Zoom News (388)
Togo: ET SI VOUS RENTRIEZ (ENFIN) DANS L’HISTOIRE ! M. OLYMPIO...
Written by Jean-baptiste K.« que ce que je veux
c’est pour la faim universelle
pour la soif universelle
la sommer libre enfin
de produire de son intimité close
la succulence des fruits »
Aimé Césaire « cahiers d’un retour au pays natal »
L’alliance UFC-RPT/UNIR de 2010 est une torpille politique qui ne n’a sans doute pas fini de produire tous ses effets. Cette alliance perçue comme une trahison a plongé le champ de la contestation politique dans une léthargie apathique et son ombre portée se densifie en obscurité par le spectacle désolant des comportements erratiques et irresponsable des acteurs politiques.
Pour la majorité présidentielle, elle est vécue comme une victoire, un véritable blanc-seing assimilable à un permis de prolonger les actions de la régence dictatoriale de pays.
- OLYMPIO est assurément une belle prise de guerre. La tête est frappée, la troupe des opposants s’est dispersée et peine à se coaliser en un front cohérent et efficace contre le régime en place.
Le chef déchu semble maintenant montrer la voie à suivre : rentrer dans les rangs, consentir les accommodements raisonnables et se complaire dans un pari irréalisable : s’allier avec la dictature et essayer de la changer de l’intérieur. Il s’agit, nous le savons, d’une erreur dramatique d’appréciation. Irrecevable à ce niveau de responsabilité.
Qu’est-il donc arrivé à M. OLYMPIO? Telle est la lancinante question.
Le poids des pressions internationales ? L’appât du gain ? L’écœurement face à la médiocrité de ses lieutenants et compagnons de lutte ? L’impatience impétueuse de l’amateurisme politique ? Ou tout simplement la mollesse d’une âme oublieuse du poids politique et symbolique qui repose sur ses épaules ?
De quoi M. OLYMPIO est-il devenu le nom ?
L’appréhension de l’équation politique togolaise dans sa complexité peut-elle pour autant ignorer M. OLYMPIO ?
La crise que connaît le pays depuis deux générations dénote d’une inadéquation entre le discours et les attentes profondes du peuple.
Le funeste forfait du 13 janvier 1960 a ouvert une parenthèse d’obscurantisme politique qu’on peine à refermer. Les fruits vénéneux de cette évolution n’ont jamais justifié la promesse des belles fleurs glanées à son indépendance sous la conduite de son premier président charismatique Sylvanus OLYMPIO.
Face aux échecs des nombreuses tentatives de sortie d’une des plus longues crises de régime au monde, il faut remettre à plat les bases de la lutte et questionner l’adéquation des moyens mis en œuvre avec le but visé.
Une analyse attentive révèle qu’à l’évidence le problème togolais est mal posé et donc les moyens mis en œuvre sont nécessairement inadaptés.
Il faut remonter aux sources psychologiques et historiques du problème, construire et articuler un discours approprié susceptible de sous-tendre efficacement l’action politique.
Le Togo détient le triste privilège d’être le premier pays de la vague des indépendances des années 1960 de l’empire colonial français. Celui aussi où la France dut fomenter le premier coup d’état meurtrier pour restaurer un ordre favorable à ses intérêts.
Depuis lors, le Togo est devenu un défi dans l’imaginaire colonial français. M. OLYMPIO n’a-t-il pas osé s’affranchir des rets de la domination française ? n’a-t-il pas osé la création d’une monnaie nationale et revendiquer la maîtrise de cet attribut essentiel de la souveraineté ? Cette audace doit donc être punie et le Togo devenir une dissuasion définitive des velléités émancipatrices futures.
L’exemple de Haïti, qui le premier s’est affranchi du maître français en le battant par les armes, permet d’orienter adéquatement l’analyse. La malédiction de la première nation noire, le lourd tribut que Haïti paie encore aujourd’hui à l’ancien dominateur, les drames et les tribulations de ce peuple martyr prennent une source réelle et profonde dans cet échec cuisant du maître esclavagiste qui, vaincu, prend une revanche multiséculaire d’une férocité raciste.
Les mêmes ressorts psychologiques président aux relations tumultueuses que la France entretient aujourd’hui avec l’Algérie dont l’indépendance réelle a sonné le glas d’une occupation de peuplement et un démembrement de la France. La plaie est encore béante et suinte régulièrement l’âcreté des incompréhensions et des ressentiments de part et d’autre de la méditerranée.
De plus, le Togo est une partie du butin des puissances victorieuses de la grande guerre qui paie encore aujourd’hui la blessure narcissique du maître prétendument offensé.
Ces éléments de contexte historiques ont réellement forgés la conscience collective du peuple et doivent constituer l’arrière-fond de toute réflexion sérieuse sur le devenir de la nation togolaise. Le responsable politique togolais, plus que tout autre sans doute, doit avoir le sens de l’histoire pour crédibiliser son discours. C’est bien aujourd’hui ce qui manque au discours ambiant à Lomé et qui rend les élites togolaises si inaudibles et si impuissantes à susciter l’adhésion du peuple.
Et pourtant, du Togo, premier sur la liste des États « matés » par la puissance néo-coloniale française, peut aussi repartir le renouveau de l’Afrique. Cinquante années d’une dictature sanguinaire, les tentatives de résolution diverses et variées d’une convulsion mi-séculaire, le poids des intérêts extérieurs, la limite des solutions avancées, l’insoutenable légèreté de l’homme politique face à son destin… tout a été expérimenté dans cet incubateur de crises et de solutions qu’est devenu le Togo.
La stratégie de libération d’une clique d’état qui met le pays sous coupe réglée doit (re) partir de ce laboratoire pour construire un discours de réparation d’une nation défigurée dont les lignes de blessure passent par les territoires, les cœurs, les consciences, les psychologies et prend racine même dans les rêves.
Le peuple togolais attend qu’on parle enfin à son inconscient collectif. Il veut renouer notamment avec la linéarité de son destin et de ses ambitions. Il veut à coup sûr trouver les moyens de retrouver « ses » frères du Togoland devenus des Ghanéens par la grâce d’un référendum controversé.
Le Togo veut sortir des discours étriqués et vagues, des querelles intestines oublieuses de son histoire. Il veut tout simplement se reprendre à travers ses enfants capables d’amorcer le Story Telling nécessaire à la construction de l’imaginaire collectif d’une nation.
Les vrais enjeux de l’alternance sont là. Les leviers de la réussite du combat contre la dictature aussi. Osez parler au cœur des Togolais. Donnez au peuple des objectifs clairs et nobles comme le vivre ensemble dans une cohérence territoriale et sociologique retrouvée et vous retrouverez un peuple debout pour sa souveraineté et sa liberté.
L’enjeu est de taille. Il y va de la survie de toute une nation. Comment faire advenir cet impératif catégorique à la surface des revendications dans la nébuleuse médiocrité d’un espace politique chaviré et incompétent ? Les réformes ? Certes utiles ! mais dans un monde réenchanté. L’alternance ? très bien ! mais dans un espace réconcilié et unifié. Le pouvoir ? Bien sûr ! mais dans un environnement politique et économique viable ayant atteint la taille critique susceptible de peser sur son propre destin et compter dans le monde. La décentralisation ? Certes oui ! mais dans les épures de nos traditions et de nos mécanismes de régulation et de médiation mis au jour.
En un mot rechercher la cohérence politique des moyens et des discours. Une adéquation réelle de l’action publique avec les réalités sociologiques profondes de la nation.
Les ressources existent. Les leaders pourraient monter très rapidement en compétence, aidés par la justesse de la cause.
Dans cette approche constructive d’une nation forte, consciente d’appartenir à un destin commun forgé autour d’un imaginaire collectif et soutenue par une histoire structurante, la figure de Monsieur Gilchrist OLYMPIO pourrait être déterminante. Cette figure de proue, véritablement avilie par des choix politiques et stratégiques incompréhensibles, peut et doit retrouver le sens de l’histoire et de la marche à la tête du peuple vers l’horizon de son destin.
- OLYMPIO le peuple togolais a encore besoin de vous. D’abord comme héritier d’une histoire et d’un passé qui ne passeront pas. Ensuite comme leader charismatique et « le lit sans drain » de toutes les rancœurs et tous les espoirs de ce peuple martyrisé. Vous devez aussi l’oblation de votre personne aux milliers de martyrs qui ont donné leur vie sur la foi en votre parole et la confiance qu’ils ont placée en votre personne. Vous le devez à ce peuple perdu, désorienté, paupérisé errant sans but politique identifié. Vous le devez à ces femmes, nos femmes et nos mères, fer de lance de la contestation au Togo, terriblement frappées au cœur par les incendies criminels des marchés et les balles assassines qui trop souvent ravissent les enfants à leur affection. Vous le devez enfin à votre propre parcours, à votre proximité avec nos frères du Togoland et du Ghana ; à votre poids politique relatif dans la région. Vous le devez comme un pont entre le Ghana et le Togo.
La récente visite du chef de l’État ghanéen a donné une claire indication de cette action déterminante que vous devez initier et conduire. Vous pouvez encore aider à sortir le pays de la nuit obscure à la rencontre de son admirable lumière de nation fière et prospère ?
Vous le devez parce que vous savez, par formation et aussi par la pratique, que le Togo dans un monde globalisé ne pèse rien. Aussi dans une vision panafricaine ou par pur pragmatisme politique vous devez amorcer le dialogue constructif pour une (con) fédération de ces deux pays frères. Il s’agit d’une nécessité vitale qui donnerait non seulement de la cohérence géographique et sociologique aux deux pays mais serait l’amorce d’un marché intérieur viable, le règlement de la question du Togoland par l’octroi d’un statut de large autonomie à ce territoire selon les termes d’une négociation tripartite. Le problème récurrent de la monnaie comme attribut inaliénable de la souveraineté nationale sera ainsi résolu. Enfin, la convocation d’une constituante sera l’occasion de réfléchir et de dégager les axes des réformes institutionnelles, appréhendées par blocs cohérents, en tirant parti des avancées institutionnelles du Ghana et en prenant appui sur les coutumes, les traditions humanitaires et transitionnelles de nos espaces tribales et claniques.
La crise politique au Togo ne peut se résoudre par les tentatives désespérées d’un pouvoir incompétent et violent aux abois, attaché à atomiser et à martyriser le peuple.
Elle ne trouvera pas non plus de sortie dans l’action d’une classe politique d’opposition divisée, attachée à des intérêts particuliers de caste ou de groupe.
La voie de la sortie politique par le haut est supérieurement souhaitable. Elle nécessite un aggiornamento, une ambition commune qui dépasse les clivages et qui saura regarder au-delà de l’étroitesse des frontières artificielles héritées de la colonisation.
La clef réside à coup sûr dans l’histoire assumée du Togo et passe par des axes construits autour des éléments structurants une nation : l’affection sociocratie, la monnaie et une certaine idée de la solidarité politique et économique allant dans le sens d’un renforcement des moyens d’action pour bâtir le mieux être et le mieux vivre ensemble.
Alors….Cher Gilchrist au travail ! Ne ratez pas (plus) le dernier train de l’histoire.
Jean-baptiste K.
Le Point de Kodjo Epou: Que de temps perdu en suspenses bidons!
Written by Kodjo EpouOn les connaît égocentriques, peu innovatifs, aptes à de lourdes erreurs, méfiants les uns des autres, réfractaires aux compromis, pas très friands de « success stories », parfois chasseurs de perdiem. Ils sont aujourd’hui, les opposants au régime du RPT/UNIR, dos au mur. Très affaiblis. Et vont devoir, pour montrer qu’ils peuvent encore être dignes d’intérêt, reprendre du poil de la bête. C’est le seul moyen, pour eux, de se refaire une image, de recouvrer la confiance perdue.
Le point de Kodjo Epou: Rien pour nourrir un intérêt chez nous en A...
Written by ERIC K. ALOVOR
Le nouveau president français, Emmanuel Macron, va-t-il pratiquer une politique africaine de la France loin des réseaux de connivence comme il le dit et mener sur le continent une politique cohérente qui respecte la volonté des peuples? Peut-il, dans les pays où la démocratie n’existe pas, se ranger du côté des forces progressistes qui se battent encore pour l’établir ? Rien n’est moins sûr.
Le “rebelle” de la gauche française fraîchement élu a promis, pendant sa campagne, de rompre, avec les usages inacceptables de la Françafrique, de ne pas cautionner les élections frauduleuses sur le continent. En regardant le nouveau président, considéré comme un roseau d’acier, un mou pressé qui ne porte pas le poids moral de l’ère mitterrandienne et de ses pénibles compromissions africaines, on a envie de le croire. Sachant que le tempérament d’une personne fait sa destinée. Cette loi s’applique aussi aux présidents: leurs lignes de force et de faiblesse, leur style, la manière dont ils exerceront la haute fonction qui leur échoit sont déjà en eux. Le fil conducteur de leur action est dans leur histoire d’avant la consécration. Seulement, le pouvoir suprême, transforme. Au bout de quelques mois, il n’est plus le même homme. On peut dire, sur cette base, qu’on ne connaît pas un homme politique tant qu’on ne l’a pas vu dans l’exercice du pouvoir. Macron, fera-t-il mieux en Afrique que ses prédécesseurs?
Au-delà de la personnalité du locataire de l’Elysée, il reste évident que les Africains ne doivent pas attendre d’un Français de déterminer leur destin. C’est aux Africains de tuer la Françafrique. Il leur faut, pour cela, s’approprier cette célèbre phrase de Barack Obama : « Nous sommes nous-mêmes ceux que nous attendons ». Mais, tant que les hommes et les femmes noirs ne se décideront pas à prendre en main leur destin, la démocratie restera, en Afrique, une démocratie des coups d’état constitutionnels, de l’impunité, des clans dominateurs, des marchés publics complaisants, des successions monarchiques, d’une justice du double standard, des gaz lacrymogènes. Au total, une démocratie où des nations entières, dépouillées de leurs oripeaux, de leur dignité, seront toujours contraintes de négocier leur survie avec leurs fossoyeurs, au lieu de les voir en prison.
A défaut d’avoir une démocratie à l’africaine, une d’authentique qui marche, ce n’est pas une honte de copier avec intelligence et rigueur le genre qui fonctionne chez “nos maîtres”, laquelle fait d’eux ces puissants qui nous dominent : en France, les crises sont contenues par les lois, par les institutions. L’administration est au service du citoyen. Le juge fait son travail sans attendre que l’ordre lui vienne d’en-haut. On vote et, sur les lieux de l’opération, on dépouille les bulletins, comme l’exige la loi. Une loi à laquelle sont assujettis autant les voyous, les repris de justice que les hommes politiques. Ces derniers sont même les plus ciblés pour la simple raison qu’ils sont supposés donner l’exemple d’une probité sans faille. Personne n’y échappe, tout le monde est logé à la même enseigne.
En Afrique, pour des raisons qu’en réalité rien n’explique, les lois sont régies par les états d’âme, les trafics d’influence, la force des armes, pendant que les administrations, fortement tribalisées, fonctionnent contre les citoyens, au verso du mérite. Ce sont bien ces désordres organisés, ajoutés à l’immobilisme, à l’incapacité presque maladive des dirigeants à penser en profondeur l’avenir du continent, qui font le lit de la Françafrique. Comme si l’Afrique n’a pas assez mal, ses oppositions, elles qui sont habilité à conjurer le péril, n’en finissent pas de se perdre dans les conflits d’intérêts, dans les divisions, parfois dans les collaborations discrètes et trop souvent dans la course aux lucres. Les incessantes allées et venues de certains opposants, grands énarques compris, ferment gaillardement la marche de l’indignité et de la dépendance.
A sa prise de fonction, Emmanuel Macron verra que “la France sans l’Afrique, c’est comme un véhicule sans carburant”. Après qu’il aura parcouru les livres que lui tendra Hollande pendant la passation de pouvoir, le nouvel élu ne se verra plus pressé d’abolir les dispositifs mis en place par ses prédécesseurs, si l’on sait aussi qu’un président de la République française a pour mission première la défense des intérêts de la France, lesquels intérêts l’ancien colonisateur trouve en abondance au Sud du Sahara, de Libreville à Abidjan, de Lomé à Brazzaville en passant par Yaoundé, Kinshasa, Bamako, Dakar … Un président français sera et restera l’agent commercial numéro un des groupes français, pour mettre la main sur les marchés juteux dans ses anciennes colonies. C’est de bonne guerre! C’est ce que, pour la plupart, les chefs d’Etat africains ne savent pas faire. Ou, les rares fois qu’ils s’y essayent, c’est pour viser prioritairement des pots de vin. Dans le meilleur des cas, Macron pourra, sans les effacer totalement, déplacer quelques lignes.
On peut, raisonnablement, douter que le jeune president et ses camarades du tout mouveau parti politique Social-Libéral français résistent pour longtemps à la capacité de manipulation des palais africains, pour terrasser les hydres qui y règnent sans partage. Il va falloir que les Africains attendent encore un peu pour voir si la victoire du leader de En Marche (EM) marquera la fin de la Françafrique. C’est le minimum que sont en droit d’attendre de Macron les francophobes indignés qui se comptent par millions sur le continent.
Kodjo Epou
Washington DC
USA
Aucun gouvernement ne doit avoir ni le pouvoir ni le droit de dénier à ses citoyens leur droit le plus naturel qui est leur filiation à leur patrie. Cet archaïsme s’observe en général dans les états à dominance tribale comme l’Arabie Saoudite, le Koweït….et la Mauritanie. Nous allons nous appesantir sur le cas de ce dernier pays ou des pratiques aux antipodes de l’entendement sont monnaies courantes et pratiques au quotidien.
Mais avant, la patrie qui se plait à être désignée comme celle des Droits de l’Homme, la France, s’y était essayée sous la piètre présidence du non moins prévaricateur François Hollande à déchoir de leur nationalité des français sous le fallacieux prétexte qu’ils seraient d’origine étrangère par des filiations ascendantes et de la prétendue guerre contre le terroriste. Le délit de faciès se réveillait de sa torpeur apparemment. Cet exercice coûta au parti Socialiste français tout son capital immatériel. Ca, c’est la France.
Pendant bien longtemps, l’Allemagne, pour sa supposée « pureté » et « supériorité » ethnique usait des méthodes et théories digne du 3ième Reich pour exclure de sa nationalité tous les ayants droit, principalement, des turcs d’origine avant de se ressaisir et d’ajuster le tir.
Plus près de nous ou, d’ailleurs Mr Abdel Aziz fut un des médiateurs dans la crise ivoirienne, il ne s’agissait ni plus ni moins que d’exproprier à certains leur citoyenneté sur la base du patronyme, de la confession religieuse ou de la provenance géographique. La Côte d’Ivoire continue à en souffrir de cette déchirure provoquée par des pyromanes de la thèse identitaire.
En Mauritanie, il est opportun de pasticher Robespierre, pour nos hommes de pouvoir, dans sa lettre de la convention qui énonçait ceci : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, le plus sacré et le plus indispensable de ses devoirs » Les autorités mauritaniennes doivent se ressaisir et appréhender les signes de l’histoire des humains car, les grandes révolutions naissent des petites misères, comme les grands fleuves de petits ruisseaux dixit Victor Hugo.
C’est bien une des prérogatives régaliennes d’un état responsable et sérieux de recenser sa population, de savoir sa composante et les statistiques réelles, de se promouvoir de garanties quant à la fiabilité de ses documents administratifs pour prévenir des faux et usages de faux entre autres. Quoi donc de plus normal ! Autant ces droits lui sont dévolus autant il ne peut se soustraire à ses devoirs vis-à-vis de la souveraine puissance (le peuple). Et comme pour agrée avec Mamadou Dia, naguère chef du gouvernement du Sénégal : On peut renoncer à ses droits mais, comment renoncer à ses devoirs ?
Dans sa quête de sécuriser son état civil et sa documentation, la R.I.M (République Islamique de Mauritanie) procède depuis bientôt sept (7) ans à un recensement de sa population comme on le fait partout. Seulement, le flou, l’arbitraire et le méli-mélo qui l’accompagne font penser qu’il s’agit beaucoup plus que d’un inventaire de sa population. Et c’est à juste raison que des voix des plus audibles font échos de discrimination et de racisme au niveau de l’état civil d’abord et ensuite bien plus en amont. Certaines têtes bien pensantes soulèvent la volonté des élites arabo-berbères à retirer à la Mauritanie sa pluralité ethnique et sa diversité culturelle en la dépeignant uniquement sous le seul héritage arabisant. D’autres, et ils sont nombreux, lorgnant dans l’histoire tumultueuse de la cohabitation entre négro-mauritaniens et arabo-berbères d’une part et de la question harratine de l’autre, soutiennent mordicus qu’il s’agit ni plus ni moins d’une méthodologie inavoué de nettoyage ethnique afin de blanchir un peu plus la Mauritanie.
La responsabilité de chacun implique deux actes : vouloir savoir et oser dire
Des échanges et contactes varié dont la très courageuse et articulée honorable Sawdatou Wane, député National, nous a édifiés sur la profondeur du mal et le sentiment d’injustice que ressentent une vaste partie de la population. Avec elle et tant d’autres, ce débat sensible prend des allures dignes de l’apartheid qui fut combattu par tous. Nous avions suivi un des débats à l’Assemblée Nationale quant à l’octroie de la nationalité aux frères palestiniens au nom de l’humanisme, geste salutaire s’il en est, à cause de l’occupation illégale et de la colonisation israélienne. Cependant, pourquoi ne pas s’émouvoir et ce manque d’humanisme pour ceux à la maison à qui on la dénie ?
Il y a de quoi être sympathique à leurs cris de cœur quand on investigue le chienlit dans les centres d’enrôlements à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Ce n’est pas simplement le parcours du combattant mais, il y a comme une volonté d’humiliation, de dénigrement et de condescendance sans commune mesure de la part des fonctionnaires en charge de l’Agence National du Registre des Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS). Ils sont d’un zèle et d’une suffisance à vous renverser. Il nous a été permis de vérifier par nous même de la véracité de ce qui nous paraissait comme des ragots ou de l’acharnement contre un gouvernement qui n’était, certes, pas sans reproches mais ultimement ne faisait que son devoir de fouiner dans la pile et faire gicler le vrai de l’ivraie.
Nous sommes parvenus, après moult aller et venus, à disséquer qu’il y a en réalité deux causes majeures qui ont finis par engendrer tout le mal qui est pensé de ce recensement et de l’agence en charge. Aucun doute que les appréhensions soulevées plus haut ne peuvent être discountées ni édulcorées. Une perception n’est pas une vérité absolue, sauf qu’en politique elle demeure vérité jusqu'à ce que le pouvoir la démonte et la démontre telle.
Au-delà de tout, la corruption et l’incompétence des cadres et agents de l’état sont les dramatiques résultantes qui ont fait échouer ce noble projet et menace la quiétude du pays. En vérité, les haines de race ne sont au fond que des haines de place. Les privilégiés ne voulant rien céder de leurs privilèges. Et comme ces deux fléaux sont la caractéristique siné qua non des états faillis, eh bien ! Si l’on n’en prend pas gars notre chère patrie vivra des vicissitudes, des convulsions et des lendemains incertains par la faute de responsables sans visions et sans envergure.
Contrairement à ce qui est véhiculé, ce n’est pas que des négro-mauritaniens seuls qui pâtissent des affres de ce dénombrement de la population, non, c’est toutes les communautés, dans toutes les strates, toutes les régions et tous les mauritaniens d’ici ou d’ailleurs. Quelques soient les documents fournis, les témoignages…etc., rien ne rassure de votre « mauritanité ». Le tri est fait entre les frères consanguins, les frères utérins…..etc. Les bases de rejets sont incommensurables. Il est connu que les secrétaires en Mauritanie sont incapables d’écrire un formulaire sans bobo, qu’on rejette votre demande pour ces anomalies se comprend mais, perdre des années et des fortunes pour rectifier ces bénignes erreurs ne se justifie point. Dans tout pays qui pratique le droit du sang (jus sanguinis) il suffit de prouver sa filiation soit avec le père ou la mère. En Mauritanie, non. Il faut en plus prouver sa filiation avec ses frères, ses sœurs, ses oncles et tantes. Il y a doute donc, si vous êtes l’enfant unique de vos parents ou si vous êtes des demi-frères. Les mauritaniens, comme tous les peuples du monde, voyagent à travers le monde, ils bâtissent des familles, ils y vivent aussi. C’est la croix et la bannière pour ces derniers de se faire recenser ou d’obtenir leurs documents. Des parents éprouvent des difficultés à s’enrôler parce qu’ils ont des enfants qui ont une autre nationalité pour cause de droit du sol (ex U.S.A., France….) des époux aussi parce que l’un d’eux n’est pas mauritanien (en général la mauritanienne). Trouvez vous normal que la porte des examens soient fermée aux élèves parce qu’ils n’ont pas de pièces d’identités par faute d’enrôlement ? Existe-t-il un pays exigeant une carte nationale d’identité aux enfants de dix ans (10 ans) ? Au nom de quelle ineptie refuser à un nouveau né son acte de naissance parce que ses parents n’ont pu se faire enregistrer dans de pareilles infortunes ?
Ensuite, qu’il soit normal d’exiger à un prétendant aux postes administratifs ou politiques de ne détenir que la nationalité mauritanienne exclusivement nous parait dans les normes, mais d’y exclure tous les mauritaniens qui ont la double nationalité pour diverses raisons pratiques est une aberration. Pour les ressortissants mauritaniens en France par exemple, il vous est exigé votre titre de séjour à jour pour vous enrôler or, on ne peut obtenir sa carte de séjour sans prouver son pays d’origine. Quel est le lien entre être mauritanien et le titre de séjour ? Soit l’incompétence n’a plus de limite ou soit on est de mauvaise foi. Le sage sait qu’il n’y a pas plus malhonnête que l’homme de peu de foi. Avec ce recensement, la Mauritanie est le seul pays qui créée et fabrique le plus grand nombre d’apatrides sous les cieux. Aucun pays n’est suffisamment fort pour vivre en autarcie, aucun ne se construit sans l’apport de tous ses fils et filles à l’interne comme à l’externe.
En l’absence de critères claires, objectifs et légales, doit on donner un blanc seing à la subjectivité d’établir le lien des mauritaniens avec leur patrie ? Et quand vous avez été enfin enrôlé, par le bon vouloir du prince, un autre parcours dans les labyrinthes de la pénombre s’enclenche. Comment obtenir sa carte nationale d’identité ou son passeport malgré s’être acquitté des frais ? Un autre chemin aussi laborieux qu’aléatoire. L’état de droit est une chimère visiblement.
Cependant, alors que les plus faibles, les plus démunis et assurément les plus mauritaniens font le pied de grue devant les centres sous les intempéries et à la belle étoile, les chefs de centres sortent accueillir « les âmes bien nées », comme cette dame venue, pour les mêmes raisons que la foule en attente, pour qui le chef de centre de Tayarett, toute affaire cessante, était aux petits soins ou de ce libanais, venu tout seul mais, capable par un simple coup de fil, de faire enrôler toute sa famille restée dans le confort de leur demeure ce jeudi 27 Avril 2017. Ca sent le népotisme et le bakchich n’est ce pas ?
Lorsque le gouvernement lui même se rend coupable de violence arbitraire, il mine sa légitimité. L’Homme a toujours tendance à s’insurger contre la loi du plus fort, alors que, l’animal n’a guère les moyens d’y résister. Récemment, des jeunes qui, se faisant entendre pacifiquement sur des revendications sommes toutes légitimes, y compris l’épineux problème de l’identification nationale, se sont vus violentés par des forces de l’ordre aux ordres d’un pouvoir de plus en plus allergique à la négociation (ex : sur la modification constitutionnelle ou la grève des transporteurs…) Il faudra désespérer d’une jeunesse qui ne revendique pas, il faudra craindre pour son pays lorsque sa jeunesse, espoir et futur du pays, ne se révolte pas devant l’injustice. Saluons finalement l’avenir de la Mauritanie qui s’est manifesté à travers elle et leur dire que quand le peuple se couche la dictature prospère.
L’histoire du continent est faite de pouvoir qui finissent par créer des oppositions à leur image. Un pouvoir répressif et liberticide engendre une opposition violente. Quand le pouvoir est ouvert au dialogue il trouve en face des partenaires qui sont contraints à discuter ou qui sont obligés à faire tomber leur masque véritable. Le peuple n’est pas dupe même quand il prend le temps nécessaire pour se faire entendre. Écoutons-le, gouvernons pour lui et avec lui. La Mauritanie se trouve sur la terre des hommes et elle est comme tout autre pays qui a le potentiel de s’assumer par le génie créateur de son peuple avec des décisions saines et démocratiques ou de s’auto-flageller par le génie destructeur de l’accaparement du pouvoir, de la suffisance et de l’arrogance. Que Dieu, le seul souverain, veille sur elle. Amine !
Haidara Cherif
Sans une profondeur historique, la confusion. peut régner dans les esprits. A l’approche de la fête de l’indépendance, diverses opinions s’expriment, et diverses attitudes s’adoptent, certains Togolais allant jusqu’à vouloir oublier le 27 Avril 1960, date officielle de la proclamation de l’Indépendance du Togo. A quoi ont servi et servent ces indépendances si rien n’avait évolué et si rien n’évolue , se disent-ils ? N’avons-nous pas accédé à la souveraineté internationale pour régresser ? Peut-on ,à priori, donner tort, surtout aux jeunes , si l’on considère l’état du Togo actuel ? Comment en sommes-nous arrivés à un tel état de dégradation ? La confusion la plus totale règne sur le mot indépendance au Togo ( et aussi dans bien de pays africains ). Un seul mot, trois réalités bien différentes. Nous avons :
- 1°)l’Indépendance totale (Ablode Blibo ) à laquelle un pays accède sans aucune contrainte subie, surtout de la part de l’ancienne puissance dominante ;
- 2) l’indépendance néo-coloniale ( appelée au Togo indépendance Yombo ou indépendance-teinture ) où les formes extérieures changent sans que rien de fondamental ne change ;
- 3°) l’indépendance néo-coloniale armée ( ou indépendance Anasara ) : c’est une forme plus corsée de l’indépendance néo-coloniale où le Colon met un militaire ou un de paille comme masque et continue à opérer dans son (ancienne) colonie comme si aucun changement n’était survenu. Le Colon peut se permettre d’opérer dans sa colonie ( indépendante ! ) comme le renard dans un poulailler.
Faut-il souligner que de toutes ces indépendances, seule la première laisse l’opportunité à un pays de prospérer et qu’il est plus que rare de voir un pays soumis à l’une des deux autres échapper à la misère du Peuple et à la régression ?
Il n’est point besoin de faire beaucoup d’efforts pour se persuader que l’indépendance totale est la plus dure à conquérir. L’obtenir, et l’obtenir de la France gaulliste, revient à arracher la proie à un tigre. Beaucoup y ont perdu leur vie. L’histoire de la décolonisation fourmille d’exemples.
A la suite de la défaite du Japon qui occupait l’Indochine française, Ho-Chi-Minh proclame l’indépendance de sa patrie le Vietnam le 2 septembre 1945. Pour la France gaulliste tout nouvellement libérée du joug nazi, c’est un très mauvais exemple que cette indépendance auto-proclamée, d’autant plus inacceptable que le Vietnam était la plus rentable des colonies(riz, charbon, caoutchouc, etc ; la très prospère Banque d’Indochine dont la Banque de l’Afrique Occidentale n’était qu’une succursale) .
Que va faire le Général de Gaulle, chef du gouvernement français qui pense que les colonies sont indispensables à la reconstruction de la France épuisée par la colonisation et le pillage hitlériens ? Une politique de préservation de l’empire colonial à tout prix. . Il envoie en Indochine un moine-guerrier ( l’amiral Thierry d’Argenlieu, en religion le Père Louis de la Trinité ) qui fera bombarder le port d’Haiphong, causant 6ooo morts et embrayant les guerres d’Indochine, française puis américaine. Jules Roy, écrivain aviateur français en Indochine note : « Cogny [ général commandant les troupes françaises au Tonkin ] demandait à l’aviation d’attaquer au napalm, cette gelée de pétrole incandescent qui grillait les buffles et les hommes jusqu’à l’os et réduisait en cendres les bananiers et les bambous comme les paillotes. Tout à coup m’apparaissaient les atrocités que j’avais commises sur les villes allemandes, quand nos raids terrorisaient les habitants englués dans les caves tandis que les maisons s’écroulaient les unes sur les autres. »( Mémoires barbares, p384 ).
Qu’est-ce que l’Occident n’a pas essayé au Vietnam ? Un pays divisé en deux, les accords de Genève non appliqués (une « pause », dira Giap le commandant de l’Armée Vietminh ), suivie de la guerre américaine . 6 à7 millions de morts.+
Eh, oui ! le Vietnam est passé par tous les feux de l’enfer et après trente ans de lutte, parviendra à sa réunification et à une libération totale./
Une autre indépendance totale : celle de l’Algérie après une guerre de presque huit ans (1er nov 1954- juillet 1962 ) terminée par les accords d’ Evian.
Peut-on dans la lutte pour l’indépendance totale se permettre d’oublier la guerre à Madagascar (1947-1949) avec ses 90 000 morts et la guerre au Cameroun autour des années 1960 avec ses 300 000 à 400 000 morts, guerres qui n’ont pas abouti à la libération ?
Mentionnons ici deux pays d’Afrique du Nord, heureux d’accéder à la souveraineté internationale avant le retour de de Gaulle, le Maroc et la Tunisie , avec les indépendances obtenues en 1956 sous la IVème République Française.
La deuxième forme d’indépendance, la néo-coloniale, est la plus répandue en Afrique Noire Francophone.
La Guerre d’Algérie fait passer de la IVème à la Vème République Française avec, à sa tête le Général de Gaulle . Ce dernier , avec les guerres coloniales, prend conscience que l’empire français est condamné . Que va-t-il faire pour sortir la France du guêpier, du boulet des guerres coloniales ? Décoloniser sans décoloniser tout en décolonisant. Une véritable œuvre d’artiste !
Comment la réussir ? En dotant chaque enclos (territorial ) colonial d’un drapeau, d’un hymne, et surtout d’un président indigène choisi par la Métropole, encadré par des conseillers français et surveillé (ou patronné ) par l’ambassadeur de France. Les exemples abondent et le Gabon est présenté comme le cas le plus achevé. Suivons les Colons dans leur choix du président du nouvel état indépendant . Que remarquons-nous ? Leur favori est souvent déniché loin des zones côtières ( le génie politique fuit les côtes!), à l’intérieur d’une minorité ethnique regroupée sur une zone montagneuse reculée ou dans une forêt imposante.
Le cas du Togo est très intéressant à plus d’un titre, comme pays ayant connu les trois formes d’indépendances que seule l’ignorance politique peut prendre pour équivalentes.
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les patriotes togolais regroupés dans le CUT (Comité de l’Unité Togolaise) et la Juvento réclament, conformément à une disposition de la Charte des Nations Unies la réunification des deux parties du Togo et l’indépendance du Togo français. Refus de la France . Les revendications nationalistes s’amplifient. Les Colons créent un parti concurrent, le Parti Togolais du Progrès (PTP) présidé par Nicolas Grunitzky, et vont tenter, par diverses manœuvres à l’ONU et au Togo de transférer+une indépendance Yombo (une fausse indépendance) à Nicolas Grunitzky. Toutes leurs tentatives échouent et lors d’un vote (non trafiqué ) organisé sous la supervision de l’ONU, les partis nationalistes conduits par Sylvanus OLYMPIO l’emportent largement . Contre la volonté des Colons et de la France, monsieur Sylvanus Olympio se retrouve à la tête du gouvernement qui va conduire le Togo à l’indépendance, une indépendance totale qui n’admet aucune entrave venant de la part du gouvernement français.
Un Togo indépendant sous la IVème République aurait eu une indépendance semblable à celle du Maroc ou de la Tunisie.
Tout le malheur du Togo, et du Togo actuel, vient de ce que le mois d’avril est suivi immédiatement du mois de mai, et que en ce mois de mai 1958, tout a changé à Paris. Charles de Gaulle qui avait quitté le gouvernement en 1946 se fait rappeler par les généraux pour garder l’Algérie et l’empire colonial à la France. Mais le de Gaulle de 1958 n’est plus tout à fait le de Gaulle de 1946. Sa politique indochinoise a échoué et s’est terminée par un désastre ; il faut donc libérer la France du fardeau colonial et ne conserver de l’empire que les intérêts essentiels : décoloniser sans décoloniser tout en décolonisant. Telle va être sa règle d’or.
Dans l’Afrique Noire prise par les Colons comme la dernière vache à lait à protéger à tout prix, le gouvernement Olympio va se heurter à l’hostilité systématique du gouvernement français. Le remboursement à échéances régulières de la dette coloniale du Togo n’y change rien. Le Togo fait porter sa part de 2% à 20% dans la Compagnie Togolaise des Mines du Bénin (CTMB), compagnie d’exploitation des phosphates du Togo contrôlée par la France. Colère à Paris ! Le Togo, face à un refus de subvention par la France, rachète avec ses propres économies, la seule compagnie d’électricité du pays (UNELCO). Colère à Paris ! Dans la conception gaulliste de l’ « indépendance » des pays d’Afrique Noire, une ancienne colonie ne doit pas se mouvoir à l’extérieur sans autorisation préalable. Sans passer par Paris, voilà le Président Olympio à Bonn en Allemagne sans interprète français pour l’accompagner ! Sans passer par Paris, voilà le Président togolais à Washington reçu par JF Kennedy. Colère à Paris ! L’idée germe au Togo d’un port pour remplacer le vieux wharf. La France s’y oppose, les études sont lancées en Allemagne ; Un état ne peut pas contrôler son économie’ sans avoir sa propre monnaie ou une monnaie sur laquelle il a une certaine souveraineté, « l’état contrôle la monnaie ou la monnaie contrôle l’état »disent les experts économistes ; le Togo souverain aspire à battre monnaie. Refus de Paris.
Le coup d’état du 13 janvier 1963, qui fut une surprise pour bien des Togolais, s’explique fondamentalement par deux conceptions bien différentes du. terme « indépendance » ;
Charles de Gaulle au Conseil des ministres du mercredi 16 janvier 1963 : « Ce pauvre Sylvanus Olympio était matois [ traduire : qui est rusé malgré une bonhomie apparente].Il voulait jouer au plus fin. C’était un homme d’Unilever. Il s’appuyait sur les Anglais. Il avait grandi dans l’opposition à la France. Une fois arrivé au pouvoir contre nous,…..il lui fallait tromper tout le monde. ». Propos que ne partage pas à l’Elysée un diplomate français courageux qui ne s’est pas abstenu de le faire savoir.
- Alain Peyrefitte [ Ministre du Général de Gaulle ] : « Roger Seydoux [ Haut-commissaire de France au Maroc et en Tunisie, puis plus tard ambassadeur de France à l’ONU ] : ne partage pas l’optimisme du Général sur ce « buvable » (Nicolas Grunitzky) qui remplace un « imbuvable » (traduire : insupportable, S ; Olympio ). Il m’a confié hier : « L’expérience nous a montré qu’il valait mieux s’entendre avec les durs, symboles et porte-parole de la fierté nationale, qu’avec les francophiles, qui sont les Glaoui (les fantoches) et qui préludent à une révolution devant laquelle ils n’offrent qu’un rempart fragile. » » (Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, p. 461, tome2, Fayard).
Sur la source réelle du coup au Togo, qu’est-ce qui a pu inspirer le diplomate Seydoux ? Une intuition ou mieux un renseignement ? Ou son expérience nord-africaine ?
Sylvanus Olympio assassiné, le Togo retombe dans la politique néo-coloniale que les nationalistes avaient lutté pendant des années pour éviter. La France ramène son vieux poulain Nicolas Grunitzky. Il ressemblait à un boxeur que l’on fait remonter sur le ring après un KO. Les ordres de Paris, Grunitzky n’arrivait pas à les imposer. De Gaulle : « Ce Grunitzky est très buvable pour nous mais il n’est pas assez énergique; » Un exemple : la France ne veut pas de port à Lomé. Grunitzky consulte l’ Assemblée Nationale où les forces patriotiques sont encore vives. Cette institution vote pour la construction du port par les Allemands, au grand dam de Paris.
Grunitzky jugé mou et contesté, les Colons vont travailler à changer de registre, à passer à une étape supérieure du néo-colonialisme, le néo-colonialisme armé avec la conduite des affaires du pays confiée à un conseiller ou à l’ambassadeur, ce que nous avons appelé l’indépendance anasara., la deuxième forme d’indépendance gaulliste.
Comment le Togo est-il passé d’une forme d’indépendance gaulliste à l’autre ? De manière très simple, comme on fait passer un train d’une voie à l’autre par un système d’aiguillage.
Chez les Colons, ses maîtres, le rendement de Grunitzky était jugé insuffisant. Et les premiers avaient sous la main l’un des soldats mercenaires qui, comme on accepte un pacte, avait accepté de prendre à sa charge dès les premiers jours, le méfait commis, soldat qui n’était pas à la tête des Insurgés, qui n’était pas le plus instruit du groupe, moins instruit que les Emmanuel Bodjollé, Janvier Tchango et autres.
Pour remplacer un homme des Colons par un autre homme des Colons, on envoya à Paris monsieur Barthélémy Lamboni , alors président de l’Assemblée Nationale, expliquer à de Gaulle que Grunitzky était usé, ne faisait plus l’affaire et qu’il fallait laisser le fauteuil présidentiel à l’ancien sergent promu lieutenant-colonel Etienne Eyadéma Gnassingbé. Substitution à Paris, apparence de coup d’état ou coup d’état(très ) doux à Lomé..
Idéologiquement, Grunitzky et Eyadéma sont dans le même wagon. Avec Eyadéma, le Togo devient un boulevard, mieux une autoroute néo-coloniale. Aidé par ses maîtres, Eyadéma restera 38 ans à la tête du Togo et laissera à sa mort un pays plus ruiné qu’il ne l’avait trouvé quand l’aventure commença. Revenu des guerres coloniales françaises trouver un Togo indépendant que ses maîtres n’aimaient pas, il avait , quand il le pouvait un certain temps, supprimé la fête-anniversaire du 27 avril et l’hymne national. Un homme cohérent en somme..
A sa mort le 5 février 2005, sa fortune personnelle était estimée à 4,5 milliards de dollars( une bonne partie tirée des revenus du port de Lomé), fortunée égalant trois fois la dette extérieure du Togo. Aidé de ses maîtres, il fit du Togo un pays très militarisé, mettant sur pied une armée mono-ethnique qui passa de 190 hommes en 1960 à 15 000hommes pour une population de 6 millions d’habitants, à comparer aux 30 000 hommes de la République démocratique du Congo avec ses 80 millions d’habitants.
/…………………………………………………………………………………………………A la mort d’Eyadéma, l’appareil de répression mis en place confia le fauteuil présidentiel à son fils comme dans une bonne monarchie. Le fils continue la politique du père dans un Togo de plus en plus appauvri.
Trois indépendances, un seul Togo ! Laquelle célébrer ? Une seule : celle de la lutte de nos aïeux et de nos pères, celle qui conduisit à la victoire électorale du 27 Avril 1958 pour aboutir à l’indépendance totale du 27 Avril 1960, la seule capable d’assurer l’essor et la prospérité du Togo, la seule pour laquelle il faut mobiliser le Peuple , la seule à restaurer !. ;:
Demander au Togo des Gnassingbé de travailler à la prospérité du pays, c’est comme demander à un pommier de produire des mangues. Nos mangues, nous ne les aurons que lorsque la nature de l’arbre aura changé. . …
L’Indépendance du Togo, ce n’est pas l’indépendance des Colons.
L’Indépendance du Togo, nous devons la célébrer parce qu’elle fut un temps une indépendance authentique, fruit de la lutte et des sacrifices de nos aïeux et de nos pères .
ABLODE GBADZA
John Semuha
Association des Togolais Libres ( ATOL) Le 27 Avril 2017.
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Il y a tout juste cinquante ans, le président du Togo, Sylvanus Olympio, était assassiné. Aucun doute, ce sont des militaires togolais qui ont tiré. Mais la nuit du 12 au 13 janvier 1963 a été longue. Beaucoup de coups de fil ont été passés, et à Paris comme à Washington on en sait bien plus qu'on ne veut l'avouer...
Sur cette nuit tragique du 12 au 13 janvier 1963, il y a au moins deux certitudes. L’attaque de la résidence du président togolais à Lomé a commencé le soir, à 23 heures. Sylvanus Olympio a été assassiné le lendemain matin, à 7 h 15, devant le portail de l’ambassade des États-Unis, d’où il venait d’être extrait. Entre ces deux événements, il s’est passé huit longues heures où des coups de fil ont été donnés, des ordres transmis… Huit heures sur lesquelles les États-Unis et la France savent beaucoup de choses et continuent, cinquante ans après, de se taire. Saura-t-on un jour la vérité ? Des témoins ont parlé. Des documents ont été déclassifiés. Si les Togolais le demandent, les archives s’ouvriront. Mais, dès aujourd’hui, il est possible de reconstituer les principaux événements de la nuit.
En 1963, qui voulait se débarrasser du père de l’indépendance togolaise ? Les Français, déjà. Pour de Gaulle et Foccart, son conseiller aux affaires africaines, Olympio était le prototype du chef d’État sournoisement anti-Français. D’abord à cause de ses origines. Né à Lomé en 1902, sous la colonisation allemande, formé à la London School of Economics, l’homme était polyglotte (allemand, anglais, français, portugais, yorouba) et avait longtemps travaillé pour la compagnie anglo-néerlandaise Unilever. Jusqu’en 1960, Olympio avait donc incarné ce pays multiculturel que les Français n’avaient pas pu coloniser à leur façon – entre 1919 et 1960, la tutelle du Togo avait été confiée à la France par la Société des Nations (SDN), puis par l’ONU. Et juste après l’indépendance, en mai 1960, le premier président du Togo avait confié à l’AFP : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. »
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Olympio inspirait d’autant plus de méfiance à Foccart qu’il était insaisissable – comme un savon Unilever. À la différence du Guinéen Sékou Touré, il ne s’opposait pas frontalement à la France. Il était allé voir de Gaulle à Paris, en mars 1962. Mais, dix jours plus tôt, il avait été reçu avec tous les égards par les Américains. John F. Kennedy s’était même déplacé à l’aéroport de Washington. D’où le rictus de Foccart ce jour où il accueille Olympio sur le perron de l’Élysée. « Sylvanus Olympio n’était pas un de nos amis », confiera-t-il plus tard (Foccart parle, Fayard-Jeune Afrique, 1995). « Avec lui, mes relations n’ont jamais été cordiales comme celles que j’entretenais avec Nicolas Grunitzky [l’homme qui devait lui succéder après le coup d’État, NDLR]. » Début 1963, Olympio envisageait même de sortir de la zone franc (CFA) et de créer une monnaie togolaise adossée au… Deutsche Mark. Le Togo, par sa politique d’équilibre, risquait donc d’offrir un modèle d’émancipation à toutes les ex-colonies françaises. En un mot, vu de Paris, Olympio était plus dangereux que Sékou.
Outre les Français, quelques dizaines de Togolais avaient aussi de sérieuses raisons de vouloir se débarrasser de leur président. Il s’agissait d’anciens soldats de l’armée coloniale française (guerre d’Indochine, guerre d’Algérie) qui venaient d’être démobilisés par Paris. Ils réclamaient leur intégration dans la toute petite armée togolaise (moins de mille hommes). Olympio, qui s’en méfiait, refusait. Parmi ces demi-soldes, l’adjudant-chef Emmanuel Bodjollé, 35 ans, le chef de l’opération du 12-13 janvier, et le sergent Étienne Eyadéma, 28 ans. Tous deux étaient des Kabyés du nord du pays, alors que le président était un Éwé du Sud. Par ailleurs, plusieurs opposants togolais, sudistes comme nordistes, étaient à l’époque emprisonnés à Lomé avec des chaînes aux pieds. Ils ne devaient pas porter Olympio dans leur coeur.
Outre les Français, d’anciens soldats de l’armée coloniale française voulaient eux aussi se débarrasser d’Olympio.
Le samedi 12 janvier, à 23 heures, un commando de six hommes, sans doute dirigé par Bodjollé lui-même, attaque la résidence présidentielle – une villa enfouie sous les filaos, à 150 m environ de l’océan Atlantique. Sylvanus et son épouse, Dina, sont déjà couchés. La résidence n’est gardée que par deux malheureux policiers. Mais comme les assaillants parlementent, puis mettent plusieurs minutes à enfoncer la lourde porte d’entrée, le président a le temps d’enfiler un bermuda et une chemise beiges, de descendre pieds nus au rez-de-chaussée, de sortir par une fenêtre, de traverser le jardin et d’escalader le mur qui sépare son domicile de l’ambassade des États-Unis. Il avise une voiture Buick, garée dans la cour en gravier, et s’y installe. Pendant ce temps, les assaillants déboulent dans la villa, montent à l’étage, mettent en joue Dina et les domestiques, tirent à bout portant dans les placards, et demandent où est Olympio. « Il est descendu depuis plus d’une heure. J’ignore où il se trouve », répond l’épouse. Tous ces faits sont établis. Ils reposent sur les témoignages de Dina et des domestiques. Ensuite, c’est moins clair…
Après, il y a sans doute plusieurs heures de flottement. Le président s’est-il enfui par la route ? S’est-il réfugié dans l’ambassade américaine ? Les putschistes ne le savent pas, et commencent à craindre pour leur vie si jamais Olympio réussit à retourner la situation en sa faveur. À 3 h 30, selon le récit de sa fille, Sofia, l’ambassadeur des États-Unis, Leon B. Poullada, reçoit un coup de fil à sa résidence, qui est située à environ trois kilomètres de ses bureaux. Qui l’appelle ? C’est là que le témoignage de Gilchrist Olympio, le fils du défunt, est important. « Fin 1964, presque deux ans après la mort de mon père, raconte-t-il, j’ai rencontré Poullada à Washington. Il venait de quitter le département d’État et était encore traumatisé. Il m’a reçu pendant trois heures et m’a dit que c’était l’ambassadeur de France, Henri Mazoyer, qui l’avait prévenu cette nuit-là qu’un coup d’État était en cours et que le président s’était peut-être réfugié dans son ambassade. »
Mort de peur
Incroyable mais vrai. À cette époque, l’ambassade des États-Unis à Lomé n’est protégée par personne. Pas de marines, pas de gardes armés, juste un veilleur de nuit ! Quand Poullada arrive avec son véhicule devant son ambassade, il tombe nez à nez avec des putschistes qui paraissent ivres ou drogués, et qui le menacent. Après quelques palabres, il parvient à entrer dans l’enceinte diplomatique. Aussitôt, Olympio lui fait signe et lui raconte ce qui vient d’arriver. L’Américain lui conseille alors de ne pas bouger de la Buick et d’attendre qu’il revienne avec les clés pour lui ouvrir les bureaux. Dit-il la vérité ? Pas sûr. D’après sa fille, Poullada n’ouvre pas le bâtiment, car il a peur que les putschistes ne le mettent à sac. L’ambassadeur ne traîne pas. Il retourne à sa résidence et appelle son homologue français, Mazoyer, pour lui confirmer qu’Olympio est bien chez lui. Puis il ne bouge plus. Sans doute est-il mort de peur.
En pleine nuit, l’ambassadeur de France prévient son homologue américain qu’Olympio est chez lui.
Un jeune diplomate américain, le vice-consul Richard L. Storch, habite un bâtiment juste en face de l’ambassade. À 6 h 40, Poullada lui téléphone et lui demande de surveiller ce qui se passe. Storch observe le va-et-vient d’hommes armés dans la rue. À 7 h 10, il aperçoit un civil en short et pieds nus au milieu des putschistes. À 7 h 15, il va se faire un café à la cuisine. C’est à ce moment-là qu’il entend trois détonations, à intervalles réguliers. « Des coups de feu trop espacés pour être des tirs contre un homme en fuite », précise-t-il dans le rapport qu’il écrira le surlendemain. Pour la première fois depuis les indépendances, un président africain est abattu. Et ses assassins sont entrés dans une ambassade pour le capturer. Le territoire des États-Unis a été gravement violé. C’est sans doute la raison pour laquelle, malgré le US Freedom of Information Act, les documents du Département d’État sur cette affaire ne sont déclassifiés qu’au compte-gouttes…
« Je l’ai descendu. »
Qui a tiré ? Les jours qui ont suivi, le sergent Eyadéma s’est vanté devant les reporters du Figaro, du Monde, de Paris Match et de Time Magazine d’avoir abattu le président de ses propres mains : « Je l’ai descendu parce qu’il ne voulait pas avancer. » En 1992, il s’est rétracté sur RFI. Est-ce vraiment lui ? Faute de témoin direct, on ne le saura jamais. Mais le fait est que sa revendication, dès les premières heures du putsch, lui a donné du prestige dans la troupe et l’a sans doute aidé à prendre le pas sur des compagnons d’armes plus âgés et plus gradés lors du renversement de Grunitzky, en 1967.
Surtout, qui a indiqué aux assaillants l’endroit où se cachait Olympio ? À 23 h 30 ou minuit, quand le président se réfugie dans l’ambassade américaine, les putschistes n’entrent pas dans l’enceinte diplomatique. Sept heures plus tard, après l’échange téléphonique entre Poullada et Mazoyer, ils n’hésitent plus. Or Henri Mazoyer et l’agent de Jacques Foccart à Lomé, le commandant Georges Maîtrier, se faisaient depuis des semaines les avocats de ces ex-tirailleurs sans emploi auprès d’Olympio… Dans la maison Françafrique, il reste encore un grand placard (avec plein d’archives ?) à ouvrir.
jeuneafrique.com
Souvenirs de mon séjour au Togo (n° 3)
Missionnaire et aumônier militaire
Je fus l’aumônier attitré du camp militaire de Lomé de 1952 à 1962, agréé par Paris et rattaché à Dakar. J’avais le grade de capitaine et étais reconnu comme tel par le corps militaire. Vicaire à la paroisse d’Amoutivé, je ne disposais que de peu de temps pour m’occuper à fond du camp. Il était dirigé à ce moment là par le capitaine Camus, qui dirigeait les cadres européens et l’armée Togolaise, environ 150 hommes.
Ce n’est qu’en 1956 qu’arriva de France un contingent important de gendarmerie sous la direction du Commandant Maitrier. L’armée Togolaise fut placée sous le commandement du commandant Dadjo. Des postes de gendarmerie furent ouverts dans les centres tels que Anécho, Tsévié, Atakpamé, Palimé, Sokodé etc. Je n’ai pu m’occuper du camp qu’à partir de cette année là, à mon arrivée au collège Saint-Joseph comme économe. Avec l’appui et le soutien du commandant Maitrier et du commandant Dadjo, j’ai alors réellement rempli ma fonction d’aumônier militaire.
La salle des fêtes fut mise à ma disposition pour les offices du dimanche. J’avais une armoire dans laquelle j’ai pu entreposer tout le nécessaire pour la messe. L’assistance allait en augmentation de dimanche en dimanche. Il faut dire que le commandant Maitrier et Madame donnaient l’exemple.
Un petit clocher a été construit à côté de la salle. Il ne manquait que la cloche. Je n’avais pas les moyens d’en payer une. C’est un groupe de gendarmes qui, à l’occasion d’une fête dans la salle, a eu l’idée de faire participer tout le monde à l’achat de la cloche. Il a été décide que chacun verserait une somme fixée à l’avance, mais à une condition !... Le porte parole des gendarmes a donc réclamé le silence et, d’un ton solennel, a donné la condition que voici : « Mon Père, nous sommes tous d’accord pour participer à l’achat de la cloche à condition que sur le champ vous sacrifiez votre barbe ! »
Surpris de prime abord, je m’y conformai pourtant volontiers. Cela fut fait, dans les règles de l’art. Un gendarme s’était déguisé en coiffeur. J’étais assis en plein milieu de la salle. En un quart d’heure, le coiffeur improvisé avait fait son travail d’une manière impeccable. Je me relevai sans barbe, souriant au milieu des applaudissements. Ce jeu n’a fait qu’amplifier l’ambiance de la fête. Peu de temps après, Monseigneur Strebler fit sa première visite au camp militaire à l’occasion des confirmations.
La messe de minuit
Le point culminant de mon ministère au camp militaire était sans nul doute l’organisation de la messe de minuit à Noël. Dès le mois de novembre, je donnais le programme des cantiques à la fanfare du camp. Il y en avait de connus, tels que Minuit Chrétien, chanté par un gendarme, Douce Nuit, Je crois en toi Mon Dieu etc. La messe de minuit se déroulait en plein air sur le stade du camp. Cette nuit-là, le camp était ouvert à tous. Je louais à cette occasion jusqu’à mille chaises pliantes, auxquelles les gendarmes ajoutaient les bancs du camp.
Le stade était rempli, beaucoup, de personnes restaient debout ; c’est dire qu’il y avait deux mille personnes, peut-être plus. Tous les ans nous faisions une crèche vivante, nous choisissions un couple africain de gendarmes ayant eu un enfant dans les deux mois précédant Noël. Même l’âne et le bœuf étaient réels. Tout le monde était en admiration devant cette crèche. Il est arrivé qu’en plein milieu de la messe l’enfant se mette à pleurer ; la maman lui donnait alors le sein, c’était d’un naturel saisissant. Et même, une année, l’âne s’est détaché de sa corde et a pris la poudre d’escampette autour du stade.
En général le monde arrivait déjà vers vingt heures. Je me tenais près de l’autel pour entendre les confessions. A minuit, lorsqu’éclatait le chant Minuit Chrétien, il se faisait un calme absolu. Et la messe se déroulait dans un recueillement profond.
« Nous n’avons pas besoin d’aumônier ! »
Au cours de l’année 1960, le Togo devint indépendant sous la présidence de Sylvanus Olympio. Il y eut alors comme un mouvement anti-français, mais cela ne dura pas. Début 1962, Paris avertit Monseigneur, de même que le président, que l’aumônerie militaire dépendrait dorénavant du Togo et non plus de Paris et de Dakar. Monseigneur me demanda donc de régler ce problème avec le président Olympio.
Le commandant Maitrier et moi-même demandâmes à être reçu par le président, qui nous reçut quelques jours plus tard. L’entrevue fut assez cordiale, jusqu’au moment où nous abordâmes le sujet de l’aumônerie. La réponse du président Olympio fut sans équivoque : « Nous n’avons pas besoin d’aumônier ! » Toute discussion était inutile. Je demandai donc une réponse écrite que je transmis à Monseigneur et à Paris. Le président y accéda et l’entrevue s’acheva. Sur le chemin du retour, le commandant Maitrier me fit part de sa déception. Au mois de juin 1962, je partis en congé ; j’étais remplacé au Collège par le Père Francis Kuntz. Au mois de décembre, à mon retour au Togo, je célébrai une dernière messe de minuit au camp, avant de me rendre à Nuatja, ma nouvelle affectation.
(à suivre)
Le Point de Kodjo Epou: Que des mystères sous le voile d’Awa!
Written by Kodjo Epou
Awa Nana-Daboya, cerveau fort, âme faible. Avec elle, bienvenue dans les Labyrinthes de la cour. Un proverbe latin prévient: Semel malus, semper malus: « Une fois méchant, toujours méchant », ou encore « Qui a bu boira ». Le résumé de cette magistrate ne présage rien de bon, ni pour la réconciliation nationale, ni pour les réformes politiques. Avant le bénéfice du doute, il y a une histoire.
« Médiateur de la République et présidente du Haut Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’Unité nationale », le HCRRUN. C’est sous ce nouveau titre qu’Awa Nana planche sur la réconciliation nationale et les reformes politiques. Quel type de constitution peut-elle sortir de son voile contaminé par les souillures de la dictature? Par quel miracle cette magistrate de nulle capacité de courage, d’intégrité et de droiture peut-elle réconcilier les victimes et les sbires du RPT/UNIR quand ces derniers n’ont toujours pas enterré la hache de guerre? Derrière ces questions accablantes, se découvre une grosse supercherie du pouvoir visant une fois encore à flouer les Togolais. A la fois brillante magistrate et parfait exemple de juge domestiqué, une juge de course en rupture avec son serment, Awa Nana provoque méfiance et rejet.
La chance que cette dame réussisse sa mission est mince, quasiment inexistante, en raison de sa propre personnalité, de ce passe boueux qu’elle traîne, faute de contrition. Elle a des comptes à rendre et doit, avant toute chose, répondre à la question qui l’accuse: Que s’était-il réellement passé le 23 juin 1998, deux jours après l’élection présidentielle qui avait connu une forte mobilisation des électeurs décidés à faire partir le satrape qui régentait la vie des Togolais depuis déjà trois décennies?
Un précis: Awa Nana, à l’époque, occupait la fonction de Présidente de la Cour d’appel, et présidait la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) ès-qualité. Elle était donc tenue de proclamer les résultats de l’élection présidentielle au cours de laquelle, Gnassingbé Eyadéma avait été laminé dans les urnes, battu à plate couture par son rival Gilchrist Olympio. Aux vues des chiffres et devant l’ampleur de l’échec de son bienfaiteur Gnassingbé Eyadéma, dame Awa Nana-Daboya prit peur. Elle décida de démissionner de la présidence de la CENI, laissant la voie libre au général « sak-o-dos », Séyi Mèmène, alors ministre de l’Intérieur, de proclamer son patron vainqueur. Les Togolais ont trop vu d’atrocités, trop entendu d’énormités, trop subi d’abominations dans leur odyssée démocratique! Difficile d’en oublier les douloureuses péripéties.
A ce jour, la juge Awa Nana n’a daigné dire, ni dans une interview ni dans une tribune de presse, moins encore dans un livre, la réalité des faits aux Togolais qui ont dû se contenter d’une petite phrase diffuse qu’elle avait laissée avant de disparaître. »Je suis, avait-elle griffonné, dans l’impossibilité de remplir ma mission dans la sérénité et de proclamer officiellement les résultats dans les délais prévus par le Code. » On n’en saura pas plus. Dame Awa Nana-Daboya disparut pour réapparaître, plus tard, à la Cour de Justice de la CEDEAO, un poste douillet déniché pour elle par son parrain qu’elle a fait proclamer à la place du vrai gagnant, Olympio.
A propos de sa prétendue démission devant l’ampleur de la débâcle électorale du satrape togolais, il avait été murmuré que la présidente de la CENI aurait subi d’énormes pressions et intimidations sur sa personne et ses proches provenant des membres influents de l’armée et des barons du RPT. « Craignant pour sa vie, elle s’est réfugiée momentanément dans son village natal ». Son village était-elle inaccessible à ceux qui lui voulaient faire du mal? Mystère et pure « togolaiserie »! Quelles que soient ses grandes qualités de magistrate, l’argument présenté par dame Awa Nana était peu convainquant lorsqu’on sait qu’elle était militante invétérée du RPT et membre de l’UNFT. Elle avait joué le jeu de son parti pour cautionner, par une disparition arrangée d’en haut, le coup d’État électoral. Quelle défense cette dame peut-elle invoquer, maintenant qu’elle retourne, par décret, sur la scène des crimes du passé, à la tête d’un processus de réconciliation nationale bancale si on l’accuse d’avoir été celle qui avait empêché le changement de se réaliser au Togo en 1998?
Que dirait-elle si on la rendait responsable au second degré des morts et disparus de 1998? Afin de se venger de la vérité des urnes, Eyadéma n’avait pas hésité à sévir. Des cadavres avaient été rejetés par l’océan. Les organisations de défense des Droits de l’homme ainsi que les journaux occidentaux, en choeur, avaient à l’époque, des éléments de preuves à l’appui, dénoncé cette énième bévue de l’ubu national togolais. Si dame Daboya avait eu le courage d’informer la communauté nationale et internationale de ce qui se tramait et des vrais résultats de cette élection présidentielle de 1998, elle aurait sûrement bénéficié de protection et Eyadéma n’aurait pas eu l’occasion de faire assassiner, à sa guise, ces Togolais que la juge fait la maligne de vouloir indemniser, 20 ans après.
Le sang des Togolais, Nana-Daboya continuera d’en avoir sur sa conscience aussi longtemps qu’elle n’aura pas dévoilé aux parents des victimes tous les secrets de ce 23 Juin 1998. Si en lieu et place de ce travail de rétrospection, d’un mea culpa sincère, elle continue son cinéma, sa campagne sera vaine: il faut une crédibilité et une bonne foi dûment authentifiées par les victimes pour réussir ce genre de mission. Ce qui n’est pas son cas. Bien au contraire, elle renvoie l’image d’une vieille roue de secours recyclée pour dépanner un système vieilli. Quelle différence y a t-il entre la mission que cette magistrate a acceptée de conduire et celle déjà effectuée sous la présidence de Monseigneur Nicodème Anani Barrigah-Benissan dans le cadre de la CVJR? Qu’y a-t-il de mieux sur son agenda pour les Togolais et que l’APG n’avait pas recommandé à ce régime tortionnaire? Quels types de régime et de mode de scrutin Awa Nana-Daboya va-t-elle inventer et que la conférence nationale n’avait pas étudiés et adoptés, en connaissance de cause, avant de proposer au peuple qui l’avait massivement votée, ce qui était la LOI FONDAMENTALE de 1992?
Alors, Awa Nana-Daboya, complice en crimes des Gnassingbé? A elle de répondre à cette question, de chercher à se dédouaner si elle le juge nécessaire et de prouver par la même occasion qu’il n’existe pas au Togo que des couards et des couardes, des âmes faibles incapables de respecter le peuple togolais en disant NON, à haute voix, à cette dynastie cinquantenaire citée comme la seconde dictature du monde derrière la Corée du Nord.
Kodjo Epou
Washington DC
USA