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L’hommage de Meng-néré Fidèle Kientéga à Etienne Zongo : Il ava...
Written by Meng-néré Fidèle Kientéga
Dans cet hommage à Etienne Zongo, ancien aide de camp de Thomas Sankara, décédé le 3 octobre 2016 au Ghana, Fidèle Kientéga, ancien collaborateur du président du CNR, révèle comment Etienne Zongo a dû s’enfuir du Burkina en 1989 pour ne pas être pris au piège dans le prétendu coup d’Etat de Jean-Baptiste Lengani et Henri Zongo.
Le samedi 16 septembre 1897, si mes souvenirs ne me trahissent pas, Etienne ZONGO, alors en résidence surveillée chez-lui à la Patte-d’oie, déjouant la surveillance de ses geôliers ou bénéficiant de leur complicité, est venu tôt le matin me voir à la maison. J’habitais également la Patte-d’oie, à quelques centaines de mètres l’une de l’autre.
Ceux qui connaissent Etienne ZONGO le savent d’un calme et d’une sérénité à toute épreuve. Mais ce jour-là, son visage trahissait l’angoisse et la hâte. Ignorant mon invitation à s’asseoir, il me dit tout debout et en quelques mots être venu me confier une commission composée d’une enveloppe et des clés pour son épouse alors en stage à l’EIB de Bordeaux, parce que me dit-il, il devait impérativement quitter le Burkina le même jour.
Réticent dans un premier temps à répondre aux questions dont je l’assaillais, il finit devant mon insistance et surtout mon inquiétude toute apparente, par lâcher les explications suivantes : un haut gradé du Front Populaire, dont il ne m’a pas révélé le nom, est venu le voir la veille, porteur d’un message du Commandant Jean-Baptiste Boukary LENGANI. Ce messager l’informait de la décision du Commandant LENGANI d’opérer un changement au sommet de l’Etat en vue de restaurer les idéaux de la révolution en totale déliquescence, et demandait son adhésion. En réponse, il demanda à son visiteur de remercier le Commandant LENGANI pour cette marque confiance et d’estime, mais s’excusait de ne pouvoir être d’aucune utilité, vu que lui-même était en position de résidence surveillée.
Il me confia alors qu’il flairait le traquenard à plein nez, surtout que ce visiteur lui avait précisé que le coup se préparait sous la coordination de Gilbert DIENDÉRÉ. Il n’a donc d’autre choix que de partir avant la mise en exécution du coup car, si des bons offices l’ont sauvé de l’exécution le 15 octobre 1987, dont celles de l’ambassadeur de Cuba, il se sait dans le collimateur de Blaise COMPAORE.
C’est donc l’occasion rêvée cette fois-ci de le faire passer ad patres avant même que tous ceux qui peuvent intervenir ne soient informés de ce coup foireux. Et si par extraordinaire le coup devait réussir, ce qui l’étonnerait très fort, sa situation serait la même avec les nouveaux maîtres dont il a refusé l’offre de collaboration. Et quelle collaboration pour quelqu’un qui était en résidence surveillée ?!
Sortant de chez-moi, il prit directement la route de l’exil, déguisé en paysan et se faisant remorquer sur une motocyclette jusqu’à la frontière du Ghana.
Je ne fus donc pas surpris d’entendre le lendemain sur les antennes de la télévision nationale qu’un coup d’Etat venait d’être déjoué, un coup d’Etat qui devait connaître son exécution au retour du président Blaise CMOMPAORÉ d’un long voyage en Asie. On nous expliqua que son avion devait être bombardé et détruit en bout de piste au moment de son atterrissage. On nous fit écouter les aveux pitoyables et à peine audibles du Commandant LENGANI. Ce n’était visiblement plus un homme, mais une chose réduite, abrutie et anéanti par l’humiliation et les effroyables tortures qu’il a dû subir et surtout, sachant vivre les derniers instants de sa vie. Pour achever de nous convaincre de sa ‘‘traîtrise’’ dont le seul salaire est la mort, on nous fit voir un bout de papier avec quelques lignes griffonnées de la main du Commandant LENGANI, c’était le plan d’exécution de son coup d’Etat...
Nous nous reverrons bien des années plus tard, Étienne et moi à Paris. Nous avions alors passé quasiment 24h sans nous quitter, puis une seconde fois à Accra au Ghana. A toutes ces rencontres, nous avons évoqué longuement les années de révolution ; nos initiatives, chacun selon ses contacts et ses affinités, pour éviter l’éclatement que tout le monde voyait venir. Et chaque fois, nous avions réaffirmé notre conviction qu’un jour, l’ère COMPAORÉ connaîtrait lui aussi inéluctablement sa fin, quels que soient ses réseaux et soutiens, sa puissance, ses alliances mystiques, ses ruses, ses entourloupes, ses faux-fuyants... L’adage qui dit que l’on peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps, mais jamais tout le peuple tout le temps a-t-il jamais été démenti ?
Il y a un peu plus d’un an, nous nous sommes revus cette fois à Ouagadougou lors de son premier retour au pays après la fuite du tyran, c’était le 13 ou 14 septembre 2015. Nous avions encore longuement échangé et convenu de poursuivre le lendemain, surtout, nous avions convenu d’écrire ensemble un témoignage sur ces quatre années de combat et de ferveur auprès du Président Thomas SANKARA. Mais une fois de plus, le lendemain c’était le coup d’Etat du Général DIENDÉRÉ. Septembre 1987 se rééditait, avec les mêmes interrogations et inquiétudes car mes appels ne passaient plus, jusqu’à ce qu’Étienne me rappelle pour m’informer qu’il était sain et sauf, mais qu’il a dû reprendre le chemin de l’exil aussi rapidement qu’il a pu, dès qu’il a appris le coup d’Etat.
Tout récemment enfin, Étienne était de passage à Ouaga et m’a passé un coup de fil le 20 septembre pour demander que nous convenions d’une rencontre. Mais hélas, nos emplois de temps ne nous ont pas permis de nous revoir. Moi j’étais en route pour mon village au Passoré et n’en suis revenu qu’après son départ à Accra le lundi 26 septembre.
C’est là-bas dans ce pays qui t’a accueilli depuis ton exil en 1989 que le parcours a pris fin pour toi. C’est là que la mort, cet ennemi sordide et déloyal de l’homme pour paraphraser Mario Puzo, est rentré chez-toi nuitamment, par effraction, pour te soustraire de notre affection, à seulement quelques jours du 29ème anniversaire de l’assassinat de celui dont tu étais devenu l’ombre pendant les quatre années de révolution.
Repose en paix, Étienne !
Meng-néré Fidèle Kientéga
Décédé dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016 à Accra au Ghana, Etienne Zongo l’ancien aide de camp du Capitaine Thomas Sankara a été conduit à l’église notre dame des apôtres de la Patte d’Oie à Ouagadougou pour l’absoute. C’est dans cette église qu’il avait été lavé de tous péchés, dans les eaux du baptême. Dans la matinée de ce 13 octobre, parents, amis et connaissances étaient là pour le dernier adieu avant que le corps ne soit conduit à Laye pour l’enterrement.

C’est là qu’il a été baptisé, et c’est là que l’absoute a eu lieu. L’Eglise notre dame des apôtres de la Patte d’Oie a accueilli du monde en cette matinée, venu accompagner le repos de l’âme de Etienne Zongo, ancien aide de camp du président capitaine Thomas Sankara, par des prières.
C’est à quelques jours du 29e anniversaire de l’assassinat de son ancien patron, qu’il a tiré sa révérence à Accra au Ghana, à 63 ans, où il vivait en exil depuis le carnage du 15 octobre 1987.
Epreuve difficile à accepter pour nous vivants, la mort si nous la prenons avec foi, la tristesse doit faire place à la joie et surtout à l’espérance, a dit le célébrant dans son homélie. L’espérance de la résurrection, qui fonde même la foi de tout chrétien.
Pour le prêtre, nous sommes tous en cheminement sur cette terre, et c’est maintenant que notre foi doit se manifester, parce que nous aurons tous des comptes à rendre. « Ne vivons pas loin de la face de Dieu », a poursuivi le prêtre qui a par ailleurs prié pour que la lumière du très haut brille sur le visage de Etienne Zongo pour qu’il connaisse la joie de la résurrection.
« Commandant Etienne(…) nous sommes fiers de toi(…) bienvenue au Burkina Faso, ta patrie, welcome », a dit la représentante de la famille qui a parlé au nom des enfants, des petits enfants et parents du défunt, la voix pleine d’émotion.
Dans la foule venue pour être témoin, accompagner l’ancien pilote de ligne de prières, on pouvait apercevoir l’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré, l’ancienne ministre Joséphine Ouédraogo, et l’ancien président du Conseil national de la transition, Shérif Sy.
Après la messe, le corps a été conduit à Laye, à une trentaine de kilomètres de la capitale sur la route de Ouahigouya pour l’inhumation.
Qu’est-ce que l’absoute ?
Appelée désormais le « dernier adieu », cette dernière prière de la liturgie des défunts se déroule autour du cercueil avant le transfert du corps au cimetière. Cette prière commence par le mot « Libera me », c’est-à-dire : « délivre-moi », pour implorer le pardon des péchés du défunt. Elle est suivie d’une aspersion d’eau bénite et d’un encensement du corps afin de l’honorer. « Notre corps est le temple du Saint Esprit ».
Afrique: Classement des pays africains les plus corrompus.
Written by Transparency InternationalL’ONG Transparency International A Publié Le Classement Des Pays Africains Les Plus Corrompus , Selon L’indice De Perception De La Corruption 2015, En Évalué 167 Pays Sur Une Échelle De 0 Points (Perçus Comme Très Corrompus) À 100 Points (Perçus Comme Très Intègres).
En 2015, certains pays africains ont enregistré de fortes progressions comparativement à 2014. C’est notamment le cas du Rwanda (+11 places), de la Namibie (+10) et du Sénégal (+8).
D’autres pays du continent ont cependant reculé. Ainsi, le Maroc est passé de 80è place à l’échelle mondiale en 2014 à la 88è place en 2015 alors que le Lesotho a perdu six places comparativement à 2014.
Sur les 52 pays africains étudiés, 6 seulement ont obtenu une note supérieure ou égale à la moyenne (50 points).
L’indice de perception de la corruption (ou Corruption Perceptions Index CPI), qui ne mesure que les actes touchant le secteur public, s’appuie sur des données collectées par 12 organismes internationaux, parmi lesquels la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou encore le Forum économique mondial.
En dépit du constat que la grande majorité des pays ont une note inférieure à la moyenne, Transparency International relève avec satisfaction «que le nombre de pays ayant réussi à améliorer leur score a été plus élevé que celui des pays où il a baissé» en 2015.
Classement des pays africains dans l’indice de perception de la corruption 2015 :
1-Botswana (28è rang à l’échelle mondiale)
2 -Cap Vert (40è)
3-Seychelles (40è)
4-Rwanda (44è)
5-Maurice (45è)
6-Namibie (45è)
7-Ghana (56è)
8-Lesotho (61è)
9-Sénégal (61è)
10-Afrique du Sud (61è)
11-Sao Tomé-et-Principe (66è)
12-Burkina Faso (76è)
13-Tunisie (76è)
14-Zambie (76è)
15-Bénin (83è)
16-Liberia (83è)
17-Algérie (88è)
18-Egypte (88è)
19-Maroc (88è)
20-Mali (95è)
21-Djibouti (99è)
22-Gabon (99è)
23-Niger (99è)
24-Ethiopie (103è)
25-Côte d’Ivoire (107è)
26-Togo (107è)
27-Malawi (112è)
28-Mauritanie (112è)
29-Mozambique (112è)
30-Tanzanie (117è)
31-Sierra Leone (119è)
32-Gambie (123è)
33-Madagascar (123è)
34-Cameroun (130è)
35-Comores (136è)
36-Nigeria (136è)
37-Guinée (139è)
38-Kenya (139è)
39-Ouganda (139è)
40-Centrafrique (145è)
41-République du Congo (146è)
42-Tchad (147è)
43-RD Congo (147è)
44-Burundi (150è)
45-Zimbabwe (150è)
46-Erythrée (154è)
47-Guinée-Bissau (158è)
48-Libye (161è)
49-Angola (163è)
50-Soudan du Sud (163è)
51-Soudan (165è)
52-Somalie (167è)
source : (Transparency International)
Afrique: Emploi, Administration, Fonction publique, la grande menace.
Written by CridemSavez-vous que la fonction publique mauritanienne qui avait signé son arrêt de mort depuis l’épuration des fonctionnaires noirs de son administration en 1989, commence déjà à en subir les conséquences. Il n’y a pratiquement plus d’agents de l’état, dans les bureaux de nos différents ministères. Ici, si les portes ne sont pas clauses faute de personnel, c’est les palabres de quelques dames autour d’un verre de thé.
Parce que toute action politique doit s’inspirer de l’éthique et s’y fonder en favorisant la responsabilité et la transparence, parce qu’aucune institution togolaise n’est en mesure de donner les coûts réels du Sommet sur la Sécurité maritime ayant conduit à la très embryonnaire Charte de Lomé, parce que des millions de dollars ont été déjà versés pour des services externes dont toutes les expertises existent localement ou dans les pays voisins alors que de simples chauffeurs peinent à se faire payer leurs prestations, parce que tous ces écarts sont insultants que la lutte intelligente pour la République se doit de continuer au Togo et dans sa Diaspora.
Une fois de plus, c’est dans les réformes politiques profondes et globales qu’il faut croire, et non dans les institutions actuelles qui ne se sentent redevables devant les citoyens togolais. Toutes les tentatives d’amalgame et de clientélisme des Adowuinon ont vainement essayé de faire croire, jusque dans la diaspora togolaise, que la tenue de la conférence sur la Sécurité maritime, au Togo, serait d’un bénéfice structurant pour le pays.
Peine perdue! Si le pouvoir présidentiel, ses conseillers autant que Faure Gnassingbé lui-même étaient capables d’une saine perspective en politique de développement, il y a bien longtemps que les Togolaises et les Togolais l’auraient remarquée. Manifestement, les soucis et objectifs de la nomenklatura togolaise sont ailleurs.
Dans un contexte de « mandat social », rien n’aurait justifié une ponction budgétaire aussi scandaleuse devant le désastre socio-économique de la gouvernance actuelle au Togo. Les dégâts de toutes ces années d’apprentissage et de gestion approximative auraient appelé à la retenue, au discernement ou encore à la nécessité des réformes ainsi qu’à la redéfinition des priorités, salutaires à l’ensemble des populations togolaises.
À l’évidence, les gouvernants togolais n’en sont qu’à la désinvolture traditionnelle et à l’amateurisme coutumier : le Togo n’est pas sorti des grandes allées de l’imposture et de l’invouloir. Et ce n’est pas une quelconque complaisance devant une si grande défaillance de la classe dirigeante qui pourrait constituer la solution, après plus d’une décennie d’errance et de déperdition déconcertantes.
D’ailleurs, sur les réseaux sociaux, circulent allègrement des images et messages qui résument le désarroi général; des analogies comme « où sont nos salaires après votre sommet », « tout ça pour si peu » et autres amabilités de même nature.
En somme, l’épisode du fameux Sommet de Lomé est davantage le reflet d’une quête de légitimité à l’extérieur des frontières togolaises, un racolage diplomatique à l’extérieur jusque dans les chancelleries occidentales, une dégradation orchestrée de l’indifférence culturelle, sociale, économique, intellectuelle et citoyenne au Togo, un réflexe constant d’une carence assumée, une exaltation assidue de la violence d’un État Patapa institutionnalisé, et surtout un goût de la notoriété gonflée à l’insuffisance, au point de forcer une Charte de Lomé minimaliste.
Une Charte de Lomé tellement frileuse, peu avant-gardiste, que la référence est uniquement faite aux seules eaux territoriales des États africains. Une Charte de Lomé minimaliste qu’elle se retrouve en conflit avec les avancées antérieures des ententes internationales, à l’exemple de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Toutes ces choses qu’il faudra corriger, littéralement réécrire, gomme et crayon à la main...
La Charte de Lomé : un cache sexe politico-affairiste
Au grand désespoir des citoyens du Togo, tous leurs efforts financiers n’ont servi qu’à enrichir certaines personnes, les mêmes, et réinventer le bouton à quatre trous, c’est-à-dire redire l’évidence et la banalité : vous ne pouvez pas jouer dans mon salon, mais vous pouvez jouer dans ma cour et faire tout ce que vous voulez devant mon portail, y compris ce qui est illégal; je regarderai toujours ailleurs tant que vous n’êtes pas dans mon salon. Les Togolaises et les Togolais ont-ils besoin de se saigner pour si peu de résultats?
C’est à croire qu’il fallait la Charte de Lomé, à tout prix, quel que soit son contenu. On comprend même pourquoi certains États, présents à Lomé, n’avaient pas cru nécessaire de signer la presque inutile Charte de Lomé.
La meilleure de l’histoire est que les autorités togolaises, ces hommes et ses femmes qui n’ont jamais respecté un seul accord dans leur propre pays, vont veiller à la survie de celui-ci qu’ils ont voulu coûte que coûte, la Charte de Lomé, en intégrant les réserves des uns et des autres. Au Togo, la sagesse populaire avait déjà tranché cette contradiction : savoir bien se coiffer s’apprend depuis chez soi et ne s’improvise guère sous le regard du monde entier. Un tel habitus, sagement construit devant son miroir, chez soi, est aussi de l’indispensable éthique politique utile aux dirigeants togolais.
La Charte africaine sur la sûreté, la sécurité maritime et le développement en Afrique, dite la Charte de Lomé, à laquelle il a fallu greffer le mot « développement », est un catalogue de définitions et de vœux pieusement alignés en cinquante-six articles. Certains États africains, présents, n’ont même pas daigné signer la Charte de Lomé, qui a davantage l’allure d’un accord au forceps destiné à la communication politique : nourrir et flatter certains ego, c’est selon.
Affublé de tous les noms pompeux, du « Sommet des Océans » au « Sommet de la lutte contre la piraterie maritime et la pêche illégale », en passant par le « Sommet de promotion de l’économie bleue », cet exercice de relation publique qui a abouti à la Charte de Lomé , n’aura été qu’un cache sexe à la fois réactionnaire et politico-affairiste du pouvoir présidentiel togolais. Au Togo, il y a du refus persistant de conquérir le Togo d’aujourd’hui : jeune et fou de la démocratie comme partout ailleurs. À la place, l’on cherche légitimité ailleurs en organisant conférence coûteuse et saignante de la misère des populations. L’écho et la fragrance du Togo actuel restent toujours insupportables à la dignité humaine : une évidente imposture.
C’est connu, « Si Rome eut gardé ses rois, elle n’eut pas été Rome ». Autant, si le Togo avait uniquement eu un noble Sommet, le Togo n’aurait pas été le Togo des anomalies. En exhibant une générosité aussi encombrante que dérangeante et violente pour le commun des citoyens, tout ceci n’est qu’une introduction à l’ambition des autorités togolaises d’accueillir le Sommet de la Francophonie dans un proche avenir... Accueillir le Sommet de la Francophonie envers et contre tous les besoins urgents de santé, d’éducation, de bien-être, de démocratie et de dignité des Togolaises et des Togolais.
À chacun ses responsabilités désormais, face à une désinvolture politique aussi inqualifiable qui perdure sur la Terre de nos aïeux.
Pierre S. Adjété
Québec, Canada
Dans leurs visions et dans leurs actes, les pouvoirs publics se distinguent par leur conception de l’essentiel d’une part et leur imbécillité, d’autre part, cette imbécillité étant la caractéristique principale de certains. C’est en cela que se mesure le degré de développement humain et de civilisation d’un pays, et non par quelque action de faux éclat, de trompe-l’œil. Lorsque la vision est mûrement réfléchie et clairement définie, et les actes posés après une délibération approfondie, notamment après un bon débat démocratique, les risques pour ces pouvoirs de tomber dans l’imbécillité, de baigner dans l’imbécillité sont moindres. L’erreur est humaine, mais persévérer dans l’erreur, c’est-à-dire volontairement et délibérément dans les errements, avec les mêmes méthodes, les mêmes hommes autant que possible, sinon des nouveaux qui ressemblent parfaitement aux anciens ou encore des anciens qui jouent la comédie de la novation, est proprement diabolique. Or, qu’est-ce qui est diabolique ? L’acte diabolique n’est, certes, pas celui qu’un être invisible nous pousserait à accomplir, un être sombre ( ténébreux dans ses intentions, absurde dans sa visée), laid, cornu, portant des griffes comme souvent représenté dans ces livres de catéchisme, allégorie pour effrayer les enfants et les éduquer dans la détestation du mal, cet être foncièrement méchant dont le dessein est de se jeter sur nous pour nous obliger à nuire, d’abord à nous-mêmes, c’est-à-dire à la partie lumineuse que Dieu a mise en nous et qui n’aspire qu’au Bien, au Beau, au Vrai, et ensuite à nuire á nos prochains. Si jamais un tel être existe, c’est d’abord nous-mêmes qui allons le chercher, comme notre allié dans notre haine de nos prochains, mais aussi notre haine inconsciente de nous-mêmes.
Ma Tortue, non pas exclusivement la mienne, mais celle de chacun de nous, car « tout le monde a sa Tortue », ai-je écrit dans la scène finale de ma pièce, chante (et cette Tortue existe depuis le commencement des contes, c’est-à-dire depuis que les hommes sont capables de réfléchir et de conter des histoires) : « Le malheur ne provoque pas l’homme, c’est l’homme qui provoque le malheur ».
Je possède beaucoup de tortues en diverses matières (plastique, métaux, plâtre, bois, suif, vannerie, verroterie…) parce que beaucoup de gens, sachant que j’attache une importance particulière au symbolisme de la Tortue dont le sens est résistance tranquille, persévérance silencieuse et lucidité ironique, face aux bruyantes agitations, m’en ont offertes dans diverses circonstances. Parmi elles, il y en a qui sont en or, ou dorées, il y en a qui s’allument à l’aide d’une ampoule introduite à l’intérieur de leur carapace. Mais, de là, á aller prendre ces gadgets pour l’essentiel, ne serait-ce pas le propre d’un caractère imbécile, les vessies pour les lanternes dirait-on ? La réalité est dans le symbolisme et ce que l’on fait en se basant sur le contenu du signe.
Or, nous vivons dans un monde où, sans plus réfléchir et sans un brin de sagesse, de discernement, les hommes, pour l’argent, la célébrité et le pouvoir vont chercher le « diable « et en faire leur allié privilégié. Résultat, le champ de l’imbécillité ne fait que s’accroître.
Les pouvoirs publics ne sont-ils pas en place pour servir une vision, le Bien de leurs concitoyens, le Bon, c’est-à-dire le bien-être de ces mêmes concitoyens, le Vrai, c’est-à-dire la justice à laquelle ceux-ci aspirent et qui leur permette de vivre en harmonie et dans la paix véritable et durable ? Mais voilà que ceux dans les mains desquels ces pouvoirs échouent, le plus souvent par des moyens non démocratiques, violents, illicites ne font que ce qui a déjà été fait et qui s’est révélé, á la longue, n’avoir aucun sens.
Je prendrai maintenant un exemple : nous avons au Togo un homme qui, contre toute conception démocratique de la vie politique et de la vision d’un État, a hérité le pouvoir d’un autre homme qui est son père. Ce dernier avait cru tout le temps qu’il brillait en Afrique et dans le monde, parce que, selon lui, il avait fait de Lomé un grand centre international où plusieurs accords avaient été signés, à grand renfort, c’est-à-dire bousculades forcées et sonores de haies d’écoliers grondements étourdissants et époustouflants de chansons, de slogans et de danses d’animation, dans des décors dignes de l’expressionnisme, papillotement de drapeaux, alignement de portraits géants, éclat de tissus bigarrés, au rythme endiablé de tam-tams, guitares, key bords, cuivres… amplifiées à merveille, tout cela hérité , imité d’un certain Mobutu Sesse Seko Kuku Ngbendu Waza Banga !… L’imbécillité ronflante et triomphante, organisée au détail près ! Où est passé tout cela aujourd’hui ?
Toute la paperasse consommée dans ces réunions, ou plutôt ces messes, pouvait-elle servir de toit et de vêtements au citoyen ? Et de couverture médicale en cas de maladie ?…Était-ce l’essentiel ? Les lustres clinquants des salles de conférence le nourrissaient-ils ? Changeaient-ils en quoi que ce fût, le sort bien ténébreux du Togolais moyen, victime en plus d’un pouvoir usurpé et dictatorial qui l’opprimait ?
La misère en pagne á l’effigie du Guide, d’hommes, de femmes, vieux et jeunes dansant et chantant (ne dites pas chancelant, grimaçant et vociférant, sinon…Attention !)
C’est bien dans cette ligne du système que s’est inscrite la Conférence de l’Union Africaine sur la Sécurité maritime. Ce label de l’Union Africaine ne peut tromper que ceux qui veulent bien se laisser berner. On sait que cette organisation n’a jamais réussi à mettre fin à la perpétuation de l’imbécillité à l’intérieur de nos États, l’exemple de ce qui se passe et qui s’est plutôt aggravé en Côte-d’Ivoire, surtout depuis l’accession de Ouattara et des rebelles au pouvoir, grâce à l’intervention des armées françaises et celle de l’ONU, est éloquent sur ce plan( coups d’État, massacres de populations, génocides, modifications de constitutions à des fins de transformation des mandats démocratique en pouvoirs à vie…), ni à réellement unir nos peuples pour qu’ils constituent une force contre l’exploitation de nos ressources, les interventions intempestives des puissances étrangères pour nous imposer les hommes à leur merci, ce qui á mon humble avis devait compter parmi les priorités de nos États s’ils aspiraient vraiment à l’indépendance, mais qu’elle s’est souvent confinée dans le rôle d’instrument de consolidation et de perpétuation des pouvoirs en place.
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Les exemples en sont maintenant légion.
Il en est de l’organisation du sommet sur la Sécurité maritime, comme d’un acte récent dont l’actuel système togolais peut se vanter : l’érection d’une statue à la gloire de Gnassingbé Eyadema. Cet acte imbécile passe á côté de l’essentiel. Un pouvoir réellement intelligent se serait interrogé. L’homme en question, n’avait-il pas, de son vivant même déjà, construit une statue pareille à sa propre gloire ? Et où est-elle maintenant, cette statue, depuis que le peuple togolais, galvanisé par le vent de démocratie qui soufflait dans les années 90 l’avait renversée ? Et, des enfants innocents, n’avaient-ils pas payé tribut de leur sang versé sur cette statue pendant le mouvement de révolte populaire ? Qu’attend-on de la nouvelle statue, maintenant installée à Kara ? Le prestige, la gloire que s’octroyait Eyadema, ou d’autres sacrifices sanglants lors d’une prochaine révolte populaire ?
Passant á côté de la statue en question, dans les années 80, en compagnie d’un paysan qui venait de son village admirer les merveilles de la capitale, ce dernier m’a soufflé bas à l’oreille « Eh ! Les Chinois-là, ils ont bien représenté Eyadema, ils l’ont bien réussi : Klatchaa sigbe lo kuku nene (klatchaa comme un cadavre de crocodile» ) s’était-il écrié! (Vous comprenez que ces années-là, il ne pouvait pas faire cette déclaration á haute voix. S’il le faisait, il passerait par un trou où même un serpent, doué de prudence et d’habileté ne passerait pas) L’homme ne savait pas faire la différence entre Chinois et Coréens, mais bien entre un homme et un cadavre de crocodile. Il savait aussi que, du point de vue du style( ou d’absence de style esthétique), cette réalisation n’avait aucun rapport avec notre culture. La preuve, c’est que voyant à côté notre monument de l’Indépendance, cette mère nourricière énorme, avec ses grosses mamelles, représentation de nos idéaux de nation-mère et portant la flamme de l’Indépendance, ayant derrière elle, comme la soutenant de sa force physique l’homme taillé dans le béton, le paysan dit, avec l’intuition savante qui caractérise nos anciens instruits des traditions culturelles africaines : « Voici un vrai Du-legba ! ». Entre deux monuments, l’un qui se veut figuratif et ressemblant et l’autre, également figuratif, mais stylisé, qui ne ressemble à personne, surtout pas à l’homme qui, ces années -là, présidait aux destinées de la nation togolaise, un paysan savait lire et savait distinguer celui qui est intégré dans nos cultures et porte nos idéaux, de celui qui n’était ni plus ni moins qu’un cadavre de crocodile, klatchaa. Et le sens de ce « klatchaa» qui ne représentait rien, nous le verrons multiplié comme était multipliée une autre représentation par une effigie du même homme que les hommes et les femmes arboraient sur chemises, boubous, camisoles, de même origine et de même style (ou absence de style), et qu’on appelait, « Chinoua-via » (le petit Chinois). Le sens de l’onomatopée « klatchaa !», ironique, va donc se révéler et se multiplier, se répandre à travers les nombreuses caricatures d’Eyadema ces années 90, quand les Togolais croirons á la démocratie. L’art, dit-on, ne représente pas les objets et les hommes tels qu’ils sont naturellement, mais tels que nous les voyons dans la nature. Et combien de Togolais voyaient l’homme en question, comme un cadavre de crocodile, effrayant, klatchaa… ?
Et les Togolais n’ont rien perdu de ce sens de l’humour, du pouvoir de l’humour.
J’ai parlé de l’essentiel, c’est-à-dire ce qui relève du Beau, du Bien et du Vrai. Il est évident que klatchaa ne relève pas de ces trois ordres. La statue d’Eyadema, même ressemblante, qu’elle soit en pierre, en marbre ou même en or…ne sera regardée par la majorité des Togolais que comme laide, étant le fruit d’un mauvais jugement esthétique, fausse (parce que aux yeux de ces Togolais-là, rien dans la vision et dans l‘exercice du pouvoir de cet homme n’en fait une icône nationale).
N’oubliez pas l’humour paysan : klatchaa, ressemblant, raide, sans vrai beauté, mort, insensible á la vraie raison.
L’homme que j’ai baptisé Bodémakutu II ressemble bien á celui qu’ailleurs j’ai appelé Bodémakutu 1er.( cf.Yévi et l’éléphant chanteur, Paris, éd. A 3, 2003). Il s’inscrit bien dans la lignée de son père, fait ce qu’il faisait, ce qui lui plaît. Bodémakutu II peut dire au peuple togolais : « Vous aviez dit que vous ne vouliez pas de mon père eh bien, moi, je vous l’imposerai. Il voulait être connu, reconnu par les étrangers comme un grand président. C'est chose faite, grâce aux Chinois qui ont construit à Lomé un grand aéroport que j’ai baptisé de son nom. Vous avez renversé sa statue, je lui en érige une autre, tant pis, si vous la trouvez klatchaa, comme l’autre. Klatchaa ou pas klatchaa, klatchaa s’imposera aux Togolais…Klatchaa est mort au pouvoir…moi aussi, je mourrai au pouvoir… ; Klatchaa si vous voulez… mais Klatchaa triomphera ! Ne me parlez donc plus de réformes qui pourraient m’enlever mon pouvoir á vie… ».
Bodémakutu II passe allégrement á côté de l’essentiel pour se vautrer dans l’imbécillité, se vanter de l’imbécillité. Eh bien, qu’y pouvez-vous, vous ses complices qui, de temps à autre, pour les besoins de la cause, vous déguisez en opposants ?
Est-ce à dire qu’il ne faut pas construire de monuments dans nos villes et villages ? J’habite depuis quelque temps à Munich. Dans Munich comme dans toutes les belles villes d’Europe et du monde, il y a plusieurs monuments célébrant les thèmes et les valeurs de l’humanité. Je passe souvent devant un de ces monuments, baptisé Platz der Freiheit (Place de la Liberté). Reposant à l’ombre de grands arbres centenaires, comme si ces arbres donnaient leur vie aux hommes célébrés en ce lieu, treize plaques individuelles blanches, dressées verticalement, comme des hommes et des femmes debout dans la résistance, avec leurs noms et leurs photos dessus, accompagnés d’un résumé biographique, et une stèle collective de granit noir, portant l’inscription « Den Opfern im Widerstand gegen den National Sozialismus ( Aux Victimes de la Résistance au National-Socialisme). A leur pied, pousse du gazon vert, symbole de la vie et de l’espérance qui triomphent de la barbarie sanglante. Des couronnes de fleurs y sont déposées. Toute la place est aménagée en un jardinet garni de bancs où les citoyens et les touristes de passage peuvent s’asseoir, lire les textes gravés sur le monument, méditer s’ils le veulent, sur les valeurs de courage, d’abnégation et de résistance au mal dont étaient porteurs ces héros. Quel est le Togolais, ou l’Africain conscient et capable de se projeter dans l’avenir, dont le pays, comme l’Allemagne, a connu des tragédies sanglantes et cauchemardesques au cours de l’histoire, qui, passant prés de ce monument, ne penserait pas aux victimes de son propre pays, morts pour avoir résisté au pouvoir totalitaire et imbécile? Au Togo on écrirait sûrement un jour : « Aux victimes de la dynastie totalitaire des Gnassingbé, morts dans les lieux de torture, morts dans la rue, morts noyés dans la lagune, fusillés au Freau Jardin, morts rejetés sur nos plages, morts à Agombio,, morts pour la faune de Mango…morts de faim, de bastonnade, morts calcinés dans des carcasses de véhicules incendiés, …tous tués par la Bête, un pouvoir qui a toujours préféré l’imbécillité macabre à l’essentiel.
Un tel monument, s’il est un jour érigé au Togo, s’inscrirait bien dans l’essentiel pour nourrir le Vrai, le Beau et le Bon, pour nourrir ce qui contribue à la construction de la nation, du sentiment national, à la réconciliation, à l’harmonie et à la paix vraies. Un pouvoir intelligent aurait songé à cela, plutôt que de se lancer dans l’érection d’une sculpture à la gloire du dictateur vomi par le peuple.
Sénouvo Agbota ZINSOU
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Afrique Centrale : la démocratie en danger
Written by Boubacar Sanso Barry, tchadactuel
Aussi lamentable et affligeante que soit l’issue du processus électoral au Gabon, il convient de préciser qu’en la matière, le pays d’Ali Bongo, n’est pas un cas isolé. De fait, il est plutôt l’incarnation d’une tendance qui s’empare de l’ensemble de la région de l’Afrique centrale. Cette portion territoriale du continent, plus qu’ailleurs, passe désormais pour le ventre mou de la démocratie africaine. Du Burundi au Gabon, en passant par les deux Congo, le Tchad et le Rwanda, l’Afrique centrale semble marcher à reculons. Les dirigeants s’y attachant un peu plus au pouvoir, les élections n’y sont plus qu’un exercice de pure forme. Une situation qui sied à des régimes verrouillés à dessein et qui ne laissent en particulier aucune place à l’émergence de la société civile
Hybridisme trompeur
Certes, la situation des pays de l’Afrique centrale n’est pas aussi désespérée que celles qui prévalent au Zimbabwe, en Somalie ou encore en Erythrée. Mais le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Tchad, le Burundi, la RDC et le Rwanda ne constituent pas non plus des sociétés ouvertes. A la différence des pays du Maghreb contraints à lâcher du lest par le printemps arabe, et ceux de l’Afrique de l’ouest, où la société civile a acquis un statut de contre-pouvoir, l’Afrique centrale est dans une sorte d’hybridisme trompeur. On y tient des élections et on entretient un semblant d’opposition, en guise de verni démocratique. Mais la marge de manœuvre laissée à ceux qui ont une opinion différente de celle du chef, est des plus étroites. En sorte que le seul moment où les opposants peuvent s’exprimer dans les pays de la région, c’est à l’occasion de fugaces périodes de campagne électorale. Le reste du temps, une chape de plomb règne en maître, et la terreur est permanente.
Des ressources accaparées
A cela s’ajoute que les dirigeants, comme s’ils étaient donné le mot, concentrent entre les mains d’une équipe clanique ou d’une caste de serviteurs cupides et très souvent incompétents, l’essentiel des ressources des pays. Des entourages conditionnés pour que, quand les circonstances l’exigent, ils fassent parler le zèle démagogique nécessaire au maintien de la poule aux œufs d’or. D’où l’inféodation quasi-congénitale des institutions dont la gestion est stratégiquement confiée à ces larbins de serviteurs. Il se dégage de cet accaparement des ressources que le reste de la population, laissée pour compte, est potentiellement exposée à la tentation de la manipulation via le démon argent. On comprend alors la difficulté que les activistes de la société civile, eux-mêmes volontairement appauvris, ont à se faire entendre, et le cas échéant, de bâtir des mouvements d’envergure et solidement ancrés.
Pas de réseaux sociaux
Enfin, à la fois prévenants et méfiants, Denis Sassou-Nguesso, Joseph Kabila, Idriss Déby Itno et Ali Bongo, entre autres, n’ont retenu du printemps arabe et des révolutions burkinabè et sénégalaise, qu’une seule chose : la portée des réseaux sociaux. Conséquence ? Désormais, chaque élection et même tout mouvement d’humeur entraîne la coupure ou tout au moins le sabotage de la connexion internet. Un black out désormais systématisée pour empêcher que Y’en marre ou le Balai citoyen n’inspirent les jeunes de la région.
Mais comme l’a particulièrement démontré le cas du Burkina Faso avec Blaise Compaoré, aucun stratagème ne peut résister à une révolution authentique. C’est une recette plus efficace que les condamnations de principe de la communauté internationale.
Boubacar Sanso Barry
Le dialogue : Kofi Annan cité pour remplacer Kodjo
Written by Godé Kalonj,latempeteL’ancien Secrétaire général des Nations Unies, une personnalité indépendante,bénéficie des préjugés favorables pour la tenue d’un vrai Forum national
Le nom de l’ancien secrétaire général des Nations Unies, le Ghanéen Kofi Annan est de plus en plus cité par les médias français dont Jeune Afrique, pour remplacer le Togolais Edem Kodjo afin de trouver une solution consensuelle à la crise politique congolaise née des élections du 28 novembre 2011.Si cette information se concrétise, c’est la prophétie de Didier Reynders, Vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères qui se réalise car, l’homme d’Etat belge avait déclaré que le facilitateur désigné par l’Union Africaine a déjà planté un décor et qu’il revient à un autre facilitateur de continuer le travail. Mais il faisait allusion à Said Djinit, le représentant spécial des Nations Unies dans la Région des Grands Lacs. Et pourtant, ce dernier et Edem Kodjo ont été récusés par l’opposition burundaise et l’opposition congolaise.
L’ancien secrétaire général de l’OUA est en difficulté et serait l’otage du régime de Kinshasa qui le tient au cou jusqu’à la signature d’un accord politique de leur dialogue de la cité de l’Union Africaine, dans la commune de Ngaliema à Kinshasa. Ces assises, ouvertes le 1er septembre pour une durée de quinze jours au maximum, s’enlisent.
L’arrivée de Kofi Annan peut être un soulagement, surtout que l’ancien secrétaire général des Nations Unies et Prix Nobel de la paix, est un homme libre et indépendant difficile à manipuler alors que l’actuel facilitateur est soupçonné d’être à la solde de Kinshasa. C’est ce qui a poussé le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement à récuser l’ancien premier ministre du Togo, l’accusant de » grand kabiliste ».
Kofi Annan a montré sa capacité de vrai médiateur dans la crise kenyane où il a réussi à mettre sur la même table les deux protagonistes de la crise postélectorale. Il s’agit du président Mwai Kibaki et Raylla Odinga.
N’eut été la complexité de la crise syrienne, Kofi Annan allait réussir à mettre autour d’une table le président Assad et son opposition armée.
D’autres oiseaux rares
Dans les salons diplomatiques à Kinshasa, cette information faisant état du remplacement d’Edem Kodjo par Koffi Annan que d’aucun qualifie d’homme blanc à la peau noire, n’est pas encore confirmée. Et si elle était confirmée, ce serait une bonne nouvelle, surtout que le pays traverse une crise politique qui nécessite l’implication de la communauté internationale.
Mais en dehors de Kofi Annan, il y a des grands personnages tels que Joachim Chissano, ancien président du Mozambique, Alpha Oumar Konaré, ex-chef de l’Etat du Mali, les Généraux Abdou Salami Aboubacar et Olesegun Obasanjo, anciens présidents du Nigeria, John Koufor, ancien président du Ghana, Pierre Buyoya, ex-chef de l’Etat du Burundi, Yayi Boni, ex-chef de l’Etat du Benin, Jakaya Kikwete, ex-président de la Tanzanie…. Un oiseau rare peut être trouvé parmi eux pour se démarquer de Kodjo et prendre les choses en main afin de sortir le pays du gouffre.
Un accord politique à la va vite
De l’autre coté, l’on signale que Kodjo et ses admirateurs de la MP auxquels il faut ajouter ceux qui veulent devenir premier ministre, pour remplacer Matata Ponyo, tiennent à signer leur fameux » Accord politique » avant le sommet de Luanda dont l’objectif est de contribuer à trouver une sortie de crise en RDC par l’organisation des élections. Cette réunion aura lieu le 26 octobre prochain à Luanda et sera organisée conjointement par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), les Nations unies, la SADC et l’Union africaine.
Plusieurs courants de la vie politique congolaise dont l’Église catholique et certaines organisations de la société civile comme la VSV, la NSCC, l’UNPC, ont suspendu leur participation aux assises de la cité de l’UA conduites par l’ancien Premier ministre togolais et les travaux sont boycottés par le » rassemblement » de l’opposition, rangé derrière Étienne Tshisekedi.
Dans un pays où la crise politique est perceptible, trouver un accord politique sans l’opposition incarnée par Etienne Tshisekedi sera un danger, au risque de revivre les événements malheureux des 19 et 20 septembre dernier qui ont été condamnés par l’ensemble de la communauté internationale.
C’est pourquoi la communauté internationale, sentant le danger à la porte de la RDC, est entrain d’étudier et d’examiner comment relancer et engager un dialogue inclusif. Cette hypothèse passera par le remplacement d’Edem Kodjo.
En effet, le dialogue inclusif que facilitera Kofi Annan devra répondre aux exigences de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et à la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée en mars 2016, soutient un observateur. Edem Kodjo a joué le rôle de déblayeur de terrain, il appartient à une autre personne comme Koffi Annan de prendre les choses en main, soutient-il.
Une crise délibérément crée
Depuis 1960, date de l’accession de la RDC à sa souveraineté nationale et internationale, la communauté internationale a été toujours derrière le pays de Patrice Emery Lumumba afin d’aider la RDC à sortir d’une crise politique ou sécuritaire.
Bien que la crise qui secoue le pays soit au départ née des élections du 28 Novembre 2011, aujourd’hui elle est amplifiée par la volonté manifeste du pouvoir en place de bloquer délibérément le processus électoral. Le régime actuel a tout fait pour créer une crise et ne pas organiser les élections dans les délais prévus dans la loi fondamentale.
De l’avis de certains observateurs, la non tenue des élections dans le délai prévu par la constitution serait à la base de la crise politique délibérément créée par ceux qui sont censés doter les moyens financiers et logistiques à la centrale Electorale.
Les représentants de la communauté internationale qui vont débattre de la question congolaise lors du sommet de Luanda devraient désigner le responsable de cette crise et faire à ce que la constitution soit respectée sur toutes les lignes.
Les observateurs estiment que le sommet de Luanda pourra établir clairement les responsabilités et mentionner que ceux qui ont terminé leurs mandats, pourront rejoindre le Sénat comme le prévoit la constitution. Et, la question de la transition sera réglée par le compromis politique issu du dialogue qui sera arbitré par Kofi Annan en vue de conduire le pays à l’organisation des élections libres, transparentes et crédibles.
Par Godé Kalonj