dont la correspondanteEmmanuelle Sodji à Lomé a surpris par sa magie. Elle doit être d’une classe exceptionnelle de devins pour savoir, au soir du 25 avril que le président sortant est favori, puis, s’est retrouvé ‘’largement en tête sur toute l’étendue du territoire’’. Information mystérieuse d’autant que jusqu’à 4 jours après, aucun résultat fiable n’est encore sorti. La Céni cafouillait encore.
Collaboratrice de TV5 Monde et deFrance 24 dans la région, Emmanuelle Sodji a souvent fait preuve de retenue. Qu’est-ce qui l’a poussé aussi loin ? Un coup de main, murmure-t-on à la présidence et qui dit coup de main dans le langage tropical dit argent, parfois beaucoup d’argent. Elle sera attaquée sur les réseaux sociaux et par des confrères locaux qui ont avancé des sommes dont Afrikaexpress préfère taire le montant, sans preuves. Mais, toujours est-il que sa précipitation à annoncer, avant la Céni,Faure Gnassingbé gagnant a de quoi surprendre ! Radio France Internationale(avec Olivier Rogez) y va plus ou moins sérieusement et rigoureusement. Son correspondant local a été mis à l’écart, sa promiscuité avec le régime n’est plus que secret de polichinelle. Dans la soirée du lundi 26, plusieurs journalistes vivant en Europe et proches de Gilbert Bawara ont annoncé sur les réseaux sociaux et dans certains médias que Faure Gnassingbé est largement en tête. Au Quai d’Orsay, le ministre togolais de l’Administration insiste pour qu’un communiqué appelle, non seulement Jean-Pierre Fabre au calme mais « prenne acte » au moins de la situation. Peine perdue. L’attente sera longue. En rencontrant le président de la République quelques heures plus tard,Gilbert Bawara se laisse aller, « La France a reconnu notre victoire, les médias français notamment ». Une manière de calmer un chef d’Etat qui a, pour cette fois-ci, débourser quelques millions d’euros pour des journalistes dont certains sont de fantômes. Mais M. Bawara n’a pas que des fantômes dans son carnet d’adresses à la page des médias, il a un contact qui lui sauvera la face. Christophe Châtelot. Ce n’est pas l’ami direct du ministre. Il est le filleul d’un autre « bitosard », terme pour désigner les journalistes corrompus en Afrique.Philippe Bernard. L’incarnation même de l’affairisme dans le métier. Tiens, il est en poste à Washington. Pendant le conflit qui a opposé le président togolais à son frère cadet qu’il accusera à tort de tentative de coup d’Etat, il prendra position pour Le Monde. Avec Yérim Seckpour Jeune Afrique. Copains du ministre de la Coopération (poste occupé précédemment par Gilbert Bawara), ils sont accueillis chaque fois qu’ils atterrissent au Togo. Hôtel, véhicules, parfois quelques donzelles tropicales pour les plus viriles. Et toujours la cantine de bois, la petite caisse d’argent pour dire « au revoir et merci ». Le Français et le Sénégalais savent mieux que quiconque que les cadeaux ne se refusent pas sur le continent noir. Comme Philippe Bernardn’est plus dans la danse, Christophe Châtelot le remplace bien, avec des articles si favorables qu’on se demande si certains ne lui sont pas écrits par la cellule de communication de la présidence togolaise. Contrairement àPhilippe Bernard qui a récolté entre 600 et 800.000 euros en une année (2009 et 2010) auprès du seul ministre Bawara, selon une indiscrétion de ce dernier, deChristophe Châtelot, on ne saura rien. Juste des relations trop poussées avec le régime avec à la clé, le constat que « Faure était très populaire » et que l’opposant perdant est « un homme seul », comme s’il n’a pas suivi ses campagnes. Faut-il alors s’étonner que, le 2 mai 2015, Christophe Châtelot ait repris le message transmis par l’Afp le 30 avril comme quoi l’Onu avait qualifié le scrutin de « crédible, libre et transparent », en ajoutant que le « constat » était « partagé par les autres observateurs internationaux et nombre de diplomates étrangers de Lomé » en oubliant le Comité d’accompagnement et le général Sangaré et sans considération pour la valeur des observations citée par l’ONU?
Quant à Jeune Afrique, il couvrira tout le processus électoral dans le sens qui avantage son « partenaire », le président sortant qui n’a pas hésité à sortir un demi-million d’euros pour une interview qui sera utilisée en extraits dans un article tout à la gloire de Faure Gnassingbé. François Soudan a passé du bon temps avec le chef de l’Etat togolais. Réception dans une résidence cossue à la plage, une maison que Faure Gnassingbén’utilise que pour des hôtes de marque. Il sera reçu ensuite au bureau en plein protocole avant de finir au domicile. Surprenante intimité entre un journaliste et un chef d’Etat au point où dans la livraison suivante du journal, on confondrait son papier avec un article du bulletin d’information du parti au pouvoir. Les consignes seront données pour que les sociétés d’Etat lui complètent le demi-million manquant, selon une source militaire très crédible. C’est l’habitude à Jeune Afrique, en tout cas. Et, tous les articles du journal iront dans le même sens, comme s’ils étaient censurés par Lomé.
De tout ce qui précède, il est certain que gagnant ne peut se prévaloir de la légitimité. L’opposition notamment Jean Pierre Fabre appelle au recompte des voix, position partagée par plusieurs partis politiques de la gauche française. Si le cafouillage de la Ceni ne permet pas de désigner Fabre comme vainqueur, la victoire de Faure gonfle le doute. Compte tenu du contexte international fragile, avec les menaces terroristes, Paris a dû en prendre acte. La communauté internationale n’ayant jamais fait confiance à l’opposant dont le programme politique est aussi flou que le style de gouvernance. Mais ce scrutin, trop vite salué par l’Organisations des Nations Unies, ONU et l’Organisation internationale de la Francophonie de même que plusieurs démocraties occidentales dont la France remet en doute la crédibilité de ce qu’on appelle communauté internationale et qui, sur le continent africain fait du deux poids deux mesures. L’opposition togolaise a lancé une série de manifestations qui ne suffiront sans doute pas à remettre en cause la victoire de Faure Gnassingbé. Mais dans une situation à la togolaise où l’opposition est plus que fragilisée, la presse déshydratée et la société civile éreintée, la surprise peut venir de partout. Comme au Burkina Faso où personne n’a rien vu venir. Le régime ne devrait se croire à l’abri de rien !
MAX-SAVI Carmel, Paris, France
Edem ASSIGNON, Paris, France
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